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Le salut d’un musulman

Les religions qui disposent au salut

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« J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ; celles-là aussi, il faut que je les mène ; elles écouteront ma voix ; et il y aura un seul troupeau, un seul pasteur ; c’est pour cela que le Père m’aime, parce que je donne ma vie, pour la reprendre. » (Jean 10, 16)

 

Hamza s’est toujours intéressé à la religion. Toute sa vie, il s’est efforcé de pratiquer les cinq prières d’adoration, et de le faire avec discrétion et ferveur.

Il a essayé de connaître sa religion et, à force de méditer le Coran appris par cœur lors de son enfance, il s’est forgé une synthèse à laquelle il se réfère :

Il sait qu’il faut se soumettre à Dieu dans l’obéissance. Dieu est unique et puissant et il aime ceux qui le servent humblement.

Mais il sait aussi que Dieu est miséricordieux. Alors les fautes de sa vie, il lui en demande pardon en priant.

Hamza vit en Europe. Il y a rencontré quelques chrétiens. Au début, il les croyait polythéistes puis, devant leurs protestations unanimes, il s’est aperçu qu’ils étaient juste des exagérateurs :

« Ils aiment tant le Messie Issa, Fils de Marie, qu’ils l’ont fait Dieu. Et ils aiment tant Dieu qu’ils se sont imaginé que l’Eternel s’était fait homme pour devenir leur ami. « Leur ami » ! Comme si un si grand Dieu pouvait être ami, avec réciprocité et dialogue, de créatures comme l’homme. »

Plus il connaît le christianisme et plus il comprend que cette religion, quoique belle et de bonne volonté, est imaginaire.

Il a eu un jour une conversation avec un catholique qui lui demandait si, selon l’islam, les chrétiens seraient sauvés alors que, pour les musulmans, ils ne croient pas en la vérité. Et il a répondu, d’après une parole du Prophète :

« Ils le seront s’il acceptent, au dernier moment, de se convertir. Devant le lit du mourant, le Messie Jésus leur apparaît et il vient leur enseigner l’islam, la soumission à Dieu. Il dit aux chrétiens qu’il n’est pas Dieu, mais seulement un homme saint. Il leur dit qu’il n’est pas mort sur la croix. Et eux peuvent adhérer à son message, en cette vie, et devenir musulmans. »

Le chrétien avait répondu :

« Et si le Christ dit qu’il est Dieu, que ferez-vous ? »

Hamza n’avait pas répondu, surpris par la question qui lui paraissait incongrue, tant la foi est certaine.

Hamza mourut d’un accident de circulation. Renversé sur un passage pour piétons, il fut transporté à l’hôpital. L’imam eut le temps de le visiter et il récita avec lui la Profession de foi : « Je crois en Dieu l’unique et je crois que Mohamed est son prophète. » Il était prêt pour la vie éternelle.

Le salut d’Hamza

Son cœur s’arrêta.

Aussitôt, à côté de lui, apparurent quatre hommes. Intuitivement, Hamza reconnut aussitôt Abraham, le prophète Elie, Job le pauvre et Mohamed. Abraham est le père de tous les musulmans, celui qui, comme eux, a cru en Dieu ; Elie est le modèle de ceux qui combattent pour leur foi, lui qui avait résisté héroïquement à la reine Jézabel. Job est le serviteur souffrant qui, dans son malheur, n’a jamais rejeté Dieu ; et Mohamed est le sceau des prophètes, celui qui a transmis sans erreur la Parole de Dieu. Il émanait d’eux une grande joie et une grande complicité. Hamza se redressa sur son lit, frappé de cet honneur qu’on lui faisait. Comment lui, petit musulman d’en bas, pouvait-il recevoir un tel accueil ?

C’est Abraham le premier qui prit la parole :

« Hamza, toute ta vie tu t’es efforcé d’être mon fils. Et tu l’es vraiment. »

Et Abraham lui montra son âme, sa vie d’errance et de foi.

Puis Elie continua :

« Tu as essayé de défendre l’honneur de Dieu par ta parole, quand tu as pu. Tu es mon disciple. »

Et Job, le serviteur souffrant, lui dit :

« Tu as eu ta part de malheur et tu t’es soumis à Dieu sans protester. Tu as été mon imitateur. »

Enfin, Mohamed, le plus grand des prophètes, se leva :

« Tu as été un grand pécheur. Mais tu as toujours espéré la miséricorde de Dieu. Tu l’obtiendras. »

Alors Hamza se prosterna à leurs pieds, mais ils lui dirent[1]:

« Non, attention, nous sommes des serviteurs comme toi. C’est Dieu que tu dois adorer. »

Tant de douceur dans l’accueil le ravissait.

Evangile de Jésus

Alors le Prophète lui dit :

« Je dois t’annoncer une grande nouvelle, une nouvelle si grande qu’elle concerne Allah, l’Eternel. Es-tu prêt à te soumettre à sa parole, quoi qu’il te demande ? »

Hamza répondit :

« Seigneur, depuis le début de ma vie je n’ai que ce désir et tu m’as formé à cela : me soumettre à Dieu.

— Alors regarde car je vais te montrer quelque chose d’inouï. »

Il l’emmena. Ils franchirent la porte qui conduit dans le passage de la mort et ils arrivèrent sur une haute montagne.[2] Et voici qu’apparut devant lui un Être lumineux : son visage resplendissait comme le soleil, et ses vêtements étaient blancs comme la lumière. Hamza reconnut aussitôt Issa, le Messie de Dieu, le fils de Marie. Comme l’éclair va de l’Orient à l’Occident, Hamza vit qu’il était Dieu fait homme. Il vit sa vie, puis sa mort et sa résurrection. Il en était bouleversé. Comme il regardait encore, voici qu’une nuée lumineuse les prit sous son ombre, et voici qu’une voix disait de la nuée :

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur, écoute-le. »

Alors Hamza sut qu’Allah avait parlé et il se prosterna pour adorer le Messie. Il crut en sa divinité, avec enthousiasme.

Mais Jésus, s’approchant, le toucha et lui dit :

« Relève-toi, Hamza, et n’aie pas peur. »

Et lui, levant les yeux, ne vit plus personne que lui, Jésus, seul.

Jésus lui parla longuement, comme à un ami, sans le traiter en serviteur. Hamza n’en revenait pas d’une telle amitié. Et il posa toutes les questions qu’il voulut. Il lui demanda d’abord s’il était vrai que lui, Hamza, pourrait vivre dans l’éternité non comme serviteur mais comme ami.

— C’est vrai. Et chacun obtient l’intensité d’amitié qu’il désire de Dieu. Certains veulent être comme des enfants blottis dans le cœur de Dieu ; ils le deviennent. D’autres veulent être amis de l’époux ; ils l’obtiennent. D’autres enfin osent demander l’égalité et l’intimité de l’épouse unique. Rien de ce que demandent les humbles n’est impossible à Dieu.

Islam

— Et pourquoi dans ce cas, puisque Dieu voulait cela, suis-je resté simplement serviteur à travers l’islam toute ma vie ?

Jésus lui répondit :

— Lorsque je suis venu sur terre, je disais à mes disciples[3]: « Lorsque quelqu’un t’invite à un repas de noces, ne va pas t’étendre sur le premier divan, de peur qu’un plus digne que toi n’ait été invité par ton hôte, et que celui qui vous a invités, toi et lui, ne vienne te dire : Cède-lui la place. Et alors tu devrais, plein de confusion, aller occuper la dernière place. » Il en est ainsi de l’islam. Dieu y forme ses membres à prendre la dernière place, celle des serviteurs. Lorsque à l’entrée de la salle des Noces, ces serviteurs se voient invités par l’époux lui-même à s’avancer, à la place des amis, quelle est à ton avis leur réaction ?

— Reconnaissance, enthousiasme ?

— Et amour. En vérité, je te le dis, beaucoup à cette heure-là tomberont amoureux de Dieu et deviendront plus que ses amis : et qu’y a-t-il de plus proche que l’épouse unique ?

Le salut d’un musulman, les religions qui disposent au salut.

— Mais pourquoi cet Evangile n’est-il pas prêché dès cette terre à tous les hommes ? Pourquoi nous avoir maintenus dans la voie des serviteurs ?

— Parce que, s’il n’y avait dès cette terre qu’un seul troupeau et un seul pasteur, les brebis en seraient si fières qu’elles tomberaient dans l’orgueil. Il faut donc que tout soit révélé dans le passage de la mort, lorsque l’homme est seul et fragile.

Hamza comprit ce jour-là que ce qui comptait, c’est qu’un jour, au moment que Dieu veut, tous les hommes accueillent la bonne Nouvelle de l’Evangile de Dieu pour l’éternité.

Puis il se prépara à affronter la prédication de Lucifer, et son évangile de la liberté solitaire. Il n’eut pas à combattre. Dieu combattit pour lui car Hamza n’était pas un orgueilleux.

Arnaud Dumouch, 2005

 

1. Apocalypse 19, 10 [↩]

2. Le passage suivant reprend le récit de la transfiguration de Jésus, Matthieu 17, 1. [↩]

3. Luc 14, 8 [↩]

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