Accueil > Contes > Tome 1 : Le destin individuel > La prière pour une âme du purgatoire
Le lieutenant François Dujard est un héros de la Grande Guerre. Il charge avec courage et à plusieurs reprises à la tête de ses hommes, prend une tranchée ennemie, ramène 18 prisonniers. Il est nommé capitaine en 1919 et reçoit la légion d’honneur à titre militaire.
En 1923, il épouse Blanche Jardin, une fille simple et franche, fille de maçon, qui n’a pas, sans doute, le même niveau intellectuel (ou plutôt le même niveau d’études) que lui. Le couple s’installe à Paris et est bientôt parent de deux enfants.
A partir de 1926, François est pris d’une soudaine ferveur religieuse. Tous les dimanches matin, il part pour la messe vers 9 heures et ne revient que l’après-midi vers 16 heures. Les années passent et François devient bientôt comptable en chef dans un grand laboratoire pharmaceutique. Il y excelle et entre avec intérêt dans certaines pratiques anti-fiscales qui sont l’un des sports nationaux des Français.
Pendant la guerre de 1940, il reprend du service comme instructeur. Il aime défiler devant ses hommes en prenant des poses, imitant, menton en avant et stick sous le bras, le martial Mussolini.
En 1950, le fils de François a 23 ans. Poussé par sa fiancée qui est fine mouche, il décide de suivre son père dans sa messe dominicale. Il n’est pas déçu : en fait de messe, le père se rend chez mademoiselle Louise Boucher. Le fils parle au père, lui reproche cette longue inconduite, et l’abandon moral et financier de sa mère. Le père se fâche tout rouge. Le ton monte. Ils ne se réconcilieront pas.
En janvier 1953, Blanche Dujard, l’épouse, décède seule dans sa maison peu chauffée. François ne venait plus que rarement la voir. Il était installé à demeure chez Louise. A l’enterrement, le fils et le père ne se regarderont pas.
20 ans plus tard, François Dujard apprend qu’il est atteint d’un cancer de la prostate. Il épouse aussitôt Louise, lui donne tout ce qu’il peut de sa fortune en sous-main et déshérite autant qu’il peut son fils. Il décède en 1975. Son fils entre en procès contre sa belle-mère, un procès qui durera 10 ans.
Sonia est entre deux sommeils. Elle suit ses rêves avec la conscience de rêver, bien qu’elle soit dans une phase de sommeil où l’absurde peut rejoindre le réel. Soudain, un personnage y entre. Elle reconnaît aussitôt son grand-père, François. Il se tort les mains. Il pleure. Il semble appeler à l’aide. La vision est si nette et dure si longtemps que Sonia se réveille couverte de sueur. Elle en ressort persuadée que son grand-père a appelé à l’aide, qu’il est au purgatoire. Il faut dire que Sonia est croyante, et qu’elle connaît sa foi. Aussitôt, elle offre deux messes pour lui. Mais surtout elle prie. Elle prie peu de temps. Mais c’est une prière intérieure. Elle parle à son grand-père et lui dit : « Je suis là. Je pense à toi. Je ne t’oublie pas. »
François a commencé son purgatoire en 1973, quand il a appris son cancer. Avant, il n’avait pas vraiment pensé à sa fin, pris par ses multiples activités. Lentement, il a senti le crabe progresser en lui. Il a d’abord pensé abréger sa vie, par peur de la déchéance. Et puis le courage lui a manqué. On meurt plus facilement quand on est jeune. Curieusement, c’est cette lâcheté qui l’a sauvé, car il a appris davantage sur lui dans ses deux années de fin de vie que dans sa vie entière. C’est aussi dans ces deux années qu’il a pris ses dispositions pour faire payer financièrement ce fils qui s’était permis de le juger. Rien de tel que le portefeuille pour faire réfléchir. Ce qui prouve que, jusqu’à la fin, il fut un homme fier et rancunier.
Quand la souffrance physique est arrivée, ça a été dur. Louise a été présente, fidèlement. Et voici que, par-dessus le marché, des cauchemars l’ont pris, avec, entre autres, le visage jeune puis vieilli de Blanche, l’épouse, qui lui faisait des reproches. Les voisins de chambre, à la clinique, se sont plaints de ce moribond qui criait.
L’aumônier de l’hôpital, prévenu par les infirmières de ses angoisses nocturnes, est passé le voir. Ils ont discuté longuement. François s’est comporté comme tout le monde, demandant quelque avis sur la possibilité d’une survie.
« Etes-vous sûr qu’il y a quelque chose ? » Et le prêtre, habitué de ces recherches spirituelles de la dernière heure, l’a rassuré. Puis il lui a proposé de le confesser. François a dit qu’il fallait qu’il s’y prépare, que ça allait être long. Il lui a dit de repasser le lendemain.
Pendant la nuit, les anges se réunirent et décidèrent qu’il avait assez appris de cette vie. Satan qui avait essayé de le désespérer par des cauchemars fut alors écarté. Satan, qui pour sa part ne visait qu’à nuire, avait sans le vouloir suscité beaucoup d’inquiétude salutaire en lui. Les anges délibérèrent que la confession au prêtre ne lui apporterait pas de vraie absolution puisque sa contrition était plutôt liée à la prudence et à la peur. L’ange de la mort vint arrêter son cœur. François s’est réveillé et l’ange lui a dit : « C’est l’heure. Veux-tu dire au revoir à quelqu’un ? » François a remercié. Il est passé chez sa fille et chez son fils juste pour caresser ses petits-enfants qui dormaient et qu’il n’avait que rarement rencontrés. Puis il est entré dans le passage qui mène à l’autre monde. Dans ce chemin, l’ange se comportait avec François avec autorité, s’adressant à lui comme un officier. Et François, comme un soldat de deuxième classe n’en menait pas large.
La rencontre avec Jésus a été terrible pour lui. « Debout », lui a dit l’ange. « Tu es en présence du Fils de Dieu. » Tremblant, François se mit au garde-à-vous. Et il vit apparaître un être magnifique, plein de force et de droiture. Il fut frappé de cela : « Fortis et directus », avait été la devise romantique qu’il s’était choisie dans sa jeunesse. Cet être correspondait à son idéal de noblesse et d’honneur, tout ce que ses idéaux avaient aimé. Il se sentit aussitôt envahi par un sentiment d’amitié grave, virile, comme ces amitiés de combat quand on risque sa vie pour un jeune soldat coincé dans le no man’s land.
Alors, en compagnie de ce Roi, François voyagea. Il revit toute son enfance. Il s’attarda longtemps sur la Guerre de 14. Et Jésus mettait en valeur des actes de noblesse et d’abnégation. Il mit en avant, en le félicitant, diverses circonstances où il s’était comporté comme un chef admirable. Il vit certains sentiments d’admiration de ses hommes, surtout des bleus qu’il veillait particulièrement à entourer. Mais il mit aussi le doigt sur certains moments de peur, de faiblesse : « Tu es simplement un homme », semblait lui dire le Christ. Puis il entra dans la partie de sa vie qui était plus gênante. Quand il se revit avec sa maîtresse, sur des oreillers de soie, tandis que sa femme s’usait au ménage, il eut honte. Il aurait voulu disparaître. Mais l’attitude du Christ n’était pas celle de la condamnation, plutôt celle de la vérité : « Tu t’es très mal comporté dans cette circonstance », disait-il, en le regardant droit dans les yeux, avec une attitude faite de droiture et pleine d’amitié franche. François n’avait aucune difficulté à le reconnaître :
« Seigneur, je suis lâche dans la vie quotidienne. »
« Et ton fils ? »
François revit la scène de la découverte de son adultère et il put voyager dans les sentiments de déception de ce fils, dans sa colère pour le destin misérable de sa mère. Il pensait comme à travers lui. Il comprenait alors, de l’intérieur, la raison de sa dureté envers lui. Alors François fondit. Il éclata en sanglots.
« Seigneur, jusqu’au bout je me suis vengé. Et je l’ai déshérité. »
Le Christ lui dit :
« François, Blanche ton épouse est là. Regarde. Elle t’a pardonné depuis toujours. Elle aussi a des faiblesses. Elle a toujours été miséricordieuse avec les tiennes, même quand elle a appris, à l’heure de sa mort, que tu la trompais. Ton fils, il te pardonnera, le jour où lui-même verra sa faiblesse. Sois fort maintenant. Assume avec repentir tes péchés. C’est cela, la vraie force et droiture. Mais tu n’as pas terminé ton épreuve. Tu dois être confronté à l’ange de l’orgueil. »
Alors le Christ s’effaça. François sentait sa présence mais ne le voyait plus. L’apparition de Lucifer se fit aussi dans la dignité. Mais, avec une droiture très différente, une droiture recherchée pour elle-même, et non au service des personnes. Lui aussi repassa sa vie en revue, mais en insistant sur des choses très différentes. Il lui manifesta son goût du pouvoir. Même dans sa générosité envers ses jeunes soldats, où se mêlait cette espèce d’autosatisfaction paternaliste. Lucifer était un excellent psychologue. Curieusement, il ne lui rappela pas sa femme, sa maîtresse et son fils. Tout ce qui l’intéressait, c’était cette dignité « force et droiture », dont il avait fait sa devise de jeune homme.
« Si tu me suis, ton domaine sera royal. Tu choisiras les propres règles de ton Royaume. Tu seras un noble. »
Dans cette occasion, François comprit à quel point chaque acte de sa vie terrestre était important. Des valeurs identiques peuvent porter en elle l’égoïsme ou l’amour, selon les cas. Après cet entretien avec Lucifer qui lui montra son monde, il était devenu un homme. Il n’avait plus peur de rien. L’enfer lui apparaissait comme il était, avec sa liberté certes, mais aussi comme source d’esclavage, celle de son propre malheur. Le paradis aussi lui apparaissait sans effort, avec l’héroïsme du don de soi, source de vraie liberté et de bonheur, mais aussi de don de soi jusqu’au renoncement total. Il savait que, s’il choisissait le Christ, il devrait tout apprendre et longuement.
Alors, debout, il sentit que l’univers entier attendait son choix.
Il dit au Christ :
« C’est ta dignité qui est la vraie. Celle de Lucifer n’est qu’un mirage et j’en sais quelque chose. Lorsque j’agonisais dans mon hôpital, il ne me restait qu’une chose : ma misère et Louise. Notre amour était pécheur mais elle s’est montrée présente. Les seuls souvenirs qui m’ont fait vivre sont ceux de ma jeunesse où j’exposais ma vie pour mes camarades. Les autres, ceux de mes années d’égoïsme, ne donnent que du vent. Et puisque Blanche veut bien me pardonner, j’accepte son pardon. Aussi, si tu le veux, je me mets aujourd’hui à deux genoux devant toi, Jésus, et je te suis. »
Lucifer revint à la charge. Et cette fois, il ne voulut plus séduire. Il s’efforça, dans un dernier effort, d’accuser. Il lui parla de son ignoble égoïsme petit bourgeois, de ses ébats dans le dos de sa famille.
François était devenu libre. Il toisa Lucifer, comme au temps de sa jeunesse le danger et dit :
« Tout ce que tu dis est vrai. Et je compte bien payer pour tout. Et je préfère la force et la droiture de l’amour. Je vois bien que c’est pour cela que Dieu m’a créé. »
C’est seulement à ce moment que, fixé pleinement dans son choix de l’amour, François fut jugé. Le Christ s’adressa à l’univers entier et proclama, avec un ton qui n’attacha que davantage François à lui :
« A l’heure de sa mort et face à son péché, François a pris feu pour la cause de l’amour. Ses nombreux péchés lui furent remis parce qu’il montra beaucoup d’amour. C’est parce qu’on lui a beaucoup pardonné qu’il a montré beaucoup d’amour.[1] Il est à l’image de l’âme humaine. »
François frissonna de toute cette gloire d’amour qui lui était offerte. Il se sentit légitimement fier de s’être ainsi agenouillé devant l’amour.
Puis, s’adressant à lui cœur à cœur, le Seigneur ajouta :
« Je te le dis aujourd’hui, François. Un jour, aussi certain que j’existe, tu verras ton Dieu face à face. Entre maintenant dans le chemin que tu as décidé de prendre pour t’y préparer. »
Tout cela s’était passé à l’orée de l’autre monde. François fut invité à entrer de plain pied dans l’univers nouveau, ce qu’il fit.
Il le fit d’un pas ferme. Son ange lui dit :
« Tu dois encore apprendre beaucoup de choses. Tu aimes de tout ton cœur et pour toujours. Mais tu dois encore savoir comment il convient d’aimer. »
— Je suis prêt, mon Ange. Où dois-je me rendre pour apprendre ?
— Viens. »
Et il le conduisit comme en le portant sur des ailes d’aigle, vers une partie éloignée de cet univers dont François devinait l’immensité. Il lui désigna une montagne vertigineuse, faite d’immenses pics rocheux. François s’enthousiasma tant il trouva l’endroit grandiose, à l’image de toute la magnificence qu’il admirait dans ses rêves de la terre.
« C’est un endroit sublime et lumineux. Je vais y être bien, dit François à son Ange.
— Tu vas y souffrir le martyre, François. Car le désert n’est agréable qu’au moment où on le découvre, à cause de sa nouveauté. Après, on y brûle. »
François se dit qu’on verrait bien.
L’ange lui dit encore : « Si tu souffres trop, appelle. N’hésite jamais. Nous sommes là. »
Et il le quitta.
François se retrouva seul. Il commença par explorer son nouveau monde. Le corps qui était le sien avait d’étonnantes propriétés : il volait. Il pouvait, comme une hirondelle, visiter les moindres recoins. Il glissait le long des failles, abordait les à-pics. Un monde de rêve.
Au bout de huit jours de cette exploration, il remarqua que son monde était une planète immense. Mais elle était minérale. Aucune vie n’était visible nulle part. Au bout de quinze jours, il commença à s’ennuyer fort. Au bout de trois semaines, sa pensée, obsessionnellement, se tournait vers le souvenir du Seigneur, rencontré si fugacement à l’heure de sa mort. Au bout d’un mois, il se tordait les mains de douleur. Il était seul. Et les merveilles minérales ne comblaient plus rien en lui. Il se mit à revivre sa vie, étape par étape, afin de s’occuper. Il passait du découragement le plus profond à l’espoir le plus vif. Et il ressassait dans son esprit : « Je te le dis aujourd’hui, François. Un jour, aussi certain que j’existe, tu verras ton Dieu face à face. » Cette Parole était son unique nourriture et boisson. « Il a promis, se disait-il, et il tiendra sa parole. »
Au bout d’un an, François était devenu une loque. Il n’avait plus la force de voler. Epuisé, il se souvint alors de la parole de l’ange : « Si tu souffres trop, appelle. » Mais il ne voulait pas se résoudre à appeler. Il devait être fort et droit : « fortis et directus », comme le Seigneur, et pour son amour. Il devait tout accepter et tout payer, pour Blanche, pour Louise, pour son fils, sa fille, ses petits-enfants. Il n’allait pas recommencer et craquer en si bon chemin. Au bout de deux ans, le feu qu’il vivait dans son âme l’avait transformé en cadavre desséché, se traînant misérablement dans ses canyons. Alors il appela vers le ciel vide :
« A l’aide, je n’en peux plus. Mon ange est-il là ? J’ai soif. Que l’on me donne un peu de présence. »
Aussitôt apparut devant lui… une jeune fille. Habillée d’une simple robe blanche, pieds nus, une rose d’or dans les cheveux défaits, toute simple, souriante.
« Qui êtes-vous ? » demanda-t-il. Il était profondément surpris. Il s’attendait à la visite virile de son ami ange. Et c’était une présence gracieuse, royale, mais d’une royauté sans autorité martiale.
« Je suis Marie, la reine du purgatoire. Je suis venue pour t’encourager, François. Tu progresses. »
A sa simple apparition, comme une herbe qu’on arrose, l’âme de François reprit vie et courage.
— Je ne comprends pas ? Mon ange ne vient plus ?
— Ton ange ne peut plus rien t’apprendre. Mais c’est lui qui m’a parlé de toi. Tu sais, on ne peut aimer Dieu comme on aime un général d’Armée. Il faut un peu plus de délicatesse. Es-tu d’accord pour continuer à progresser ?
— Plus que jamais, Reine Marie. Je tiendrai. Je veux continuer.
Et François, revigoré, se retrouva de nouveau seul. Il sentait la présence gracieuse auprès de lui. Cette vision l’avait bouleversé : « Il faut un peu plus de délicatesse », avait dit la Reine. Et il méditait cette parole, il la retournait. Il marchait dans son monde et parlait sans cesse à Marie, sachant bien qu’elle l’entendait.
François reçut plusieurs fois une visite de la Vierge Marie, ou d’une de ses compagnes, dont Blanche son épouse. A chaque fois, il apprenait davantage. Son amour s’épurait.
25 ans passèrent encore. François se désespérait. Il lui semblait qu’il ne progressait plus depuis 10 ans. Comme un triton desséché, il se mouvait misérablement dans son ermitage. Et il criait, au ciel, à la terre :
« Qui m’aidera ? Qui me sortira de ce désert ? Je ne pourrai jamais aimer Dieu comme il le mérite. Quand viendra-t-il me chercher ? »
Sa prière fut entendue par les anges. Ils la portèrent sur la terre à une personne capable de la recevoir. Ils trouvèrent sa petite-fille Sonia. Comme il se doit, Sonia pria pour son grand-père, comme elle put. Et les anges, utilisant leur pouvoir, vinrent montrer en rêve à François Sonia qui priait pour lui. Il la vit pensant à lui dans son lit. C’était une pauvre prière, mais une prière venant de la terre, c’est-à-dire d’un purgatoire pire que le sien, un purgatoire où on n’avait jamais vu de ses propres yeux le Christ et ses saints. Il repensa à cette petite-fille, Sonia, qu’il avait bien vue une fois ou l’autre dans son enfance et qu’il n’avait pas même regardée. « Ce n’était qu’une fille, » pensait-il sincèrement à l’époque, s’intéressant plutôt à ses frères. Et cette pensée lui fit voir l’immense progrès réalisé depuis les années de sa mort. Il n’appelait plus Marie « Reine », mais « amie », « mère », et même « maman ». Il fut touché, jusqu’aux larmes, comme un prisonnier pourrait l’être après des années sans nouvelles des siens.
Comme dit l’évangile : « Alors le Roi dira à ceux de droite : Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir. »[2]
Alors François pria une fois de plus, s’adressant aux présences invisibles autour de lui : « J’accepte de rester ici pour toujours. Je suis un misérable. Je ne mérite pas tout cet amour. Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi. »
Cette prière venait d’un cœur véritablement brisé et humilié.
Alors Dieu dessilla les yeux de François et il aperçut de l’eau.[3] Des animaux s’approchèrent de lui et le monde désert où il habitait se mit à fleurir. En ce jour-là, accompagné d’une foule immense d’admirateurs et qui de nouveau étaient visibles dans leur corps de lumière, François entra en Dieu et le vit, face à face. Il le pouvait maintenant. Il était mort à lui-même.
François Dujard est enterré à Courbevoie. Sa tombe, en massif granit gris, est une tombe de notable :
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Si on savait tout ce que signifie une tombe…
Arnaud Dumouch, 2005
1. Luc 7, 47 [↩]
2. Matthieu 25, 34 [↩]
3. Genèse 21, 19 [↩]