Accueil > Contes > Tome 1 : Le destin individuel > L’histoire des anges et démons
« Car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, afin qu’ils te gardent.
Et encore : Sur leurs mains, ils te porteront, de peur que
tu ne heurtes du pied quelque pierre. » (Luc 4, 10)
Lorsqu’elle était à l’école du Ciel, Sophie reçut des leçons de catéchisme. Et l’une des plus belles fut celle que lui fit son ange gardien. La voici, traduite en mots, elle qui fut faite de connaissances directes car, dans ce temps de Limbes, on n’a pas à faire effort pour trouver les mots qui disent exactement ce qu’on veut.
— Raconte-moi ton histoire, Petitange, demanda Sophie.
Son ange était à côté d’elle, sous la forme sensible d’un homme lumineux et plein d’autorité. Parfois les anges se façonnent un corps pour être mieux adaptés aux humains. Mais ils n’en ont pas, ils sont des esprits.
— Es-tu prête Sophie ? Il faut que tu saches d’abord que tout ce que je te raconte comme une longue histoire s’est passé comme en sept jours, sept instants. Je les appelle des jours pour toi : un jour, c’est comme un long temps qui donne la lumière. Mais je n’ai pas de corps. Aussi un jour dure, pour moi, comme le temps d’un éclair.
— Petitange, j’essayerai de comprendre. Mais c’est à toi de t’adapter à moi.
— Je ne suis pas né, comme toi, petit bébé dans le ventre de ta mère. Je suis apparu comme l’éclair. Avant je n’étais pas. Après j’étais. C’est tout.
— Et qu’as-tu fais pendant ce premier jour ?
— Qu’aurais-tu fais, toi ?
— Rien. Je n’étais pas consciente. Je dormais.
— Moi, j’étais lucide et entièrement adulte, dès le premier instant. Alors je me suis découvert. J’ai regardé mon être et j’y ai vu tant de lumière, de volonté, de puissance que j’en ai été surpris. J’avais reçu une intelligence déjà formée, remplie de la connaissance de choses qui n’existaient pas encore. Mon nom était « Noblange ». J’en ai changé quand j’ai vu Dieu. J’ai choisi « Petitange ».
— Tu n’es donc pas allé à l’école comme moi ?
— Tout m’avait été donné. Et c’était immense. J’y ai même vu quelque chose de l’avenir : des univers différents, matériels et spirituels, fonctionnant selon toutes sortes de lois. Et j’ai compris que j’aurais moi-même à contribuer à leur conception.
— Et as-tu su d’où tu venais ?
Ce fut mon deuxième acte, ma deuxième pensée. J’ai reconnu Dieu comme mon Créateur et je l’ai remercié.
— Comment as-tu su qu’il était là ? Tu le voyais déjà ?
— Non il était caché, mais bien présent. Mais quand bien même il n’aurait pas été présent invisiblement, je l’aurais reconnu. Car je ne suis pas mon créateur, n’est ce pas ? Alors il était facile de remonter à lui. Lorsqu’on trouve un magnifique tableau, on sait qu’il vient de quelqu’un…
— Et sa présence, c’était comment ?
— C’était une puissante certitude dans mon intelligence qu’un Esprit Saint invisible était autour de moi et en moi. J’ai cru sans effort, comme à une évidence, que c’était bien Sa présence.
— Et c’est tout ?
— Oui. Nous les anges n’avons pas de vie sentimentale, pas d’émotions. Nous sommes des personnes qui vivons de faits. Aimer, pour nous, c’est vouloir du bien à quelqu’un. Une fois les choses comprises, elles sont admises pour toujours.
— Si tu n’étais pas devant moi, je dirais bien que ton histoire, Petitange, est bien drôle. Tu es ce que tu es du moment où Dieu t’a crée. Un point c’est tout.
— C’est presque tout mais ce n’est pas tout à fait tout. Attend un peu la suite de l’histoire.
— Alors qu’as-tu fait ensuite ?
— Sans quitter le remerciement pour Dieu, j’ai regardé avec mon intelligence (je n’ai pas d’œil sensible comme toi) autour de moi. Et j’y ai vu d’autres merveilles. Il y avait d’abord plusieurs sphères en extension, faites de matière. Elles venaient juste d’apparaître, en même temps que moi. Parmi elle, il y avait l’univers dont tu viens, dans ses premiers instants, sans galaxies ni terres.
Et il y avait surtout des anges. Des millions d’anges, tous uniques et différents. Chacun était un univers de connaissance et de puissance. Alors j’ai commencé à les contempler, un à un. Et eux m’ont contemplé. On procède comme cela : On se rencontre, on se montre l’un à l’autre. On se comprend. On se quitte. Je ne peux te raconter ce que j’ai vu. Mais ton éternité ne suffira pas pour que tu fasses le tour de ces créatures de Dieu. Tu verras, c’est un voyage de joie intellectuelle. Chaque ange est aussi riche qu’une galaxie en millions de facettes, de soleils, de mondes. Les anges sont vraiment les chefs d’œuvre de Dieu.
— Et nous les humains. Sommes-nous des chefs d’œuvres de Dieu ?
— Pas en perfections naturelles, Sophie. Mais en quelque chose de plus grand encore. Je te raconterai tout à l’heure. Parmi les anges, à force de nous connaître, il est apparu que sept d’entre nous étaient plus lumineux, plus riches, plus intelligents que tous. Et, au dessus, parmi ces sept chérubins, il y en avait un qui, comme le soleil face à la lune, les éclipsait. Tous, nous l’avons constaté. Et tous, dans la joie, nous nous sommes tournés vers lui pour lui reconnaître son rôle de chef.
C’était un merveilleux Prince. Il comblait notre intelligence par la simplicité de ses vues. Il comprenait parfaitement les désirs de Dieu. Tous, en le voyant, nous comprenions quelque chose de la puissance du Dieu invisible. Nous tremblions ; Et comme la terre, nous chancelions.
— Comment s’appelle-t-il ?
— Il s’appelle « Porte-Lumière ». Tu le connaîtras un jour. Tu seras étonné d’une telle grandeur. « Porte-Lumière » s’est mis a parlé, avec simplicité. Il nous a dit :
« Notre mission est grande. Pour Dieu, le Seigneur tout Puissant qui règne au-dessus de nous, nous allons organiser l’univers. Il veut créer des milliards de milliards d’autres êtres, de toutes les espèces possibles. Et c’est de cette manière que toute sa gloire sera manifestée. Il sera grand, l’univers du Tout Puissant. Il sera comme une échelle de tout ce qui peut exister. Au sommet, il y a Dieu qui règne et les peuples tremblent ; il siège sur les Chérubins, la terre chancelle (Psaume 99, 1) ; à la base, il y aura des mondes purement minéraux, nombreux et divers. Ce sera le travail des physiciens et des astronomes. Et, ces mondes seront peuplés de plantes, d’animaux, d’hommes qui seront des animaux dotés d’un esprit, de djinns et de millions d’espèces de créatures matérielles et spirituelles. Que les biologistes se mettent au travail. Tout ce monde ordonné sera une merveille. »
Anges (esprits purs)
Djinns (esprit + vie psychique)
hommes (esprit + psychisme + vie physique)
animaux (psychisme + physique)
plantes (vie physique)
minéraux
Nous étions enthousiastes. Alors nous, les purs esprits, nous nous sommes organisés pour nous mettre au travail. Nous avons établi entre nous une hiérarchie en suivant les dons de notre nature.
Le vicaire de Dieu, « Porte-Lumière »
Ses ministres : Chérubins, Séraphins, Trônes
Ses ingénieurs et techniciens : Dominations, Vertus, Puissance
Ses préfets et ses agents de terrain : Principautés, archanges, anges
Les Chérubins (Lumière-brillante), les Séraphins (feu-d-amour), et les Trônes (siège-de-la-Puissance) devinrent naturellement les ministres du Vicaire de Dieu, « Porte-Lumière ». Ils allaient à son conseil et recevaient ses connaissances. Ils étaient si proches de Dieu qu’ils recevaient de lui directement ses volontés. Ils étaient chargés d’organiser les tâches, comme le font les ministres des gouvernements humains.
Au-dessous d’eux, ils établirent des ingénieurs et des techniciens (les Dominations, les Vertus et les Puissances) qui devaient appliquer dans le concret de la matière les intentions générales de Dieu communiquées par Porte-Lumière. L’Ordre des Puissances a ordonné les lois physiques des différents univers. L’Ordre des Vertus fut à l’origine des milliards d’espèces animales.
Quant à nous, Princes, Archanges et Anges, nous nous préparions à être chargés du concret, sur le terrain : veiller sur les planètes, sur les espèces animales, puis quand ils viendraient, sur les petits d’hommes.
— C’est magnifique. C’est un grand projet.
— C’est un univers immense et si tu pouvais compter le nombre d’espèces animales qui ont existé depuis le début de l’univers, tu ne compterais pas encore le nombre des créatures spirituelles qui loueront Dieu pour l’éternité.
— Je comprends bien, maintenant, le projet de Dieu.
— Non Sophie. Tu ne comprends pas tout. Je ne te dis pas encore tout. Ce n’est qu’une partie du secret.
— Alors vous avez commencé à travailler ?
— Nous étions prêts. Mais il s’est produit quelque chose que nous n’attendions pas. D’une certaine façon, nous aussi, les anges, il nous fallait grandir.
— Ah, oui ? C’est vrai ? Oh, je t’aime encore plus Petitange : toi aussi tu as dû grandir.
— Dieu a parlé, Sophie. C’était pour dire quelque chose de tellement nouveau qu’il n’est pas passé par « Porte-Lumière » mais il s’est adressé à chacun de nous, personnellement.
Il a dit trois paroles. Il ne s’agit pas de paroles faites de mots articulés, mais d’un souffle, à la manière d’un éclair lumineux.
« Petitange, je t’ai créé pour que tu me voies face à face. Ce seront des noces de Lumière. »
« Mais, Petitange, je suis humilité et amour. Nul ne peut me comprendre sans devenir comme moi.
« Par amour pour moi, veux-tu devenir, tout humble, jusqu’à la folie ? Acceptes-tu de devenir pour l’homme et la femme que je vais créer un gardien et un guide spirituel ? Tu les aideras à venir m’épouser.
— Oh ! C’est bien. Comme vous avez du être contents. Voir Dieu face à face, l’aimer. C’est immense.
— Oui, Sophie. C’est bien. Et du haut en bas des hiérarchies angéliques, tous les anges sans exception se sont réjouit que Dieu propose de se montrer face à face.
Tu comprends, pour nous intellectuels, voir Dieu, c’est voir la Cause première de toutes les choses. Nous savions que, logiquement, une telle chose est impossible, de même qu’il est impossible de mettre toute l’eau de la mer dans un verre. Pourtant, nous y avons tous cru parce que rien n’est impossible à Dieu.
— Tu as l’air bizarre, Petitange. Tu ne me cacherais pas quelque chose ?
— Ça ne s’est pas bien passé pour tous, Sophie. Il est temps, tu es assez grande, que je te parle du mal.
— Que s’est-il passé ?
— C’est l’humilité qui a été un problème. Dieu ne peut pas être humble, Sophie. C’est théologiquement impossible. Il est le Tout Puissant, l’Acte pur et sans limites. Il n’y a rien en lui qui peut signifier l’abaissement.
— Mais s’il l’a dit, c’est que ça doit être vrai.
— C’est vrai. Infiniment vrai. Je le sais. Je le vois en ce moment. Dieu, il est trois personnes qui ne vivent qu’en extase l’une vers l’autre. Le Père n’a que le Fils dans sa vie, il n’existe que par et pour lui. C’est inexplicable encore pour toi. Il y a vraiment de l’humilité en Dieu.
— Mais si Dieu est comme cela, vous l’avez accepté tel qu’il est, n’est-ce pas ?
— Moi, oui. Mais pas nous tous… et puis il y avait l’épreuve concrète que Dieu avait mis sur notre chemin.
— L’épreuve ?
— L’épreuve, c’est toi, ma Sophie… Toi et tes frères et sœurs. Nous, jusqu’ici, nous avions dans l’idée que Dieu allait créer un monde hiérarchisé selon la perfection de chacun, perfection en noblesse et intelligence. Nous pensions que les petits d’hommes seraient à leur place, au-dessous des anges. Eh bien nous avons compris ce jour-là que nous nous trompions complètement. Ce que Dieu voulait, c’était une hiérarchie où le premier serait le plus humble.
— Mais je suis beaucoup plus petite que toi, Petitange.
— Tu as tout compris Sophie. L’épreuve que nous donnait Dieu consistait à élever des pêtits garçons et de toutes petites filles comme toi qui, parce qu’elles étaient petites, seraient pour l’éternité nos reines.
— Écoute, Petitange, ce que tu dis est la vérité même car Maman Marie m’appelle « Sophie, ma petite reine » et moi, tout de suite je lui répond : « Maman Marie, Reine de tout le Ciel ». Elle fait son plus beau sourire et dit : « Oui, ma petite reine » et on continue en rigolant comme ça.
— Vois-tu Sophie, c’est bien comme ça le projet de Dieu. Et c’est surtout, vous les petites filles, plus que les petits garçons, qui fûtes une épreuve pour nous.
— Pourquoi ?
— Tu te rappelles que je t’ai dit que nous avions reçu, dès notre création, les schémas généraux de ce que Dieu voulait faire. Nous savions les différences corporelles et psychologiques des filles et des garçons. Or, ce sont les filles qui, par tout leur être, sont les plus disposées à l’humilité et à l’amour. Je ne te dis pas que toutes sont humbles et aimantes : mais tout leur être est fait pour donner la vie, pour la porter, pour mourir s’il le faut pour l’enfant. Elles sont physiquement moins fortes, moins portées au pouvoir qui se voit que les garçons. Bref, nous avons tous compris ce que cela voulait dire : un jour, l’une d’entre vous et sans doute des millions d’entre vous prendraient nos places de ministres et de gardiens. Il ne nous resterait les places d’ingénieurs et d’exécutants.
— Oh ! mais je ne prendrai jamais ta place, Petitange, ni Marie notre Reine. Je travaillerai plus tard avec toi. Nous aiderons ensemble d’autres enfants.
— Je le sais bien, ma Sophie. Je l’ai tout de suite compris. Mais pas Porte-Lumière.
— Porte-Lumière ? Qu’a-t-il fait ?
— Il s’est révolté. Et c’est grandiose, la révolte d’un tel ange. Il a dit, calmement et en s’adressant à nous tous : « Je ne servirai pas (Jérémie 2, 20) ». Et ses arguments étaient puissants. Cela ressemble à un glaive précis et logique, qui tranche et ne revient pas en arrière :
« 1° Moi Lucifer (c’est le nom latin de Porte-Lumière), je me lève aujourd’hui à cause de mon respect pour mon Créateur infini, Tout puissant, Lumière de l’univers.
2° En effet, il ne saurait être question qu’Il s’abaisse ainsi. L’ordre grandiose de Sa création sera celui de la noblesse et de la dignité. Ce qui est méprisable ne saurait régner.
3° En conséquence, je prends aujourd’hui la tête de ceux qui veulent la Gloire de Dieu. »
— Mais c’est idiot. Il ne peut dire qu’il sert Dieu alors qu’il est en train de se révolter ? Il a du revenir en arrière. Il venait d’être créé. Il ne pouvait ainsi se révolter contre son Père ?
— Sophie, un ange n’est pas comme un homme. Quand il parle, il ne change pas. Il est trop intelligent pour se tromper et revenir en arrière. Il a tout pesé et soupesé.
— Alors c’est terrible. Il est donc toujours révolté. Et c’était votre chef !
— Et il n’a pas été le seul. Un tiers (Apocalypse 12, 9) d’entre nous l’ont suivi. Leur combat est sans espoir. Je le vois bien. Je vois Dieu face à face. Ils ne soupçonnent pas à quel point c’est vrai : l’humilité du Père qui engendre le Fils, du Père et du Fils qui s’unissent dans le Saint Esprit. Dieu ne peut changer, même si l’univers entier se révoltait. Tu sais, il est allé jusqu’à se faire homme, se faire tuer par des gens qu’il a ensuite sauvés…
— Il a fait cela ? Tu me raconteras un jour, n’est-ce pas ?
— Oui, il faudra que tu saches.
Il y eut ici un long silence. Sophie réfléchissait.
— Et ensuite, que s’est-il passé ?
— L’un d’entre nous, des hiérarchies les moins nobles, un simple Archange, a parlé le premier. C’est encore une parole d’ange, comme un glaive (Apocalypse 12,7) : « O Lucifer ! tu te révoltes pour l’honneur de ton Dieu, dis-tu. Mais la vraie raison de ton combat, c’est ta place de chef. Qui est comme Dieu (« Qui est comme Dieu ? » Michaël, en hébreux.), pour que tu parles à sa place ? »
— Lucifer n’a pas dû aimer ?
— Non, Sophie. Cela l’a renversé. Et il s’est enfui aussitôt. Non seulement c’était vrai mais cela venait, suprême humiliation, d’un petit ange, inintelligent devant lui. Jamais cela n’aurait dû arriver. Tu te rappelles, les hiérarchies de la noblesse, les anges inférieurs et supérieurs… Alors Lucifer a fui avec ses troupes. Ils ont laissé d’immenses vides dans nos rangs.
— Et que fait Lucifer maintenant ?
— Lucifer est toujours le plus beau d’entre nous. Et il n’a cessé de ne rien comprendre. A chaque fois, il s’est fait piéger sur l’humilité. Et pourtant, il croit combattre habilement le projet de Dieu. C’est lui qui a séduit tes premiers parents, Adam et Ève, pensant les entraîner dans sa révolte contre Dieu (Apocalypse 12) : « Les démons furent précipités sur la terre. »). Résultat, il les a soumis à la souffrance et, sans le vouloir, les a rendu humbles jusqu’à la mort. Sa dernière bourde, c’est quand il a tué le Christ. Il savait bien qu’il était le Messie, l’envoyé de Dieu, mais pouvait-il comprendre qu’il était Dieu lui-même ? S’il avait su… Il voulait juste prouver à Dieu que l’humanité était pitoyable et méprisait son Envoyé. Il ne comprend pas encore comment il peut se faire que Celui qui a été tué sauve ceux qui l’ont tué en leur proposant son pardon. Ce n’est pas logique pour lui. C’est la logique de Dieu. En ce moment, il est en train de révolter les habitants de la terre contre Dieu. Et il y arrivera. Tu verras qu’un jour la terre entière croira en lui et l’adorera comme Dieu.
— Mais il va éloigner tous les hommes de Dieu ?
— Il ne comprend pas. Si Dieu le laisse faire, c’est à cause d’un dernier grand salut qu’il prépare. Cela va être grandiose, je veux dire en humilité et en amour, réconciliation, pardon. Chut… Le Christ prépare son apparition.
Et alors Sophie chanta ce refrain :
« Comment es-tu tombé du ciel, étoile du matin, fils de l’aurore ?
Comment as-tu été jeté sur la terre, vainqueur des nations ?
Toi qui avais dit en ton cœur : J’escaladerai les Cieux,
Au-dessus des étoiles de Dieu j’élèverai mon trône.
Je m’égalerai au très haut (Isaïe 14, 12) ».
— Maintenant, tu fais de la poésie, Sophie ?
— C’est parce que cela me fait réfléchir… Et toi, Petitange, qu’est ce que tu as dis ?
— J’ai parlé comme Michaël. J’ai dit à Dieu : « Moi, je te suivrai partout où tu iras. Tu m’as donné l’être, la connaissance. Tout ce que tu décideras, je le ferai. Et j’obéirai à tous les Princes ou Princesses que tu me donneras, quels qu’ils soient » et je l’ai glorifié pour son projet. Et deux tiers des nôtres ont crié avec moi : « Qui est comme Dieu ? »
Alors, aussitôt, il y a eu une grande Lumière pour nous, comme une main de tendresse qui a caressé nos esprits. Et j’ai vu mon Dieu, face à face. Je ne peux rien t’en dire. Il n’y a pas de mots…
Conte d’Arnaud Dumouch
Illustré par Maximilie Sente