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Mt  7  7-8

S. Jérôme. Notre-Seigneur nous avait défendu plus haut de demander les biens temporels ; il nous apprend ici quel doit être l’objet de nos prières en nous disant : « Demandez et vous recevrez. » — S. Augustin. (serm. sur la mont.) Ou bien dans un autre sens la défense qu’il nous fait de donner les choses saintes aux chiens, et de jeter les perles devant les pourceaux, aurait pu faire dire à quelqu’un de ceux qui l’entendaient, dans la conviction de son ignorance : « Pourquoi me défendez vous de donner aux chiens ce que je ne possède pas encore ? » C’est pour prévenir cette question qu’il ajoute : « Demandez et vous recevrez. »

S. Chrys. (sur S. Matth.) Ou bien encore Notre-Seigneur vient de donner à ses disciples quelques préceptes qui ont rapport à la prière, tels que celui-ci : « Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés, » il ajoute donc très à propos : « Demandez et il vous sera donné ; » comme s’il disait : « Si vous montrez cette clémence à l’égard de vos ennemis, partout où une porte sera fermée, frappez et on vous ouvrira. » Demandez par les prières que vous ferez jour et nuit, cherchez par vos efforts et par votre travail. Ce travail sans la grâce de Dieu ne vous donnera pas la science des Écritures, et cette grâce vous ne l’aurez pas non plus sans l’application à l’étude, car le don de Dieu ne s’accorde pas à ceux qui ne font rien pour l’obtenir. Frappez donc par la prière, par les jeûnes, et par les aumônes. Car de même que celui qui frappe à une porte, non-seulement élève la voix pour se faire entendre, mais encore frappe de la main, ainsi celui qui fait des bonnes oeuvres, frappe par ces bonnes oeuvres elles-mêmes. Mais vous me direz peut-être : Ce que je demande, c’est de savoir ce que je dois faire, et la grâce de le faire ; comment donc puis-je le faire avant d’avoir reçu cette grâce ? faîtes d’abord ce que vous pouvez, afin de pouvoir plus encore ; pratiquez ce que vous savez, pour savoir encore davantage. Ou bien encore, il avait commandé plus haut à tous les chrétiens et surtout aux docteurs, d’aimer leurs ennemis ; il leur avait ensuite défendu de donner aux chiens les choses saintes sous prétexte de charité, il leur donne maintenant ce sage conseil : Priez Dieu pour vos ennemis et vous obtiendrez ce que vous demandez ; cherchez ceux qui sont morts dans leurs péchés, et vous les trouverez ; frappez à la porte de ceux qui sont dans l’erreur, et le Seigneur vous l’ouvrira. Ou bien enfin comme les préceptes qu’il a donnés plus haut dépassent les forces humaines, il élève ses disciples jusqu’à Dieu dont la grâce ne connaît rien d’impossible, en leur disant : « Demandez et vous recevrez », de manière que ce qui surpasse les forces de l’homme soit rendu possible par la grâce de Dieu. Dieu a placé la force des autres animaux ou dans l’agilité de leur course, ou dans la rapidité de leur vol, dans leurs serres, dans leurs dents, ou dans leurs cornes ; mais il a voulu être lui-même la seule force de l’homme (cf. Ps 17, 1 ; 30, 4 ; 42, 2 ; 45, 1 ; 117, 14 ; 129, 1), afin que pressé par le sentiment de sa faiblesse, il ne pût un seul instant se passer de Dieu. — La glose. Nous demandons par la foi, nous cherchons par l’espérance, nous frappons par la charité. Vous devez d’abord demander pour avoir, puis chercher pour trouver, puis mettre en pratique ce que vous avez trouvé, afin de pouvoir entrer. — S. Rémi. Ou bien nous demandons en priant, nous cherchons en vivant chrétiennement, nous frappons en persévérant dans le bien.

S. Augustin. (serm sur la mont. 2, 33.) La demande a pour objet d’obtenir la santé de l’âme qui nous donne la force d’accomplir les commandements : la recherche se propose de trouver la vérité, et une fois qu’on a ainsi trouvé la véritable vie, on parviendra certainement à la possession du véritable bien qui nous sera ouvert aussitôt que nous frapperons. — S. Augustin. (Retractat., liv. 1, ch. 16.) Je me suis appliqué à montrer en quoi diffèrent ces trois degrés de la prière. Mais il est bien plus naturel de n’y voir que la prière elle-même avec ses vives instances, car Notre-Seigneur conclut en disant : « Il donnera les biens à ceux qui les demanderont, » et non pas « à ceux qui chercheront et qui frapperont. » — S. Chrys. (hom. 24 sur S. Matth.) En ajoutant : « Cherchez et frappez, » le Sauveur nous fait un devoir de prier avec beaucoup de force et de ferveur, car celui qui cherche rejette toute autre pensée, et il est occupé exclusivement de ce qu’il cherche ; de même celui qui frappe est animé des plus vifs désirs.

S. Chrys. (sur S. Matth.) Les pécheurs qui entendaient ces paroles : « Demandez et vous recevrez » pouvaient dire : Elles ne s’adressent qu’à ceux qui méritent d’être exaucés ; pour nous, nous en sommes indignes. Notre-Seigneur renouvelle donc sa promesse pour rappeler aux pécheurs comme aux justes la grandeur de la miséricorde de Dieu : « Quiconque demande reçoit, » c’est-à-dire : juste ou pécheur, qu’il n’hésite pas à demander, afin qu’il soit bien prouvé que Dieu ne rejette personne, si ce n’est celui qui a douté que Dieu pût exaucer sa prière. On ne peut croire, en effet, que Dieu nous commande de faire du bien à nos ennemis et qu’il n’accomplisse pas lui-même ce devoir de charité, lui qui est la bonté par essence. — S. Augustin. (Traité 44 sur S. Jean.) il est donc certain que Dieu exauce les pécheurs, car, s’il ne les exauçait pas, c’est en vain que le publicain aurait dit (Lc 11) : « Seigneur, soyez-moi propice, à moi qui suis un pécheur. » Or cependant c’est par cette confession qu’il mérita d’être justifié.

S. Augustin (Liv. des Sent. Prosp.) Dieu peut exaucer, dans sa miséricorde, celui qui le prie pour les nécessités de cette vie, comme il peut aussi refuser de l’exaucer par le même principe de miséricorde. Le médecin sait mieux que le malade ce qui convient à son état. Si ce qu’il demande est l’objet d’un commandement ou d’une promesse, il obtiendra certainement ce qu’il demande, et la charité recevra ce que la vérité tient en réserve. — S. Augustin. (Lettre 250 à Paulin et à Therasia). C’est un effet de la bonté de Dieu de nous refuser souvent ce que nous voulons, pour nous accorder ce que nous devrions préférer.

S. Augustin. (serm. sur la mont., 2, 33.) La persévérance nous est nécessaire, si nous voulons obtenir ce que nous demandons. — S. Augustin. (serm. 5 sur les paroles du Seign.) Lorsque Dieu diffère de nous exaucer, ce n’est pas qu’il nous refuse ses dons, il veut simplement en relever le prix ; les choses que nous avons longtemps désirées ont pour nous bien plus de douceur lorsque nous les obtenons ; si elles nous sont données aussitôt, elles perdent pour nous de leur prix. Demandez donc, cherchez, faites des instances ; en demandant et en cherchant, le désir que vous avez de recevoir s’accroît. Dieu tient en réserve ce qu’il ne veut pas accorder immédiatement, pour vous apprendre à désirer grandement d’aussi grandes faveurs ; c’est pour cela qu’il faut toujours prier et ne jamais cesser.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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