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Mt  2  7-8

S. Chrys. (sur S. Matth.) Hérode se trouvant en présence d’une réponse que rendait doublement probable et le témoignage des prêtres et l’autorité des prophètes, ne se détermine pas à rendre hommage au roi qui doit naître ; mais il se laisse aller au coupable désir de s’en défaire par ruse. Il a vu qu’il ne pouvait ni ébranler les Mages par ses caresses, ni les effrayer par ses menaces, ni les corrompre par son or, et les amener ainsi à consentir au meurtre du roi qui leur est annoncé ; il forme donc le dessein de les tromper. C’est ce qu’indique l’Évangéliste par ces paroles : « Hérode ayant fait venir les Mages en secret. » Il les appelle en secret, parce qu’il se défiait des Juifs et qu’il craignait que le désir d’avoir un roi de leur nation ne fût pour eux un motif de trahir ses desseins. « Il demanda donc aux Mages avec soin le temps où l’étoile leur avait apparu. » — S. Rémi. Il les interroge avec soin, car c’était un homme astucieux, et il craignait qu’ils ne revinssent pas le trouver pour le renseigner sur l’enfant qu’il voulait mettre à mort.

S. Augustin. (serm. 7 sur l’Epiph.) Cette étoile leur avait apparu presque deux ans auparavant, et elle était pour eux depuis ce temps un objet d’étonnement. Il faut donc admettre qu’ils n’apprirent ce que signifiait cette étoile qu’ils voyaient depuis longtemps, qu’à la naissance de celui qu’elle figurait ; et c’est après qu’il leur fut révélé que le Christ était né que les Mages vinrent de l’Orient, et qu’ils adorèrent le treizième jour celui dont ils avaient appris la naissance quelques jours auparavant. — S. Chrys. (hom. 7 sur S. Matth.) Ou bien comme leur voyage devait être de longue durée, l’étoile leur apparaissait depuis longtemps, afin qu’ils pussent se trouver au berceau du Christ aussitôt qu’il serait né, et l’adorer enveloppé de langes qui le leur rendaient plus admirable encore. — La glose. Suivant d’autres, cette étoile n’aurait apparu que le jour même de la naissance du Christ, elle avait été créée pour cette mission, et aussitôt qu’elle l’eut remplie elle disparut. — Saint Fulgence dit en effet (serm. sur l’Epiph.) : « L’enfant nouveau-né créa une nouvelle étoile. »

Après avoir pris des informations sur le temps et sur le lieu, il veut aussi connaître la personne de l’enfant, et il ajoute : « Allez et informez-vous exactement de l’enfant. » Il leur enjoint de faire ce qu’ils devaient faire eux-mêmes sans avoir besoin de recommandation. — S. Chrys. (hom. 7.) Il ne dit pas : Informez-vous du roi, mais informez-vous de l’enfant, car il ne peut souffrir qu’on lui donne ce nom, symbole de son autorité. — S. Chrys. (sur S. Matth.) Pour les amener à ses desseins, il feint le désir d’aller lui rendre hommage, et sous ce manteau d’hypocrisie il aiguise son glaive et veut dissimuler la perversité de son cœur sous les dehors de la soumission et de l’humilité. Ainsi font tous les méchants : c’est quand ils veulent porter en secret des coups plus terribles qu’ils font semblant de s’abaisser et qu’ils prodiguent les marques d’amitié ; c’est ce qui fait dire à Hérode : « Lorsque vous l’aurez trouvé, faites-le moi savoir, » etc. — S. Grég. (hom. 10 sur les Ev.) Il feint de vouloir l’adorer, pour pouvoir plus facilement le mettre à mort, s’il vient à le trouver.

suite : « Ayant entendu les paroles du roi, ils partirent. » — S. Rémi. Les Mages obéissent aux ordres d’Hérode pour chercher le Seigneur, mais non pour revenir le trouver ; en cela ils étaient l’image de ceux qui écoutent la parole de Dieu dans un bon esprit ; ils pratiquent les enseignements que leur donnent des prédicateurs vicieux, mais ils se gardent bien d’imiter leurs œuvres.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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