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Mt  2  9

S. Chrys. (sur S. Matth.) On doit conclure de ces paroles que l’étoile, après avoir conduit les Mages jusqu’aux portes de Jérusalem, se déroba à leurs regards et les abandonna pour les forcer d’entrer dans cette ville et de demander aux habitants où était le Christ, en même temps qu’ils le faisaient connaître eux-mêmes. Dieu en cela se proposait premièrement de confondre les Juifs, en leur montrant des gentils qui, affermis dans la foi par la simple apparition d’une étoile, cherchaient le Christ à travers des contrées inconnues, tandis que les Juifs, nourris dès leur enfance des prophéties qui avaient le Christ pour objet, ne voulaient pas le recevoir alors qu’il était né dans leur propre pays. Dieu voulait encore que les prêtres interrogés sur le lieu où devait naître le Christ répondissent pour leur condamnation : « A Bethléem de Juda ; » parce qu’en donnant à Hérode les explications qu’il demandait sur le Christ, ils ne le connaissaient pas eux-mêmes. Après que les Mages eurent obtenu la réponse à la demande qu’ils avaient faite, le texte ajoute : « Et voici que l’étoile qui leur avait apparu dans l’Orient les précédait. » Témoins de l’hommage rendu par l’étoile à cet enfant, ils purent comprendre quelle était la dignité du nouveau roi. — S. Augustin. (serm. sur l’Epiph.) Et pour que cet hommage rendu au Christ fût plus éclatant, l’étoile ralentit sa marche jusqu’à ce qu’elle eut amené les Mages aux pieds de l’enfant. Elle se mit à la disposition des Mages, mais sans leur commander. Elle montra au Sauveur ses adorateurs, éclaira la grotte d’une abondante lumière, inonda le toit de cette étable de ses rayons éclatants et disparut ensuite. C’est ce que l’Évangéliste indique lorsqu’il ajoute : « Jusqu’à ce qu’étant arrivée sur le lieu où était l’enfant, elle s’y arrêta. — S. Chrys. (sur S. Matth.) Qu’y a-t-il d’étonnant que le soleil de justice, sur le point de se lever, ait voulu être annoncé par une étoile miraculeuse ? Elle s’arrêta au-dessus de la tête de l’enfant comme pour dire : « C’est lui. » Elle le désignait en s’arrêtant au-dessus de lui, parce qu’elle ne pouvait le faire en parlant. — La glose. On voit par là que cette étoile se trouvait dans notre atmosphère, et qu’elle était fort proche de la maison où était l’enfant, autrement les Mages n’auraient pu distinguer cette maison. — S. Ambr. (sur S. Luc.) Cette étoile c’est la voie, et la voie c’est le Christ, car par le mystère de son incarnation il est comme une étoile, étoile brillante, étoile du matin, qu’on ne peut voir dans les lieux ou règne Hérode, mimais qui reparaît de nouveau là où habite le Christ pour nous montrer le chemin. — S. Rémi. On peut dire encore que l’étoile figure la grâce de Dieu, comme Hérode est le symbole du démon. Or celui qui se soumet au démon par le péché perd aussitôt la grâce ; s’il se détache du démon par la pénitence, il recouvre immédiatement la grâce, qui ne le quitte pas qu’elle ne l’ait conduit jusqu’à la maison de l’enfant, qui est l’Église. — La glose. Ou bien encore l’étoile est la lumière de la foi qui conduit les âmes à Jésus-Christ et que les Mages voient disparaître en s’arrêtant chez les Juifs, car en demandant conseil aux méchants ils perdent la véritable lumière.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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