Accueil > Bibliothèque > La Chaîne d’or > Évangile selon saint Matthieu > chapitre 1, versets 6-8
La glose. L’Évangéliste poursuit la seconde partie de la généalogie composée de quatorze générations, elle contient celle des rois et commence à David le premier roi de la tribu de Juda : « Le roi David engendra Salomon de celle qui fut la femme d’Urie. »
S. Augustin. (de l’accord des Evang., liv. 2, ch. 4.) Comme la généalogie de saint Matthieu a pour objet de montrer que le Sauveur a pris sur lui nos péchés, elle nous présente la descendance de David par Salomon dont la mère fut complice du crime commis par David. Saint Luc au contraire remonte à David par Nathan, prophète dont Dieu se servit pour faire expier à ce prince son péché, parce que la généalogie donnée par saint Luc est la figure de la rémission de nos péchés. — S. Augustin. (Rétract. liv. 2, ch. 16.) Il était nécessaire de dire comment s’appelait ce prophète, par lequel s’accomplit cette expiation pour ne pas le confondre avec un autre différent qui portait le même nom. — S. Rémi. On peut se demander pourquoi l’Évangéliste ne désigne pas Bersabée par son nom propre comme les autres femmes. La raison en est que ces autres femmes quoique répréhensibles en un point, s’étaient cependant rendues recommandables par leurs vertus, tandis que Bersabée fut complice non seulement de l’adultère de David, mais encore de l’homicide de son mari, et c’est pourquoi son nom n’a pas été inséré dans la généalogie du Sauveur. — La glose. Il est une autre raison pour laquelle le nom de Bersabée est remplacé par celui d’Urie, c’est afin que ce nom rappelle le plus grand des crimes commis par David. — S. Ambr. (sur S. Luc. chap. 3.) Ce qui élève ce saint roi au-dessus des antres, c’est qu’il reconnut qu’il était homme et qu’il s’efforça d’effacer par les larmes de la pénitence le crime d’avoir enlevé la femme d’Urie ; nous apprenant ainsi à ne point mettre notre confiance dans nos propres forces. Nous avons, en effet, un ennemi dont nous ne pouvons triompher sans le secours de Dieu, et c’est souvent dans des personnages illustres que vous rencontrerez de plus grandes fautes, pour vous apprendre qu’ils ont pu succomber à la tentation comme des hommes ordinaires, et afin que leurs qualités brillantes ne les placent pas dans votre esprit au-dessus de l’humanité. — S. Chrys. (sur S. Matth.) Salomon veut dire pacifique ; en effet, lorsqu’il monta sur le trône, toutes les nations voisines étaient pacifiées et tributaires de son royaume et son règne ne fut troublé par aucune guerre. Salomon engendra Roboam qui veut dire multitude du peuple, car c’est la multitude qui engendre les séditions, ajoutez que les désordres commis par un grand nombre, restent presque toujours impunis, le petit nombre au contraire est ami et protecteur de l’ordre.
Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.