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Mt  14  34-36

S. Rémi. L’Évangéliste nous a fait connaître précédemment l’ordre donné par le Seigneur à ses disciples de monter dans la barque et de le devancer au delà du détroit. Il continue son récit et nous apprend où ils abordèrent après cette traversée : « Et ayant traversé le lac, ils vinrent dans la terre de Génézareth.

Raban. La terre de Genezar, qui s’étend sur les bords du lac de Génézareth, tire son nom de la nature même du lieu. Ce nom vient d’un mot grec qui signifie s’engendrant à elle-même le vent, parce que la surface du lac, toujours ridée, produit une brise continuelle.

S. Chrys. L’Évangéliste nous apprend que ce fut après une longue absence que Jésus vint dans ce pays, en ajoutant : « Et lorsqu’ils le connurent, » etc. Ils apprirent son arrivée par la renommée et non en le voyant de leurs yeux, quoique certainement par suite des grands miracles qu’il opérait dans ces contrées, un grand nombre de personnes le connaissaient de vue. Et voyez quelle est la foi de ces habitants de la terre de Génézareth : ils ne se contentent pas de la guérison de ceux qui vivent au milieu d’eux ; mais ils envoient aux villes d’alentour pour les presser d’accourir toutes au souverain médecin. — S. Chrys. Ils ne l’entraînent plus dans leurs maisons comme auparavant et ne lui demandent plus d’imposer les mains, mais ils méritent ses faveurs par une foi plus grande : « Et ils lui présentèrent tous les malades, le priant qu’il leur permît seulement de toucher le bord de son vêtement. » Cette femme qui souffrait d’une perte de sang leur avait enseigné cette haute sagesse, qu’en touchant seulement la frange des vêtements du Christ ils seraient sauvés. On voit d’après cela que l’absence du Sauveur non-seulement ne leur fit point perdre la foi, mais au contraire la rendit plus vive, et c’est par la vertu de cette foi qu’ils furent tous sauvés : « Et tous ceux qui le touchaient étaient guéris. » — S. Jérôme. Si nous connaissions la signification du mot Génézareth dans notre langue, nous comprendrions comment, sous cette figure des Apôtres et de leur barque, Jésus veut nous représenter l’Église qu’il fait aborder au rivage après l’avoir sauvée du naufrage et qu’il fait reposer dans le port, à l’abri de toute agitation. — Raban. Genezar signifie le principe de la naissance ; or, nous jouirons d’une tranquillité entière et parfaite quand Jésus-Christ nous rendra l’héritage du ciel et le vêtement de joie que nous avions porté autrefois. — S. Hil. Ou bien, dans un autre sens, les temps de la loi étant expirés et cinq mille hommes d’Israël entrés dans l’Église, le peuple des croyants sauvé par la foi, quoique sorti de la loi, présente au Seigneur ce qui lui reste d’infirmes et de malades, qui tous désirent toucher les franges de ses vêtements, et doivent être sauvés par la foi. Mais de même que les franges pendent du vêtement tout entier, ainsi la vertu de l’Esprit saint sortait de Jésus-Christ, et cette vertu communiquée aux Apôtres, comme sortis eux-mêmes du même corps, guérit tous ceux qui désirent s’en approcher. — S. Jérôme. ou bien encore, par cette frange de la robe, vous pouvez entendre les plus petits commandements ; celui qui les transgresse sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux ; ou bien encore le corps qu’il a revêtu pour nous faire parvenir jusqu’au Verbe de Dieu. — S. Chrys. Pour nous, non-seulement nous pouvons toucher le vêtement ou la frange de Jésus-Christ, mais même son corps qu’il nous donne à manger. Or, si ceux qui touchèrent seulement la frange de son vête. ment en ressentirent une influence si salutaire, que n’éprouverons. nous pas, nous qui le recevons tout entier ?

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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