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Mt  13  51-52

S. Chrys. (Hom. 48.) Après que le peuple s’est retiré, le Seigneur continue de parler à ses disciples en paraboles, parce que cette méthode d’enseignement a ouvert leur intelligence et leur a fait comprendre les paroles du Sauveur. Il leur demande donc : « Avez-vous compris toutes ces choses ? Ils lui répondent : Oui. » — S. Jérôme. Il s’adresse particulièrement aux Apôtres, car il ne veut pas seulement qu’ils entendent comme le peuple, mais comme des hommes qui doivent un jour enseigner les autres.

S. Chrys. Il les félicite de nouveau de ce qu’ils ont compris par les paroles suivantes : « C’est pourquoi tout docteur tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes. »

S. Augustin. (Cité de Dieu, 20, 4.) Il ne dit pas des choses anciennes et des choses nouvelles, ce qu’il n’eût pas manqué de faire, s’il n’avait préféré suivre l’ordre que prescrivait le mérite de ces choses plutôt que l’ordre des temps. Les Manichéens qui prétendent n’être en possession que des promesses nouvelles de Dieu, restent ensevelis dans la vétusté de la chair et introduisent en même temps la nouveauté de l’erreur. — S. Augustin. (Quest. évang.) Notre-Seigneur a-t-il voulu expliquer ici quel est ce trésor caché dans le champ et que l’on peut entendre des saintes Écritures composées de l’Ancien et du Nouveau Testament ; ou bien son dessein est-il de nous apprendre qu’on doit regarder comme un homme docte dans l’Église celui qui comprend les anciennes Écritures, même sous la forme de paraboles, en puisant dans les nouvelles les principes d’une bonne interprétation (puisque le Sauveur lui-même a parlé en paraboles dans le Nouveau Testament) ? Car s’il est celui en qui toutes les Écritures reçoivent leur accomplissement et leur manifestation, et que cependant il parle encore en paraboles jusqu’à ce que sa passion ait déchiré le voile et qu’il n’y ait rien de caché qui ne soit révélé, nous devons en conclure que ce qui avait été prédit de lui si longtemps avant sa venue sur la terre était plus que tout le reste caché sous le voile des paraboles. Et en voulant entendre ces prédictions à la lettre, les juifs ont refusé de devenir instruits de ce qui concerne le royaume des cieux.

S. Grég. (hom. 13.) Si par ces choses nouvelles et anciennes nous entendons les deux Testaments, nous serons forcés de ne point regarder Abraham comme docte et instruit, lui qui connaissait sans doute les faits de l’Ancien et du Nouveau Testament, mais qui n’en a point parlé. Nous ne pourrons pas non plus comparer Moïse à ce docte père de famille, car s’il a enseigné les préceptes de l’Ancien Testament, il n’a point promulgué les vérités de la loi nouvelle. Nous devons donc entendre que Notre-Seigneur ne parlait que de ceux qui existaient autrefois, mais de ceux qui pouvaient faire partie de l’Église. Ce sont ces derniers qui tirent de leur trésor des choses nouvelles et des choses anciennes lorsque par leur vie comme par leurs paroles, ils annoncent les vérités renfermées dans les deux Testaments. — S. Hil. (can. 14.) Jésus parle ici à ses disciples et il les appelle scribes ou docteurs à cause de leur science, parce qu’ils ont compris ce qu’il leur a enseigné de nouveau et d’ancien, c’est-à-dire son Évangile, et ce qu’il leur a expliqué de la loi. La loi et l’Évangile ont tous les deux pour auteur le même père de famille et sortent tous les deux du même trésor. Sous ce nom de père de famille, il établit aussi une comparaison entre ses disciples et lui-même, parce qu’ils ont puisé la doctrine des vérités anciennes et des vérités nouvelles dans le trésor de l’Esprit saint.

S. Jérôme. Ou bien il donne aux Apôtres le nom de scribes doctes et instruits, parce qu’ils étaient comme les secrétaires du Sauveur, et qu’ils écrivaient ses paroles et ses préceptes sur les tables de chair du cœur humain. (2 Co 3.) Riches des mystères du royaume des cieux et des richesses du père de famille, ils tiraient du trésor de leur doctrine des choses nouvelles et des choses anciennes, c’est-à-dire qu’ils appuyaient toutes les vérités de l’Évangile sur des témoignages de la loi et des prophètes. C’est pour cela que l’épouse dit dans le Cantique des cantiques (Ct 7) : « Mon bien-aimé, je vous ai réservé les choses nouvelles avec les choses anciennes. » — S. Grég. (hom. 12.) Ou bien encore, la chose ancienne, c’est que le genre humain, par suite de ses crimes, devait périr victime d’un supplice éternel, et la chose nouvelle, c’est qu’il se convertisse et qu’il vive d’une vie immortelle dans le royaume des cieux. Il nous a donné d’abord comme figure du royaume le trésor trouvé et la pierre précieuse ; il nous a fait connaître ensuite les peines de l’enfer où les méchants brûleront éternellement, et il conclut par ces paroles : « C’est pourquoi tout scribe instruit tire de son trésor des choses nouvelles et anciennes, paroles dont voici le sens : Celui-là doit être regardé dans l’Église comme un prédicateur instruit qui sait dire des choses nouvelles sur les douceurs ineffables du royaume des cieux, et des choses anciennes sur la rigueur effrayante des supplices éternels, afin que les châtiments épouvantent ceux qui demeurent insensibles à l’attrait des récompenses.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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