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Mt  13  31-32

S. Chrys. (hom. 47.) Notre-Seigneur venait de dire que trois parties de la semence étaient perdues et qu’une seule produisait du fruit et que dans cette dernière la perte est encore considérable à cause de l’ivraie qu’on a semée par dessus. Ses disciples pouvaient lui dire : Mais quels seront donc les fidèles, et quel sera leur nombre ? Il va au-devant de cette crainte en leur proposant la parabole du grain de sénevé : « Il leur dit encore cette autre parabole : Le royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé, » etc. — S. Jérôme. Le royaume des cieux, c’est la prédication de 1’Évangile et la connaissance des Écritures, qui conduisent à la vie et dont Notre-Seigneur dit aux Juifs : « Le royaume de Dieu vous sera enlevé. » Or, ce royaume du ciel est semblable à un grain de sénevé. — S. Augustin. (Quest. Evang., liv. 1, quest. 2.) Le grain de sénevé figure la ferveur de la foi, à cause de la vertu qu’on lui attribue d’expulser le poison, c’est-à-dire tous les dogmes pervers des hérétiques.

« Qu’un homme prend et sème dans son champ. » — S. Jérôme. Cet homme qui sème dans son champ, c’est, d’après le sentiment le plus commun, le Sauveur qui sème la vérité dans l’âme des fidèles. Selon quelques autres, c’est l’homme lui-même qui sème dans son champ, c’est-à-dire dans son cœur. Or, quel est celui qui sème en nous si ce n’est notre intelligence et notre sentiment ? Ils reçoivent le grain de la prédication, et le nourrissant avec le suc de la foi, ils lui donnent la force de se développer dans le champ de notre cœur.

« Ce grain est la plus petite de toutes les semences. » La prédication de l’Évangile est la plus humble de toutes les doctrines, car au premier coup d’oeil elle n’obtient pas la croyance due à la vérité, en prêchant un homme-Dieu, un Dieu mort, et le scandale de la croix. Rapprochez-la des doctrines et des écrits des philosophes, de l’éclat de leur éloquence, de leurs discours étudiés, et vous reconnaîtrez combien la semence de 1’Évangile est inférieure aux autres semences.

S. Chrys. (hom. 47.) Ou bien la semence de l’Évangile est la plus petite, parce que les disciples étaient les plus faibles des hommes ; mais comme ils avaient en eux une grande vertu, leur prédication s’est répandue par toute la terre, comme l’indique la suite de la parabole : « Mais lorsqu’il a crû, il est le plus grand de tous les légumes, » c’est-à-dire de tous les dogmes. — S. Augustin. (Quest. évang.) Les dogmes des sectes sont leurs propres sentiments, c’est-à-dire les opinions dont elles sont convenues. — S. Jérôme. La doctrine des philosophes, lorsqu’elle se développe, ne présente rien de piquant et n’a aucune apparence de vie, et sa nature molle et languissante ne produit que des plantes et des herbes que l’on voit bientôt se dessécher et périr. Au contraire, la prédication évangélique, qui paraissait peu de chose dans ses commencements lorsqu’elle fut semée, soit dans l’âme des fidèles, soit dans tout l’univers, n’a point produit de simples plantes, mais s’est élevée jusqu’à la hauteur d’un arbre, et sur les branches sont venus habiter les oiseaux du ciel, c’est-à-dire les âmes des fidèles ou les vertus qui sont consacrées au service de Dieu. « Et il devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent se reposer sur ses branches. » Je suis porté à croire que ces branches de l’arbre évangélique, qui sont sorties du grain de sénevé, figurent la variété des dogmes, sur lesquels chacun des oiseaux dont nous avons parlé vient se reposer. Prenons donc aussi nous-mêmes les ailes de la colombe (cf. Ps 54, 7) et élevons-nous bien haut, afin de pouvoir habiter sur les branches de cet arbre, nous construire un nid au milieu des vérités divines, et nous hâter de fuir la terre et de gagner le ciel.

S. Hil. (can. 43.) Ou bien encore le Seigneur se compare lui-même à ce grain de sénevé qui est d’un goût très piquant, la plus petite de toutes les semences, et dont la force augmente lorsqu’il est broyé.

S. Grég. (Moral., 19, 1.) Il est en effet ce grain de sénevé qui, après avoir été semé dans le jardin de sa sépulture, s’est élevé comme un grand arbre ; c’était un grain lorsqu’il mourut, ce fut un arbre lorsqu’il ressuscita ; c’était un grain par l’humilité de la chair, il devint un arbre par la puissance de sa majesté. — S. Hil. (can. 43.) Lorsque ce grain eut été semé dans la terre, c’est-à-dire lorsque le Sauveur fut tombé au pouvoir de la multitude, qu’il eut été livré par elle à la mort et que son corps eut été enseveli dans le tombeau comme un grain qu’on sème dans un champ, il devint plus grand que tous les légumes et surpassa de beaucoup la gloire des prophètes. La prédication des prophètes fut donnée comme une herbe salutaire au peuple d’Israël encore faible et infirme, mais aujourd’hui les oiseaux du ciel se reposent sur les branches de l’arbre. Ces branches de l’arbre, ce sont les Apôtres qui par la puissance du Christ se sont étendus sur toute la surface du monde pour lui donner un doux ombrage. C’est sur ces branches que toutes les nations de la terre viendront dans l’espérance d’y trouver la vie et un lieu de repos comme sur les branches d’un arbre, contre la violence des vents, c’est-à-dire contre les orages que soulève le souffle du démon. — S. Grég. (Moral., 19, 1.) Sur ces branches se reposent les oiseaux du ciel ; en effet, les saintes âmes qui s’élèvent au-dessus des pensées de la terre sur les ailes des vertus, se reposent des fatigues de la vie dans leurs saintes conversations et dans les consolations dont elles sont la source.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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