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Mc  9  29-36

Théophile. Aux prodiges, Jésus fait succéder un entretien sur sa Passion ; pour prévenir et combattre la pensée que c’est malgré lui qu’il a souffert. " Au sortir de ce lieu, ils traversèrent la Galilée ; et Jésus leur disait : Le Fils de l’homme sera livré, " etc. — Bède. Aux événements prospères, Jésus-Christ mêle habituellement la prédiction d’événements fâcheux, afin que leur arrivée inopinée ne soit pas pour les Apôtres un sujet d’épouvante, mais qu’ils les trouvent préparés à les supporter courageusement. — Théophile. Après avoir rapporté la tristesse des Apôtres à cette nouvelle, l’Evangéliste ajoute ce qui devait les consoler : " Après que le Fils de l’homme aura été mis à mort, il ressuscitera le troisième jour ; " ainsi nous apprend-il qu’aux souffrances doit succéder la joie.

" Les Apôtres n’entendaient rien à ces paroles, " etc. — Bède. Cette ignorance dans les Apôtres n’avaient pas précisément pour cause la lenteur de leur esprit, mais plutôt l’amour qu’ils portaient au Sauveur. Encore charnels, et incapables de comprendre le mystère du salut par la croix, ils ne pouvaient croire que celui qu’ils reconnaissaient pour le vrai Dieu, fût sujet à la mort. Ils l’avaient si souvent entendu parler dans un langage métaphorique, que dans la frayeur que leur inspirait l’annonce de sa mort, ils voulaient ne donner encore qu’un sens figuré à ce qu’il leur prédisait de la trahison dont il serait l’objet, et de la passion qui devait en être la suite.

" Et ils arrivèrent à Capharnaüm. " — S. Jérôme. Capharnaüm signifie lieu de consolation ; le sens de ce mot s’accorde parfaitement avec les dernières paroles de Jésus : " Il ressuscitera le troisième jour après sa mort. " " Et lorsqu’ils furent entrés dans la maison, Jésus leur demanda : De quoi vous entreteniez-vous en chemin ? Mais ils ne répondirent rien. " — S. Chrys. Saint Matthieu dit que ce lurent les Apôtres qui s’approchèrent de Jésus, et lui demandèrent : " Qui est, selon vous, le plus grand dans le royaume des cieux ? " Cet Evangéliste omet le commencement de ce récit ; il ne dit rien de la connaissance qu’avait le Sauveur des pensées et des paroles de ses disciples. On peut dire, il est vrai, que les Apôtres communiquaient à leur Maître tout ce qu’ils disaient ou pensaient même en son absence ; car tout lui était connu, comme s’il l’avait entendu, " Ils avaient, dans le chemin, disputé pour savoir quel était le plus grand parmi eux. " Saint Luc dit seulement que " cette pensée entra dans leur esprit. " Selon le récit évangélique, le Seigneur mit au jour la pensée et l’intention secrète renfermées dans leurs paroles. — S. Jérôme. Il est assez naturel de s’entretenir eu chemin du pouvoir ; un chemin en est une image frappante. On quitte le pouvoir comme on y est entré ; pendant même qu’on l’exerce, on le voit s’échapper ; et on ignore dans quel endroit, c’est-à-dire, quel jour on en sera dépouillé complètement. — Bède. Cette dispute des Apôtres sur la prééminence paraît s’être élevée entre eux à l’occasion du choix que Jésus avait fait de Pierre, Jacques et Jean, pour les conduire avec lui sur la montagne, où ils s’imaginaient que leur Maître avait confié à ces trois disciples quelque secret ; ils savaient aussi, d’après ce que dit saint Matthieu (Mt 16), que les clefs du royaume des deux avaient été promises à Pierre. Le Seigneur, qui voit leurs pensées, leur présente l’humilité comme remède de leur ambition ; et pour leur apprendre à ne pas rechercher l’autorité, il fait cette simple recommandation d’humilité : " S’étant assis, il appela ses douze Apôtres, et leur dit : Celui qui veut être le premier, il sera le dernier de tous. " — S. Jérôme. Remarquez que c’est en marchant, que les disciples disputent sur la question de prééminence, et que Jésus s’asseoit pour leur enseigner l’humilité. Le travail et la fatigue sont le partage de ceux qui commandent, le repos celui des humbles. — S. Chrys. Les disciples avaient un vif désir d’être honorés, glorifiés par leur divin Maître ; plus un homme est grand, plus il est digne de grands honneurs. Aussi le Sauveur ne réprime pas ce désir, il veut simplement qu’il soit tempéré par l’humilité. — Théophile. Il nous défend d’usurper injustement les honneurs, et il veut que nous n’y parvenions que par l’humilité.

Bède. A cette recommandation, Jésus joint l’exemple de la simplicité de l’enfance. " Et prenant un enfant, " etc. — S. Chrys. (hom. 59 sur S. Matth.) Il leur met sous les yeux mêmes un modèle d’humilité et de simplicité ; car l’enfant ne connaît ni la jalousie, ni la vaine gloire, il est pur de toute ambition. Et il ne leur dit pas seulement : une grande récompense vous est réservée, si vous devenez semblables à cet enfant, mais il ajoute, si vous honorez, pour l’amour de moi, quiconque lui ressemblera : " Ayant embrassé cet enfant, il leur dit : Celui qui accueillera un de ses petits enfants, " etc. — Bède. Le Sauveur recommande ici à ceux qui aspirent aux dignités, de faire à ses pauvres un digue accueil par honneur pour lui-même ; ou bien il leur recommande d’avoir la candeur de l’enfance, et d’être simples sans fierté, charitables sans envie, affectueux sans colère. Le baiser qu’il donne à cet enfant, nous apprend que c’est aux petits qu’il réserve son affection et ses embrassements. Il ajoute : " En mon nom, " c’est-à-dire, que la vertu qui, chez l’enfant, n’est autre chose qu’une inclination naturelle, doit être chez nous un acte de la raison fait au nom de Jésus-Christ. Enfin, quand il veut que nous le considérions lui-même dans la personne de l’enfant, ce n’est pas seulement de sa nature visible qu’il veut parler : " Celui qui me recevra, ce n’est pas moi qu’il reçoit, mais celui qui m’a envoyé, " etc. Il veut que ses disciples croient qu’il a la même nature et la même grandeur que son Père. — Théophile. Voyez de quel prix est l’humilité, elle attire dans l’âme, le Père, le Fils et le Saint-Esprit (Jn 14, 23 ; 1 Jn 4, 16).

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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