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Mc  8  22-26

La glose. Le miracle de la multiplication des pains est suivie de la guérison de l’aveugle : ce Lorsqu’ils furent arrivés à Bethsaïde, on lui amena un aveugle, qu’on le pria de toucher." béde. — Ceux qui lui firent cette prière savaient que le toucher du Seigneur est aussi puissant pour rendre la vue à un aveugle, que pour guérir un lépreux.

" Et prenant la main de l’aveugle, il le conduisit hors du bourg. " — Théophile. La ville de Bethsaïde était, il paraît, infectée d’incrédulité au premier chef, ce qui lui attira ces reproches du Seigneur : " Malheur à toi, Bethsaïde ! car si les miracles qui ont été faits au milieu de toi, avaient été faits dans Tyr et Sidon, elles auraient fait pénitence, " etc. (Mt 11). Il fait donc sortir de ce bourg cet aveugle qu’on y avait fait entrer, car la foi de ceux qui l’avaient amené, n’était pas véritable.

" Il lui mit de sa salive sur les yeux, et lui ayant imposé les mains, il lui demanda s’il voyait quelque chose. " — S. Chrys. Jésus lui met de la salive sur les yeux, et lui impose les mains ; il veut ainsi montrer que c’est le Verbe divin joint à l’action extérieure qui opère le miracle ; car la main est le signe de l’action, et la salive le symbole de la parole qui sort de la bouche. Il demande à cet homme s’il voyait quelque chose (ce qu’il n’a jamais fait pour les autres guérisons), et il nous apprend ainsi que c’est la foi imparfaite de l’aveugle et de ceux qui l’ont amené, qui est cause que ses yeux ne sont pas tout à fait ouverts : " Et regardant, il dit : Je vois les hommes qui marchent semblables à des arbres. " Il était encore dans les ténèbres de l’incrédulité, et c’est pour cela que de son aveu, il ne voyait les hommes que d’une manière confuse. — Bède. Il aperçoit bien les formes vagues des corps qui se détachent sur les ombres, mais sa vue encore trouble ne peut en saisir les traits et les contours. C’est ainsi que dans le lointain, ou dans l’obscurité de la nuit, les massifs d’arbres apparaissent d’une manière indéterminée, de manière qu’on ne peut distinguer facilement si ce sont des arbres ou des hommes. — Théophile. Jésus n’accorde pas aussitôt à sa foi une guérison complète ; il ne recouvre la vue qu’en partie, parce que sa foi était encore imparfaite ; car le Sauveur mesure la guérison sur le degré de la foi. — S. Chrys. Mais de ce premier degré de guérison, le Sauveur le conduite une foi parfaite, qui lui obtient l’usage complet de ses yeux : " Jésus lui mit de nouveau les mains sur les yeux, et il commença à voir, et il fut guéri, de sorte qu’il voyait clairement toutes choses. "

" Et il le renvoya dans sa maison, en disant : Allez dans votre maison, et si vous entrez dans le bourg, ne parlez de ceci à personne. " — Théophile. Il lui fait cette défense, à cause de l’incrédulité des habitants de Bethsaïde dont nous avons déjà parlé, il ne voulait pas exposer cet homme à voir sa foi attaquée, ni les habitants de cette ville à devenir plus coupables par une incrédulité plus obstinée. — Bède. Il apprend aussi par là à ses disciples à ne point se servir des actions éclatantes qu’ils peuvent faire pour rechercher l’estime et la faveur des hommes.

S. Jérôme. Dans le sens allégorique, Bethsaïde veut dire la maison de la vallée, c’est-à-dire le monde, qui est vraiment une vallée de larmes. On amène au Sauveur un aveugle, c’est-à-dire un homme qui ne voit pas ce qu’il a été, ce qu’il est, et ce qu’il sera. On le prie de toucher cet homme ; et quel est celui que le Seigneur touche, si ce n’est celui dont le cœur est brisé par la componction ? — Bède. En effet, le Seigneur nous touche lorsqu’il répand la lumière dans notre âme par le souffle de son Esprit, et qu’il nous excite à reconnaître notre propre faiblesse et à nous livrer avec zèle à la pratique des bonnes œuvres. Il prend la main de l’aveugle, pour lui donner la force de mènera bonne fin les œuvres qu’il doit entreprendre. — S. Jérôme. Il le conduit hors du bourg, c’est-à-dire de la cité, et il lui met de la salive sur les yeux pour qu’il voie la volonté de Dieu par le souffle de l’Esprit saint. Après lui avoir imposé les mains, il lui demande s’il voit, parce que c’est comme au travers des œuvres de Dieu qu’on voit sa majesté. — Bède. Une autre raison pour laquelle le Sauveur lui met de la salive sur les yeux, et lui impose les mains pour lui rendre l’usage de la vue, c’était de montrer qu’il a dissipé l’aveuglement du genre humain par ses dons invisibles, et par le mystère de son incarnation. La salive qui vient de la tète de l’homme, signifie la grâce de l’Esprit saint. Notre-Seigneur pouvait guérir cet homme d’une seule parole, cependant il ne lui rend la vue que graduellement, pour nous montrer combien grand était l’aveuglement de la nature humaine qui ne peut rouvrir les yeux à la lumière qu’avec peine et comme par degrés, et aussi pour nous apprendre la marche de sa grâce qui nous prête son secours pour franchir les différents degrés de perfection. Or, tout homme qui a été si longtemps enseveli dans une si profonde obscurité qu’il ne pouvait plus discerner le bien du mal, aperçoit les hommes qui marchent comme des arbres, parce qu’il voit sans la lumière du discernement les actions de la multitude qui l’entoure. — S. Jérôme. Ou bien encore, il voit les hommes comme des arbres, parce qu’il les considère comme lui étant supérieurs. Jésus lui met de nouveau les mains sur les yeux pour rendre à sa vue toute sa netteté, c’est-à-dire pour lui faire voir les choses invisibles comme à travers les choses visibles, et pour que les yeux de son cœur purifié puissent contempler ce que l’œil de l’homme n’a jamais vu, la clarté brillante d’une âme purifiée de la rouille du péché. Notre-Seigneur le renvoie dans sa maison, c’est-à-dire dans son cœur, afin qu’il pût voir en lui ce qu’il n’y avait jamais vu, car l’homme qui désespère de son salut regarde comme absolument impossible ce qui paraît on ne peut plus facile à l’âme que la grâce inonde de ses lumières. — Théophile. Ou bien encore, après l’avoir guéri, le Sauveur le renvoie dans sa maison, c’est-à-dire dans le ciel, car le ciel où il y a plusieurs demeures (Jn 14, 2) est la maison de chacun de nous. — S. Jérôme. " Jésus lui dit : Et si vous entrez dans le bourg, ne parlez de ceci à personne, " c’est-à-dire ne cessez de raconter à ceux avec, qui vous vivez votre aveuglement passé, mais ne parlez jamais de vos vertus.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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