Accueil > Bibliothèque > La Chaîne d’or > Évangile selon saint Marc > chapitre 4, versets 30-34
S. Chrys. Après avoir exposé, dans les paraboles précédentes, comment la semence de l’Evangile fructifie, le Sauveur en ajoute une autre pour faire ressortir la supériorité de la doctrine évangélique sur toutes les autres doctrines. Il disait encore : " A quoi comparerons-nous le royaume de Dieu ? " — Théophile. Quoi de moins considérable que la parole de la foi : Croyez eu Dieu et vous serez sauvés ? Et cependant la prédication de cette parole, répandue et comme semée par toute la terre, y a pris de tels développements qu’elle a offert un abri aux oiseaux du ciel, c’est-à-dire aux âmes contemplatives, aux esprits plongés dans la méditation des grandes vérités. Combien de philosophes, parmi les Gentils, ont abandonné leur vaine sagesse pour venir reposer leur âme sous l’arbre de la prédication évangélique. Et c’est ainsi que cet arbre de la prédication de la foi a surpassé tous les autres. — S. Chrys. Comme cet enseignement si concis est ce que les parfaits appellent la vraie sagesse, il a eu plus de succès que tout autre enseignement, parce que rien n’est comparable à cette parole de vérité. — Théophile. Cet arbre a étendu au loin ses branches ; les apôtres, comme les rameaux de cet arbre, se sont répandus partout : les uns à Rome, les autres dans l’Inde, les autres dans toutes les autres parties de l’univers. — S. Jérôme. Ou bien cette semence, petite dans le cœur où règne la crainte, se développe dans la charité qui est la plus grande de toutes les plantes ; car Dieu est charité (I Jn 4), et toute chair est comme l’herbe des champs (Is 4). Cet arbre a étendu les rameaux de la compassion et de la miséricorde, lorsqu’il a offert aux pauvres de Jésus-Christ, figurés par les oiseaux du ciel, un abri et un doux lieu de repos. — Bède. L’homme qui sème est, suivant les uns, le Sauveur lui-même, suivant les autres, l’âme chrétienne qui répand dans son cœur la semence qui lui a été confiée.
S. Chrys. Saint Marc, qui aime à abréger son récit, ajoute ensuite pour montrer la nature et le but des paraboles : " Il les enseignait ainsi sous diverses paraboles. " — Théophile. Comme la multitude à laquelle s’adressait le Sauveur était peu instruite, il n’usait que d’expressions et de comparaisons empruntées aux objets ordinaires et connus, et l’Evangéliste nous dit qu’il ne leur parlait pas sans parabole, comme pour les encourager à s’approcher de lui et à l’interroger : " Mais en particulier il expliquait tout à ses disciples. " Le Sauveur n’expliquait pas absolument toutes choses, soit obscures, soit évidentes, mais simplement celles qu’ils ignoraient et dont ils lui demandaient l’explication. — S. Jérôme. Ils étaient dignes d’entendre en particulier l’explication des mystères dans la retraite profonde de leur amour de la sagesse, eux qui, loin du tumulte des pensées mauvaises, vivaient habituellement dans la solitude silencieuse des vertus ; car c’est dans le repos et le calme du cœur que la sagesse fait entendre ses leçons.
Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.