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Mc  4  26-29

S. Chrys. Le Sauveur vient d’exposer la parabole de la semence, dont trois parties ont été perdues de diverses manières, et une seule a été conservée ; et il nous a montré dans cette dernière partie trois classes de fidèles, distinguées par des degrés divers de foi et de vie chrétienne. Cette nouvelle parabole n’a pour objet que ceux qui sont sauvés : " Et il disait : Il en est du royaume de Dieu comme d’un homme qui a semé, " etc. — S. Jérôme. Le royaume de Dieu, c’ost son Eglise qu’il dirige lui-même, et qui à son tour dirige les hommes et foule aux pieds les vices et les puissances qui s’opposent à son action. — S. Chrys. Ou bien le royaume de Dieu, c’est la foi en Jésus-Christ et le mystère de son incarnation. Il en est de ce royaume comme d’un homme qui jette en terre de la semence, car le Sauveur, Dieu et Fils de Dieu par sa nature, devenu homme sans altération de su substance divine, a jeté pour nous sa semence sur la terre, c’est-à-dire qu’il a éclairé le monde entier par la parole qui lui a donné la connaissance de Dieu. — S. Jérôme. La semence, c’est la parole de vie ; lu terre qui reçoit la semence, c’est le cœur de l’homme, et le semeur qui se livre au sommeil, c’est la mort du Sauveur. La semence germe et pousse le jour et la nuit ; ainsi le nombre des fidèles, après le sommeil de Jésus-Christ, ne cessa de germer par la foi et de se développer par les œuvres à travers les vicissitudes des événements tour à tour heureux ou malheureux. — S. Chrys. Ou bien, ce semeur qui se lève, c’est Jésus-Christ qui d’abord restait assis, attendant avec une miséricordieuse bienveillance que les âmes qui avaient reçu la semence produisent du fruit. Il se lève ensuite lorsque, par la douce influence de sa parole, il aide notre fécondité par les armes de justice qu’il nous met dans la main droite, et dont le jour est le symbole, et dans la main gauche, qui est représentée par la nuit des persécutions ; voilà ce qui lait germer la semence et l’empêche de se dessécher. — Théophile. Ou bien encore, le Christ dort, c’est-à-dire qu’il monte au ciel, ou quoiqu’il paraisse dormir, il se lève, soit la nuit, en nous envoyant des épreuves qui nous rappellent son souvenir, soit le jour, lorsque, exauçant nos prières, il multiplie pour nous les moyens de salut.

S. Jérôme. Ces paroles : " Sans qu’il sache comment, " sont une expression figurée, c’est-à-dire que Jésus-Christ nous laisse ignorer qui de nous portera du fruit jusqu’à la fin. — S. Chrys. Ou bien cette expression : " Sans qu’il le sache " nous apprend la liberté laissée à ceux qui reçoivent la parole. Il confie à notre volonté l’œuvre de notre salut ; il ne produit pas seul tout le bien dans notre âme, afin qu’elle ne paraisse pas l’accomplir involontairement ; aussi ajoute-t-il : " La terre produit d’elle-même, " c’est-à-dire notre âme n’est pas contrainte à produire des fruits, et sa volonté concourt à sa fécondité : " Elle produit d’abord de l’herbe. " — S. Jérôme. Cette herbe, c’est la crainte de Dieu qui est le commencement de la sagesse (Ps 110) : " Puis un épi, " c’est-à-dire la pénitence avec ses larmes ; et enfin le blé qui remplit l’épi, c’est-à-dire la charité, car la charité est le parfait accomplissement de la loi (Rm 13.).

S. Chrys. Ou bien l’herbe qui pousse d’abord, c’est le fruit de la loi de nature qui ne se développe que lentement ; plus tard se montrent les épis qui seront réunis en gerbes et offerts à l’autel du Seigneur sous la loi de Moïse ; enfin sous l’influence de l’Evangile, le fruit parvient à sa maturité. On peut dire encore que nous devons non seulement nous couvrir des feuilles de l’obéissance, mais par la pratique de la prudence nous tenir droits et fermes comme la tige de l’épi, sans aucun souci des vents qui nous agitent. Enfin, nous devons nous appliquer, aidés du secours de la mémoire, à faire produire à notre aine des fruits comme l’épi chargé de grains, c’est-à-dire le développement complet de la vertu. — Théophile. La semence produit d’abord de l’herbe, c’est le commencement du bien ; puis un épi, c’est la résistance aux tentations ; puis le blé qui remplit l’épi, c’est l’œuvre arrivée à sa perfection.

" Et lorsque la semence a produit son fruit, on y mot la faucille. " — S. Jérôme. La faux, c’est la mort ou le jugement qui tranche tout ; la moisson, c’est la fin et la consommation des siècles. — S. Grég. (hom. 14 sur Ezéch.) Ou bien, l’homme qui répand la semence sur la terre, c’est le chrétien qui sème dans son âme une intention sainte ; il semble dormir quand il se repose dans la douce espérance que produit une bonne vie ; et il se lève le jour et la nuit lorsqu’il avance dans la vertu, tant au milieu des épreuves qu’au sein de la prospérité. Le grain germe sans qu’il le sache, car lorsqu’il est incapable d’en mesurer les progrès, la vertu dont il a conçu le désir arrive à son complet développement. Lors donc que nous concevons de bons désirs, nous répandons la semence dans la terre ; lorsque nous commençons à faire le bien, nous produisons de l’herbe ; lorsque nous faisons des progrès dans la pratique des bonnes œuvres, nous devenons un épi ferme et vigoureux ; et si enfin nous parvenons à la perfection de la vertu, nous présentons au regard de Dieu un épi rempli de grains parvenus à la maturité.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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