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Mc  3  13-19

Bède. Après avoir défendu aux esprits mauvais de proclamer sa divinité, Jésus choisit les saints Apôtres, qui devaient chasser les esprits immondes et prêcher son Evangile. " Et étant monté ensuite sur une montagne, " etc. — Théophile. Saint Luc dit qu’il gravit cette montagne pour se livrer à la prière. Après avoir opéré des miracles, il prie, pour nous apprendre à rendre à Dieu nos actions de grâces du bien que avons pu faire, et à en renvoyer toute la gloire à la puissance de Dieu. — S. Chrys. Il enseigne aussi par là, aux premiers pasteurs de l’Eglise, à passer lus nuits eu prières avant les ordinations, afin que leur ministère ne soit point privé de son efficacité. Lors donc que le jour fut venu, dit saint Luc, il appela ceux qu’il voulut, car il y en avait plusieurs qui marchaient à sa suite. — Bède. En effet, leur vocation à l’apostolat était une affaire qui dépendait, non de leur choix et de leur volonté propre, mais bien de la grâce et de la miséricorde divine. Celte montagne, où le Seigneur daigne les choisir, figure l’éminence de la sainteté à laquelle ils devaient tendre et qu’ils devaient ensuite prêcher aux hommes. — S. Jérôme. (Ps 57 ; Is 2, 2) Ou bien encore, dans le sens spirituel, Jésus-Christ est cette montagne d’où jaillissent les eaux vives, où se prépare le lait pour le salut des enfants, où l’on trouve l’abondance des richesses spirituelles, et, avec la foi, le trésor du souverain bien. Toutes ces faveurs célestes sont là, comme en dépôt, sur cette mystérieuse montagne. Aussi, est-ce sur cette montagne que le Sauveur appelle ceux qui excellent par leurs discours et leurs œuvres, afin "lue l’élévation du lieu soit en rapport avec l’élévation de leurs mérites.

" Et ils vinrent à lui, " etc. Le Seigneur a aimé la beauté do Jacob (Ps 46). De même que les douze Apôtres doivent s’asseoir sur douze trônes, pour juger les douze tribus d’Israël, ainsi doivent-ils veiller par groupes de trois, répétés quatre fois, près du tabernacle du Seigneur, et porter en quelque sorte sur leurs épaules ses oracles sacrés. — Bède. Ce nombre mystérieux était figuré autrefois par les enfants d’Israël, qui campaient autour du tabernacle. Trois tribus stationnaient aux quatre côtés du tabernacle ; or, trois fois quatre font douze, et c’est au nombre de douze que les Apôtres furent envoyés pour prêcher l’Evangile aux quatre parties du monde, et baptiser les nations au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, " Et il leur donna le pouvoir, " etc. Il voulait par là que la grandeur et l’éclat de leurs œuvres servissent de témoignage à la grandeur des promesses célestes, et que des prodiges nouveaux vinssent confirmer la doctrine nouvelle qu’ils annonçaient.

Théophile. Il désigne les douze Apôtres par leur nom, afin qu’on pût les discerner des faux Apôtres, qu’il fallait éviter : " Et il donna à Simon le nom de Pierre, " etc. — S. Augustin. (De l’accord des Evang., liv. 2, 17) Il ne faut pas croire cependant que c’est alors seulement que Simon reçut ce nouveau nom de Pierre, ce qui serait opposé à ce que rapporte saint Jean, qui place bien avant cette parole de Jésus : " Tu t’appelleras Céphas, " c’est-à-dire Pierre. C’est ce que saint Marc rappelle comme par manière de récapitulation. Il avait dessein d’énumérer les noms des Apôtres, et il devait nécessairement parler de Pierre, il eut donc la pensée d’insinuer très brièvement qu’il n’avait pas toujours porté ce nom, mais que le Seigneur le lui avait donné. — Bède. Le Sauveur voulut qu’il prit un autre nom tout d’abord, pour appeler l’attention sur le mystère dont ce changement était la figure. Le mot Pierre, en grec comme en latin (en syriaque Céphas), dérive de petra, rocher ou pierre, et nul doute que cette pierre ne soit autre que celle dont l’Apôtre dit (1 Co 10) :" Or, cette pierre était Jésus-Christ. " Carde même que Jésus-Christ était la vraie lumière (Jn 1), et qu’il donna aux Apôtres le privilège d’être appelés la lumière du monde, de même il accorda à Simon, plein de foi en Jésus-Christ, qui est la pierre angulaire, ce nom glorieux de Pierre. — S. Jérôme. De l’obéissance figurée par le nom de Simon, il s’élève à la connaissance que le nom de Pierre signifie.

" Et Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, " etc. — Bède. Il faut sous-entendre : " Et, étant monté sur la montagne, il appela à lui Jacques et Jean, " etc. — S. Jérôme. Jacques, c’est-à-dire qui supplante et détruit tous les désirs de la chair ; Jean, c’est-à-dire celui qui reçoit de la grâce ce que les autres obtiennent par leurs efforts. " Et il les surnomma fils du tonnerre. " — S. Chrys. Il appela ainsi les fils de Zébédée, parce qu’ils devaient répandre par toute la terre les oracles majestueux et éclatants de la divinité. — S. Jérôme. Ou bien encore, cette dénomination fait ressortir les vertus éminentes de ces trois premiers Apôtres, qui ont mérité d’entendre sur la montagne la voix retentissante du Père, qui fit retentir comme un tonnerre, du sein de la nuée (Mt 17), ces paroles : " Celui-ci est mon Fils bien-aimé. " Le Sauveur voulait aussi que ses Apôtres fussent sous la nuée de la chair qui les enveloppait, et par le feu de la parole, des foudres spirituels, versant la pluie sur la terre, semblables en cela au Seigneur, qui change en pluie les éclats de la foudre, et éteint par l’eau de la miséricorde le feu de la vengeance.

" Et André. " — S. Jérôme. Le mot André signifie qui attaque avec une vigueur toute virile ce qui fait notre ruine, afin de trouver toujours en lui une réponse de mort, et que son âme soit toujours comme entre ses mains. — Bède. André est un nom grec, qui signifie viril, parce qu’il s’attacha au Seigneur avec courage.

" Et Philippe. " — S. Jérôme. Ce nom signifie bouche de la lampe, c’est-à-dire celui dont les lèvres peuvent révéler ce que son cœur a conçu, parce que le Seigneur lui a ouvert la bouche pour éclairer le autres. Nous savons en effet qu’il est d’usage, dans l’Ecriture, d’attacher aux noms hébreux une signification mystérieuse.

" Et Barthélemi. " — S. Jérôme. Qui est le fils de Celui qui suspend les eaux ; de Celui qui a dit (Is 5) : " Et je commanderai aux nuages de ne point verser leurs eaux sur la terre. " Ce nom de fils de Dieu, on l’acquiert par un esprit pacifique, par l’amour de ses ennemis. " Bienheureux les pacifiques, parce qu’ils sont enfants de Dieu " (Mt 5) ; " Aimez vos ennemis, afin d’être les enfants de Dieu. "

" Et Matthieu. " — S. Jérôme. Qui est comblé des dons du Seigneur, parce qu’en effet il reçut, non-seulement la rémission de ses péchés, mais encore la faveur d’être admis au nombre des Apôtres. Et Thomas, c’est-à-dire qui est un abîme, car après avoir acquis la connaissance des plus profonds mystères, il les publie, lui et les autres Apôtres, avec l’assistance divine, " Et Jacques, fils d’Alphée, " c’est-à-dire du docte ou du millième, et mille tomberont à ses côtés (Ps 60). C’est cet autre Jacob qui doit lutter, non point contre la chair et le sang, mais contre la malice spirituelle de Satan (Ep 6). " Et Thadée, " Corculus, c’est-à-dire qui cultive son cœur, qui le garde avec le plus grand soin (Pr 4). — Bède. Thadée est celui que saint Luc, dans son Evangile (Lc 6), et dans les Actes des Apôtres (Ac 1), désigne sous le nom de Jude, frère de Jacques. Il était en effet frère de Jacques, lequel était lui-même frère, c’est-à-dire cousin germain du Seigneur, comme il l’écrit dans son Epître.

" Et Simon le Chananéen, et Judas Iscariote, qui le livra. " L’Evangéliste ajoute ici quelques explications : il veut distinguer ceux dont il parle de Simon-Pierre et de Juda ou Jude, frère de Jacques. Simon est appelé Chananéen, de Chana, bourg de la Galilée. Judas est surnommé Iscariote, du bourg où il était né, ou de la tribu d’Issachar. — Théophile. L’Evangéliste le met au nombre des Apôtres, pour nous apprendre que Dieu ne rejette personne en prévision de sa méchanceté future, mais qu’il l’honore, au contraire, par égard pour sa vertu présente. — S. Jérôme. Simon signifie qui dépose la tristesse. " Bienheureux ceux qui pleurent, dit Jésus-Christ, parce qu’ils seront consolés (Mt 5). Simon s’appelle le Chananéen, ou Zélotès, c’est-à-dire celui qui est dévoré du zèle de la gloire de Dieu (Ps 68). Judas Iscariote, c’est-à-dire celui qui n’efface point par la pénitence son péché, et dont le souvenir ne s’efface pas davantage ; car Judas signifie celui qui confesse ou qui est avide de gloire ; et Iscariote signifie souvenir de mort. Et en effet il y a, dans l’Eglise, beaucoup de confesseurs superbes et vains, comme Simon le magicien, Arius et les autres hérétiques, et dont la funeste mémoire n’est rappelée dans l’Eglise qu’afin d’en éloigner les âmes chrétiennes.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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