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Lc  8  19-21

Tite de Bostra. Notre-Seigneur avait quitté ses parents selon la chair pour se livrer à la prédication de la doctrine de son père ; et comme ils désiraient le voir, ils vinrent le trouver : « Cependant, sa mère et ses frères vinrent vers lui, » etc. Lorsque vous entendez parler des frères du Seigneur, que ce nom vous rappelle sa miséricorde et vous fasse comprendre l’étendue de sa grâce. En effet, personne ne peut être frère du Sauveur en tant qu’il est Dieu, puisqu’il est le Fils unique du Père, mais par un effet de son amour, il a daigné s’unir notre chair, notre sang, et il est devenu notre frère, lui qui était Dieu par nature (cf. He 2, 11. 13). — Bède. Ces frères du Seigneur, selon la chair, ne sont ni les fils de la bienheureuse Marie, mère de Dieu, comme le veut Helvidius, ni les fils de Joseph et d’une autre épouse, comme d’autres le prétendent, mais tout simplement ses cousins.

Tite de Bostra. Les frères de Jésus espéraient qu’en apprenant leur arrivée, par respect pour le nom de sa mère et pour l’amour qu’elle lui témoignait, il s’empresserait de laisser la multitude qui l’écoutait : « On vint donc lui dire : Votre mère et vos frères sont là dehors, » etc. — S. Chrys. (hom. 45 sur S. Matth.) Considérez quelle indiscrétion c’était que d’enlever le Sauveur à tout ce peuple qui l’entourait et qui, suspendu à ses lèvres, écoutait ses divins enseignements. Aussi, Notre-Seigneur leur en fait-il un reproche : « Il leur répondit : Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, » etc. — S. Ambr. Comme un sage maître, Jésus commence par donner l’exemple à ses disciples avant de leur enseigner, que celui qui ne quitte point son père où sa mère n’est pas digne du Fils de Dieu. Il veut donc pratiquer le premier ce commandement, non qu’il refuse d’accomplir à l’égard de sa mère les devoirs de la piété filiale (puisqu’il est l’auteur de ce commandement : « Quiconque n’honorera point son père ou sa mère sera puni de mort »), mais parce qu’il sait qu’il doit plus à la mission divine qu’il a reçue de son Père, qu’à l’affection filiale qu’il a pour sa mère (cf. Ga 4, 19). Toutefois, sa réponse ne contient rien de blessant pour ses parents, mais elle nous apprend que l’union des âmes est plus auguste que les liens de la chair et du sang. Le Sauveur ne renie donc point sa mère (comme l’affirment certains hérétiques qui tendent des pièges à la simplicité), puisqu’il l’a reconnue du haut même de la croix, mais il nous enseigne à sacrifier les exigences du sang à l’accomplissement des devoirs célestes. — Bède. Ceux donc qui écoutent et qui pratiquent la parole de Dieu, méritent le nom glorieux de mère de Dieu, parce que chaque jour, par leurs exemples ou par leurs paroles, ils l’engendrent dans le coeur du prochain, et ils méritent également d’être appelés ses frères, puisqu’ils font aussi la volonté de son Père qui est dans les cieux.

S. Chrys. (hom. 43 sur S. Matth.) Notre-Seigneur ne veut pas non plus faire ici un reproche à sa mère, mais lui accorder une grâce signalée. En effet, s’il avait tant à coeur de donner une juste idée de sa personne au reste des hommes, combien plus devait-il le désirer pour sa mère, car jamais il ne l’eût élevé à un si haut degré de grandeur, si elle eût pu croire qu’il lui obéirait toujours comme un fils, et si au contraire elle ne l’eût reconnu comme son Dieu. — Théophile. Quelques-uns entendent ce passage dans un autre sens : Pendant que Jésus enseignait, disent-ils, des envieux qui voulaient jeter du discrédit sur sa doctrine, vinrent lui dire : « Votre mère et vos frères veulent vous voir, » comme pour rappeler l’obscurité de sa naissance. Or Jésus, qui connaît leurs pensées, leur déclare qu’on n’est nullement rabaissé par une humble et pauvre famille, mais que si un homme d’une constitution obscure, écoute la parole de Dieu, il le regarde comme son frère. Cependant, comme il ne suffit pas d’écouter pour être sauvé, et que la parole de Dieu serait plutôt alors une cause de condamnation, il ajoute : « Et qui la pratiquent, » car il faut tout à la fois écouter et mettre en pratique. La parole de Dieu, c’est sa doctrine, puisque tout ce qu’il enseignait venait de son Père.

S. Ambr. Dans le sens mystique, celui qui cherche Jésus-Christ, ne doit pas se tenir dehors, c’est pour cela que le Roi-prophète a dit : « Approchez-vous de lui, et vous serez éclairés. » (Ps 33.) Ceux qui restent dehors, ne sont pas reconnus de Jésus, fussent-ils ses parents ; peut-être est-ce pour notre instruction qu’il ne veut pas les reconnaître, or comment espérer qu’il nous reconnaîtra, si nous persistons à rester dehors ? On peut encore dire que les parents de Jésus sont la figure des Juifs, dont le Sauveur était issu par sa naissance temporelle, et qu’il veut nous apprendre ici la préférence donnée à l’Église sur la synagogue. — Bède. Tandis que Jésus enseigne dans l’intérieur de la maison, ceux qui négligent de s’appliquer au sens spirituel de ses paroles, ne peuvent entrer. Cependant la foule se presse pour entrer dans la maison, parce qu’en effet, tandis que les Juifs usaient de lenteurs et de retards, les Gentils accoururent en foule à Jésus-Christ, Ceux qui se tiennent au dehors, veulent voir Jésus-Christ, parce que sans s’occuper du sens spirituel de la loi, ils s’attachent au dehors à l’observation de la lettre, et ils veulent pour ainsi dire contraindre Jésus-Christ à sortir pour leur enseigner une doctrine tout humaine, plutôt que de consentir à entrer eux-mêmes pour recevoir des enseignements tout spirituels.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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