Accueil  >  Bibliothèque  >  La Chaîne d’or  >  Évangile selon saint Luc  >  chapitre 5, versets 1-3

Lc  5  1-3

S. Ambr. Après que Notre-Seigneur eut opéré un grand nombre de guérisons, l’empressement du peuple pour recourir à sa puissance salutaire ne put être arrêté ni par le temps, ni par les lieux ; le soir est venu, ils ne cessent de marcher à sa suite, un lac se présente, ils se pressent autour de lui « Un jour que la foule se précipitait sur lui, » etc. — S. Chrys. Ils étaient comme enchaînés à sa divine personne, pleins d’amour et d’admiration pour lui, et ils voulaient le retenir au milieu d’eux. Et, en effet, qui aurait voulu se séparer de lui pendant qu’il opérait de si grands miracles ? Qui aurait refusé de contempler cette face adorable et cette bouche d’où sortaient tant de merveilles. Car le Sauveur n’était pas seulement admirable dans les miracles qu’il opérait, mais son aspect seul était rempli de grâce ; aussi quand il parlait, on l’écoutait dans un profond silence, sans jamais oser l’interrompre : « La foule, se précipitant sur lui pour entendre la parole de Dieu, » etc.

« Il était sur le bord du lac de Génésareth. » — Bède. Le lac de Génésareth est le même qui porte le nom de mer de Galilée ou de Tibériade. On l’appelle mer de Galilée, de la province qui est baignée par ses eaux, et mer de Tibériade, de la ville qui en est voisine. Le nom de Génésareth vient de la nature même du lac, dont les ondes, en se ridant, produisent d’elles-mêmes les vents qui agitent ses flots. En effet, le mot Génésareth signifie qui produit de lui-même le vent. Les eaux, au lieu d’être calmes et tranquilles comme celles des autres lacs, sont souvent agitées par le souffle des vents, elles sont douces et agréables à boire. Mais dans la langue hébraïque, toute grande étendue d’eau douce ou salée, reçoit le nom de mer.

Théophile. Plus la gloire s’attache au Sauveur, plus il cherche à s’y dérober, c’est pourquoi nous le voyons s’éloigner de la foule et monter dans une barque : « Et il vit deux barques arrêtées au bord du lac, et dont les pêcheurs étaient descendus pour laver leurs filets. » — S. Chrys. C’était un signe que les pécheurs se reposaient. Selon saint Matthieu, Jésus les trouva raccommodant leurs filets ; car ils étaient si pauvres qu’ils étaient obligés de réparer leurs filets déchirés, dans l’impossibilité d’en avoir de nouveaux. Il monte dans une barque pour rassembler convenablement toute la multitude, de manière que personne ne fût derrière lui, mais que tous puissent le voir en face : « Montant dans une des barques qui appartenaient à Simon, il le pria, » etc. — Théophile. Voyez l’humilité de Jésus-Christ, qui s’abaisse jusqu’à prier Pierre, et la soumission de Pierre, qui obéit en toutes choses à son divin Maître.

S. Chrys. Après avoir opéré un grand nombre de miracles, il enseigne de nouveau sa doctrine, et tout en étant sur la mer, il prêche ceux qui sont sur la terre : « Et étant assis, il enseignait le peuple de dessus la barque. » — S. Grég. de Nazianze. (disc. 31.) Il se montre plein de condescendance pour tous, afin de tirer le poisson de l’abîme, c’est-à-dire l’homme qui nage pour ainsi dire au milieu des choses inconstantes et mobiles, et parmi les violentes tempêtes de cette vie.

Bède. Dans le sens allégorique, ces deux barques figurent les Juifs et les Gentils. Le Seigneur les voit toutes deux, parce qu’il connaît dans chaque peuple ceux qui sont à lui, et en les voyant près du rivage, c’est-à-dire en les visitant dans sa miséricorde, il les conduit au port tranquille de la vie éternelle. Les pêcheurs sont les docteurs de l’Église qui nous prennent dans les filets de la foi, et nous amènent au rivage de la terre des vivants. Ces filets, tantôt les pêcheurs les jettent pour pêcher, tantôt ils les plient après les avoir lavés, parce qu’en effet, tous les temps ne sont pas également propres à la prédication, et que le docteur doit tantôt se livrer à l’enseignement, tantôt s’occuper de lui-même, et prendre soin de son âme. La barque de Simon, c’est l’Église primitive dont saint Paul a dit : « Celui qui a opéré en Pierre pour l’apostolat de la circoncision. » (Ga 2.) Notre-Seigneur monte dans une seule de ces barques, parce que la multitude de ceux qui croyaient n’avait qu’un coeur et qu’une âme, (Ac 4.) — S. Augustin. (Quest. évang., 2, 2.) De cette barque, il enseignait la foule, car c’est par l’autorité de l’Église que Pierre instruit les nations. Le Seigneur, en montant dans cette barque, prie son disciple de s’éloigner un peu de la terre, pour nous apprendre qu’il faut parler au peuple un langage plein de modération et de réserve, il ne faut pas lui prêcher une doctrine terrestre, mais il faut se garder également de trop l’éloigner de la terre pour le jeter dans les profondeurs insondables des mystères. Cette circonstance peut encore signifier qu’il faut d’abord prêcher l’Évangile aux peuples des pays voisins, de même que bientôt il dira : « Avancez en pleine mer, » c’est-à-dire prêchez aux nations plus éloignées.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

Plan du site    |    Contact    |    Liens    |    Chapelle