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Lc  2  41-50

S. Cyrille. (Chaîne des Pèr. gr.) L’Évangéliste vient de dire que l’enfant croissait et se fortifiait, il en donne maintenant la preuve en nous montrant Jésus se rendant à Jérusalem avec la sainte Vierge sa mère : « Lorsqu’il eut atteint sa douzième année. » — Chaîne des Pères Grecs. ou Géom. La manifestation de la sagesse ne dépasse pas ici la portée de l’âge, c’est à l’époque de la vie où nous devenons capables de discernement et de réflexions (c’est-à-dire, à l’âge de douze ans), que la sagesse de Jésus-Christ se révèle. — S. Ambr. Ou bien il commence ses divins enseignements à l’âge de douze ans, pour figurer le nombre des premiers prédicateurs de l’Évangile. — Bède. (sur S. Luc.) Nous pouvons encore dire que, comme le nombre sept, le nombre douze (formé des deux parties du nombre sept multipliées l’une par l’autre) figure l’universalité et la perfection des temps et des choses ; c’est donc pour nous apprendre que la lumière qu’il apporte au monde, doit remplir tous les temps et tous les lieux, que Jésus-Christ commence à en répandre les premiers rayons à l’âge de douze ans.

Bède. (hom.) Notre-Seigneur venait tous les ans avec ses parents célébrer la fête de Pâques dans le temple de Jérusalem, et il nous donne en cela un exemple de sa profonde humilité comme homme, car c’est un des premiers devoirs de l’homme d’être fidèle à offrir à Dieu des sacrifices, et de se le rendre favorable par ses prières. Le Seigneur fait homme a donc accompli parmi les hommes ce que Dieu avait commandé aux hommes par ses anges : « Selon la coutume de cette fête, » dit l’Évangéliste ; soyons donc fidèles nous-mêmes à suivre les pas de ce Dieu fait homme, si nous aspirons au bonheur de contempler un jour la gloire de sa divinité.

Chaîne des Pères Grecs. ou Métaph. Après la fête tous s’en retournèrent, mais Jésus resta secrètement : « Les jours de la fête étant passés, l’enfant Jésus resta dans la ville de Jérusalem, et ses parents ne s’en aperçurent pas. » L’Evangéliste dit : « Les jours de la fête étant passés, » parce que la solennité de la fête de Pâques durait sept jours. Le Sauveur reste secrètement, afin que ses parents ne pussent s’opposer à la discussion qu’il désirait avoir avec les docteurs de la loi ; ou bien peut-être voulait-il éviter de paraître mépriser l’autorité de ses parents, en refusant de leur obéir. Il reste donc secrètement, pour agir en toute liberté, ou pour ne pas s’exposer au reproche de désobéissance. — Origène. (hom. 19.) Ne soyons pas surpris de voir l’Évangéliste donner à Marie et à Joseph le nom de parents de Jésus, alors que Marie par son enfantement, et Joseph par les soins dont il entourait ce divin enfant, ont mérité d’être appelés son père et sa mère. — Bède. (sur S. Luc.)On demandera sans doute comment les parents de Jésus, qui veillaient avec une si grande sollicitude sur ce divin enfant, ont pu le laisser par oubli dans la ville de Jérusalem. Nous répondons que les Juifs, à l’époque des grandes fêtes de l’année, soit en se rendant à Jérusalem, soit en retournant dans leur pays, avaient coutume de marcher par troupes, les hommes séparés des femmes, et les enfants pouvaient aller indifféremment avec les uns ou avec les autres. Marie et Joseph ont donc pu croire chacun de leur côté que l’enfant Jésus, qu’ils, ne voyaient point avec eux, se trouvait soit avec son père, soit avec sa mère. C’est ce qu’ajoute l’Évangéliste : « Mais pensant qu’il était avec quelqu’un de leur compagnie, » etc.

Origène. L’enfant Jésus resta dans la ville de Jérusalem, en laissant ignorer à ses parents qu’il y était resté, comme plus tard il s’échappa et disparut du milieu des Juifs, qui lui dressaient des embûches : « Et ne le trouvant pas, ils revinrent à Jérusalem pour le chercher, et trois jours après, ils le trouvèrent dans le temple, » etc. — Origène. (hom. 18.) Ou ne trouve pas Jésus dès les premiers pas que l’on fait pour le chercher ; car Jésus ne se trouve ni parmi ses parents ou parmi ceux qui lui sont unis par les liens du sang, ni parmi ceux qui ne s’attachent à lui qu’extérieurement ; on ne peut espérer non plus trouver Jésus au milieu de la foule. Apprenez donc où ils le cherchent et où ils le trouvent, ce n’est point partout indifféremment, mais dans le temple. Vous donc aussi, cherchez Jésus dans le temple de Dieu, cherchez-le dans l’Église, cherchez-le auprès des docteurs qui enseignent dans le temple ; si vous le cherchez de la sorte, vous le trouverez infailliblement. (Et hom. 19). Ils ne le trouvèrent point parmi leurs parents, car une parenté toute naturelle ne pouvait avoir au milieu d’elle le Fils de Dieu, qui est supérieur à toute connaissance et à toute science humaine. Où donc le trouvent-ils ? Dans le temple. Si vous voulez aussi chercher le Fils de Dieu, cherchez-le d’abord dans le temple, hâtez-vous d’y entrer, c’est là que vous trouverez le Christ, la parole et la sagesse du Père, c’est-à-dire le Fils de Dieu.

S. Ambr. Ils le trouvent dans le temple après trois jours, comme figure que trois jours après sa passion. triomphante, alors qu’on le croyait victime de la mort, il se montrerait plein de vie à notre foi, assis sur son trône des cieux, au milieu d’une gloire toute divine. — La glose. Ou bien ces trois jours de recherche signifiaient que les patriarches avant la loi, avaient cherché l’avènement de Jésus-Christ sans le trouver, que les prophètes et les justes sous la loi l’avaient également cherché sans être plus heureux, tandis que les Gentils qui l’ont cherché sous la loi de grâce l’ont trouvé.

Origène. (hom. 19.) Comme il était le Fils de Dieu, on le trouve au milieu des docteurs, leur inspirant la sagesse et les instruisant ; mais parce qu’il était enfant on le trouve au milieu d’eux, ne leur faisant point de leçons expresses, mais se contentant de les interroger : « Ils le trouvèrent assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. » Il agit ainsi pour donner l’exemple de la soumission et de la déférence qui convient aux enfants, et leur apprendre la conduite qu’ils doivent tenir, fussent-ils doués d’une sagesse et d’une science supérieures à leur âge. Ils doivent écouter leurs maîtres plutôt que de chercher à les instruire et à se produire par un sentiment de vaine ostentation. Jésus interroge les docteurs, non pas sans doute pour s’instruire, mais bien plutôt pour les enseigner en les interrogeant, car c’est de la même source d’intelligence et de doctrine que viennent ses questions et ses réponses pleines de sagesse : « Et tous ceux qui l’entendaient, admiraient la sagesse de ses réponses, » etc. — Bède. Pour montrer qu’il était homme, il écoutait modestement des docteurs qui n’étaient que des hommes ; mais pour prouver qu’il était Dieu, il répondait à leurs questions d’une manière sublime. — Chaîne des Pères Grecs. ou Métaph. Il interroge avec intelligence, il écoute avec sagesse, et répond avec plus de sagesse encore, ce qui ravissait d’admiration ceux qui l’entendaient : « Et tous ceux qui l’entendaient étaient confondus de sa sagesse et de ses réponses. » — S. Chrys. (hom. 20 sur S. Jean.) Le Sauveur n’a fait aucun miracle dans son enfance, et saint Luc ne nous en raconte que ce seul fait, qui ravit d’admiration et d’étonnement ceux qui en furent témoins. — Bède. Ses paroles, en effet, révélaient une sagesse divine, mais son âge le couvrait des dehors de la faiblesse humaine ; aussi les Juifs, partagés entre les choses sublimes qu’ils entendaient et la faiblesse extérieure qui paraissait à leurs yeux éprouvaient un sentiment d’admiration mêlé de doute et d’incertitude. Mais pour nous rien ici de surprenant, car nous savons par le prophète Isaïe, que s’il a voulu naître petit enfant pour nous, il n’en reste pas moins le Dieu fort.

Chaîne des Pères Grecs. (ou Métaphr. et Géom.) Admirons ici la mère de Dieu, dont les entrailles maternelles sont si vivement émues ; elle lui dépeint, en gémissant, ses anxiétés pendant cette douloureuse recherche, et exprime tous les sentiments qui l’agitent avec la confiance, la douceur et la tendresse d’une mère : « Et sa mère lui dit : Mon fils, pourquoi avez-vous agi ainsi avec nous ? » — Origène. (Chaîne des Pères grecs.) Cette Vierge sainte savait bien qu’il n’était point le fils de Joseph, et cependant elle appelle son chaste époux le père de Jésus, pour se conformer à l’opinion des Juifs qui pensaient que son divin Fils avait été conçu comme les autres enfants. (hom. 17.) L’explication la plus simple est de dire que l’Esprit saint a honoré Joseph du nom de père de Jésus, parce qu’il a été chargé de l’élever. D’après une interprétation plus recherchée, on peut dire que l’Evangéliste ayant fait descendre la généalogie de Jésus-Christ de David à Joseph, cette généalogie paraîtrait donnée sans raison, si Joseph n’était pas appelé le père de Jésus. (hom. 19.) Mais pourquoi le cherchaient-ils ? craignaient-ils qu’il n’ait péri ou qu’il se fût égaré ? Loin de nous cette pensée. Comment auraient-ils pu craindre la perte de cet enfant dont ils connaissaient la divinité ? Lorsque vous lisez les saintes Écritures, vous cherchez avec une certaine peine à en découvrir le sens, ce n’est pas, sans doute, que vous pensiez que la divine Écriture puisse renfermer des erreurs ou des choses dites au hasard ; mais vous désirez trouver la vérité qui est cachée sous l’écorce de la lettre. C’est ainsi que Marie et Joseph cherchaient l’enfant Jésus, en craignant que peut-être il ne les eût quittés et ne fût remonté dans les cieux, pour en descendre de nouveau lorsqu’il le jugerait à propos. Celui donc qui cherche Jésus, ne doit point agir avec négligence et avec mollesse, comme font plusieurs qui le cherchent et ne le trouvent point, mais il doit faire de grands efforts, et se donner de la peine. — La glose. Peut-être aussi craignaient-ils que d’autres ennemi de Jésus, profitant de l’occasion, ne missent à exécution, contre ce divin enfant, les desseins homicides qu’Hérode avait formés contre lui dès son berceau.

Chaîne des Pères Grecs. (ou Métaph. et Géom.) Cependant Notre-Seigneur répond pleinement à la question de sa mère ; il redresse, pour ainsi parler, ce qu’elle vient de dire de celui qui passait pour son père, et déclare quel est son véritable père, enseignant ainsi à sa sainte mère à s’élever dans les régions supérieures à tout ce qui est terrestre : « Et il leur dit : Pourquoi me cherchez-vous ? » — Bède. Il ne les blâme pas de ce qu’ils le cherchaient comme leur fils, mais il les force de lever les yeux de leur âme vers les devoirs qu’il doit remplir à l’égard de celui dont il est le Fils éternel : « Ne saviez-vous pas, » etc. — S. Ambr. Il y a en Jésus-Christ deux générations, l’une paternelle, l’autre maternelle. La première est une génération divine ; c’est par la seconde qu’il est descendu jusqu’à notre pauvre nature pour la sauver. — S. Cyrille. (Chaîne des Pères grecs.) En parlant de la sorte, il montre qu’il s’élève au — dessus de la nature humaine, et tout en reconnaissant que la sainte Vierge est devenue l’instrument de la rédemption en devenant sa mère selon la chair, il proclame en même temps qu’il est vraiment Dieu, et le Fils du Très-Haut. Que les partisans de Valentin, après avoir entendu dire que Jésus est le temple de Dieu, rougissent d’affirmer que le Créateur et le Dieu de la loi et du temple n’est point le Père de Jésus-Christ. — S. Epiph. (cont. les hérés., 2, 31.) Qu’Ebion lui-même remarque que c’est à l’âge de douze ans, et non point après sa trentième année, que Jésus-Christ ravit en admiration par la sagesse et la grâce de ses discours ; on ne peut donc avancer qu’il n’est devenu Christ, en recevant l’onction divine, qu’au jour de son baptême, lorsque l’Esprit saint descendit sur lui ; mais dès son enfance même, il faisait profession d’honorer le temple et de reconnaître Dieu pour son Père. — Chaîne des Pères Grecs. Ce fut ici la première manifestation de la sagesse et de la puissance de l’enfant Jésus ; car ce que l’on raconte des occupations et des actions de son enfance, ne sont pas seulement des puérilités, mais des inventions diaboliques qui, dans un but évidemment mauvais, cherchent à dénaturer ce qui est rapporté dans les Evangiles et dans les saintes Ecritures. On peut seulement admettre que ce qui est généralement cru parmi les fidèles, et qui est loin d’être contraire à nos croyances, s’accorde plutôt avec les oracles prophétiques, c’est-à-dire que Jésus était le plus beau des enfants des hommes, plein d’obéissance pour sa mère, d’un caractère aimable, d’un aspect tout à la fois majestueux et simple, d’une éloquence naturelle, doux et obligeant, d’une activité et d’un courage en rapport avec la sagesse dont il était rempli ; enfin, d’une mesure et d’une modération parfaite dans toute sa vie et dans ses discours, bien qu’on y ressentait quelque chose de surhumain ; car l’humilité et la modestie forment son principal caractère. Aucune main d’ailleurs n’entreprit de le diriger dans toute sa conduite, excepté celle de sa mère. Jésus nous donne ici une imposante leçon. Le reproche qu’il fait à Marie, de le chercher parmi ses proches, nous suggère le détachement des liens du sang, et nous apprend qu’il est impossible d’arriver à une vertu éminente pour celui qui aime à s’égarer dans les satisfactions de la nature, et qu’on s’éloigne de la perfection par un trop grand amour pour ses proches.

« Et ils ne comprirent pas, » etc. — Bède. Ils ne comprirent pas ce qu’il venait de leur dire de sa divinité. — Origène. (hom. 20.) Ou bien ils ignoraient si par ces paroles : « Aux choses qui regardent le service de mon Père, » il voulait parler du temple, ou si ces paroles renfermaient un sens plus élevé, d’une utilité plus immédiate ; car chacun de nous, s’il est bon et vertueux, devient la demeure et comme le siégé de Dieu le Père ; et si nous sommes la demeure et le siége de Dieu, nous avons Jésus au milieu de nous.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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