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Lc  22  63-71

S. Augustin. (De l’acc. des Evang., 3, 6.) Tous les évangélistes ne rapportent pas dans le même ordre le reniement de Pierre, qui eut lieu pendant que le Seigneur était en butte aux outrages de ses ennemis. Saint Matthieu et saint Marc racontent d’abord ces outrages, et puis la chute de Pierre ; saint Luc suit un ordre contraire, et ce n’est qu’après le reniement de Pierre, qu’il parle de ces outrages en ces termes : « Cependant ceux qui tenaient Jésus le raillaient, » etc. — S. Chrys. Jésus, le Seigneur du ciel et de la terre, supporte et souffre les dérisions des impies, pour nous donner un sublime exemple de patience. — Théophile. Ajoutons que le Seigneur des prophètes est l’objet de leurs moqueries comme un faux prophète.

« Puis lui ayant bandé les yeux, ils le frappaient au visage, » etc. — Bède. Ils lui faisaient subir cet indigne traitement, parce qu’il avait voulu se faire passer aux yeux du peuple pour un prophète. Or, ce même Jésus qui fut alors souffleté par les Juifs, est encore aujourd’hui outragé de la même manière par les blasphèmes des faux chrétiens. Ils lui bandèrent les yeux, non pour lui dérober le spectacle de leurs violences, mais pour dérober à eux-mêmes la vue de sa face adorable. C’est ainsi que les hérétiques, les Juifs et les mauvais catholiques, qui continuent de l’outrager par leur conduite criminelle, lui disent encore pour se moquer de lui : « Qui t’a frappé ? » lorsqu’ils s’imaginent qu’il ne peut connaître leurs pensées et leurs oeuvres de ténèbres.

S. Augustin. (De l’accord des Evang.) Le Seigneur fut donc en butte à ces outrages pendant toute la nuit dans la maison du prince des prêtres où il avait d’abord été conduit : « Et dès qu’il fut jour, les anciens du peuple, les princes des prêtres et les scribes s’assemblèrent, et l’ayant fait amener devant eux, ils lui dirent : Si vous êtes le Christ, dites-le nous. » — Bède. Ils ne désirent point connaître la vérité, mais ils attendent sa réponse pour le calomnier. Le Christ dont ils espéraient la venue, devait être de la race de David, et ils lui font cette question, pour lui faire un crime de s’être attribué la puissance royale, s’il répondait affirmativement : « Je suis le Christ. »

Théophile. Mais Jésus connaissait leurs dispositions intérieures, et il savait bien que n’ayant point voulu croire à ses oeuvres, ils se rendraient encore bien moins à ses discours : « Et il leur répondit : Si je vous le dis, vous ne me croirez pas. » — Bède. Souvent en effet, il leur avait déclaré qu’il était le Christ ; par exemple lorsqu’il leur disait : « Mon Père et moi nous sommes un, » (Jn 10) et en d’autres termes semblables : « Et si je vous interroge, vous ne me répondrez pas. » C’est ainsi qu’il leur avait demandé comment ils pouvaient dire que le Christ fût le Fils de David, puisque David inspiré l’appelait son Seigneur (cf. Mt 22, 42 ; Mc 12, 35.36 ; Lc 20, 42, etc). Or, ils n’avaient voulu ni croire à sa parole, ni répondre à ses questions, et comme ils s’attachaient à calomnier le fils de David, il leur fait entendre une vérité beaucoup plus importante : « Désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite de la puissance de Dieu. » — Théophile. Paroles dont voici le sens : Le temps des discours et des enseignements est passé pour vous ; désormais c’est le temps du jugement, où vous me verrez, moi le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu. — S. Cyrille. Lorsque la sainte Écriture nous représente Dieu comme assis, et qu’elle nous parle de son trône, elle veut exprimer qu’il est le Roi de l’univers, et qu’il a sur tous les hommes une puissance souveraine. Nous ne pouvons admettre, en effet, qu’il existe un tribunal où le Seigneur de toutes choses vienne siéger, ni que la nature divine ait une droite ou une gauche, car il n’appartient qu’aux corps d’avoir une forme, d’occuper une place, ou d’être assis. Mais comment le Fils de l’homme pourra-t-il paraître dans la même gloire et au même rang que son Père, s’il n’est pas son Fils par nature, s’il n’a pas en lui l’essence même du Père ? — Théophile. Cette déclaration solennelle aurait dû leur inspirer une crainte salutaire, loin de là, elle ne fait que redoubler leur acharnement : « Alors ils dirent tous : Vous êtes donc le Fils de Dieu ? » — Bède. ils comprirent qu’il s’était déclaré le Fils de Dieu en disant de lui-même : « Désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite de la puissance de Dieu. » — S. Ambr. Notre-Seigneur aime mieux prouver qu’il était roi plutôt que de le dire, afin de leur ôter tout motif de le condamner, puisqu’ils étaient forcés d’avouer eux-mêmes ce dont ils lui faisaient un crime : « il répondit : Vous le dites, je le suis. » — S. Cyrille. A ces paroles, toute la troupe des pharisiens entre en fureur, et l’accuse de blasphème : « Et ils repartirent : Qu’avons-nous besoin d’autre témoignage ? nous l’avons entendu nous-mêmes de sa propre bouche. » — Théophile. Cette conduite des Juifs nous montre que les esprits rebelles ne tirent aucun avantage des mystères qui leur sont révélés, mais qu’ils n’en deviennent que plus coupables, aussi vaut-il mieux les leur laisser ignorer.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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