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Lc  23  1-5

S. Augustin. (De l’acc. des Evang., 3, 7.) Saint Luc ayant achevé le récit du reniement de Pierre, résume tout ce que le Sauveur eut à souffrir vers le matin, en rapportant quelques circonstances que les autres évangélistes ont passées sous silence, et il poursuit son récit en racontant les mêmes faits que les autres : « Toute l’assemblée s’étant levée, ils le menèrent à Pilate, » etc. — Bède. C’est ainsi que s’accomplit cette prophétie de Jésus sur sa mort : « il sera livré aux Gentils, » c’est-à-dire, aux Romains, car Pilate était romain, et c’était l’empereur romain qui l’avait nommé gouverneur de la Judée. — S. Augustin. (De l’acc. des Evang., 3, 8.) Saint Luc raconte ensuite ce qui se passa chez Pilate : « Et ils commencèrent à l’accuser en disant : Nous avons trouvé cet homme pervertissant notre nation, » etc. Saint Matthieu et saint Marc n’ont point fait mention de cette circonstance, bien qu’ils disent qu’ils portaient contre le Sauveur diverses accusations, tandis que saint Luc précise l’objet de ces fausses accusations.

Théophile. Évidemment, ces accusations sont contraires à la vérité. Loin de défendre, le Sauveur a bien plutôt recommandé de payer le tribut. Pour quel motif d’ailleurs aurait-il cherché à soulever le peuple ? Est-ce pour se faire roi ? Mais qui pourrait le croire, lorsqu’on le voit se dérober par la fuite à la multitude qui voulait le choisir pour roi. — Bède. Les ennemis de Jésus formulaient surtout contre lui deux griefs : qu’il défendait de payer le tribut à César, et qu’il se disait le Christ-roi. Or, il put très-bien se faire que Pilate lui-même eût appris que le Sauveur enseignait formellement : « Rendez à César ce qui est à César ; » aussi sans s’arrêter à cette accusation qu’il regardait comme un mensonge flagrant des Juifs, il crut ne devoir l’interroger que sur ce qu’il ignorait, c’est-à-dire, sur ce que Jésus avait pu dire de sa royauté : « Pilate l’interrogea donc en lui disant : Êtes-vous le roi des Juifs ? » — Théophile. Pilate, je crois, fait cette question à Jésus-Christ, par dérision pour ces Juifs hypocrites, qui l’accusent d’un crime si peu vraisemblable. Comment semble-t-il lui dire, vous qui êtes pauvre, méprisé, dénué de tout, sans appui ; on vous accuse d’aspirer à la royauté, qu’on ne peut obtenir qu’à l’aide d’une multitude de partisans et d’immenses richesses ? — Bède. Jésus fait au gouverneur la même réponse qu’aux princes des prêtres, pour qu’il soit condamné aussi par son propre aveu : « Jésus lui répondit : Vous le dites. »

Théophile. Les Juifs voyant l’inutilité de leurs calomnies, ont recours aux cris et aux vociférations : « Mais redoublant leurs instances, ils dirent : Il soulève le peuple, répandant sa doctrine dans toute la Judée, depuis la Galilée, où il a commencé, jusqu’ici. » C’est-à-dire, il soulève le peuple, non seulement dans une partie du pays, mais depuis la Galilée, où il a commencé, jusqu’ici où il est venu en traversant la Judée. C’est avec dessein qu’ils font mention de la Galilée, ils veulent réveiller les craintes de Pilate, car les Galiléens étaient schismatiques et amateurs de nouveautés, tel que fut Judas le Galiléen, dont il est parlé dans le livre des Actes (Ac 5, 37). — Bède. Mais en parlant de la sorte, ils s’accusent eux-mêmes au lieu d’accuser Jésus, car ce n’est point un crime, mais un acte et une preuve de vertu que d’avoir par ses enseignements, fait sortir ce peuple de sa trop longue torpeur et parcouru toute la terre promise, en y produisant de semblables effets. — S. Ambr. Devant ces accusations, Notre-Seigneur se tait, parce qu’il n’a pas besoin de défense. Que ceux-là cherchent des défenseurs, qui craignent à bon droit de perdre leur cause. Il ne confirme donc point ces accusations par son silence, mais il les dédaigne comme indignes d’être réfutées. Que craindrait-il d’ailleurs, lui qui ne désire point échapper à la mort qu’on lui prépare ? Lui, le Sauveur de tous, abandonne le soin de son propre salut pour ne s’occuper que du salut de tous les hommes.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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