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Lc  22  3-6

Théophile. Les princes des prêtres cherchaient donc le moyen de mettre Jésus à mort, sans courir de danger ; l’Évangéliste raconte maintenant le moyen d’exécution qui vint s’offrir à eux : « Or, Satan entra dans Judas. » Il entra dans Judas sans violence, et comme dans une place ouverte ; car, absorbé tout entier par son avarice, il avait oublié tous les prodiges qu’il avait vus. — S. Chrys. (hom. 81 sur S. Matth.) L’auteur sacré fait connaître son surnom, qui était Iscariote, parce qu’il y avait un autre Judas. Il ajoute : « L’un des douze apôtres, » car Judas complétait le nombre, mais il était loin de remplir les devoirs d’un apôtre. — S. Chrys. Ou encore, l’Évangéliste fait mention de cette circonstance, pour établir un contraste, comme s’il disait : Il était de la première compagnie que Jésus avait choisie avec le plus de soin. »

Bède. Il n’y a aucune contradiction entre le récit de saint Luc, et ce que dit saint Jean, que Satan entra dans Judas après le morceau de pain que Jésus lui avait présenté. (Jn 13, 27.) Il entra la première fois comme sur un terrain qui n’était pas à lui, et pour tenter Judas, il entra la seconde fois comme dans un coeur qui lui appartenait, et pour le plier à toutes ses volontés. — S. Chrys. Considérez ici l’insigne méchanceté de Judas ; c’est lui-même qui se charge de cet odieux forfait, et il met à prix sa trahison : « Et il s’en alla conférer avec les princes des prêtres et les officiers du temple, sur les moyens de le leur livrer, et ils en furent pleins de joie. » — Théophile. Ces officiers sont ceux qui étaient chargés de veiller à l’entretien et à la garde du temple, ou bien ceux que les Romains avaient établis pour prévenir les séditions auxquelles le peuple juif était porté.

S. Chrys. Or, ce fut l’avarice qui fut la cause de la perte de Judas : « Et ils convinrent de lui donner de l’argent. » Telles sont les passions qu’engendre l’avarice, elle précipite les hommes dans l’impiété et dans l’ignorance de Dieu ; et alors même qu’ils ont reçu des bienfaits sans nombre, elle les porte à se déclarer contre leurs bienfaiteurs : « Et il le leur promit. » — Théophile. C’est-à-dire qu’il s’engagea de son côté à livrer Jésus : « Et il cherchait une occasion favorable de le leur livrer, sans exciter de troubles, » c’est-à-dire qu’il épiait le moment où il le verrait éloigné de la foule. — Bède. Combien en est-il qui ont en horreur le crime de Judas, et qui ne laissent pas de l’imiter. Car celui qui viole les droits de la charité et de la vérité, trahit Jésus-Christ (qui est la vérité et la charité), surtout lorsque sa trahison n’est l’effet ni de la faiblesse ni de l’ignorance, mais qu’à l’exemple de Judas, il cherche l’occasion de trahir sans témoin la vérité par le mensonge, et la vertu par le crime.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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