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Lc  21  25-27

Bède. Notre-Seigneur annonce ensuite successivement ce qui doit arriver, lorsque les temps des nations seront accomplis « Il y aura des signes dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles. » — S. Ambr. Saint Matthieu explique plus clairement quels seront ces signes : « Alors, dit-il, le soleil s’obscurcira, et la lune ne donnera plus sa lumière, et les étoiles tomberont du ciel. » — Eusèbe. (Ch. des pèr. gr.) En effet, lorsque la consommation de cette vie mortelle et corruptible sera venue, la figure de ce monde passera, selon l’expression de l’Apôtre, (1 Co 7) pour faire place à un monde nouveau, dans lequel, au lieu des astres visibles, Jésus-Christ lui-même brillera comme l’astre et le roi de ce monde nouveau, et l’éclat de la gloire de sa divinité sera si grand, que le soleil qui nous éclaire maintenant, la, lune, et les autres astres disparaîtront en présence de cette incomparable lumière. — S. Chrys. (Ch. des pèr. gr.) Aussitôt que le soleil se lève, la lune et les étoiles sont comme éclipsés ; ainsi lorsque le Christ apparaîtra dans sa gloire, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, et les étoiles tomberont du ciel, c’est-à-dire que ces astres seront dépouillés de leur premier vêtement, pour se revêtir d’une lumière plus éclatante.

Eusèbe. Le Sauveur expose ensuite ce qui doit arriver après que les astres du ciel seront obscurcis, et quelles seront les angoisses de tous les peuples de la terre : « Et sur la terre, les nations seront dans l’abattement et dans la consternation, » etc. Il semble vouloir nous dire que le principe de la transformation de l’univers viendra de la suppression de l’élément liquide, qui sera dévoré par le feu ou gelé par le froid, de sorte qu’on n’entendra plus le bruit de la mer, que ses flots ne viendront plus mouiller les sables du rivage, par suite de cette excessive sécheresse, et qu’alors les autres parties du monde, ne recevant plus ces vapeurs humides, produites par les eaux, seront transformées. Comme l’avènement du Sauveur doit combattre et renverser les prodiges de l’ennemi de Dieu, c’est-à-dire de l’Antéchrist, ses premières vengeances commenceront par ce fléau de la sécheresse, qui sera si grande, qu’on n’entendra plus ni le bruit des tempêtes de la mer, ni le frémissement de ses flots soulevés ; ce qui jettera dans les plus terribles angoisses les hommes qui survivront : « Les hommes sècheront de frayeur dans l’attente de ce qui doit arriver dans tout l’univers. » Quels seront ces nouveaux fléaux qui doivent fondre sur l’univers, c’est ce que nous apprend la suite des paroles du Sauveur : « Nous sommes dans la paix et la sécurité. »

Théophile. Ou encore : Lorsque le monde du firmament sera bouleversé, les éléments terrestres devront ressentir les mêmes secousses : « Et sur la terre les nations seront dans l’abattement, » etc. Comme s’il voulait dire : Les mugissements de la mer seront si épouvantables, et ses rivages seront battus par de si violentes tempêtes, que les peuples seront dans l’angoisse, (c’est-à-dire dans une détresse universelle), jusqu’à sécher de frayeur dans l’attente des maux dont le monde entier sera menacé : « Les hommes sécheront de frayeur dans l’attente de ce qui doit arriver à tout l’univers. »

S. Augustin. (Lettre 80, à Hésych.) Mais, direz-vous, nos calamités nous forcent de reconnaître que la fin des temps est venu, puisque les prédictions du Sauveur ont revu leur accomplissement, car n’est-il pas certain qu’il n’y a aucun peuple, aucune contrée qui ne soit actuellement dans l’angoisse et la tribulation ? Or, si ces calamités qui pèsent en ce moment sur le genre humain, sont des signes certains de la venue prochaine du Seigneur, pourquoi l’Apôtre nous dit-il au contraire : « Lorsque les hommes diront : Nous sommes dans la paix et la sécurité ? » (1 Th 5.) Avec un examen plus sérieux des prédictions du Sauveur, nous découvrirons qu’elles n’ont point encore reçu leur accomplissement ; mais qu’il faut le différer jusqu’au temps où la tribulation s’étendra à tout l’univers, c’est-à-dire à l’Église qui sera persécutée dans le monde entier, et non à ses persécuteurs qui diront : « Nous sommes dans la paix et la sécurité. » Or, nous voyons au contraire que les malheurs de notre temps, que nous regardons comme les grandes calamités qui doivent précéder la fin du monde, sont communs aux deux royaumes de Jésus-Christ et du démon. Les bons et les méchants en sont également victimes, et au milieu de ces épreuves déchirantes, les hommes continuent à se plonger partout dans les excès de la table et de la débauche. Est-ce là sécher de frayeur ? n’est-ce pas plutôt brûler des ardeurs de la volupté ?

Théophile. Ce ne sont pas seulement les hommes qui trembleront devant ces terribles épreuves auquel le mondé sera soumis, les anges eux-mêmes seront saisis d’étonnement à la vue des bouleversements épouvantables de l’univers : « Car les vertus des cieux seront ébranlées. » — S. Grég. Quelles sont ces vertus des cieux, si ce n’est les anges, les dominations, les principautés et les puissances ? Ils apparaîtront visiblement à nos yeux à l’avènement du juge sévère de nos âmes, pour exiger rigoureusement de nous ce que notre Créateur invisible supporte maintenant avec tant de miséricorde. — Eusèbe. Ajoutons que le Fils de Dieu devant venir dans sa gloire pour confondre la superbe tyrannie du fils du péché (2 Th 2, 3), environné des anges du ciel qui lui serviront de ministres, les portes du ciel depuis si longtemps fermées s’ouvriront pour nous laisser contempler les splendeurs du ciel. — S. Chrys. (Lettre 2, à Olymp.) Ou bien encore, les vertus des cieux, quoiqu’elles n’aient la conscience d’aucune faute, seront ébranlées, c’est-à-dire qu’elles perdront leur assurance. — Bède. C’est ce qui est écrit dans le livre de Job : « Les colonnes du ciel tremblent, et sont saisies d’effroi devant un seul signe de sa volonté, » or, si les colonnes tremblent, que feront les planches légères ? Que deviendra le roseau du désert, lorsque les cèdres du paradis sont ébranlés ? — Eusèbe. Ou encore : Les vertus des cieux, sont les esprits qui gouvernent les diverses parties du monde visible ; ils s’ébranleront alors pour s’élever à un état meilleur, car ils seront déchargés du ministère qu’ils remplissent par ordre de Dieu auprès des créatures visibles qui sont encore soumises à la corruption. — S. Augustin. (A Hésych.) Cependant, afin qu’on ne puisse dire que Notre-Seigneur a donné comme signes extraordinaires de son second avènement des choses qui arrivaient fréquemment dans le monde avant son premier avènement, et pour ne point nous exposer à la risée de ceux qui ont lu dans l’histoire des peuples le récit de calamités plus nombreuses et plus grandes, je crois qu’il vaut mieux appliquer ces prédictions à l’Église. En effet, l’Église est le soleil, la lune et les étoiles ; et c’est d’elle qu’il est dit : « Vous êtes belle comme la lune, éclatante comme le soleil ; » (Ct 6) et elle cessera de briller sous les violences inouïes de ses persécuteurs. — S. Ambr. Par suite de l’apostasie d’un grand nombre, la clarté de la foi sera obscurcie par les nuages de l’infidélité, car le soleil de justice croît ou décroît pour moi, en raison de ma foi ; et de même que dans ses révolutions mensuelles, la lune perd sa clarté à mesure que la terre s’interpose entre elle et le soleil, de même la sainte Église ne peut plus emprunter aux rayons de Jésus-Christ, l’éclat de sa divine lumière, lorsque les vices de la chair viennent s’interposer entre elle et la lumière céleste. En effet, presque toujours dans les persécutions l’amour de cette vie devient un obstacle à la lumière de ce soleil divin. Les étoiles (c’est-à-dire les personnages célèbres) tombent des cieux, lorsque la violence de la persécution redouble. Tout cela doit s’accomplir, jusqu’à ce que le nombre des enfants de l’Église soit complet, car la persécution est la pierre de touche qui fait reconnaître les bons et les mauvais. — S. Augustin. (A Hésych.) Notre-Seigneur ajoute : « Et sur la terre les nations seront dans l’abattement et la consternation ; » Les nations ne sont pas les nations qui seront bénies dans celui qui sortira d’Abraham (Gn 12, 3 ; 23, 18 ; et Mt 25, 32), mais les peuples qui au dernier jour seront placés à la gauche.

S. Ambr. L’agitation et les angoisses des esprits seront si grandes que la multitude des crimes dont le souvenir se réveillera par la crainte du jugement, desséchera pour nous la source de la rosée divine. Or, de même que l’avènement du Seigneur est ardemment attendu afin que sa présence se fasse sentir dans toute l’humanité comme dans tout l’univers, et que cette présence se manifeste à tous ceux qui reçoivent le Christ avec toutes les affections de leur coeur ; de même les vertus des cieux recevront à l’avènement du Sauveur, une augmentation de grâce et seront comme ébranlées par la plénitude de la divinité qui se communiquera de plus près à elles. Ces vertus des cieux peuvent encore être celles qui racontent la gloire de Dieu, et qui s’ébranlerait pour contempler le Christ, lorsqu’il épanchera sur elle une plus grande abondance de ses grâces. — S. Augustin. (A Hésych.) Ou bien encore : Les vertus des cieux seront ébranlées, parce que la persécution des impies sera si violente qu’elle ébranlera les plus forts dans la foi.

« Alors ils verront le Fils de l’homme venant sur une nuée. » — Théophile. Aussi bien les infidèles que les fidèles, car il sera plus resplendissant que le soleil, lui et sa croix, de sorte que tous le connaîtront. — S. Augustin. (comme précéd.) Ces paroles : « Les nuées sont autour de lui, et l’obscurité l’environne, » peuvent s’entendre de deux manières : ou il viendra dans son Église comme dans une nuée lumineuse, ainsi qu’il ne cesse de venir dans le temps présent ; mais il viendra avec une grande puissance et une grande majesté, parce que sa puissance et sa majesté se manifesteront avec plus d’éclat aux yeux des saints pour leur donner la force qui doit les faire triompher de la violence de la persécution. Ou bien il viendra dans ce même corps avec lequel il est assis à la droite de son Père, et nous devons croire en effet, qu’il viendra non seulement dans le même corps, mais sur une nuée, parce qu’il reviendra des cieux comme il y est remonté ; or, ce fut une nuée qui le déroba aux yeux de ses disciples (Ac 1, 11). — S. Chrys. (Ch. des Pèr. gr.) Nous voyons dans l’Écriture que Dieu apparaît toujours au milieu d’une nuée, selon ces paroles : « Les nuées sont autour de lui, et l’obscurité l’environne. » (Ps 17.) Le Fils de l’homme aussi viendra sur les nuées comme Dieu et Seigneur, non plus en cachant sa divinité, mais au milieu d’une gloire digne de Dieu, c’est pourquoi il ajoute : « Avec une grande puissance et majesté. » — S. Cyrille. Il faut sous-entendre : Avec une grande majesté. Dans son premier avènement, il a voulu paraître revêtu de notre infirmité et de notre bassesse, mais lorsqu’il reviendra, pour la seconde fois, ce sera avec la puissance qui lui est propre. — S. Grég. Ceux qui n’ont pas voulu l’écouter dans son état d’humiliation, le verront alors dans sa puissance et dans sa gloire, et ils ressentiront d’autant plus les effets de sa colère que leurs coeurs auront résisté davantage aux avarices de sa miséricorde.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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