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Lc  21  28-33

S. Grég. (hom. 4.) Les prédictions qui précèdent s’adressaient aux réprouvés, les paroles de consolation qui suivent sont pour les élus : « Pour vous, lorsque ces choses commenceront d’arriver, regardez en haut, et levez la tête, parce que votre rédemption est proche. » Comme s’il disait : Lorsque vous verrez se multiplier les fléaux du monde, levez la tête, c’est-à-dire livrez-vous à la joie de vos coeurs, parce qu’en même temps que finit ce monde que vous n’aimez pas, la rédemption que vous avez cherchée approche. Dans le langage de l’Écriture la tête est souvent prise pour le coeur (Si 2, 14 ; Si 32, 11), parce que le coeur dirige les pensées comme la tête gouverne les membres du corps ; lever la tête, c’est donc élever nos âmes vers les joies de la patrie céleste. — Eusèbe. Ou encore : aux choses corporelles et sensibles qui, auront cessé d’exister, succéderont les choses spirituelles et célestes, c’est-à-dire le règne d’un siècle qui n’aura plus de fin, et alors ceux qui en sont dignes, verront s’accomplir pour eux les promesses du salut : « Lorsque ces choses commenceront d’arriver, regardez en haut, » etc. En effet, en voyant l’effet des promesses qui faisaient l’objet de nos espérances, nous nous relèverons, nous qui étions auparavant dans l’abaissement, et nous lèverons la tête, nous qui étions humiliés, parce que la rédemption que nous espérions et que toutes les créatures attendaient, est arrivée. — Théophile. C’est-à-dire, la parfaite liberté du corps et de l’âme ; car de même que le premier avènement du Seigneur avait pur but la réformation de nos âmes, le second aura pour but la réformation de nos corps. — Eusèbe. Notre-Seigneur parle ainsi à ses disciples, non pas que leur vie dût se prolonger jusqu’à la fin du monde, mais parce qu’ils ne font qu’un seul corps avec nous et avec tous ceux qui dans la suite de temps doivent croire en Jésus-Christ jusqu’à la consommation des siècles.

S. Grég. (comme précéd.) Notre-Seigneur apporte ensuite une comparaison pleine de justesse pour nous faire comprendre que nous devons fouler aux pieds et mépriser le monde : « Voyez, dit-il, la figuier et tous les autres arbres, lorsqu’ils commencent à produire leurs fruits, vous savez que l’été est proche, » etc. C’est-à-dire, de même que les fruits des arbres vous font juger de la proximité de l’été, ainsi la destruction du monde vous fera connaître que le royaume de Dieu approche. Nous voyons ici que le fruit du monde n’est que destruction. Il ne produit que pour détruire ce qu’il a contribué à faire croître et à nourrir. Le royaume de Dieu au contraire est justement comparé à l’été, parce qu’il dissipera tous les nuages de nos afflictions, et répandra sur les jours de notre vie les splendeurs du soleil éternel. — S. Ambr. Saint Matthieu ne parle ici que du figuier, tandis que saint Luc étend la comparaison à tous les autres arbres. Or, le figuier a ici une double signification symbolique, il figure à la fois l’adoucissement des dures épreuves, et la funeste abondance de tous les vices. Lors donc que nous verrons les arbres chargés de fruits encore ; verdoyants, et le figuier si fécond, couvert de fleurs, (c’est-à-dire lorsque toute langue louera Dieu de concert même avec le peuple juif), nous devons espérer l’avènement prochain du royaume de Dieu qui sera pour nous comme l’été et le temps de la moisson des fruits de la résurrection. De même encore, lorsque l’homme d’iniquité se sera revêtu de l’orgueil léger et frivole de la synagogue comparé aux feuilles des arbres, nous devons conjecturer que le jugement approche ; car le Seigneur se hâtera de récompenser la foi et de mettre fin à l’iniquité. — S. Augustin. (A Hésych.) A quels signes se rapportent ces paroles : « Lorsque vous verrez ces choses arriver ? » évidemment à ceux qui sont rapportés plus haut ; or, parmi ces signes, nous lisons : « Alors ils verront le Fils de l’homme qui viendra. » Ainsi l’avènement du Fils de l’homme ne sera pas encore le royaume de Dieu, mais il annoncera qu’il est proche. Ou bien faut-il dire que ces paroles : « Lorsque vous verrez arriver ces choses, » ne doivent pas s’entendre de tous les signes qui précèdent, mais d’une partie seulement en exceptant celui-ci : « Alors ils verront le Fils de l’homme ? » Mais le récit de saint Matthieu ne nous permet pas de faire la moindre exception, puisqu’il dit en termes exprès : « Lorsque vous verrez arriver toutes ces choses. » Or, parmi ces choses se trouve la venue du Fils de l’homme qu’on peut entendre, ou de sa venue dans ses membres figurés par les nuages, ou de sa venue dans l’Église comparée à une grande nuée. — Tite de Bostra. Ou encore : Le Seigneur dit : « Le royaume de Dieu est proche, » parce que ces signes précurseurs n’annonceront pas la fin immédiate et irrévocable du monde, mais qu’il touche à sa fin, car la venue du Seigneur aura pour but de renverser tout pouvoir sur la terre pour préparer les voies au règne tout-puissant de Dieu. — Eusèbe. De même que dans cette vie, lorsque le printemps succède à l’hiver, le soleil réchauffe et vivifie de ses rayons les semences confiées à la terre, les transforme et leur fait produire d’innombrables plantes nuancées à l’infini ; ainsi le glorieux avènement du Fils unique de Dieu répandant ses rayons vivifiants sur le monde nouveau, fera renaître à la lumière les semences ensevelies dans le monde entier, c’est-à-dire ceux qui dorment dans la poussière de la terre (cf. Dn 12, 2), leur rendra des corps bien préférables aux premiers, et fera succéder au règne de la mort vaincue à jamais, le règne d’une vie toute nouvelle.

S. Grég. (homél. 1 sur les Evang.) Le Sauveur donne à toutes ces prédictions le sceau d’une certitude infaillible, en ajoutant : « Je vous le dis en vérité, » etc. — Bède. Il donne ainsi la plus grande autorité à ses paroles, et s’il est permis de le dire, il fait une espèce de serment, car le mot amen, veut dire il est vrai. C’est donc la vérité elle-même qui nous dit : « Je vous dis la vérité, » bien qu’elle ne puisse mentir en aucune manière, quand elle ne s’exprimerait pas de la sorte. Cette génération dont il parle est tout le genre humain en général, ou le peuple juif en particulier. Eusèbe. Ou bien, c’est la génération de sa sainte Église, et Jésus prédit au peuple fidèle, qu’il vivra jusqu’au temps où il sera témoin de tous ces événements, et contemplera de ses yeux l’accomplissement des promesses du Sauveur. — Théophile. Comme il avait prédit, en effet, qu’il y aurait des troubles, des guerres et des bouleversements, tant parmi les éléments que parmi toutes les autres créatures, il ne veut point laisser croire que le peuple chrétien lui-même périrait, et il ajoute : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point ; » comme s’il disait : Quand tout serait bouleversé, ma foi ne périra pas, preuve évidente qu’il met l’Église au-dessus de toutes les autres créatures, car toutes les autres créatures seront soumises au changement et à la destruction, tandis que l’Église des fidèles et les paroles de l’Évangile ne passeront pas. — S. Grég. (comme précéd.) Ou encore : « Le ciel et la terre passeront, » etc., c’est-à-dire, tout ce qui vous parait durable sur la terre ne l’est point sans changement et ne peut durer toujours, tandis que ce qui semble passer en moi, demeure fixe et immuable, parce que mes paroles qui passent sont l’expression de vérités, permanentes et immuables. — Bède. Ce ciel qui doit passer, n’est ni le firmament, ni le ciel parsemé d’étoiles, mais l’atmosphère céleste, d’où les oiseaux prennent le nom d’oiseaux du ciel ; mais si la terre doit aussi passer, pourquoi est-il dit dans l’Ecclésiaste : « La terre demeure éternellement. » (Si 1.) C’est-à-dire, que le ciel et la terre passeront quant à leur forme présente et leurs propriétés actuelles, mais ils existeront toujours dans leur essence.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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