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Lc  20  1-8

S. Augustin. (De l’acc. des Evang., 2, 69.) Saint Luc ayant raconté comment Jésus avait chassé du temple les vendeurs et les acheteurs, passe sous silence qu’il retournait chaque jour à Béthanie, et revenait le lendemain à Jérusalem, ne dit rien du figuier qu’il dessécha, ni de la réponse qu’il fit à ses disciples étonnés sur la vertu de la foi (Mt 21, 21 ; Mc 11, 28), et au lieu de suivre par ordre les événements de chaque jour, il continue ainsi son récit : « Un de ces jours-là, » etc., paroles qui doivent s’entendre du jour où saint Matthieu et saint Marc placent les mêmes faits. — Eusèbe. Tandis que les principaux d’entre les Juifs auraient dû être dans l’admiration devant la doctrine tonte céleste du Sauveur, et reconnaître à ses paroles comme à ses actions qu’il, était le Christ prédit par les prophètes, ils ne cherchent qu’à soulever le peuple contre lui et à entraver son enseignement : « Et ils lui parlèrent de la sorte : Dites-nous par quelle autorité vous faites ces choses, » etc. — S. Cyrille. C’est-à-dire, d’après la loi de Moïse, il n’y a que ceux qui sont de la tribu de Lévi, qui aient reçu le droit d’enseigner et le pouvoir de remplir les fonctions sacrées dans le temple ; or, comme vous êtes de la tribu de Juda, vous usurpez évidemment les fonctions qui nous ont été confiées. Mais, ô pharisien ! si vous connaissiez les Écritures, vous vous rappelleriez qu’il est le prêtre selon l’ordre de Melchisédech, qui doit offrir à Dieu ceux qui croient en lui par le moyen d’un culte bien supérieur à la loi. Pourquoi donc vous tourmenter de ce qu’il a chassé et banni des parvis sacrés des coutumes qui n’avaient leur raison d’être que dans les sacrifices prescrits par la loi, puisqu’il vient appeler les hommes à la véritable justification par la foi.

Bède. Ou encore : Quand ils font au Sauveur cette question : Par quelle autorité faites-vous ces choses ? ils doutent que ce soit par la puissance de Dieu, et veulent faire entendre que ses oeuvres sont les oeuvres du démon. D’ailleurs, en ajoutant : Qui vous a donné cette puissance, ils nient ouvertement qu’il soit le Fils de Dieu, puisqu’ils attribuent les miracles qu’il opère à une puissance autre que la sienne. Notre-Seigneur pouvait confondre cette atroce calomnie par une réponse péremptoire, mais il préfère leur adresser une question pleine de sagesse pour les confondre et les condamner par leur silence ou par leur propre réponse : « Jésus leur répondit : Moi aussi, je vous ferai une question, » etc. — Théophile. Il veut leur prouver qu’ils ont toujours résisté à l’Esprit saint, et qu’ils ont refusé de croire non seulement à Isaïe dont ils ne se souvenaient plus, mais à Jean-Baptiste qui avait paru récemment au milieu d’eux, Il leur adresse donc à son tour une question pour leur faire entendre que s’ils n’ont point voulu croire au témoignage que lui rendait Jean-Baptiste, un si grand prophète, et qui jouissait parmi eux d’une si grande considération, ils ne le croiraient pas davantage lui-même lorsqu’il leur dirait par quelle puissance il fait ces choses.

Eusèbe. Le Sauveur demande non pas quelle était l’origine de Jean-Baptiste, mais d’où venait son baptême ? — S. Cyrille. Et ils ne rougirent pas de reculer devant la vérité, car n’est-ce pas Dieu qui avait envoyé Jean comme une voix qui criait : « Préparez la voie du Seigneur (Is 40, 3 ; Mt 3, 3 ; Mc 1, 3 ; Lc, 3, 4). » Or, ils craignirent de dire la vérité de peur de s’attirer cette réponse : Pourquoi donc n’y avez-vous pas cru ? Et ils n’osent d’ailleurs blâmer le saint précurseur, non par un sentiment de crainte de Dieu, mais par crainte du peuple : « Et ils faisaient en eux-mêmes cette réflexion : Si nous répondons : Du ciel, il dira : Pourquoi donc n’y avez-vous pas cru ? » — Bède. C’est-à-dire : Celui qui de votre aveu a reçu du ciel le don de prophétie, m’a rendu témoignage, et vous avez appris de lui par quelle puissance je fais ces choses : « Et si nous répondons : Des hommes, tout le peuple nous lapidera, car il est persuadé que Jean était un prophète. » Ils comprirent donc que quelle que fût leur réponse, ils tomberaient dans un piége ; car ils craignaient d’être lapidés ; mais plus encore peut-être de confesser la vérité : « Ils lui répondirent donc qu’ils ne savaient d’où il était. » Ils n’ont pas voulu avouer ce qu’il savaient ; par un juste retour Notre-Seigneur ne veut pas leur dire non plus ce qu’il sait : « Et moi, leur dit Jésus, je ne vous dirai pas non plus par quelle autorité je fais ces choses. » Il y a deux raisons en effet qui autorisent à cacher la connaissance de la vérité : lorsque celui qui demande à la connaître n’a pas assez d’intelligence pour comprendre ce qu’il demande, ou qu’il est indigne de la connaître par la haine ou le mépris qu’il affecte pour la vérité.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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