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Lc  17  26-30

Bède. Notre-Seigneur avait comparé son avènement à l’éclair qui traverse rapidement les airs, il le compare maintenant à ce qui arriva aux jours de Noé et de Loth, lorsque les hommes furent surpris par une ruine soudaine : « Et comme il est arrivé aux jours de Noé, » etc. — S. Chrys. (hom. 2 sur la I Epît. aux Thessal.) Ils n’ont point ajouté foi aux menaces qui leur étaient faites, et ils furent tout à coup frappés d’un châtiment trop véritable. (hom. 2 sur l’Epît. aux Coloss.) Leur incrédulité venait de leur vie oisive et dissolue, car l’homme n’attend ordinairement que ce qui fait l’objet habituel de ses pensées et de ses désirs : « Ils mangeaient et ils buvaient, » dit Notre-Seigneur. — S. Ambr. Il a soin de faire remarquer que ce sont les péchés des hommes qui ont été la cause du déluge, car Dieu n’est pas l’auteur du mal, ce sont nos péchés qui nous l’ont attiré. Ce n’est pas non plus qu’il condamne ni le mariage qui est le moyen donné de Dieu pour la perpétuité du genre humain,, ni la nourriture nécessaire pour son existence, mais il veut qu’on observe en tout une juste mesure, et tout ce qui la dépasse vient d’un mauvais principe.

Bède. Dans le sens allégorique, Noé qui construit l’arche, est la figure du Seigneur qui bâtit l’Église avec les fidèles du Christ, unis ensemble comme des bois parfaitement travaillés. Quand cette arche est entièrement terminée, il y entre, lorsqu’au jour du jugement il vient y habiter pour l’éternité et y répandre les clartés de sa divine présence. Pendant qu’il construit cet arche, les méchants se livrent aux excès d’une vie dissolue, mais lorsqu’il y entre, ils sont frappés de mort, parce qu’en effet, ceux qui outragent les saints pendant leur vie de luttes et de combats, seront punis d’un éternel supplice, alors que les saints recevront leurs couronnes immortelles.

Eusèbe. (Ch. des Pèr. gr.) Le déluge que Notre-Seigneur vient d’apporter en exemple, pouvait donner la pensée que le déluge à venir serait un déluge d’eau ; il cite donc en second lieu l’exemple de Loth, pour nous apprendre quel sera le genre de supplice des méchants, c’est-à-dire que la colère de Dieu fera tomber sur eux un feu descendu du ciel : « Et comme il est arrivé encore aux jours de Loth, » etc. Il passe sous silence le crime infâme de Sodome, et ne parle que de ces fautes qu’on regarde ordinairement comme légères ou comme nulles, pour nous faire comprendre quel sera le châtiment des actions criminelles, puisque l’usage immodéré des choses permises sera puni par le feu et par le souffre : « Le jour où Loth sortit de Sodome, une pluie de feu et de souffre tomba du ciel, qui les fit périr tous. » Remarquez que le feu ne tomba du ciel sur les infâmes habitants de Sodome, que lorsque Loth en fut sorti, de même que le déluge ne fit périr les habitants de la terre que lorsque Noé fut entré dans l’arche ; car tant que Noé et Loth vivaient au milieu des impies, Dieu suspendait les effets de sa colère pour ne pas confondre dans un même supplice les justes et les pécheurs. Mais quand il voulut faire périr les pécheurs, il retira le juste du milieu d’eux ; de même à la consommation des siècles, le supplice des méchants ne commencera qu’après leur séparation d’avec les justes : « Ainsi en sera-t-il au jour où le Fils de l’homme sera révélé. » — Bède. Car celui qui voit tout maintenant sans être visible lui-même, apparaîtra alors pour juger tous les hommes, et il choisira pour cette manifestation le temps où les hommes oublieux de ses jugements seront asservis sous le joug des choses de ce monde. — Théophile. En effet, lorsque l’Antéchrist sera venu, les hommes se jetteront dans les plus honteux excès de la débauche, et deviendront « plus amateurs de la volupté que de Dieu. » (2 Tm 3.) Car si l’Antéchrist est comme le réceptacle de tous les vices, qu’inspirera-t-il aux hommes dans ces temps malheureux que l’amour du vice ? C’est ce que le Sauveur veut nous faire entendre par les exemples du déluge et du châtiment des habitants de Sodome.

Bède. Dans le sens allégorique, Loth, dont le nom veut dire qui s’écarte, représente le peuple des élus, qui vit comme un étranger dans Sodome, c’est-à-dire au milieu des réprouvés, et se détourne autant qu’il peut des crimes dont il est témoin. A peine Loth est-il sorti de Sodome, que le feu du ciel tombe sur cette ville ; c’est ainsi qu’à la consommation des siècles les anges viendront et sépareront les méchants du milieu des justes, et les jetteront dans la fournaise de feu. (Mt 3.) Cependant cette pluie de feu et de souffre qui tombe du ciel n’est pas la figure du feu éternel de l’enfer, mais représente l’arrivée soudaine et imprévue de ce jour terrible.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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