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Lc  17  31-32

S. Ambr. Comme les bons, par suite de leur mélange avec les méchants, doivent nécessairement souffrir en ce monde de grandes tribulations de coeur et d’esprit pour mériter dans l’autre vie une récompense plus abondante, Notre-Seigneur leur donne par avance quelques conseils utiles : « En ce jour-là, que celui qui se trouvera sur le toit, ne descende point, » etc. C’est-à-dire que celui qui sera déjà monté au faîte de sa maison et jusqu’au sommet des plus hautes vertus, ne se laisse pas retomber dans les occupations toutes terrestres de ce monde misérable. — S. Augustin. (Quest. évang., 2, 41.) Etre sur le toit, c’est s’élever au-dessus des jouissances charnelles, et vivre comme en liberté dans la sphère d’une vie toute spirituelle. Les meubles qui sont dans la maison, sont les sens de la chair qui ont souvent égaré le grand nombre de ceux qui les ont pris pour guide dans la recherche de la vérité qu’on ne peut découvrir que par l’intelligence. Que l’homme spirituel prenne donc garde de se laisser entraîner au jour de la tribulation par la vie de la chair qui se nourrit par les sens du corps, et de descendre pour goûter les jouissances de ce monde : « Et que celui qui est dans les champs ne retourne point non plus en arrière, » c’est-à-dire que celui qui travaille dans l’Église, à l’exemple de Paul qui plante et d’Apollo qui arrose (1 Co 3, 6), ne jette pas un oeil de regret sur les espérances du siècle auxquelles il a renoncé.

Théophile. Saint Matthieu rapporte ces conseils du Sauveur au temps où Jérusalem devait être prise et détruite ; à l’approche des Romains ; ceux qui étaient dans leurs maisons devaient prendre aussitôt la fuite sans vouloir emporter aucune des choses même nécessaires ; et ceux qui étaient dans les champs, ne devaient point retourner dans leurs demeures. C’est ce qui eut lieu, en effet, lors de la ruine de Jérusalem, c’est ce qui doit arriver encore au temps de l’Antéchrist ; mais bien plus encore à la fin des temps, lorsque les tribulations seront parvenues à leur comble.

Eusèbe. Notre-Seigneur nous apprend par là que le fils de perdition soulèvera une violente persécution contre les fidèles disciples du Christ. Ce jour dont il parle, c’est le temps qui précédera la fin du monde ; temps où celui qui prendra la fuite ne devra ni revenir sur ses pas, ni s’inquiéter des biens qu’il perd, et ne point imiter la femme de Loth qui, s’étant retournée lorsqu’elle fuyait de la ville de Sodome, fut frappée de mort et changée en colonne de sel : « Souvenez-vous de la femme de Loth, » dit Notre-Seigneur. — S. Ambr. C’est pour avoir jeté un regard en arrière qu’elle a perdu le privilège de sa nature ; car Satan, comme Sodome, est en arrière : fuyez donc l’intempérance, évitez toute dissolution, souvenez-vous que Loth se sauva et parvint jusqu’à la montagne, parce qu’il n’a point jeté un regard en arrière sur les occupations de sa vie passée ; sa femme, au contraire, cédant au mouvement qui la fit regarder en arrière, ne put parvenir à cette montagne même avec le secours de son mari, et resta en chemin. — S. Augustin. (Quest. évang., 2, 43.)La femme de Loth signifie donc ceux qui, dans la tribulation, regardent en arrière, et détournent, les yeux de l’espérance des promesses divines ; elle fut changée en statue de sel pour avertir les hommes de ne point imiter son exemple, devenant pour ainsi dire le sel qui préserve leur coeur de l’affadissement et de la corruption.

Théophile. Notre-Seigneur tire ensuite la conclusion de ce qu’il vient de dire, en ajoutant : « Quiconque cherchera à sauver sa vie la perdra, » comme s’il disait : Que personne ne cherche à sauver sa vie dans les persécutions de l’Antéchrist, car il la perdra ; celui, au contraire, qui bravera les persécutions et les dangers, la conservera : « Et quiconque l’aura perdue, la sauvera, » en ne cédant pas aux menaces du tyran, dans la crainte de perdre la vie. — S. Cyrille. Saint Paul nous apprend comment on doit perdre sa vie pour la sauver, lorsqu’il, parle de ceux qui ont crucifié leur chair avec ses vices et ses concupiscences (Ga 5, 24), c’est-à-dire qui soutiennent avec courage et piété les combats de la vie chrétienne.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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