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Lc  12  1-3

Théophile. Les pharisiens s’efforçaient de surprendre Jésus dans ses paroles, pour détourner le peuple de le suivre, mais leurs efforts aboutissaient à un résultat contraire, car le peuple se pressait autour de lui par milliers, et dans le vif désir qu’ils avaient de s’approcher de sa personne, ils se foulaient les uns les autres, tant la vérité a de puissance, tant au contraire la fourberie est toujours faible : « Cependant une grande multitude s’étant assemblée autour de Jésus, » de sorte qu’ils se foulaient les uns les autres, il commença à dire à ses disciples : « Gardez-vous du levain des pharisiens, qui est l’hypocrisie. » — S. Cyrille. Notre-Seigneur recommande à ses disciples de se garder des pharisiens, parce que c’étaient des fourbes qui se moquaient de tout. — S. Grég. de Nazianze. Le levain est tantôt pris en bonne part, comme produisant le pain, qui alimente la vie, et tantôt en mauvaise part, comme étant le symbole d’une méchanceté aigre et invétérée. — Théophile. Le Sauveur donne le nom de levain à l’hypocrisie, parce qu’elle altère et corrompt les intentions des hommes dans le coeur desquels elle pénètre, car rien ne corrompt les moeurs comme l’hypocrisie. — Bède. De même qu’un peu de levain aigrit toute la pâte (1 Cor 5), de même la dissimulation ôte à l’âme toute sincérité et toute vérité dans la pratique des vertus.

S. Ambr. Pour nous détourner d’imiter la conduite perfide des Juifs en agissant d’une manière et en parlant d’une autre, Notre-Seigneur place ici une magnifique leçon de simplicité et de foi, et nous rappelle qu’à la fin des temps, nos pensées cachées nous accuseront ou nous défendront, et dévoileront ainsi le secret de notre âme : « Rien de secret qui ne soit révélé, » etc. — Origène. Il veut donc parler de ce temps où Dieu jugera les actions les plus cachées des hommes ; ou il veut dire que quelques efforts qu’on fasse pour étouffer le bien que font les autres sous le poids de la calomnie, le bien de sa nature ne peut rester caché. — S. Chrys. (hom. 35, sur S. Matth.) Il semble dire à ses disciples : On vous traite maintenant de séducteurs et de magiciens, mais le temps dévoilera toutes choses, il mettra au grand jour leurs calomnies et fera éclater votre vertu. Prêchez donc hardiment, le front découvert, et sans crainte aucune à tout l’univers, ce que je vous ai enseigné dans ce petit coin de la Palestine : « Ainsi ce que vous avez dit dans les ténèbres, on le dira au grand jour, » etc. — Bède. Ou bien encore, il parle de la sorte, parce que tout ce que les apôtres ont dit et souffert autrefois dans les ténèbres, des persécutions, et dans les noirs cachots où on les enfermait, est maintenant annoncé publiquement par la lecture qui se fait de leurs actes, dans l’Église répandue par tout l’univers. Ces paroles : « Sera prêché sur les toits, » se rapportent à l’usage de la Palestine, où les habitants se tiennent sur les toits, car les toits ne sont point surmontés de combles comme les nôtres, mais nivelés en plate-forme, c’est-à-dire en surface plane. Ainsi ces paroles : « Sera publié sur les toits, » signifie : sera annoncé de manière à être entendu de tous. — Théophile. Ou bien encore, Notre-Seigneur s’adresse aux pharisiens, et leur dit : O pharisiens, ce que vous avez dit dans les ténèbres, c’est-à-dire, les embûches que vous méditez contre moi dans les épaisses ténèbres de vos coeurs, seront dévoilées au grand jour : car je suis la lumière, et je révélerai dans cette lumière tout ce que vous tramez ténébreusement contre moi. Et ce que vous dites à l’oreille et dans l’intérieur de vos maisons (c’est-à-dire, tout ce que vous murmurez à voix basse à l’oreille), sera prêché sur les toits, c’est-à-dire sera entendu de moi, comme si on le prêchait sur les toits. On peut dire encore que la lumière, c’est l’Évangile, que les toits sont les âmes élevées des Apôtres, car toutes les âmes insidieuses des pharisiens furent dévoilées, et mises au grand jour dans la lumière de l’Évangile, par l’oracle divin de l’Esprit saint qui se reposait sur les âmes des Apôtres.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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