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Lc  12  13-15

S. Ambr. Tous les enseignements qui précèdent, ont pour but de nous encourager à souffrir pour le nom du Seigneur, ou par le mépris de la mort, ou par l’espérance de la récompense, ou par la menace des supplices éternels, qu’aucune miséricorde ne viendra jamais adoucir. Or, comme l’avarice est une source fréquente de tentations pour la vertu, Notre-Seigneur veut en détruire jusqu’au germe dans notre âme, et à l’appui du précepte qu’il donne, il apporte cet exemple : « Alors, du milieu de la foule, quelqu’un lui dit : Maître, dites à mon frère de partager avec moi notre héritage. » — Théophile. Ces deux frères se disputaient pour diviser l’héritage paternel, il fallait donc que l’un cherchât à frauder l’autre. Or, le Sauveur, voulant nous appendre à ne point abaisser notre esprit jusqu’aux choses de la terre, rejette la demande de celui qui l’appelait à diviser cet héritage : « Mais Jésus lui répondit : Homme, qui m’a établi pour vous juger ou pour faire vos partages ? » — Bède. Cet homme veut préoccuper du souci de diviser la terre le Maître qui est venu nous inspirer le goût des joies et de la paix du ciel ; aussi est-ce avec raison que Notre-Seigneur lui donne le nom d’homme ; dans le même sens que ces autres paroles : « Puisqu’il y a parmi vous des jalousies et des contentions, n’est-il pas visible que vous êtes charnels, et que vous vous conduisez comme des hommes. »

S. Cyrille. Lorsque le Fils de Dieu a daigné se rendre semblable à nous, Dieu son Père l’a établi roi et prince sur la sainte montagne de Sion, pour annoncer ses divins commandements (cf. Ph 2, 7 ; Ps 2). — S. Ambr. C’est donc avec raison qu’il refuse de s’occuper des intérêts de la terre, lui qui n’est descendu sur la terre que pour nous enseigner les choses du ciel ; il dédaigne d’être le juge des différends et l’arbitre des biens de la terre, lui à qui Dieu a donné le pouvoir de juger les vivants et les morts, et l’appréciation décisive des mérites des hommes. Il faut donc considérer ici, non pas ce que vous demandez, mais à qui vous faites cette demande, et ne pas chercher à détourner à des choses de médiocre importance, celui dont l’esprit est appliqué à des objets d’un intérêt supérieur. Ce frère méritait donc la réponse que lui fit le Sauveur, lui qui voulait que le dispensateur des biens célestes, s’occupât des intérêts périssables de la terre. Ajoutons d’ailleurs que ce n’est point par l’intervention d’un juge, mais par l’affection, qu’un bien patrimonial doit être partagé entre des frères. Enfin les hommes doivent attendre et espérer le patrimoine de l’immortalité plutôt que celui des richesses.

Bède. Notre-Seigneur profite de l’occasion de cette demande inconsidérée pour prémunir par des préceptes et des exemples, la foule et ses disciples, contre le fléau contagieux de l’avarice : « Et s’adressant à tous ceux qui étaient présents, il leur dit : « Gardez-vous avec soin de toute avarice. » Remarquez ces paroles : « De toute avarice, » parce que bien des actions ont une apparence de droiture, mais leur intention vicieuse n’échappe pas à l’oeil pénétrant du juge intérieur. — S. Cyrille. Ou bien encore : « Gardez-vous de toute avarice, grande ou petite, » car l’avarice est tout à fait inutile au témoignage du Seigneur lui-même : « Vous bâtirez des maisons magnifiques, et vous ne les habiterez pas. » (Am 5, 11.) Et ailleurs : « Dix arpents de vigne ne rapporteront qu’une mesure, la terre ne rendra plus que la dixième partie de la semence. » (Is 5, 10.) Le Sauveur donne une autre raison de l’inutilité de l’avarice : « Dans l’abondance même, la vie d’un homme ne dépend pas des biens qu’il possède. » — Théophile. Il condamne ici les vains prétextes des avares, qu’on voit entasser des richesses, comme s’ils devaient toujours vivre. Mais l’opulence peut-elle prolonger votre vie ? Pourquoi donc vous dévouer à des inquiétudes certaines pour un repos qui n’est rien moins que certain ? Car il est bien douteux que vous atteigniez la vieillesse pour laquelle vous amassez des trésors.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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