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Jn  21  24-25

S. Chrys. (hom. 88 sur S. Jean.) Comme le récit de saint Jean est appuyé sur les faits et les documents les plus certains, il n’hésite pas à produire son propre témoignage : « C’est ce même disciple qui rend témoignage de ces choses et qui les a écrites. » Nous avons pour habitude, lorsque nous rapportons des faits d’une véracité incontestable, de produire à l’appui notre propre témoignage ; c’est ce que fait à plus forte raison celui qui écrivait sous l’inspiration du Saint-Esprit. Voilà pourquoi les autres Apôtres disaient eux-mêmes : « Nous sommes témoins de ces faits. » Saint Jean ajoute : « Et qui les a écrites. » Il est le seul qui parle de la sorte parce qu’il a écrit le dernier sur l’ordre qu’il en a reçu de Jésus-Christ. Voilà pourquoi il parle si fréquemment de l’amour de Jésus-Christ pour lui, faisant ainsi connaître indirectement la cause secrète qui le porte à écrire, et appuyant son récit sur le privilège particulier d’être l’ami de Jésus-Christ : « Et nous savons que son témoignage est vrai, » car il avait été présent à tous les événements qu’il raconte ; il était là lorsque Jésus-Christ fut crucifié ; c’est à lui que le Sauveur daigne confier sa mère, preuve du grand amour que Jésus avait pour lui, et de la certitude de tous les faits qu’il raconte. Si quelques-uns restent incrédules, ce qu’il dit en terminant doit les amener à la foi : « Jésus fit encore beaucoup d’autres choses. » Il est donc évident que je n’ai pas écrit dans le but unique d’être agréable à Jésus-Christ, puisque tant de faits qui existent, j’en ai raconté beaucoup moins que les autres évangélistes ; j’en ai laissé un très-grand nombre, choisissant de préférence les injures et les outrages faits à sa personne. Or, celui qui écrit pour donner de la gloire à son héros, doit au contraire passer sous silence ce qui, dans sa vie, porte un caractère d’ignominie, et ne s’attacher qu’aux faits éclatants. — S. Augustin. (Traité 124 sur S. Jean.) Il ajoute : « Si on les écrivait en détail, je ne pense pas que le monde entier pût contenir les livres qu’il faudrait écrire. » Il ne faut pas entendre ces paroles dans ce sens, que l’étendue du monde entier ne suffirait point à contenir tous ces livres, mais que la capacité des lecteurs du monde entier ne suffirait pas à les comprendre. On peut dire aussi que souvent les expressions, tout en respectant la vérité des choses, paraissent cependant aller au delà, ce qui arrive, non point lorsqu’on met dans son jour une chose obscure ou douteuse, mais quand on exagère ou qu’on atténue une vérité claire par elle-même. Cependant, en parlant, ainsi, on ne s’écarte pas de la voie de la vérité, car ces expressions qui vont au delà de ce qu’on veut dire, ne trahissent nullement l’intention de tromper dans celui qui les a employées. Cette manière de parler, s’appelle eu grec hyperbole, et cette figure ne se rencontre pas seulement ici, mais dans d’autres endroits de l’Ecriture. — S. Chrys. On bien encore, il faut rapporter ces paroles à la puissance divine de celui qui accomplissait ces œuvres admirables ; en effet il lui était beaucoup plus facile de faire les œuvres qu’il voulait, qu’il ne nous l’est à nous de les raconter, car il est le Dieu béni au-dessus de toutes choses dans les siècles des siècles.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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