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Jn  19  38-42

S. Chrys. (hom. 85 sur S. Jean.) Joseph pensant que la mort de Jésus avait suffi pour calmer la fureur des Juifs, se présente avec confiance pour rendre au Sauveur les honneurs de la sépulture : « Après cela Joseph d’Arimathie, qui était disciple de Jésus, » etc. — Bède. Arimathie n’est autre que Ramatha, patrie d’Helcana et de Samuel. C’est par une providence toute particulière que Dieu avait veillé à ce que Joseph fut juste pour être digne de recevoir le corps du Seigneur. C’est ce que nous indique l’Evangéliste par ces paroles : « Qui était disciple de Jésus, » etc. — S. Chrys. Il ne faisait point partie des douze Apôtres, mais des soixante-douze disciples. Et comment se fait-il que nous ne voyions ici aucun des douze ? Dira-t-on que la crainte des Juifs les retenait, mais Joseph avait les mêmes raisons de craindre, c’est pour cela que l’Evangéliste ajoute : « Mais en secret, parce qu’il craignait les Juifs. » Toutefois comme il jouissait d’une grande réputation et qu’il était connu de Pilate, il obtint de lui ce qu’il demandait : « Et Pilate lui permit d’enlever le corps de Jésus, » qu’il ensevelit non pas comme le corps d’un condamné, mais comme celui d’un personnage des plus célèbres et des plus éminents : « Il vint donc et prit le corps de Jésus. » — S. Augustin. (De l’accord des Evang., 3, 22.) En rendant à Jésus les derniers devoirs, il n’est point arrêté par la pensée des Juifs, bien qu’il prit soin de se mettre à l’abri de leur jalousie haineuse lorsqu’il écoutait les enseignements du Sauveur. — Bède. Leur fureur était apaisée en partie par la joie qu’ils éprouvaient de l’avoir emporté contre Jésus-Christ ; Joseph ne craint donc plus de venir demander le corps de Jésus-Christ, démarche qu’il paraissait faire non comme disciple, mais pour remplir à son égard un acte de religion en lui rendant ces derniers devoirs qu’on n’accorde pas seulement aux bons, mais qu’on ne refuse même pas aux méchants. Nicodème vient se joindre à lui : « Nicodème qui était venu trouver Jésus la première fois, » etc. — S. Augustin. L’expression primum, la première fois, ne doit pas se joindre à ces paroles : « Portant cent livres d’une composition de myrrhe, » mais au membre de phrase qui précède, car Nicodème était venu trouver Jésus pour la première fois la nuit, comme saint Jean le raconte dans les premiers chapitres de son Evangile. Ce ne fut donc pas la seule fois mais la première fois que Nicodème vint alors trouver Jésus, car il vint plusieurs fois dans la suite pour écouter ses divins enseignements et devenir son disciple.

S. Chrys. Ils apportent avec eux des aromates qui ont la vertu de conserver très longtemps les corps et de les préserver de la corruption, car ils ne considéraient encore le Sauveur que comme un homme, mais ils faisaient preuve d’un amour extraordinaire pour lui. — Bède. Il faut remarquer que c’était un parfum simple, purée qu’il ne leur était point permis d’en faire un qui fût composé de divers aromates.

« Ils prirent donc le corps de Jésus, et ils l’ensevelirent, » etc. — S. Augustin. L’Evangéliste nous apprend ici que dans les derniers devoirs que l’on rend aux morts, il faut se conformer aux usages particuliers à chaque nation. Or, les Juifs avaient coutume d’embaumer les corps avec divers parfums, afin de les préserver plus longtemps de la corruption. — S. Augustin. (De l’accord des Evang., 3, 23.) Saint Jean n’est point ici en contradiction avec les autres évangélistes, ils ne parlent point il est vrai de Nicodème, mais ils n’affirment pas pour cela que Joseph seul ait enseveli le corps du Sauveur, bien qu’ils ne fassent mention que de lui seul. Ils disent encore, que Joseph l’ensevelit dans un linceul, nous défendent-ils pour cela d’admettre que Nicodème ait pu apporter d’autres linges et de justifier ainsi la vérité du récit de saint Jean d’après lequel le corps de Jésus fut enseveli non dans un seul mais dans plusieurs linceuls. D’ailleurs le suaire dont sa tête fut enveloppée et les bandelettes dont son corps fut entouré, et qui étaient de lin aussi bien que le suaire, permettent de dire en toute vérité : Ils l’enveloppèrent dans des linges, quand même il n’y aurait eu qu’un linceul, car on appelle linges généralement tout ce qui est fait de lin. — Bède. C’est de là qu’est venue la coutume de l’Eglise de consacrer le corps de Jésus-Christ non sur des étoffes de soie ou d’or, mais sur une toile de lin d’une éclatante blancheur.

S. Chrys. Comme le temps pressait, (car Jésus était mort à la neuvième heure), et le soir devait bientôt arriver, pendant qu’ils iraient chez Pilate, et qu’ils descendraient de la croix le corps du Sauveur ils le déposent donc dans un tombeau qui était proche : « Or il y avait dans le lieu où il avait été crucifié, un jardin, et dans ce jardin un sépulcre tout neuf, où personne n’avait été encore mis ; » ce qui se fit par une providence toute spéciale, afin qu’on ne pût supposer que c’était un autre que Jésus qui était ressuscité. — S. Augustin. De même que ni avant ni après lui, nul autre ne fut conçu dans le sein de la Vierge, ainsi, aucun autre corps ni avant ni après le sien, ne fut déposé dans ce tombeau. — Théophile. C’était un sépulcre nouveau, et cette circonstance nous apprend que nous sommes renouvelés par la sépulture de Jésus-Christ qui détruit le règne de la mort et de la corruption. Voyez encore à quel excès de pauvreté Jésus s’est réduit pour notre amour, il n’avait point de demeure pendant sa vie ; après sa mort, il est enseveli dans un tombeau d’emprunt, et il faut que Joseph vienne couvrir la nudité de sou corps dépouillé de tous ses vêtements.

« Et comme c’était le jour de la préparation du sabbat des Juifs, et que ce sépulcre était proche, ils y mirent Jésus. » — S. Augustin. L’Evangéliste veut nous faire entendre qu’ils se hâtèrent de l’ensevelir, pour ne pas être surpris par la nuit, car alors, le temps de la préparation parasceve, que les Juifs appellent en latin le temps des pains sans levain ne leur eût pas permis de remplir cet office. — S. Chrys. Ils choisirent ce tombeau qui était proche, afin que les disciples pussent y venir plus facilement et observer attentivement ce qui s’y passerait. Ce sépulcre fut encore choisi afin que les ennemis du Sauveur qui en étaient gardiens fussent eux-mêmes témoins qu’il avait été enseveli, et pour convaincre de mensonge le bruit qu’ils devaient faire courir que son corps avait été enlevé.

Bède. Dans le sens mystique le nom de Joseph veut dire qui est augmenté par l’accroissement des bonnes oeuvres, et c’est pour nous un avertissement de nous rendre dignes de recevoir le corps du Seigneur. — Théophile. Maintenant encore Jésus-Christ est mis à mort par les avares dans la personne des pauvres qui souffrent la faim. Soyez donc un nouveau Joseph, et couvrez la nudité de Jésus-Christ, ensevelissez-le par la méditation dans le tombeau spirituel de votre âme. Couvrez-le d’un mélange de myrrhe et d’aloès, deux substances amères, en méditant sérieusement ces paroles : « Allez maudits au feu éternel, » qui est ce qu’il y a de plus amer.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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