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Jn  19  1-5

S. Augustin. (Traité 116 sur S. Jean.) Les Juifs ayant demandé à grands cris qu’à l’occasion de la fêle de Pâques, Pilate leur délivrât non pas Jésus, mais Barabbas, « alors, dit l’Evangéliste, Plate prit Jésus elle fit flageller. » Il est vraisemblable que Pilate n’eut en cela d’autre pensée que de rassasier lu cruauté des Juifs, par la vue de ce châtiment ignominieux, et de les empêcher de pousser la fureur jusqu’à demander la mort de Jésus. C’est dans le même dessein qu’il permit, ou peut-être même qu’il ordonna aux soldats de sa cohorte de faire ce que rapporte l’Evangéliste. Il raconte, en effet, ce que firent les soldats, mais il ne dit point que ce fut par l’ordre de Pilate : « Et les soldats, ayant tressé une couronne d’épines, la mirent sur sa tête, et le revêtirent d’un manteau d’écarlate. Puis ils venaient, à lui, et disaient : Je vous salue, roi des Juifs. » — S. Chrys. Comme pour répondre à ce que Pilate vient de dire, que Jésus était roi des Juifs, ils le revêtent des insignes dérisoires de la royauté. — Bède. Pour diadème, ils lui mettent sur la tête une couronne d’épines, et pour la pourpre dont se servaient autrefois les rois, ils lui jettent sur les épaules un lambeau de pourpre. Le récit de saint Jean n’est point ici en contradiction avec ce que dit saint Matthieu, qu’on jeta sur lui un manteau d’écarlate ; car, selon la remarque d’Origène, l’écarlate et la pourpre ont une même origine ; les excroissances qui contiennent la cochenille laissent couler, par les incisions qu’on leur fait, des gouttes de sang, qui servent à teindre à la fois la pourpre et l’écarlate. Bien que ce fût par dérision que les soldats traitent ainsi le Sauveur, ils accomplissaient pour nous des actions pleines de mystères. La couronne d’épines signifiait que Jésus se chargeait de nos péchés, que la terre de notre corps produit comme autant d’épines ; le manteau de pourpre est la figure de la chair, esclave de ses passions. Notre-Seigneur est encore revêtu de pourpre, lorsqu’il se glorifie des triomphes remportés par les martyrs.

S. Chrys. Ce n’était point pour obéir aux ordres du gouverneur que les soldats en agissaient ainsi, mais pour plaire aux Juifs. Ce n’était point sur son ordre qu’ils étaient venus pendant la nuit se saisir de Jésus, mais ils se portaient à tous les excès pour être agréables aux Juifs, qui leur avaient promis de fortes sommes d’argent. Cependant, au milieu de tant et de si cruels outrages, Jésus garde le silence. Pour vous, ne vous contentez pas d’entendre le récit d’un tel spectacle, mais qu’il soit toujours présent à votre esprit, et imitez le Roi de l’univers et le Seigneur des anges, souffrant avec patience de semblables outrages, et les supportant sans ouvrir la bouche. — S. Augustin. C’est ainsi que Jésus-Christ accomplissait ce qu’il avait prédit de lui-même ; c’est ainsi qu’il enseignait les martyrs à supporter tout ce que la cruauté des persécuteurs pourrait inventer contre eux ; c’est ainsi que le royaume qui n’était pas de ce monde triomphait de ce monde superbe, non pas en livrant des combats sanglants, mais en souffrant avec patience et humilité.

S. Chrys. Pilate, dans l’espérance que la vue de ces sanglants outrages mettrait un terme à la fureur des Juifs, leur présente Jésus couronné d’épines : « Pilate sortit de nouveau, et dit aux Juifs : Voici que je vous l’amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucune cause de mort. » — S. Augustin. Nous avons ici une preuve que ce ne fut pas à l’insu de Pilate que les soldats exercèrent ces actes de cruauté, soit qu’il les ait ordonnés, soit qu’il les ait simplement permis, pour le motif que nous avons indiqué plus haut, afin que ses ennemis pussent boire à longs traits ces sanglants outrages, et éteindre ainsi la soif qu’ils avaient de son sang, « Jésus sortit donc portant une couronne d’épines et un manteau d’écarlate. » Il parait, non pas dans l’éclat de la royauté, mais au milieu des opprobres dont il est rassasié. « Et Pilate leur dit : Voilà l’homme ; » c’est-à-dire, si vous portez envie au roi, épargnez du moins celui que vous voyez si profondément humilié, et que toute votre envie s’apaise et tombe devant cet excès d’ignominie.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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