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Jn  18  38-40

S. Augustin. (Traité 115 sur S. Jean.) Aussitôt que Pilate eut fait celle question : « Qu’est-ce que la vérité ? » il lui vint à l’esprit (je pense que c’était la coutume parmi les Juifs,) qu’on leur accordât, à la fête de Pâques, la délivrance d’un criminel ; il n’attendit donc pas que Jésus lui répondît, pour ne pas perdre de temps, du moment qu’il se fut rappelé la coutume qui lui permettait de le délivrer à la fête de Pâques, ce qui, de toute évidence, était son plus vif désir, comme le prouve la nouvelle démarche qu’il fit : « Et, ayant dit cela, il sortit encore pour aller vers les Juifs, » etc. — S. Chrys. Il savait que la réponse à la question qu’il avait faite demandait du temps, et qu’il fallait au plus tôt arracher Jésus à la fureur des Juifs ; et c’est pourquoi il sort de nouveau du prétoire pour parler aux Juifs. — Alcuin. Ou peut-être encore il n’attendit pas la réponse, parce qu’il était indigne de l’entendre.

« Et il leur dit : Je ne trouve en lui aucun crime. » Il ne leur dit pas : Puisqu’il est coupable et digne de mort, donnez-lui sa grâce à l’occasion de la fête ; il proclame d’abord son innocence, puis il les prie, du reste, s’ils ne veulent point le délivrer à cause de son innocence, de le faire en considération de la fête : « C’est la coutume, parmi vous, que je vous accorde, à la fête de Pâques, la délivrance d’un criminel, » etc. — Bède. Cette coutume n’était pas prescrite par la loi, elle venait d’une ancienne tradition des Juifs ; qui, en souvenir de leur délivrance d’Egypte, délivraient chaque année un criminel à la fête de Pâques. Pilate emploie donc à leur égard le langage de la persuasion : « Voulez-vous que je vous délivre le Roi des Juifs ? » — S. Augustin. On ne pouvait arracher de son cœur que Jésus fût le Roi des Juifs, il semble que la vérité elle-même, qu’il avait demandé a connaître, l’eût gravée dans sou cœur comme elle le fit écrire sur l’inscription de la croix.

Théophile. La réponse de Pilate, qui justifie Jésus de toute accusation, est admirable, et c’est en vain que les Juifs cherchent à le travailler, en lui représentant le Sauveur comme ayant désiré la royauté, car le représentant des Romains n’aurait jamais acquitté et mis en liberté un homme qui se serait déclaré roi en face de la puissance des empereurs romains. Lors donc, qu’il leur dit : « Délivrerai-je le Roi des Juifs ? » il proclame publiquement l’innocence de Jésus, et plaisante les Juifs en leur tenant ce langage : « Celui que vous accusez d’avoir voulu se faire roi, j’ordonne de le mettre en liberté, comme complètement innocent du crime dont vous le chargez. » — S. Augustin. Mais à ces mots, « ils crièrent de nouveau, tous ensemble : Non pas celui-ci, mais Barabbas. » Or, Barabbas était un voleur. Nous ne vous faisons pas un reproche, ô Juifs, de mettre en liberté un criminel, à l’occasion de la fête de Pâques ! Mais nous vous faisons un crime d’avoir mis à mort un innocent ; et cependant si vous n’agissiez de la sorte, la véritable Pâque n’aurait pas lieu. — Bède. Ils ont sacrifié le Sauveur et demandé la grâce d’un brigand ; et, en punition de cet attentat, le démon exerce impunément sur eux des brigandages. — Alcuin. Barabbas signifie le fils de leur maître, c’est-à-dire du diable ; car c’est le diable, qui fut le maître de ce voleur dans ses crimes, comme il fut celui des Juifs dans leur trahison.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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