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Jn  18  1-2

S. Augustin. (Traité 112 sur S. Jean.) Le discours que Notre-Seigneur avait adressé à ses disciples après la cène étant terminé, ainsi que la prière qu’il avait faite à son Père, l’évangéliste saint Jean commence ainsi le récit de sa passion : « Après ce discours, Jésus s’en alla avec ses disciples au-delà du torrent de Cédron. » Ce ne fut pas immédiatement après avoir achevé cette prière, mais après quelques autres faits intermédiaires que saint Jean passe sous silence, et qui sont rapportés par les autres évangélistes. — S. Augustin. (De l’accord des Evang., 3, 3) Il s’éleva en effet parmi eux une contestation, lequel d’entre eux devait être estimé le plus grand, ainsi que le raconte saint Luc. Le Sauveur dit encore à Pierre, comme l’ajoute encore le même évangéliste : « Voilà que Satan vous a demandé pour vous cribler, comme le froment, » et les paroles qui suivent. (Lc 22, 31-38.) Et après avoir récité l’hymne de louange, suivant le récit de saint Matthieu et de saint Marc., ils s’en allèrent à la montagne des Oliviers. La liaison du récit de saint Matthieu se trouve donc ainsi établie avec celui de saint Jean : « Alors Jésus vint avec eux à une maison de campagne, qui est appelée Gethsémani, c’est le lieu dont parle ici saint Jean, et où il y avait un jardin dans lequel il entra avec ses disciples.

S. Augustin. Ces paroles : « Après qu’il eût dit ces choses, » signifient donc simplement que le Sauveur n’est entré dans ce lieu qu’après avoir terminé son discours. — S. Chrys. (hom. 83 sur S. Jean.) Mais pourquoi l’Evangéliste ne dit-il pas : Après avoir terminé sa prière, il se rendit dans ce lieu ? Parce que celle prière était une instruction à l’adresse de ses disciples. C’est pendant la nuit qu’il sort, qu’il passe le torrent, et qu’il se hâte vers le lieu connu de son traître disciple ; épargnant ainsi la fatigue à ses ennemis, et montrant à ses disciples que sa mort est pleinement volontaire. — Alcuin. L’Evangéliste dit : « Au delà du torrent de Cédron, » c’est-à-dire des cèdres, le mot Cédron étant comme le génitif grec du mot χέδρων. Il traverse le torrent, parce que dans le chemin (c’est-à-dire dans le passage de cette vie), il a bu de l’eau du torrent (de la passion). Il se rend dans un jardin, pour expier le péché qui avait été commis dans un jardin, car le paradis signifie jardin de délices.

S. Chrys. Ne croyez pas qu’en se rendant dans ce jardin, Jésus cherche à se dérober à ses ennemis, car, dit l’Evangéliste, « Judas qui le trahissait, connaissait aussi ce lieu, parce que Jésus y venait fréquemment avec ses disciples. » — S. Augustin. C’est dans ce lien que le loup couvert de la peau de brebis, et supporté au milieu du troupeau par un conseil profond du père de famille apprit à dresser ses embûches au pasteur, et à disperser pour un moment le troupeau. — S. Chrys. Jésus avait souvent réuni ses disciples à l’écart pour avoir avec eux des entretiens nécessaires et particuliers que d’autres ne devaient pas entendre, qui ne devaient pas être entendus des antres. Il se rend de préférence pour cela sur les montagnes et dans les jardins, parce qu’il cherche un endroit calme et tranquille pour que l’esprit de ses disciples ne soit troublé par aucun sujet de distraction. Judas de son côté vient dans ce jardin, parce que Jésus-Christ y passait très-souvent la nuit ; il n’eût pas manqué d’aller chercher dans le Cénacle, s’il eût pensé que le Sauveur s’y livrait au sommeil. — Théophile. Judas savait aussi qu’aux jours de fête, le Seigneur avait coutume d’adresser à ses disciples des instructions plus relevées, et qu’il choisissait en jardin pour ces entretiens mystérieux ; et comme c’était la grande solennité des Juifs, Judas pensa que Jésus se trouvait dans ce lien et qu’il y enseignait à ses disciples ce qui avait rapport à la célébration de la fête.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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