Accueil  >  Bibliothèque  >  La Chaîne d’or  >  Évangile selon saint Jean  >  chapitre 11, versets 11-16

Jn  11  11-16

S. Chrys. (hom. 62 sur S. Jean.) A ce premier encouragement donné aux Apôtres, le Sauveur eu ajoute un second, en leur apprenant que ce n’est pas à Jérusalem, mais à Béthanie, qu’ils doivent se rendre : « Il leur parla ainsi, et ensuite il leur dit : Notre ami Lazare dort, mais je vais le tirer de son sommeil, » c’est-à-dire je ne retourne pas en Judée pour avoir de nouvelles discussions avec les Juifs, j’y vais pour réveiller notre ami. Il dit : « Notre ami, » pour leur faire comprendre la nécessité de son voyage. — S. Augustin. Rien de plus exact que cette expression : « Lazare dort. » Aux yeux des hommes qui ne pouvaient pas le ressusciter Lazare était mort, mais pour le Seigneur il n’était qu’un homme endormi, car il pouvait plus facilement faire sortir un mort du tombeau, que vous ne pouvez réveiller un homme endormi. Il dit donc de Lazare qu’il dort, au point de vue de sa puissance, c’est dans ce sens que l’Apôtre lui-même a dit : « Nous ne voulons pas, mes frères, que vous ignoriez ce que vous devez savoir touchant ceux qui dorment. (1 Th 4, 12.) Il appelle la mort des chrétiens un sommeil, parce qu’il annonçait leur résurrection. Mais de même qu’il y a une différence entre ceux que nous voyons tous les jours dormir et s’éveiller, et que les mêmes images ne se présentent pas à eux dans le sommeil, les uns ont des songes agréables, les autres en ont d’affreux ; ainsi chacun s’endort du sommeil de la mort, et se réveille avec une cause de jugement qui lui est propre.

S. Chrys. (hom. 62.) Ses disciples voulurent de nouveau s’opposer à son retour dans la Judée : « Ses disciples lui dirent : S’il dort, il guérira, » car le sommeil est pour les malades un signe de guérison. Ils semblent donc lui dire : S’il dort, il est inutile que vous alliez le réveiller de son sommeil. — S. Augustin. (Traité 49.) La réponse des disciples est conforme au sens qu’ils ont donné aux paroles du Sauveur : « Jésus, dit l’Evangéliste, voulait parler de la mort de Lazare, mais ils pensaient qu’il parlait de l’assoupissement du sommeil. » — S. Chrys. (hom. 62.) Mais, dira-t-on, comment les disciples ne comprirent-ils pas que Lazare était mort, lorsque Jésus leur dit : « Je vais le réveiller de son sommeil ? » N’était-il pas ridicule de faire un voyage de plusieurs stades pour le réveiller simplement de son sommeil ? Nous répondrons que les disciples virent dans cette manière de parler un langage figuré qui était très-ordinaire au Sauveur. — S. Augustin. Il ne tarde pas du reste à expliquer ce qu’il y avait d’obscur dans cette expression : « Alors Jésus leur dit clairement : Lazare est mort. » — S. Chrys. (hom. 62.) Il n’ajoute pas ici : Je vais le ressusciter, car il ne voulait point proclamer par ses paroles ce que ses œuvres devaient suffisamment établir ; et il nous apprend ainsi tout à la fois à fuir la vaine gloire, et à ne pas nous contenter de faire de simples promesses.

« Et je me réjouis à cause de vous, de ce que je n’étais pas là. » — S. Augustin. (Traité 49.) On lui avait annoncé la maladie et non la mort de Lazare ; mais que pouvait ignorer celui qui l’avait créé, et entre les mains duquel son âme était retournée au sortir de son corps ? « Il leur dit donc : Je me réjouis à cause de vous de ce que je n’étais pas là, afin que vous croyiez. » Ce devait être déjà pour eux un premier sentiment d’étonnement d’entendre le Seigneur leur annoncer une chose qu’il n’avait ni vue, ni entendue, la mort de Lazare. Nous devons ici nous rappeler que la foi des Apôtres eux-mêmes s’appuyait encore sur les miracles, non pour commencer d’être, mais pour se développer. Ces paroles : « Afin que vous croyiez, » signifient donc : Afin que votre foi devienne plus ferme et plus robuste.

Théophile. Voici une autre explication : « Je me réjouis à cause de vous, » car mon absence, lors de la mort de Lazare, doit être pour vous un nouveau motif de foi. En effet, si j’eusse été présent, je l’aurais guéri de sa maladie, ce qui n’eût donné qu’une faible idée de ma puissance. Mais comme sa mort est arrivée en mon absence, votre foi en moi n’en deviendra que plus forte, lorsque vous verrez que je puis ressusciter un mort qui tombe déjà en pourriture.

S. Chrys. (hom. 62.) Tous les disciples avaient une grande crainte des Juifs, mais par-dessus tout Thomas : « Sur quoi Thomas, qui est appelé Didyme, dit aux autres disciples : Allons et mourons avec lui. » Il était le plus faible de tous et celui qui avait le moins de foi, mais il devint par la suite le plus fort et le plus indomptable, parcourant seul le monde entier, et se trouvant tous les jours au milieu de peuples qui voulaient le mettre à mort. — Bède. On peut encore dire que les disciples, instruits par les paroles qui précèdent, n’osèrent plus contredire leur divin Maître ; mais Thomas entre tous exhorte les autres disciples à suivre leur Maître et à mourir avec lui. Il donne en cela une grande preuve de courage ; car il parle ainsi comme un homme qui était disposé à faire ce qu’il conseille aux autres, et qui, comme plus tard Pierre, oubliait sa propre fragilité.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

Plan du site    |    Contact    |    Liens    |    Chapelle