Accueil > Bibliothèque > La Chaîne d’or > Évangile selon saint Jean > chapitre 10, versets 39-42
Bède. Nous voyons par le récit de l’Evangéliste que les Juifs persévèrent avec opiniâtreté dans leur égarement : « Les Juifs cherchaient donc à le prendre. » — S. Augustin. (Traité 48) Ils cherchent à le prendre, non par la foi ou par l’intelligence, mais pour satisfaire leur haine contre lui en le mettant à mort. Vous le prenez pour l’avoir en votre possession, ils veulent le prendre pour se défaire de lui : « Et il s’échappa de leurs mains. » Ils ne purent se saisir de lui, parce qu’ils n’avaient pas les mains de la foi, et il ne fut pas difficile au Verbe de délivrer son corps de ces mains de chair. — S. Chrys. (hom. 61.) Lorsque le Sauveur a enseigné aux Juifs quelque grande vérité, il se dérobe presque aussitôt pour apaiser leur fureur par son absence, comme il le fait encore ici : « Et il s’en alla de nouveau au delà du Jourdain. » Pourquoi l’Evangéliste fait-il mention du lieu où il se retire ? c’est pour rappeler le souvenir des actions et des paroles de Jean-Baptiste, aussi bien que de ses témoignages multipliés. — Bède. Il dit : « Où Jean était d’abord, » c’est-à-dire dès ses premières années. Pendant le séjour que Jésus, y fit, l’Evangéliste nous raconte qu’un grand nombre de personnes vinrent le trouver : « Et un grand nombre de personnes vinrent à lui, et ils disaient : Jean n’a fait aucun miracle. » — S. Augustin. C’est-à-dire qu’il n’a fait aucun miracle public, il n’a ni chassé les démons, ni rendu la vue aux aveugles, ni ressuscité les morts.
S. Chrys. Voyez la force de leurs raisonnements : « Jean, disent-ils, n’a fait aucun miracle. Jésus, au contraire, en a fait de nombreux. ce qui établit sa supériorité et sa prééminence. Cependant il ne faut pas croire pour cela que parce que Jean n’a fait aucun miracle, son témoignage soit sans autorité, aussi ajoutent-ils : « Tout ce que Jean a dit de celui-ci était vrai. » Si Jean n’a fait aucun miracle, tous les témoignages qu’il a rendus à Jésus sont véritables. Donc si l’on devait ajouter foi aux témoignages de Jean, à plus forte raison doit-on croire à celui qui, à l’autorité de ce témoignage, joint encore l’autorité des miracles. C’est ce qui eut lieu en effet : «Et beaucoup crurent en lui. » — S. Augustin. Voici qu’ils s’emparent de Jésus-Christ, alors qu’il demeure au milieu d’eux, non pas comme les Juifs qui voulaient se saisir de lui, lorsqu’il s’échappait de leurs mains. Servons-nous donc aussi de la lampe pour arriver au jour, puisque Jean était la lampe, et qu’il rendait témoignage au jour.
Théophile. Il est à remarquer que le Seigneur aimait à conduire le peuple dans des lieux solitaires, et qu’il les arrachait à la société des méchants pour leur faire produire des fruits de vertu. C’est ainsi qu’il avait conduit le peuple hébreu dans le désert pour lui donner la loi ancienne. Dans le sens mystique, Notre-Seigneur s’éloigne de Jérusalem, c’est-à-dire du peuple juif, et se dirige vers les lieux où les fontaines abondent, c’est-à-dire vers l’Eglise des nations qui a la fontaine du baptême, par laquelle un grand nombre parviennent jusqu’à Jésus-Christ en traversant le Jourdain.
Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.