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10. Le silence de l’Esprit Saint

Daria Klanac : L’Esprit serait-il moins actif par le fait qu’on soit moins nombreux à fréquenter l’Église et à prier ?

Arnaud Dumouch : C’est vrai en partie seulement. Je veux dire par là que l’Alliance nouvelle implique deux termes : l’Esprit Saint qui dit oui pour s’unir à la personne humaine, et elle qui dit oui pour s’unir à l’Esprit Saint. Sur terre, dans l’Église terrestre, puisque c’est d’elle dont on parle actuellement, la baisse de fréquentation actuelle des églises peut venir de ces deux termes, je veux dire de l’humain d’abord, mais aussi d’une décision provisoire de l’Esprit Saint. L’être humain est responsable en premier effectivement, en ce sens qu’on trouve très peu d’âmes pour se sacrifier. Le métier que je fais comme théologien n’est rien en comparaison de ce que font ces âmes inconnues, méprisées, qui disent leur chapelet et qui certainement me portent. Cela fait que j’ai une bonne vie, qui me permet d’exercer un charisme qui est source d’épanouissement, mais peut être aussi source d’orgueil. Ce sont elles, celles qui souffrent avec le Christ, qui font se précipiter l’Esprit Saint sur terre et pas les théologiens. Ces âmes sont tout de même beaucoup plus nombreuses qu’à une certaine époque. On peut dire que l’Église maintenant, malgré les épreuves, a une sainteté bien plus forte qu’au Moyen Âge, car à cette époque les religieux avaient tendance à être le centre du monde, donc à être parfois vaniteux. Maintenant être religieux, c’est un peu comme au début de l’Église : ce n’est pas source de gloire terrestre, mais plus souvent de mépris.

La cause n’est pas seulement du côté de ces âmes qui se sacrifient, même si l’une des tâches du démon consiste à nier le caractère rédempteur de la souffrance offerte par amour. On voudrait un christianisme sans la souffrance offerte, un christianisme des Mystères joyeux et des Mystères glorieux. Or, il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.[29] Attention, cela ne consiste pas à se marteler et à se flageller, non ! Simplement à accepter des angoisses, des douleurs, des maladies qui cassent notre vie, qui ne nous rendent pas heureux et ne pas demander forcément d’en être délivré, mais les offrir à Dieu pour ceux qui en ont davantage besoin et pour que l’Esprit Saint revienne sur terre.

Faisons-lui confiance, il sait parfaitement comment distiller la joie, la gloire, la lumière, la douleur. L’essentiel, c’est qu’à la fin, le salut sera offert au plus grand nombre.

 

29. Jn 15, 13. [↩]

Arnaud Dumouch et Daria Klanac, Un entretien pour notre temps, Montréal, 2012.

 

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