Accueil > Bibliothèque > Un entretien… > Tome 3 : La miséricorde de Dieu > Libre de refuser
Daria Klanac : Depuis Adam et Ève, Dieu a un plan pour le salut de l’humanité. Le refus constant de l’humanité qui s’oppose à ce projet peut-il changer le cours de l’histoire ? Que signifie encore le salut proposé et réalisé en Jésus-Christ ?
Arnaud Dumouch : Heureusement, le refus constant de l’homme ne change l’histoire (d’une manière que Dieu ne voudrait pas) que lorsqu’un homme maintient ce refus ultimement, à l’heure de la mort, face au Christ. Une personne qui se damne aura résisté à toutes les tentatives de Dieu, qui sont nombreuses, pour la sauver. D’abord dans la vie terrestre, puis dans la vieillesse. Et si cela ne suffit pas, il y a encore le shéol, ce temps d’errance entre ce monde et l’autre. Ce temps d’errance est très important pour les personnes qui sont mortes brutalement et qui n’ont pas eu le temps d’apprendre l’humilité.
Quand le Christ apparaît dans sa gloire avec tout cet amour révélé, il faut vraiment vouloir y résister pour aller en enfer. Certains disent que personne ne peut y résister, pourtant c’est possible, car le Christ n’apparaît pas dans sa divinité, mais dans son humanité glorieuse. Quand on voit cette humanité, elle est encore marquée par les souffrances de sa croix. Celui qui était aimant et qui est humble se précipite vers lui, mais celui qui est égoïste et orgueilleux, malgré le shéol, ne fait que ricaner et se dirige avec joie vers la gloire magnifique (et vaine) que présente Lucifer en enfer.
Quand saint Paul dit : « (…) là où le péché a proliféré, la grâce a surabondé »[30], cela ne veut pas dire qu’il faut pécher. Donc, nous chrétiens, n’en profitons pas pour tomber dans le péché, cela ne sert à rien. Il suffit de se regarder, de regarder nos faiblesses, de prendre conscience que l’on confesse toujours les mêmes fautes, les mêmes pensées impures, pour se rendre compte qu’on ne vaut pas mieux que les autres.
Et il n’est pas sûr du tout que ceux qui ont été chrétiens toute leur vie, mais sans ferveur, soient plus saints que des païens qui se convertissent au Christ quand ils le voient à l’heure de leur mort. Tout ce que Dieu fait, il le fait au mieux.
30. Rm 5,20. [↩]
Arnaud Dumouch et Daria Klanac, Un entretien pour notre temps, Montréal, 2012.