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13. Relation trinitaire

Daria Klanac : Jésus nous a dévoilé la relation trinitaire de la manière la plus parfaite dans la corrélation amoureuse fidèle et dévouée des trois personnes. N’est-ce pas là l’exemple d’un amour incomparable à mettre en pratique parmi les êtres humains pour arriver à la paix, au respect, à la compréhension mutuelle dans le monde ?

Arnaud Dumouch : La relation trinitaire n’est pas naturelle, il ne faut pas se faire d’illusion. Sur terre, on ne peut que tendre à essayer de la réaliser. Comme c’est impossible, il faut être lucide. D’ailleurs, quand on veut réaliser la perfection de l’amour total, tel que le révèle Jésus, l’Église va jusqu’à dire dans son Catéchisme[13] que c’est l’Antéchrist, parce que qui fait l’ange fait la bête. L’histoire l’a montré, quand on veut trop de perfection chrétienne cela dépasse les forces humaines. Il arrive qu’on impose une loi surnaturelle que tout le monde ne peut pas vivre, alors on utilise l’épée, les tribunaux, les jugements, ce qui est une aberration. Pour prouver que cette loi surnaturelle révélée par Jésus n’est pas naturelle, tout en ne s’opposant pas à la nature, mais en la dépassant, je peux donner l’exemple du mariage.

Le mariage sacramentel tel que Jésus le révèle est l’image de la fidélité totale de Dieu avec nos âmes, une fidélité qui vient de cet amour total de Dieu pour lui-même. Dans un amour naturel, quand l’un des deux trahit, la loi naturelle de cet amour fait qu’il n’y a plus exigence de fidélité de l’autre partie. En effet, comme le mariage est l’échange de deux oui dans une confiance, s’il y a trahison d’un des deux, l’autre n’a plus un amour d’amitié ; il a été trahi. Jésus répond que celui qui répudie sa femme, même si elle a été infidèle ou parce que lui est infidèle, met son épouse en danger de commettre l’adultère. Concrètement, Jésus appelle les chrétiens à rester fidèles quoiqu’il arrive, même quand l’autre est infidèle depuis des années. C’est une chose qui humainement ne se comprend pas. À un moment donné, quand l’Église a été puissante, elle l’a imposé par des lois ecclésiastiques et celui qui se remettait en ménage avec quelqu’un d’autre risquait la justice. À la Révolution française, le divorce a été ré-institué, cette loi naturelle que Jésus déclare avoir été fixée par Moise à cause de la dureté du cœur de l’homme. Il est vrai que si aucun des deux ne se trahissaient jamais, il n’y aurait pas de problème. Sur terre, on ne peut que tendre à cela par la conviction, en montrant aux gens l’appel de Dieu à rester fidèles en cas d’infidélité de l’autre.

Dieu est fidèle. Lorsque nous, par le péché mortel, nous le trahissons, il est toujours fidèle. Dès qu’on lui demande pardon, il revient, il rétablit l’amour d’amitié. Et s’il nous appelle à faire pareil dans notre mariage, c’est parce que si un jour nous voulons le voir face à face, nous ne pourrions pas supporter la vision béatifique si nous n’étions pas semblables à lui, c’est-à-dire une image de l’amour infini. Dieu ne nous demande pas l’impossible sur terre, mais simplement d’y tendre. Il a le temps, ne serait-ce que sur terre ou dans les autres purgatoires qui suivent cette vie, de nous façonner le cœur comme il faut, afin qu’un jour nous puissions voir face à face la Trinité.

 

13. Catéchisme de l’Église catholique, no 676. [↩]

Arnaud Dumouch et Daria Klanac, Un entretien pour notre temps, Montréal, 2012.

 

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