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12. Qu’est-ce qui distingue Jésus de Socrate ou de Bouddha ?

Daria Klanac : Jésus a révolutionné le monde comme personne ni avant ni après lui. Il s’est proclamé Homme Dieu. Peut-il être comparé à Socrate, à Bouddha ou à un autre philosophe ou fondateur de religion ?

Arnaud Dumouch : Par certains petits aspects, oui. Par exemple, Socrate lui aussi donne sa vie pour la vérité, mais c’est la vérité philosophique. Seulement cette vérité a un tel impact que c’est grâce à sa mort que la philosophie naît en Grèce et l’évocation de toute une série de jeunes[12] qui vont le suivre. En ce sens là, Jésus ressemble à Socrate ou plutôt s’incarne dans quelque chose qui touche profondément le cœur, à savoir que quand un martyr donne sa vie pour une cause, il suscite des vocations.

D. Klanac : Prenons à présent Bouddha

A. Dumouch : Il enseigne des choses qui ne sont pas du tout identifiables à l’Évangile, des choses contradictoires. Pour Bouddha, le fondement de sa théologie c’est qu’il n’y a pas de personnes, tout est apparence et si on revient sur terre, condamné à la réincarnation, c’est que justement on croit être une personne. Tout l’effet de Bouddha consiste à éteindre en soi toutes les illusions, mais aussi tous les désirs. Le nirvana, c’est une extinction des désirs. L’Évangile de Jésus, c’est l’inverse ; il consiste à dire que nous sommes des personnes, nous verrons individuellement de l’autre côté qu’il n’y a pas de réincarnation, parce que nos relations avec notre maman, avec notre papa sont uniques et éternelles, elles sont bénies par Dieu. Dieu lui-même est une personne et nous nous unirons à lui dans un consentement mutuel, un mariage. Le Concile Vatican II dira cependant qu’il y a un rapport : comme Jésus, Bouddha donne aussi une réponse à la question de savoir ce que l’on fait sur terre.

En conclusion, Jésus, qui est le Verbe éternel, a choisi vraiment de toute éternité de s’incarner et de vivre une vie qui corresponde parfaitement à tout ce qu’il y a dans le cœur humain. En choisissant de mourir et de ressusciter, Jésus le fait pour parler au cœur de l’homme. La preuve, c’est que tout ce qui a marqué le cœur et l’histoire de l’humanité s’est réalisé, plus ou moins ainsi.

Seulement, l’incarnation de Jésus est quelque chose qui était absolument imprévisible. Cette sagesse-là, il n’y a aucun phénomène sociologique qui l’explique. Aucun homme n’aurait pu imaginer que Dieu a une vie intime, unique, qui est un jaillissement éternel de lumière, que l’on appelle le Verbe, ce Verbe qui est tout simplement le Dieu unique qui se contemple. Dieu et le Verbe sont exactement semblables, puisque Dieu se contemple parfaitement, s’aime infiniment et que leur amour est exactement semblable à eux deux, mais procède des deux, puisqu’il est l’amour d’amitié entre les deux et tout cela forme un seul Dieu. Le Verbe n’est que la connaissance que Dieu a de lui-même ; le Saint-Esprit n’est que l’amour que Dieu a pour lui-même et sa propre connaissance. C’est quelque chose qu’on n’aurait jamais pu imaginer dans l’Écriture. Ce n’est pas si simple à découvrir. Il faudra des Conciles précis pour arriver à formaliser que Dieu est unique et qu’il a une vie intime en trois puissances de jaillissement. Ce qui est caractéristique de Jésus, c’est qu’il révèle la possibilité d’un amour d’amitié avec Dieu. Il le fait non seulement par le discours et le martyr comme Socrate, mais par l’envoi de l’Esprit Saint qui vient tout rappeler dans le cœur, et cela personne ne l’a fait avant ni ne le fera après lui.

 

12. Platon, Xénophon, Euclide de Mégare, Antisthène, Eschine de Sphettos, d’Aristippe de Cyrène, etc. [↩]

Arnaud Dumouch et Daria Klanac, Un entretien pour notre temps, Montréal, 2012.

 

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