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3. Nos certitudes

Daria Klanac : Que savons-nous de la naissance de Jésus ? Peut-on être sûr au moins qu’il soit né à Bethléem ? Quelle importance pour son message et notre foi si ces faits ne concordent pas avec les connaissances historiques précises ?

Arnaud Dumouch : Pour l’année exacte de la naissance de Jésus, il semblerait que le moine qui a fait le calcul au Moyen Âge se soit trompé d’à peu près six ans sur l’ère nouvelle. Quand on confronte la date de la mort d’Hérode le Grand avec la date des recensements que firent les Romains – il y en a eu deux –, on trouve que Jésus est né vers l’an moins six. Par contre, ce qu’on ne sait pas du tout, et là il n’y a aucune source possible, c’est le jour de son anniversaire. On a donc choisi le 25 décembre, parce que, dans son intelligence, l’Église du début s’est dit que le meilleur symbole était le moment où le jour recommence à grandir.

Quant au fait que Jésus soit né à Bethléem, cela fait référence à la première question posée au début de ce livre, à savoir si l’Écriture parle du Christ. Ce n’est pas pour rien que Dieu dit qu’il naîtra à Bethléem[2], car c’est la ville de naissance du roi David. On ne connaît la naissance de Jésus de Nazareth que par un seul témoignage ; une seule personne a pu prouver à ceux qui ont écrit les Évangiles que Jésus était né à Bethléem, c’est Marie. Notre foi est fondée sur ce point-là, sur la parole exclusive de cette petite femme qui sait de quoi elle parle. Il n’y a qu’elle qui pouvait en témoigner et peut-être effectivement les frères et les sœurs de Jésus, donc Salomé, Joseph et Jacques qui sont des cousins. D’après saint Irénée de Lyon, on appelait frères les cousins et ce ne sont pas des fils de Marie, puisque leur mère (une autre Marie) est citée à un autre endroit dans l’Écriture.[3]

Pouvons-nous confirmer que Joseph s’est rendu pour le recensement ce jour-là, cette année-là, à Bethléem, alors qu’il habitait à Nazareth ? Est-ce que ce point-là est essentiel ? Non. De toute façon, il n’est pas démontrable. On y croit parce que cela fait partie du tout et que nous n’imaginons pas qu’on ait pu inventer sur un tel sujet ; c’est évidemment son sens symbolique qui est le plus important.

En revanche, il y a d’autres sujets dans la vie de Jésus qui sont absolument fondamentaux. Par exemple, sa Résurrection, sa mort sur la Croix. Là, c’est tout à fait essentiel qu’il les ait vraiment vécus. S’il y a eu falsification là-dessus, évidemment notre foi est vaine, elle n’a plus de sens du tout. L’Église n’a pas mis de dogme solennel sur la naissance de Jésus à Bethléem, elle y a seulement mis son autorité ordinaire. Elle le dit simplement, calmement : il est né à Bethléem, parce qu’il y avait un recensement et parce que son père adoptif était de la tribu de David.

 

2. Mi 5,2. [↩]

3. in Mt 27,6. [↩]

Arnaud Dumouch et Daria Klanac, Un entretien pour notre temps, Montréal, 2012.

 

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