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Daria Klanac : Depuis quand et pourquoi a-t-on instauré le 25 décembre pour fêter la naissance de Jésus ? Le fait de connaître ou non la date exacte de la naissance de Jésus est-ce d’une importance primordiale pour les chrétiens ? D’ailleurs, chez les orthodoxes Noël est fêté en janvier et est centrée sur l’arrivée des mages (épiphanie).
Arnaud Dumouch : La date de naissance de Jésus le 25 décembre a été fixée par l’Église occidentale, donc par le pape de Rome, vers le IVe siècle.
Dans des terres païennes anciennement animistes, en particulier la Gaule et l’Irlande, existait un ancien culte qui fêtait le solstice d’hiver, donc le moment où les jours commencent à rallonger. Ce culte existait partout, les anciens, les hommes préhistoriques, puis même les tribus gauloises, étaient très proches du ciel. Ils avaient gardé cette habitude-là du paléolithique. Les gens, surtout dans les campagnes, passaient leur temps à observer le ciel. Le pape, ou peut-être un évêque irlandais, a eu l’idée de mettre la naissance du Roi de Gloire à peu près au moment du solstice d’hiver. L’idée était très intéressante. Elle permit de christianiser les peuples qui vivaient dans les campagnes et qui avaient une religion animiste. Près des anciennes sources, des hauts lieux, où il y avait des temples aux dieux polythéistes, grecs, romains, gaulois, petit à petit ont été instaurés des cultes aux saints, qui étaient nombreux, puisqu’il y avait eu beaucoup de martyrs au début de l’Église.
En fêtant la naissance de Jésus début janvier, les orthodoxes ont peut-être raison, car leur tradition était beaucoup plus proche du lieu où Jésus est né, l’Empire romain d’Orient, Byzance, qui a donné ensuite l’orthodoxie russe.
Mais cette date n’a pas d’importance dans sa matérialité. C’est le symbole qui compte, à savoir le Roi de Gloire vient sur terre et inaugure son grand combat pour le salut de l’humanité. C’est vrai qu’il n’y a pas de plus beau symbole que le soleil qui commence à monter, que l’hiver qui va peu à peu s’effacer au profit du printemps, qui lui va arriver vers Pâques. La fête de Noël était beaucoup moins importante pour les anciens que la fête de Pâques. La fête de Noël, c’est le commencement de la course de géant, le but étant évidemment la mort et la Résurrection.
D. Klanac : Est-ce que l’on connaît l’endroit et la date de naissance de Marie ?
A. Dumouch : On ne connaît pas du tout la date de naissance de Marie. On ne sait pas s’il y avait une réminiscence orale. Cette date a été fixée de manière aléatoire le 8 septembre et il n’y a aucune trace, aucune possibilité de savoir pourquoi cette date a été choisie. Mais ce qui est sûr, c’est que quand l’Église solennisa la fête de l’Immaculée Conception de Marie – c’est-à-dire ce qui s’est passé neuf mois avant sa naissance, le jour de sa conception, quand son âme fut créée par Dieu sans être atteinte par le péché originel – cela veut dire qu’il y avait une présence de Dieu absolument palpable, comme chez Adam et Eve dans le jardin d’Éden. L’Église le confirma le 8 décembre et c’est très important.
La liturgie n’est pas vaine ; elle aussi porte une certaine infaillibilité ordinaire de l’Église. Si la conception de Marie est fêtée neuf mois avant sa naissance, cela indique que notre âme est certainement créée par Dieu le jour même ou très peu de temps après que nos parents nous ont conçus. Marie est Immaculée non pas dans son corps, elle est Immaculée dans son âme et donc Dieu a béni l’acte sexuel de ses parents, Anne et Joachim, en créant l’âme de Marie immaculée.
Arnaud Dumouch et Daria Klanac, Un entretien pour notre temps, Montréal, 2012.