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2. Mythes ou réalités

Daria Klanac : La naissance, la vie, la mort et la Résurrection de Jésus seraient un mythe pour nourrir la foi, selon certains médias qui n’oublient pas de nous le rappeler lors des fêtes religieuses. Est-ce par manque d’éducation dans la foi que même les croyants tombent facilement dans ce filet ?

Arnaud Dumouch : J’ose dire que ce ne sont pas seulement les médias humanistes ayant perdu la foi qui parlent ainsi. Le même discours existe, malheureusement depuis quelque temps, dans beaucoup d’universités catholiques, chez des professeurs de théologie. Après Vatican II[1], une école de pensée particulière s’est accaparé le Concile en s’autoproclamant Magistère de l’Église et capable d’interpréter authentiquement ledit Concile.

Quand j’étais jeune, dans les années 70-80, cette pensée-là n’était pas contredite. Quand on entendait un professeur d’université dire que Vatican II avait amoindri le rôle du pape, avait réparé les bêtises faites par le Concile Vatican 1, et bien, si nous n’allions pas lire directement les textes du Concile, on pouvait se faire piéger. Car, en effet, on voit que ce dernier fait exactement l’inverse puisqu’il approfondit et élargit l’infaillibilité pontificale en matière d’interprétation de l’Écriture : a) au Magistère extraordinaire, quand quelque chose n’est pas dans l’Écriture, mais seulement dans la Tradition, comme l’Assomption de Marie et son Immaculée Conception ; b) au magistère solennel, quand quelque chose est vraiment dans l’Écriture et que le pape le proclame avec un ton fort ; c) au Magistère ordinaire, quand le pape rappelle simplement, dans une Encyclique ou dans le Catéchisme de l’Église catholique, une doctrine qui a toujours été crue.

Pendant toute une période, on a vu des professeurs d’université faire une relecture de l’Évangile à la mesure de leur intelligence, en évacuant tout ce qui leur paraissait surnaturel, affirmant que les miracles de Jésus étaient des inventions. De telles lectures évidemment sont passagères, cette partie de l’Église qui s’était accaparé le Concile et les Évangiles n’ayant eu aucune fécondité. Par contre, elle a provoqué le malheur de faire perdre la foi à beaucoup de chrétiens.

Quant à savoir si la Résurrection de Jésus serait un mythe, prenons des faits tout aussi extraordinaires et non crédibles que notre propre existence. Si une chose aussi extraordinaire que nous, petits êtres qui pensent, a pu être faite, cela montre l’existence d’un Créateur. Croire qu’une telle merveille peut apparaître comme cela par hasard, c’est évidemment une folie. Le fait que Dieu s’est fait homme, qu’il puisse choisir sa mère, qu’il puisse choisir sa vie pour expliquer ce qu’on fait sur terre, qu’il puisse choisir de mourir et qu’il puisse choisir de ressusciter, c’est du même ordre de miracle qui indique sa puissance.

Évidemment, quand nous en parlons aux musulmans, qui eux ont une religion absolument rationnelle, ils croient en un seul Dieu dont l’existence pourrait être démontrée par la raison ; ils disent que notre croyance est aberrante, qu’elle ne peut être que mythique, car Dieu ne va tout de même pas s’incarner dans un être si faible. Notre foi a, effectivement, quelque chose d’absolument fantastique. Que Dieu choisisse une Vierge, une jeune fille de 14 ans, comme maman parce qu’elle est Immaculée Conception, c’est fantastique, cela n’a rien d’humain. On peut dire que l’Islam s’impose par la force de sa cohérence logique, il n’a pas besoin de miracles. Le christianisme au contraire, qui est une verticalité pure, où Dieu s’incarne dans quelque chose qui ressemblerait à un mythe, démontre sans cesse que le Créateur fait des miracles.

Les miracles sont une chose essentielle dans le christianisme et ils continuent d’être actuels. Il n’y en a pas besoin de beaucoup : seuls 67 sont reconnus à Lourdes. Mais quand un miracle est reconnu à Lourdes, ce n’est pas un simple prodige. Il est bien évident qu’un médecin parmi ceux qui ont soigné les malades aurait dénoncé la supercherie. L’Église ne met pas son autorité à la légère.

Je dirais que le miracle de la Résurrection que Dieu a fait n’est accessible pour le moment qu’à notre foi. À l’heure de notre mort, Dieu nous le prouvera en nous montrant la paume de ses mains, son cœur transpercé par les souffrances qu’il a vécues. Nous verrons le miracle de sa vie, de sa mort et de sa Résurrection.

 

1. Ouvert par le pape Jean XXIII en 1962 et clos sous le pontificat de Paul VI en 1965. [↩]

Arnaud Dumouch et Daria Klanac, Un entretien pour notre temps, Montréal, 2012.

 

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