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30. Le rôle de Marie, la mère de Jésus

La Madone du Magnificat, tableau de Sandro Botticelli.
La Madone du Magnificat, par Sandro Botticelli.

Daria Klanac : Marie, la mère de Jésus, vit à l’ombre de son fils et reste silencieuse. Néanmoins en gardant tout dans son cœur, elle vit intensément sa destinée, car, accompagnée d’autres femmes, elle suit son fils. Sa présence sur la route n’est-elle pas la meilleure façon de jouer son rôle de mère ?

Arnaud Dumouch : Le mystère de Marie est immensément plus profond que sa simple maternité humaine. Là, je voudrais profiter de cette question pour le retracer en atteignant un peu de profondeur. Je dirais que Marie est indispensable dans la rédemption, quoi qu’en disent les protestants.

En effet, l’Alliance que vient recréer Dieu, c’est un mariage, alliance voulant dire l’union de deux oui. Deux oui, comme lorsqu’il y a un échange de consentement et que des époux se donnent le sacrement de mariage. Jésus, l’époux, meurt sur la croix, il a dit oui à l’humanité, sans aucun recul.

Marie la nouvelle Ève dit oui à Dieu, en notre nom. Elle est donc la matriarche, comme Ève qui a dit non à Dieu et nous a entraînés tous à sa suite. Mais Ève est plus que mère, elle est matriarche, comme Marie est la matriarche de la grâce et Jésus est le patriarche. Elle s’est engagée en notre nom à la croix. Si on prend Marie et qu’on comprend ce oui, on va certainement beaucoup plus loin dans le mystère ; c’est pour cela que celui qui a pris Marie chez lui est appelé par l’Écriture le disciple que Jésus aimait.

Marie est la mère de tous les vivants. Comme Ève était la mère de tous les vivants de l’espèce humaine (au plan de leur vie biologique). Quand Marie est montée au Ciel, vu la perfection de son oui, elle est devenue réellement la mère et l’épouse de Dieu, au point qu’il lui a confié en toute confiance toutes les grâces dont il dispose pour les hommes, afin qu’elle les gère. Il y a une véritable collaboration entre eux, une véritable action commune. Comme dit Jésus : « Tout ce que vous me demanderez, en mon nom je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. »[46] Marie tout ce qu’elle demande à Jésus, elle l’obtient pour nous. Elle est vraiment la mère, non seulement de Jésus, mais la mère de l’humanité sauvée.

D. Klanac : Au pied de la croix, nous avons deux personnes au premier plan, Marie la mère de Jésus et Jean son apôtre bien-aimé. À ce moment, il se passe quelque chose de grand pour l’avenir du monde et de l’Église. Jésus dit à sa mère : « Voici ton fils » et se tournant vers Jean qui représente l’humanité il dit : « Voici ta mère. » L’un et l’autre sont liés pour toujours. Cette mission confiée à la maternité sans faille de Marie n’est-elle pas méconnue des hommes et des femmes de notre temps ?

A. Dumouch : Au niveau profondeur, le mystère de la Co-Rédemption de Marie est sans doute le mystère ultime, parce qu’il touche à l’Alliance, à l’essence même de ce qu’est une alliance que Dieu crée avec l’humanité.

Il s’unit à de véritables personnes libres à qui il demande de faire avec lui le chemin, le même chemin qu’a suivi le Christ. Non seulement Dieu demande de croire, mais une fois que la personne croit, il communique sa grâce pour la rendre capable d’aimer en retour activement et de collaborer. Cela ressemble tout à fait à ce qui se passe dans le mariage où non seulement le mariage célébré implique le oui conscient, libre et volontaire des deux époux, même si c’est le mari qui en premier est interrogé par le prêtre. Si la femme ne dit pas oui, il n’y a pas mariage. C’est ce rôle d’épouse qu’a rempli Marie à la croix, en notre nom.

Les théologiens catholiques parlent de la Co-Rédemption de Marie, mais ce n’est pas encore un dogme. Je vais jusqu’à dire que s’il n’y a pas de Rédemption, il n’y a pas de Co-Rédemption. Et cela est d’abord valable universellement par Marie à la Croix. Elle est la matriarche, comme je viens de le dire, mais c’est aussi valable pour nous individuellement. Dieu aurait beau nous sauver, être mort sur la croix, si nous-mêmes, individuellement, nous ne répondons pas à son action à travers un amour agissant par la prière et par l’amour du prochain, il n’y a pas de Rédemption pour nous.

Si la Co-Rédemption est vraie, l’Esprit Saint, tôt ou tard, la fera définir solennellement par le dogme de l’Église catholique. D’ores et déjà, même si ce n’est pas un dogme, la Co-Rédemption de Marie est une vérité, une conséquence logique de ce qu’est que le salut. Il y a bien alliance, il y a bien deux oui qui s’unifient et il y a bien rédemption unique par le Christ et Co-Rédemption unique par Marie et par nous les humains.

 

46. Jn 14,13. [↩]

Arnaud Dumouch et Daria Klanac, Un entretien pour notre temps, Montréal, 2012.

 

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