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31. L’identité chrétienne aujourd’hui

Daria Klanac : Comment croire, vivre et témoigner du Dieu vivant incarné en Jésus-Christ à notre époque ?

Arnaud Dumouch : Dans cette question, il y a toute la souffrance et l’incompréhension de voir l’Occident qui est en train d’apostasier. Je ne suis pas sûr que cette apostasie va durer. L’Église a subi d’autres épreuves et elle s’est relevée puissamment dans la génération suivante. Il n’y a qu’à se rappeler la Révolution française où les campagnes étaient profondément déchristianisées en Europe. Ensuite, de la France et de la Belgique, qui ont été les deux pays les plus marqués par les armées révolutionnaires, est sorti le mouvement d’évangélisation le plus puissant de l’histoire de l’Église : le renouveau le plus somptueux, qui a duré 60 ans et qui est retombé, parce que tout ce qui parvient à un sommet est condamné à une chute.

Est-ce que cela veut dire que l’apostasie actuelle de l’Europe est définitive ? Peut-être, peut-être pas. L’essentiel, c’est que nous devons croire absolument, nous qui sommes croyants, que si Dieu le permet, le démon ne peut rien faire. Les journalistes haineux, les médias ne pourraient rien faire, si Dieu ne le permettait pas. Dieu peut aller chercher où il veut un apôtre. Il y a des milliards de petits êtres humains pour leur communiquer la puissance de son Esprit-Saint, comme à Élie, et faire que les gens, par des miracles, des résurrections et un charisme extraordinaire de la parole, retournent vers lui. S’il ne le fait pas, cette fois-là, et si l’Europe apostasie vraiment, c’est que Dieu va faire sortir de cela un salut plus grand. Oh ! Cela ne se verra pas forcément sur terre ! Si nous sommes à la fin des fins, l’apostasie sera suivie par les autres pays, puis par le monde entier, puis par les religions entières. Puis viendra le règne de l’Antéchrist, avec un monde sans Dieu, un culte universel envers un dieu de la puissance, de l’honneur, de la gloire. Lucifer.

Quand cela arrivera, les petits chrétiens, les petits restes de chrétiens et de musulmans qui le vivront à cette époque-là devront se réjouir et lever la tête, disait Jésus, parce que la rédemption est proche. C’est parce que Dieu va bientôt revenir dans sa gloire qu’il permet que des générations entières soient assoiffées de lui, dans un désert horrible, aride comme l’enfer sur terre, pour qu’au moment du retour du vrai Dieu, de celui qui nourrit le cœur, le Dieu de l’humilité et de l’amour, les gens se précipitent en masse, tellement ils l’avaient désiré sans savoir qu’il existait. Lucifer et son Antéchrist ne nourriront pas le cœur, donc si Dieu permet un jour que cela advienne, ce sera pour un plus grand salut.

D. Klanac : Pourrions-nous espérer un renouveau ?

A. Dumouch : Regardez les angoisses, les suicides, les divorces, regardez tout ce que donne un monde qui n’a plus la Parole de Dieu, mais qui a pourtant tout pour boire, pour manger, pour faire la fête, pour vivre plus longtemps. S’il y a renouveau puissant sur terre, on se réjouira, on reprendra espoir, les chrétiens diront, c’était juste une épreuve passagère. Mais ce n’est pas de ce renouveau terrestre dont il faudra se réjouir universellement, mais, en tant que chrétiens, du fait que la victoire céleste de toute façon va arriver. Quand Dieu envoie son Esprit-Saint, quand Dieu le retire, temps de désert, temps de floraison, tout cela n’a pas d’importance, nous devons être sûrs que Dieu envoie et retire son Esprit-Saint pour le salut final du plus grand nombre. C’est la seule chose qui compte à ses yeux. Je dirais même : seules comptent les personnes, le petit nombre de personnes qui auront su distinguer l’espoir avec ses renouveaux terrestres ici et là[47], qui auront gardé l’espérance théologale qui est certaine de la victoire finale, même si la barque est secouée. Seules ces personnes pourront tenir à l’époque de l’Antéchrist. Elles seront très peu nombreuses, comme le Samedi saint, quand seule la Sainte Vierge croyait. Saint Jean lui-même qui était pourtant auprès d’elle, ayant perdu la foi et ne restant que par amitié, crut plus tard en voyant le suaire dans le tombeau.

L’Église entière le Samedi saint a été réunie dans la spiritualité de la Vierge Marie, et vers la fin du monde, seuls ceux qui auront cette spiritualité-là tiendront. Quand tout semblera perdu, que l’Église sera marginalisée, les cathédrales – ces cadavres, comme dit l’Apocalypse – peut-être transformées en musée et gardées comme le souvenir d’une gloire passée, ce petit reste devra être dans la joie, à savoir que l’Esprit-Saint travaille tout autant.

Pour ceux qui ne croient pas, quand le Christ se décidera à revenir, soit à l’heure de la mort individuelle de ces personnes, soit à la fin du monde, il balayera l’Antéchrist et toutes les finalités terrestres malsaines par le souffle de sa venue avec beaucoup plus de force que pour nous, peut-être, qui sommes habitués, qui savons qu’il y a un salut. Le Christ surprendra ces gens de bonne volonté qui auront été séparés de lui par le règne de l’Antéchrist.

D. Klanac : De nos jours, l’identité chrétienne a-t-elle perdu son essence ?

A. Dumouch : Non, elle ne l’a jamais autant eue. L’identité chrétienne que nous apprécions, c’est l’identité de la Renaissance glorieuse, quand tout le monde va à la messe. Extérieurement, c’est une victoire. En réalité, quand Dieu regarde les âmes avec son regard profond, il voit que cela va mal. Car cette Renaissance, en 1492, c’est la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, l’époque où l’on massacre sauvagement des Indiens pour les forcer à se convertir, où l’on va annoncer l’Évangile et en même temps chercher de l’or. Servir à la fois Dieu et Mammon.

Actuellement, alors que l’Église est attaquée systématiquement, que les papes depuis 150 ans sont méprisés, elle n’a jamais été aussi puissante. Quand je dis cela, certains répliquent qu’elle n’a plus aucun impact. Ils se trompent. C’est l’apparence journalistique qui leur fait dire cela. L’impact est sur les consciences profondes et il va revivre quand le Christ manifestera que sa Parole est vraie.

Qu’est-ce que cela peut faire si pendant 80 ans de notre vie, on a l’impression que tout est perdu. C’était pareil à la croix, tout semblait perdu. Et quelle victoire au bout du compte ! Et encore, nous n’avons pas vu la gloire de la victoire. Elle a lieu quand les gens sont morts et qu’ils ont vu le Christ apparaître dans sa gloire.

Redressons la tête, cessons de désespérer. On désespère parce qu’on se contente de vivre d’espoir terrestre. Vivons d’espérance théologale.

Même si un jour une nouvelle religion venait disant qu’il y a une vie après la mort ressemblant à ici-bas, pleine de richesse et de confort, elle ne comblerait pas ce vide, cette nostalgie du vrai Dieu, celui qui est Amour et Lumière, Humilité et Puissance. Seul le vrai Dieu peut combler le vide et l’angoisse du cœur humain.

 

47. Marthe Robin en tout cas l’annonce. [↩]

Arnaud Dumouch et Daria Klanac, Un entretien pour notre temps, Montréal, 2012.

 

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