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29. Le commun dans les religions revelées

Daria Klanac : Qu’est-ce que les religions révélées ont-elles en commun ?

Arnaud Dumouch : Par religion révélée, évidemment on entend les trois grands monothéismes : judaïsme, christianisme et islam. En réalité, il y a d’autres religions qui fonctionnent par mode de révélation. Certaines ont disparu. Je pense à la religion d’Isis et d’Osiris. C’est une forme de révélation, quand le peuple égyptien croyait que, par amour pour son époux Osiris, Isis, déesse, vierge et mère, avait réussi à le ressusciter contre les attaques du démon et, qu’en imitant l’amour d’Isis pour Osiris, on obtiendrait la vie éternelle. Actuellement, effectivement, il reste principalement trois religions révélées. Que signifient les révélations ? Cela veut dire que d’en haut, depuis le ciel, l’autre monde décide d’expliquer à la Terre ce qu’il veut, pourquoi nous sommes sur Terre, et qu’est-ce qu’il faut faire pour aller dans l’autre monde. Ce sont les trois révélations principales. Elles concernent donc toutes les trois le Salut.

L’Ancien Testament révèle comment, petit à petit, la révélation s’est faite à travers le peuple juif. On voit que la première religion révélée, avec Abraham, ne révèle qu’une petite chose sur Dieu, à savoir que Dieu est le Dieu d’Abraham et qu’il va le protéger. Dieu signifie d’ailleurs providence, celui qui protège. A cette époque précise, quand Abraham ne savait pas encore que Dieu était éternel, qu’il était le Dieu unique qui avait créé tous les dieux, on avait déjà une religion révélée. Donc, ce qui caractérise les religions révélées, c’est leur mode d’arrivée sur Terre. Elles ne sont pas passées par l’imagination humaine toutes seules, mais par un messager qui parle. Quelquefois ce sont des prophètes, quelquefois c’est directement un ange qui vient s’expliquer. Ce qui caractérise l’attitude des croyants, c’est qu’ils adhèrent par la confiance à cette parole.

Certes, l’Église catholique et le peuple juif ont toujours affirmé que, dans la révélation, il y avait certaines choses qui étaient accessibles à la raison. On les appelle les préambules de la foi, en ce sens que Dieu les donne à découvrir par nous-mêmes.

D. Klanac : Quelles sont ces préambules de la foi ?

A. Dumouch : Il y a en gros deux grands préambules de la foi. Premièrement, l’existence d’un Dieu unique. L’Église a toujours dit, elle l’a même dogmatisé durant le Concile Vatican II, que c’était accessible à la raison. Et, c’est assez facilement accessible à la raison comme je l’ai montré au début de ce livre. Deuxième préambule de la foi, c’est la survie de l’âme après la mort. C’est maintenant encore plus facile à atteindre qu’à l’époque d’Aristote qui, lui, n’avait que le raisonnement. Il analysait les facultés de l’esprit, il constatait qu’elles n’étaient pas matérielles, puisque leur objet n’était pas matériel. Si on pouvait, avec l’esprit, comprendre des choses immatérielles comme l’éternité, donc il fallait bien que la cause, la faculté de l’esprit, soit non matérielle. Maintenant, on a mieux. On a les fameuses expériences de mort approchée. Des nombreuses personnes réanimées par la médecine reviennent et confirment qu’il y a une survie au-delà de l’arrêt du cerveau.

Pour en revenir à la question, une religion révélée implique des actions du Ciel qui se révèle et une réponse de l’homme qui fait confiance. Je crois que c’est bien la seule chose que nous ayons en commun. Maintenant, si je prends effectivement les trois monothéismes tels qu’ils sont actuellement vivants, on peut dire que tous ont en commun ceci : premièrement, le monothéisme, il n’y a qu’un seul Dieu ; deuxièmement, le fait qu’il a tout créé et donc que lui seul peut être objet d’adoration. L’adoration consiste à reconnaître à celui qui est à la source de tout, qu’il l’est. Cela ne veut pas dire aimer très fort. Ça veut dire rendre un culte de latrie, reconnaître qu’il est le Créateur, Dieu unique. Toutes ces religions révélées ont en commun que ce Dieu se fait providence, qu’il aide l’homme. Il est là, présent dans la vie de chacun, invisiblement, mais son aide est efficace. Et toutes les trois, sans exception, affirment que celui qui se comporte bien obtiendra le salut dans l’autre monde ; il y aura une rémunération. Dieu existe, il est providence, il se fait rémunérateur de ceux qui agissent avec droiture. Voilà ce qui est commun, dit saint Paul, au monothéisme qui, à l’époque, n’en comptait que deux, c’était le judaïsme et le christianisme.

On voit que le judaïsme a énormément évolué depuis Abraham. Moïse ne croyait qu’à l’existence d’un paradis sur une terre matérielle. Donc pour le peuple, il n’y avait pas d’au-delà, chaque individu disparaissant au néant. À la fin de l’Ancien Testament, dans le Livre des Macchabées, on croit très fort à la résurrection individuelle de chacun, à l’enfer, au purgatoire, au paradis.

Arnaud Dumouch et Daria Klanac, Un entretien pour notre temps, Montréal, 2012.

 

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