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15. La proximité de Dieu

Daria Klanac : L’harmonie et la proximité avec Dieu, cette condition de béatitude à l’état pur, comment étaient-elles vécues par le premier homme et la première femme ?

Arnaud Dumouch : Et bien justement, ce n’était pas une béatitude à l’état pur. La béatitude (ce mot a une signification très précise) signifie un bonheur si parfait qu’il n’y a plus de désir parce que le bien qui est aimé à chaque seconde viendrait renouveler entièrement sa beauté au point qu’on ne s’ennuierait jamais. Ce mot est réservé à la vision béatifique, cela veut dire au paradis céleste tel que nous le vivrons après notre mort et la purification si nous avons à en faire une. Donc, Adam et Ève étaient dans le bonheur. Ils avaient tout ce dont ils pouvaient rêver : les animaux, les plantes, la beauté, l’amitié réciproque l’un pour l’autre. Le bonheur le plus grand qu’on puisse imaginer sur Terre, mais avec tout de même un manque précis : la vision de Dieu.

Dieu était présent, donc ce n’était pas pour eux source de souffrance. C’était déjà si grand, cette intense familiarité qu’ils mettaient à être dans le jardin, mais leur esprit était déjà fait pour davantage : de manière naturelle, on peut dire que l’âme humaine a été créée par Dieu structurellement pour voir face à face l’éternel, l’infini. Comme ils ne le voyaient pas encore, ils étaient dans la foi, mais avec une certaine obscurité dont ils ne se rendaient pas vraiment compte. Actuellement pour nous, quand il fait grand soleil, on se réjouit, on se dit qu’il n’y a rien de plus beau monde que cela, mais quand on passe de l’autre côté et qu’on compare la lumière céleste avec la sombre lumière de cette Terre, on se demande comment on a pu vivre dans un monde aussi gris pendant 80 ans ? C’était si moche la Terre en comparaison de l’autre monde. Le premier homme et la première femme avaient reçu cette présence familière de Dieu. La Bible dit qu’il marchait dans le jardin avec eux. Dieu avait même infusé dans leur âme de très nombreuses connaissances, tout ce dont ils avaient besoin par rapport à leur Salut. Cette présence était devenue comme une habitude : quand depuis tout petit on voit la lumière, on ne se rend pas vraiment compte de sa beauté. Quand un aveugle de naissance voit d’un seul coup la lumière, il est enthousiaste. Mais Adam et Ève – et c’est peut-être là le problème – étaient un peu comme des enfants gâtés. Je ne sais pas s’ils se sont rendu compte de l’immensité de la grâce qu’ils recevaient. Cependant, ils en vivaient. Dieu était leur ami, il était avec eux, et donc ils se sentaient bien dans ce paradis fait de sécurité, d’amour, de tendresse.

Arnaud Dumouch et Daria Klanac, Un entretien pour notre temps, Montréal, 2012.

 

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