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13. L’histoire fantastique d’Adam et Ève

Daria Klanac : Maintenant, l’homme et la femme se trouvent au Paradis terrestre. Ils se nomment Adam et Ève. D’où viennent ces noms et que signifient-ils ?

Arnaud Dumouch : D’abord, je le redis, ces noms ne désignent pas un peuple d’hommes singes qui, peu à peu, évoluent. C’est la théorie de Gustave Martelet[34] qui a été condamnée solennellement par le Magistère de l’Église. Adam et Ève, c’est un homme et une femme concrets, patriarche et matriarche de l’humanité, de qui sont sortis les humains. Je ne dis pas tous les humains de genre hominidés. La paléontologie montre qu’il y a eu avant ces hommes spirituels qui enterraient leurs morts dans une tombe organisée pour une espérance de survie après la mort, il y a eu toute une série d’espèces hominidés animales purs, c’est-à-dire des animaux qui marchaient debout, mais qui n’avaient aucune spiritualité. Homo erectus, homo habilis, des animaux extrêmement performants qui allaient parfois jusqu’à maîtriser le feu, mais la maîtrise du feu n’indique aucunement la présence d’un esprit. L’animal est capable de fabriquer certains outils. Le singe, quand il veut attraper des fourmis, trempe une baguette dans la fourmilière, la ressort, la lèche. Il sait trouver des petits trucs. Il faut savoir interpréter les choses.

Moi je suis tout à fait ouvert. Si on trouve, d’ici quelques années, de vraies tombes paléolithiques d’hommes de Neandertal avec du gibier disposé à côté et qui datent de bien d’avant l’arrivée d’homo sapiens, il faudra accepter ce qu’apporte la science là-dessus. Pour moi, pour le moment, c’est bien homo sapiens l’homme qui a un esprit. La science ne pourra jamais toucher le tout début. Elle pourrait atteindre, à la rigueur, l’explication de la lente évolution du corps des hominidés jusqu’à notre propre corps en comparant les ADN fossiles de ces anciennes espèces disparues à notre ADN.[35] Par contre, pour trouver Adam et Ève, le premier homme et la première femme, c’est plus difficile. Certes, on a parlé récemment qu’une étude de l’ADN des mitochondries, donc qui n’est transmis que par la mère, montrerait qu’il y a effectivement une mère commune, une seule, à toutes les races humaines qui sont sur Terre. La science est actuellement plutôt monogéniste, à la différence des années 1970. C’est donc à la Bible qu’il faut se référer pour savoir exactement ce qui s’est passé. La Bible dit, confirmée par le Magistère, qu’il y a eu un premier homme qui s’est appelé Adam. Adam veut dire terre rouge, qui signifie simplement de quoi est fait son corps. Notre corps est fait d’eau, de matière qu’on trouve dans la terre, il est fait de terre, de boue. Symboliquement, cela signifie cette proximité de l’homme avec le travail, la terre, cela explique la mentalité des hommes en général qui est plus technique, plus dans l’efficacité.

Ève, le nom de la première femme, signifie la mère de tous les vivants. C’est elle qui a donné vie à tous les humains spirituels, sans exception.

 

34. Gustave Martelet est né en 1916, a enseigné la théologie dans la Compagnie de Jésus pendant plus de cinquante ans à Lyon, Paris et Rome. Il a participé à Vatican II comme théologien des évêques francophones d’Afrique. [↩]

35. Si 99% de l’ADN se révèle semblable aux primates, jusque dans l’ADN non exprimé, c’est qu’il doit y avoir quelque chose en commun. [↩]

Arnaud Dumouch et Daria Klanac, Un entretien pour notre temps, Montréal, 2012.

 

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