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DOCTEUR ANGÉLIQUE Forum de
théologie spirituelle catholique Pour joindre notre forum de
prières AGAPE et y confier vos intentions.
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Satisfaction et Purgatoire |
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Auteur |
Message |
Marcus Intermittent
Inscrit le: 06 Sep
2006 Messages: 75
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Sujet: Satisfaction et Purgatoire Mer 6 Sep - 10:11 |
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Je voudrais aborder deux
thèmes très liés dans la théologie romaine : Satisfaction et
Purgatoire. La théorie de la Satisfaction, élaborée au
XIème siècle si je ne m'abuse par Anselme de Cantorbéry,
affirme que le Christ est mort sur la Croix pour réparer
l'offense faîte au Père par le péché. Il y a là une vision
juridique qui pouvait valoir comme métaphore (même chez les
Pères grecs) mais qui a été prise au pied de la lettre par
Anselme et ses continuateurs. Cette conception d'un Père
réclamant justice et obtenant satisfaction par l'Offrande de
Jésus-Christ (parce qu'étant vraiment Homme, Il assumait les
péchés de ses frères et qu'étant vraiment Dieu, Lui-seul
pouvrait réparer l'immensité de l'offense) a certainement
provoqué une désaffection massive des fidèles à l'égard de
l'Eglise romaine. A l'opposé, il me paraît possible de
dégager de l'enseignement des Pères et de l'Eglise orthodoxe
que le Christ a souffert sur la Croix et a connu le trépas
pour nous arracher à la mort, conséquence du péché, et à
l'emprise de Satan, lequel a été terrassé, et qu'il a offert
Sa mort victorieuse en Sacrifice de louange à la Sainte
Trinité (et non au Père seul). En fait, il n'ya pas à
proprement parlé de sacrifice propitiatoire, mais un sacrifice
de louange, rendu présent, ainsi que tous les autres mystères
christiques, lors de la Divine Liturgie. Une partie de la
théorie du purgatoire vient de là. Personne, dans
l'orthodoxie, ne reproche aux catholiques de prier pour les
défunts conformément à la lettre de "Macchabées" et à la
Tradition de l'Eglise mais là où ca ne va plus, c'est lorsque
les latins affirment que le pécheur qui a été absous mais n'a
pas fait pénitence doit encore "satisfaire" après la mort.
Pour les Pères, si un péché est pardonné, il n'y a aucune
dette à payer. L'absolution agit comme un remède,
éventuellement une "pénitence" peut être proposée par le
confesseur à titre de complément au remède principal, mais le
péché étant une essentiellement une maladie, une fois qu'elle
est guérie, il n' ya rien à "mériter", rien à "payer". Ce
serait faire insulte à l'amour et la puissance divines de
croire que Dieu a les exigences d'un magistrat romain. Par
ailleurs, bien que non dogmatisée de justesse, la théorie du
feu purificateur matériel du purgatoire a été longtemps
enseignée par Rome, bien que contraire à la logique même
puisque les âmes, entre le Jugement particulier et le Jugement
dernier, sont dépourvues de corps et qu'il ne peut y avoir de
souffrance corporelle. Enfin, les Ecritures ne décrivent
aucun lieu intermédiaire entre le Ciel et l'Enfer. On peut
penser qu'il existe des épreuves purificatrices en forme de
péages angéliques mais il ne s'agit pas alors d'un lieu mais
d'un cheminement. | |
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Arnaud Dumouch Indéssoudable

Inscrit le: 19 Mai 2005 Messages:
13338 Localisation: Belgique
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Sujet: Satisfaction et Purgatoire Mer 6 Sep - 12:30 |
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Marcus a
écrit: |
La théorie de la Satisfaction,
élaborée au XIème siècle si je ne m'abuse par Anselme de
Cantorbéry, affirme que le Christ est mort sur la Croix
pour réparer l'offense faîte au Père par le péché. Il y
a là une vision juridique qui pouvait valoir comme
métaphore (même chez les Pères grecs) mais qui a été
prise au pied de la lettre par Anselme et ses
continuateurs. Cette conception d'un Père réclamant
justice et obtenant satisfaction par l'Offrande de
Jésus-Christ (parce qu'étant vraiment Homme, Il assumait
les péchés de ses frères et qu'étant vraiment Dieu,
Lui-seul pouvrait réparer l'immensité de l'offense) a
certainement provoqué une désaffection massive des
fidèles à l'égard de l'Eglise
romaine. |
C'est vrai. Cette vision doit être
prise comme une comparaison. En mettant une lecture juridique,
voire rigide, on transforme la liberté du Christ en un
registre de recettes.
Citation: |
Une partie de la théorie du purgatoire
vient de là. Personne, dans l'orthodoxie, ne reproche
aux catholiques de prier pour les défunts conformément à
la lettre de "Macchabées" et à la Tradition de l'Eglise
mais là où ca ne va plus, c'est lorsque les latins
affirment que le pécheur qui a été absous mais n'a pas
fait pénitence doit encore "satisfaire" après la mort.
Pour les Pères, si un péché est pardonné, il n'y a
aucune dette à payer. L'absolution agit comme un remède,
éventuellement une "pénitence" peut être proposée par le
confesseur à titre de complément au remède principal,
mais le péché étant une essentiellement une maladie, une
fois qu'elle est guérie, il n' ya rien à "mériter", rien
à "payer". Ce serait faire insulte à l'amour et la
puissance divines de croire que Dieu a les exigences
d'un magistrat romain. |
C'est d'abord dans un effort de
fidélité à la lettre de l'Ecriture que la théologie catholique
a reconnu l'existence d'une certaine
satisfaction, tout en affirmant la souplesse
de celle-ci, le Christ ayant effectivement tout pris
sur lui:
Le texte:
Citation: |
Matthieu 5, 25 Hâte-toi de t'accorder
avec ton adversaire, tant que tu es encore avec lui sur
le chemin, de peur que l'adversaire ne te livre au juge,
et le juge au garde, et qu'on ne te jette en
prison. Matthieu 5, 26 En vérité, je te le dis: tu ne
sortiras pas de là, que tu n'aies rendu jusqu'au dernier
sou. |
Et
cet autre pour exprimer l'indulgence:
Citation: |
Matthieu 18, 27 Apitoyé, le maître de ce
serviteur le relâcha et lui fit remise de sa
dette. |
Citation: |
Par ailleurs, bien que non dogmatisée de
justesse, la théorie du feu purificateur matériel du
purgatoire a été longtemps enseignée par Rome, bien que
contraire à la logique même puisque les âmes, entre le
Jugement particulier et le Jugement dernier, sont
dépourvues de corps et qu'il ne peut y avoir de
souffrance corporelle. |
Le dogme catholique parle de "peine
diverses" (Benoît XII, constitution Benedictus
Deus). Ce sont les théologiens scolastiques qui
prirent l'opinion d'un feu matériel agissant sur les âmes.
C'est juste une opinion, même si elle est assez fréquente chez
eux. Elle n'engage pas l'Eglise.
Citation: |
Enfin, les Ecritures ne décrivent aucun
lieu intermédiaire entre le Ciel et l'Enfer. On peut
penser qu'il existe des épreuves purificatrices en forme
de péages angéliques mais il ne s'agit pas alors d'un
lieu mais d'un cheminement. |
Ce n'est pas sûr. En analysant bien le
texte de Lazare et du riche, on y voit,à la lettre, un homme
qui 1° A soif de la présence de Dieu (trempe son doigt dans
l'eau). 2°- Est de bonne volonté. 3°- Prie pour ses
frères et pour qu'il ne viennent pas dans ce lieu.
Cela
ne peut être l'enfer des damnés qui est lié à un blasphème
contre l'esprit.
C'est visiblement le purgatoire
mystique (celui de sainte Catherine de Gênes).
Cher
Marcus,
La théologie catholique du purgatoire,
lorsqu'on la regroupe chez tous les Pères catholiques et les
saints comme Catherine de Gênes, ascène deux finalités aux
trois purgatoires qui suivent la Parousie du Christ:
1°
Ils ne visent aucunement à grandir dans l'amour. Face au
Christ et unanimement, les saints admettaient qu'on aime ou
déteste de TOUT SON COEUR, sans aucune croissance de cette
ferveur ou de ce reet. Il s'agit donc de se purifier d'autre
chose qu'on appelait "les restes du péché", autrement dit
un manque d'HUMILITE dans cette manière
d'aimer. L'âme veut devenir DIGNE DE DIEU. Elle se
met elle-même, dans son grand amour, dans ce purgatoire, dit
sainte Catherine.
2° La dette de peine,
qui peut être par contre, remise par indulgence, mais
que l'âme, dans sa ferveur d'amour, veut ELLE-MEME payer
entièrement au Christ dont elle est tombée amoureuse, selon ce
texte:
Citation: |
Luc 19, 8 Mais Zachée, debout, dit au
Seigneur: "Voici, Seigneur, je vais donner la moitié de
mes biens aux pauvres, et si j'ai extorqué quelque chose
à quelqu'un, je lui rends le quadruple." Luc 19, 9 Et
Jésus lui dit: "Aujourd'hui le salut est arrivé pour
cette maison, parce que lui aussi est un fils
d'Abraham. |
Seriez vous intéresé à vous faire une
idée par le concret de ce purgatoire catholique?
Regardez ce lien et ces trente contes sur l'heure de
la mort.
http://eschatologie.free.fr/fichiers/histoires.htm
Pour
le purgatoire mystique, il y a le conte sur 9- Amelia, au
purgatoire jusqu'à la fin du monde
ou encore 14- La
prière pour une âme du purgatoire (les purgatoires
mystiques) _________________ Arnaud | |
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Marcus Intermittent
Inscrit le: 06 Sep
2006 Messages: 75
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Sujet: Satisfaction et Purgatoire Mer 6 Sep - 14:05 |
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Voici en substance ce
qu'explique Mgr Hiérotheos Vlahos, théologien orthodoxe sur
cette question : Désireux de préciser la question du
Paradis et de l'Enfer, et pour exprimer la doctrine de
l'Église, saint Marc d'Ephèse, au Concile de Ferrare-Florence,
expliquait à ses interlocuteurs latins la doctrine
traditionnelle de l'Eglise orthodoxe : à leur mort les justes
ne reçoivent pas leur béatitude tout entière, pas plus que les
pécheurs ne sont emmenés vers le châtiment éternel où ils
seront tourmentés éternellement, mais tant la béatitude que le
châtiment « surviendront nécessairement après le dernier jour
du Jugement et la résurrection de tous ». Justes et pécheurs
se trouvent donc maintenant « chacun dans le lieu qui lui est
destiné », mais les justes se trouvent dans l'aisance et la
liberté qu'ils partagent avec les Anges au ciel, jouissant de
l'avant-goût du Royaume des Cieux, cependant que les pécheurs
se trouvent enfermés dans l'Hadès, attendant dans la gêne et
une inimaginable tristesse la sentence du Juge, car ils se
savent déjà condamnés et prévoient le tourment éternel . De
cet enseignement que nous transmet saint Marc, il ressort bien
qu'il ne saurait exister de situation intérimaire pour les
âmes comprise dans le sens que lui donnaient les latins,
c'est-à-dire comme une situation qui viendrait s'intercaler
entre le Paradis et l'Enfer, un lieu particulier où existerait
un feu purificateur. Mais il existe bien une situation
intérimaire qui est le lot de toutes les âmes en ce sens
qu'après que leur âme est sortie du corps, les justes doivent
attendre la résurrection de leurs corps pour pouvoir jouir
totalement du Paradis, cependant que les pécheurs doivent
attendre de connaître la sentence définitive du Juge et leur
châtiment éternel. Cependant la jouissance qu'auront les
justes de la vue de Dieu, après que l'âme soit sortie du
corps, est très supérieure à ce qu'elle avait été en cette
vie. Il est très caractéristique que saint Marc puisse écrire
qu'après leur mort les justes reçoivent la vision bienheureuse
de Dieu, « et ce rayonnement venu d'en haut est plus pur et
plus parfait que tout ce qu'ils avaient pu connaître en cette
vie » . Depuis les origines, l'Église prie pour les
pécheurs qui sont enfermés dans l'Hadès, « afin qu'ils en
ressentent au moins un petit soulagement, si ce n'est une
totale libération ». On prie surtout pour tous ceux qui sont
morts dans la foi « même s'ils sont pécheurs ». Il existe
certes des cas de saints qui ont prié aussi pour les impies,
mais « l'Église de Dieu n'oublie jamais de prier aussi pour
eux » . Les pécheurs, et ceux qui après leur mort sont
enfermés dans l'Hadès, tirent profit de ces prières, d'une
part parce qu'ils n'ont pas encore été condamnés
définitivement, et qu'ils ne savent pas encore ce que sera la
sentence définitive du Juge, mais d'autre part aussi parce
qu'ils ne se trouvent pas encore dans l'Enfer, ce qui ne
pourra survenir qu'après le Second Avènement du Christ. Si
cela vaut pour les pécheurs, combien plus de profit encore
tireront de ces prières ceux qui se seront convertis, sans
parvenir à achever cette conversion et à obte-nir
l'illumination de leur intellect ? S'ils n'ont commis que de
petits péchés, des péchés légers, ils pourront recevoir
l'héritage réservé aux justes et aller dans les demeures de
ceux-ci, et « leurs difficultés seront allégées, ils pourront
nourrir des espérances plus fondées » . De là, et c'est
Marcus qui reprend le flambeau, il apparaît que les prières de
l'Eglise profitent, soit aux âmes qui sont en train de passer
les péages angéliques dont je parlais précédemment, soit aux
âmes qui se trouvent dans l'Hadès parce qu'elles sont mortes
en état de péché. Si ce péché était léger, la prière des
vivants permettra au défunt de gagner l'avant-goût du Ciel
auprès des anges, s'il était très grave, cette prière
atténuera au moins les souffrances du mort dans l'Hadès et
ultérieurement dans l'Enfer définitif. L'Eglise orthodoxe ne
cherche d'ailleurs pas à se prononcer sur ce qui est péché
"purifiable" ou ne l'est pas car les variables personnelles
sont innombrables (c'est la question de l'imputabilité en
scolastique et en casuistique latine...) et la Miséricorde
divine est infinie, étant sauve la liberté de l'âme
concernée. | |
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Arnaud Dumouch Indéssoudable

Inscrit le: 19 Mai 2005 Messages:
13338 Localisation: Belgique
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Sujet: Satisfaction et Purgatoire Mer 6 Sep - 14:24 |
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Cher Marcus,
L'Hadès
(autrement dit le passage de la mort) est gardé dans l'Eglise
catholique travers le témoignage de saint Bernard, mais aussi
de sainte Faustine, et récemment de Marthe Robin. Il est
attesté comme une deuxième étape, durant quelques minutes pour
la plupart des gens, mais plusieurs siècles pour d'autres,
entre ce monde et l'autre. C'est une sorte de prolongement de
cette vie terrestre, pour quelques personnes ayant besoin d'un
peu plus de temps. C'est aussi le domaine des âme errantes.
Mais ce purgatoire là n'est que la deuxième étape du
purgatoire, après la première étape du purgatoire qui est la
vie terrestre.
La troisième étape (le troisième Ciel
de saint Paul) est la Parousie du Christ accompagné des saint
et des anges. C'est un purgatoire brûlant, tant son amour
révèle notre propre péché..
Ce n'est qu'ensuite,
lorsque cette apparition a provoqué la séparation des bons et
des méchants, que vient pour ceux qui ont encore de la fierté
(donc qui ne sont pas tout humbles) les purgatoires
mystique.
Au XVI° siècle, l'Eglise s'est prononcée sur
l'hypothèse alors débattue de saint Marc d'Ephèse.
Et,
par un décret dogmatique solennel, elle a tranché si bien que,
dans la foi catholique, le débat est clos sur ce
point:
Voici le décret (Benedictus
Deus): _________________ Arnaud | |
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Arnaud Dumouch Indéssoudable

Inscrit le: 19 Mai 2005 Messages:
13338 Localisation: Belgique
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Sujet: Satisfaction et Purgatoire Mer 6 Sep - 14:26 |
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Constitution dogmatique
Benedictus Deus, Benoît XII,
1336
«Par la présente
constitution, qui restera à jamais en vigueur, et de notre
autorité apostolique, Nous définissons que, d’après la
disposition générale de Dieu, les âmes de tous les saints qui
ont quitté ce monde avant la Passion de notre Seigneur
Jésus-Christ: que celles des saints Apôtres, martyrs,
confesseurs, vierges et autres fidèles morts après avoir reçu
le saint baptême du Christ, en qui il n’y a rien eu à purifier
lorsqu’ils sont morts ou en qui il n’y aura rien à purifier
lorsqu’ils mourront dans la suite ou encore, s’il y a eu ou
qu’il a quelque chose à purifier, lorsque, après leur mort,
elles auront achevé de le faire; que, de même, les âmes des
enfants régénérés par ce même baptême du Christ ou encore à
baptiser, une fois qu’ils l’auront été, s’ils viennent à
mourir avant d’user de leur libre-arbitre, (que toutes les
âmes de ces enfants), aussitôt après leur mort
et la purification dont nous avons parlé pour celles
qui en auraient besoin, avant même la résurrection dans leur
corps et le Jugement général, et cela depuis l’Ascension du
Seigneur et Sauveur Jésus-Christ au Ciel, ont été, sont et
seront au Ciel, au Royaume des cieux et au paradis céleste
avec le Christ, admises dans la société des saints
anges.
En outre, nous définissons que, selon la
disposition générale de Dieu, les âmes de ceux qui meurent en
état de péché mortel descendent aussitôt après leur mort en
enfer, où elles sont tourmentées de peines infernales.»
Il faut noter cet [b]"aussitôt après la
mort",[/b] autrement dit, en langage biblique,
aussitôt après le passage de la mort (l'Hadés sans
doute). _________________ Arnaud | |
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Marcus Intermittent
Inscrit le: 06 Sep
2006 Messages: 75
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Sujet: Satisfaction et Purgatoire Mer 6 Sep - 14:42 |
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Cher
Arnaud,
L'Eglise romaine a donc pour dogme que le
Jugement particulier suffit à obtenir la plénitude de la
rétribution. On se demande à quoi servira alors le jugement
dernier... Elle a aussi dogmatisé l'existence du "péché
mortel" qui damne, sans possibilité de délivrance par la
prière de l'Eglise, alors que la discussion reste assez
ouverte dans l'Orthodoxie. En revanche je vous concède que,
dans les deux Eglises, nous nous accordons pour considérer
comme figé l'état de l'âme "au moment de la mort", le Salut
ultérieur ne venant, même pour les Grecs, que de la prière des
vivants. Le pape a donc tranché contre nombre de pères
grecs au nom de son autorité "pétrinienne" ensuite elle-même
dogmatisée en 1870. Je respecte cette croyance à laquelle j'ai
adhéré à une époque mais si l'on s'en tient à la doctrine
selon laquelle ne peut être dogmatisé, et seulement par un
Concile, que ce qui a été cru partout, toujours et par tous
(St Vincent de Lerins), il y a un petit hic....
Bien à
vous. | |
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Arnaud Dumouch Indéssoudable

Inscrit le: 19 Mai 2005 Messages:
13338 Localisation: Belgique
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Sujet: Satisfaction et Purgatoire Mer 6 Sep - 15:07 |
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[quote="Marcus"]Cher
Arnaud,
Citation: |
L'Eglise romaine a donc pour dogme que
le Jugement particulier suffit à obtenir la plénitude de
la rétribution. On se demande à quoi servira alors le
jugement dernier... |
Deux jugement donc: 1° Le jugement
individuel, juste après la mort et la parousie du Christ, et
qui attribue en fonction de notre choix notre éternité. 2°
Le jugement général, après la fin du monde et la résurrection,
et qui, éternellement, montre tout de TOUS à nous tous. Nous
verrons les tenants et aboutissant de tout, la raison et la
justesse du destin éternel de chacun etc.
Citation: |
Elle a aussi dogmatisé l'existence du
"péché mortel" qui damne, sans possibilité de délivrance
par la prière de l'Eglise, alors que la discussion reste
assez ouverte dans l'Orthodoxie.
|
Attention, parmi les péchés mortels,
seuls le blasphème contre l'Esprit Saint, c'est à dire celui
qu'un homme maintient en toute lucidité à l'heure de sa mort
FACE AU CHRIST QUI PROPOSE SON PARDON, damne. C'est conforme à
ce texte de Jésus (qui parles des péchés mortels de faiblesse
ou de la mort spirituelle due à l'ignorance) :
Citation: |
Matthieu 12, 31 Aussi je vous le dis,
tout péché et blasphème sera remis aux hommes, mais le
blasphème contre l'Esprit ne sera pas remis. Matthieu
12, 32 Et quiconque aura dit une parole contre le Fils
de l'homme, cela lui sera remis; mais quiconque aura
parlé contre l'Esprit Saint, cela ne lui sera remis ni
en ce monde ni dans l'autre. |
Citation: |
En revanche je vous concède que, dans
les deux Eglises, nous nous accordons pour considérer
comme figé l'état de l'âme "au moment de la mort", le
Salut ultérieur ne venant, même pour les Grecs, que de
la prière des vivants. |
Pour être précis, il vaut mieux dire en
théologie catholique APRES LA MORT. C'est après la mort et non
dans le passage de Hadès que l'âme se fige, non parce que sa
liberté serait détruite, mais parce qu'elle est PARFAITE. Elle
a tout su, tout u, tout pesé. Luifer lui a montré son projet
de monde où la dignité domine. Elle a opté, en sachant qu'en
enfer, le feu de l'absence de Dieu règne.
Citation: |
Le pape a donc tranché contre nombre de
pères grecs au nom de son autorité "pétrinienne" ensuite
elle-même dogmatisée en 1870. Je respecte cette croyance
à laquelle j'ai adhéré à une époque mais si l'on s'en
tient à la doctrine selon laquelle ne peut être
dogmatisé, et seulement par un Concile, que ce qui a été
cru partout, toujours et par tous (St Vincent de
Lerins), il y a un petit
hic.... |
C'est vrai. C'est pourquoi ces dogmes
ne concernent que les catholiques. Et encore la plupart des
théologiens les prennent comme de simples opinions. En cela,
ils ne sont pas logiques avec leur foi.
Pour ma part,
j'ai opté pour la chose suivante: Je prends les dogmes
comme ils sont, à savoir des bornes techniques du vrai et du
faux, sans ajouter ni retirer un mot.
Et je
m'aperçois de quoi 'Sylie qui est orthodoxe vous le dira): A
prt quelques certitudes que les orthodoxes n'ont pas, elle dit
parfois que je pense comme les orthodoxes. C'est un beau
compliment. _________________ Arnaud | |
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Marcus Intermittent
Inscrit le: 06 Sep
2006 Messages: 75
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Sujet: Satisfaction et Purgatoire Mer 6 Sep - 16:34 |
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Cher Arnaud,
La
théorie des trois purgatoires n'est pas dans le dogme romain
je crois, pas plus que votre thèse sur "le péché contre
l'Esprit seul damne", laquelle reste, je le reconnais, la
seule solution acceptable pour concilier la Miséricorde
infinie de Dieu "ami des hommes"" philanthropos" avec la
dogmatique latine....
Avouez qu'on a l'impression que
Rome s'est dit "Pourquoi faire simple quand on peut faire
compliqué ?! " Notez que si c'était resté des dubia,
l'Orthodoxie serait moins hostile même si c'est contraire à
pas mal de Pères. Le "flou artistique" orthodoxe (je crois
que c'est un peu comme ça que vous voyez la non-dogmatisation
chez les Grecs) n'est pas le résultat de l'incapacité à réunir
un Concile. Il est voulu. Vous parait-il gênant pour mener une
vie spirituelle ? Moi je trouve qu'il correspond à la
souveraine liberté des enfants de Dieu devant ce qui n'est pas
essentiel au Salut et à la déification dès ici bas. Le pape
infaillible ? Saint Grégoire le Grand n'en aurait pas voulu,
lui qui contestait que quiconque porte le titre de Patriarche
oecuménique, traduit en latin comme "universalis", terme
repris pourtant ce me semble dans le dogme de 1870 sous la
forme d'épiscopat universel du pape (lette au P. de
Constantinople)...
Bien cordialement. | |
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Arnaud Dumouch Indéssoudable

Inscrit le: 19 Mai 2005 Messages:
13338 Localisation: Belgique
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Sujet: Satisfaction et Purgatoire Mer 6 Sep - 18:05 |
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|
Marcus a
écrit: |
Cher Arnaud,
La théorie des trois
purgatoires n'est pas dans le dogme romain je crois, pas
plus que votre thèse sur "le péché contre l'Esprit seul
damne", laquelle reste, je le reconnais, la seule
solution acceptable pour concilier la Miséricorde
infinie de Dieu "ami des hommes"" philanthropos" avec la
dogmatique latine.... |
C'est vrai. Ce sont les visions de
saint Catherine de Gênes, ici:
http://eschatologie.free.fr/livres/traitepurgatoire.zip Seul
le péché contre l'Esprit Saint damne est un dogme par
"concomitance", disait le Cardinal Ratzinger: 1° Benoît XII
qui dit que tout homme qui meurt avec un péché mortel est
damné. 2° La définition dogmatique du péché mortel "comme
un acte impliquant pleine lucidité, pleine maîtrise de soi,
pleine liberté" (autrement dit, c'est l'acte d'un croyant face
au Christ).
Citation: |
Avouez qu'on a l'impression que Rome
s'est dit "Pourquoi faire simple quand on peut faire
compliqué ?! " Notez que si c'était resté des dubia,
l'Orthodoxie serait moins hostile même si c'est
contraire à pas mal de Pères. |
Ce qui est dogmatique est simple: 1°
Vision béatifique aussitôt après la mort pour ceux qui n'ont
plus rien à purifier. 2° Purgatoire par diverses peines
pour ceux qui doivent encore se purifier. 3° Enfer éternel
pour ceux qui sont luidement et librement dans le rejet de
Dieu.
Le reste sort de l'ensemble de la Tradition des
Saints (selon la méthode orthodoxe).
Citation: |
Le "flou artistique" orthodoxe (je crois
que c'est un peu comme ça que vous voyez la
non-dogmatisation chez les Grecs) n'est pas le résultat
de l'incapacité à réunir un Concile. Il est voulu. Vous
parait-il gênant pour mener une vie spirituelle ? Moi je
trouve qu'il correspond à la souveraine liberté des
enfants de Dieu devant ce qui n'est pas essentiel au
Salut et à la déification dès ici
bas. |
La
vérité toute entière AIDE A AIMER.
Citation: |
Le pape infaillible ? Saint Grégoire le
Grand n'en aurait pas voulu, lui qui contestait que
quiconque porte le titre de Patriarche oecuménique,
traduit en latin comme "universalis", terme repris
pourtant ce me semble dans le dogme de 1870 sous la
forme d'épiscopat universel du pape (lette au P. de
Constantinople)... |
C'est certes une question de foi, mais
aussi de promesse EXPLICITE DE JESUS DANS L'ECRITURE, rappelée
plusieurs fois à Pierre et à nul autre dans tellement de texte
qu'il faut le faire pour arriver à les
relativiser.
En voici quelques uns:
Citation: |
Ce premier texte précise
qu'infaillibilité ne signifie pas impeccabilité:
Citation: |
Luc 22, 31 "Simon, Simon, voici
que Satan vous a réclamés pour vous cribler comme
froment; Luc 22, 32 mais moi j'ai prié pour
toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc,
quand tu seras revenu, affermis tes
frères." Luc 22, 33 Celui-ci lui dit:
"Seigneur, je suis prêt à aller avec toi et en
prison et à la mort." Luc 22, 34 Mais il dit:
"Je te le dis, Pierre, le coq ne chantera pas
aujourd'hui que tu n'aies, par trois fois, nié me
connaître." |
Ce deuxième texte précise que
c'est une infaillibilité intellectuelle mais pas...
PRATIQUE (pastorale) :
Citation: |
Matthieu 16, 17 En réponse, Jésus
lui dit: "Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car
cette révélation t'est venue, non de la chair et
du sang, mais de mon Père qui est dans les
cieux. Matthieu 16, 18 Eh bien! moi je te dis:
Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon
Eglise, et les Portes de l'Hadès ne tiendront pas
contre elle. Matthieu 16, 19 Je te donnerai les
clefs du Royaume des Cieux: quoi que tu lies sur
la terre, ce sera tenu dans les cieux pour lié, et
quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans
les cieux pour délié." Matthieu 16, 20 Alors il
ordonna aux disciples de ne dire à personne qu'il
était le Christ. Matthieu 16, 21 A dater de ce
jour, Jésus commença de montrer à ses disciples
qu'il lui fallait s'en aller à Jérusalem, y
souffrir beaucoup de la part des anciens, des
grands prêtres et des scribes, être tué et, le
troisième jour, ressusciter. Matthieu 16, 22
Pierre, le tirant à lui, se mit à le morigéner en
disant: "Dieu t'en préserve, Seigneur! Non, cela
ne t'arrivera point!" Matthieu 16, 23 Mais lui,
se retournant, dit à Pierre: "Passe derrière moi,
Satan! tu me fais obstacle, car tes pensées ne
sont pas celles de Dieu, mais celles des
hommes!" | q
Ce troisième texte prouve
que Pierre à tout de même une mission pastorale, en
plusieurs étapes, jusqu'à la fin (son
martyre):
Citation: |
Jean 21, 15 Quand ils eurent
déjeuné, Jésus dit à Simon-Pierre: "Simon, fils de
Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci?" Il lui
répondit: "Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime."
Jésus lui dit: "Pais mes agneaux." Jean 21, 16
Il lui dit à nouveau, une deuxième fois: "Simon,
fils de Jean, m'aimes-tu" - "Oui, Seigneur, lui
dit-il, tu sais que je t'aime." Jésus lui dit:
"Pais mes brebis." Jean 21, 17 Il lui dit pour
la troisième fois: "Simon, fils de Jean,
m'aimes-tu?" Pierre fut peiné de ce qu'il lui eût
dit pour la troisième fois: "M'aimes-tu", et il
lui dit: "Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que
je t'aime." Jésus lui dit: "Pais mes
brebis. Jean 21, 18 En vérité, en vérité, je te
le dis, quand tu étais jeune, tu mettais toi-même
ta ceinture, et tu allais où tu voulais; quand tu
auras vieilli, tu étendras les mains, et un autre
te ceindra et te mènera où tu ne voudrais
pas." Jean 21, 19 Il signifiait, en parlant
ainsi, le genre de mort par lequel Pierre devait
glorifier Dieu. Ayant dit cela, il lui dit:
"Suis-moi." |
Le dogme de Vatican II précise
ces points sous forme
technique... | _________________ Arnaud | |
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Sophie Indéssoudable
Inscrit le: 20 Mai
2005 Messages: 1220
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Sujet: Satisfaction et Purgatoire Mer 6 Sep - 19:58 |
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Dernière édition par Sophie le Lun 23
Oct - 22:24, édité 1 fois | |
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VexillumRegis Passionné

Inscrit le: 24 Sep 2005 Messages:
178
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Sujet: Satisfaction et Purgatoire Mer 6 Sep - 20:03 |
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A propos de la théorie de
la satisfaction :
Que dire
finalement de la théorie dite classique de saint Anselme
?
Nous pouvons écarter le côté moyenâgeux de l'honneur
lésé de Dieu, mais nous devons y substituer l'idée d'un amour
divin bafoué par le péché. Ici, dit le père Galot, "le
témoignage de l'Ecriture est formel. Le péché y apparaît comme
une offense faite à Dieu". Car, ainsi que dit le père
Guillet, "Dieu s'est engagé dans le monde et s'est rendu
vulnérable".
Il serait absolument indigne de Dieu de
révéler d'abord une justice à la fois gracieuse et exigeante,
et de laisser tomber ensuite toute exigence et tout jugement,
pour ne manifester qu'un amour insoucieux du comportement des
hommes. A cet endroit, on ne peut dépasser Anselme.
Reste la question qui revient toujours : ce Dieu qui
envoie son Fils dans cette mort affreuse, n'est-il pas cruel,
inhumain ? (...)
S'il est le Fils de Dieu, comme
l'affirme le centurion (Mt 27, 54), alors tout change. Alors
nous entrons dans un drame divin, un drame trinitaire, et en
chrétiens nous ne pouvons plus partir d'une vision arienne de
la divinité : un Dieu suprême, nommé Père, donnant des ordre à
un Dieu subordonné ou demu-Dieu ou surhomme, qui aurait à les
exécuter, pour ne rien dire du Saint-Esprit, qui dans ce cas
ne saurait être l'esprit commun du Père et du Fils, mais tout
au plus une instance subordonnée au Fils.
En tant que
chrétiens, notre point de départ ne peut être qu'une Trinité
homoousios, en laquelle la liberté, la dignité, la
spontanéité du Fils et de l'Esprit sont aussi divines que
celles du Père, où le Fils et l'Esprit n'approuvent et
n'exécutent pas seulement les ordres du dessein créateur et
salvifique du Père, mais le conçoivent originairement dans la
plus parfaite unité avec lui.
Et puisque c'est le Fils
qui, dans ce plan du salut, aura à souffrir pour justifier que
ce monde -même coupable- puisse être finalement jugé très
bon, puisque c'est lui qui aura à en porter le poids comme
un Atlas spirituel, il ne suffît pas de supposer qu'il
acquiesce à la proposition du Père, mais il faut admettre que
la proposition procède originairement de lui, que lui-même
s'offre au Père pour soutenir et sauver l'oeuvre de la
création. (...)
Rien n'empêche d'admettre que pour le
salut du monde le Père envoie le Fils, guidé sur terre par
l'Esprit qui lui désigne à chaque instant la volonté du Père,
et que cette volonté soit à la fois amour infini des créatures
et respect infini pour l'offre du Fils, que le Père a acceptée
et que l'Esprit laisse se réaliser, jusqu'à cette diastase
suprême du Père et du Fils sur la croix, qui est en vérité
l'ultime révélation de la tripersonnalité de
Dieu.
Hans Urs von
Balthasar, Au coeur du mystère rédempteur,
Soceval, 2005, pp. 57-62. _________________ La Cité catholique -
Forum politique et religieux | |
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VexillumRegis Passionné

Inscrit le: 24 Sep 2005 Messages:
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Marcus Intermittent
Inscrit le: 06 Sep
2006 Messages: 75
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Sujet: Satisfaction et Purgatoire Jeu 7 Sep - 7:28 |
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Voilà ce que dit le
théologien grec Alexandre Kalomiros, aujourd'hui décédé, de la
notion de "Dieu juste" dans l'orthodoxie et de la position
orthodoxe sur les thèses latines :
"Dans la langue des
Saintes Ecritures, 'juste' signifie donc bon et aimant.
Lorsque nous parlons des justes de l'Ancien Testament, nous ne
voulons pas dire qu'ils étaient de bons juges, mais qu'ils
étaient bons et qu'ils aimaient Dieu. Lorsque nous disons que
Dieu est juste, cela ne signifie pas qu'Il est un bon juge qui
sait punir les hommes équitablement selon la gravité de leurs
crimes, mais au contraire qu'Il est bon et aimant, pardonnant
toutes les transgressions et toutes les désobéissances, qu'Il
veut nous sauver par tous les moyens et qu'Il ne rend jamais
le mal pour le mal(21). Il me faut citer ici un texte
magnifique de saint Antoine tiré du premier volume de la
Philocalie : «Dieu est bon, impassible et immuable.
Cependant, celui qui croit raisonnable et vrai d'affirmer que
Dieu ne change pas peut se demander comment on peut alors dire
qu'Il se réjouit à la vue des bons et fait miséricorde à ceux
qui le servent et l'adorent, et qu'Il se détourne des méchants
et s'irrite contre les pécheurs. Il faut répondre à cela que
Dieu ne se réjouit pas et qu'Il ne se met pas en colère, car
joie et colère sont des passions. Il n'est pas non plus
satisfait par les dons de ceux qui L'honorent, car Il serait
alors dominé par le plaisir. La Divinité ne ressent ni plaisir
ni déplaisir des choses humaines. Dieu est bon, Il n'envoie
que des bénédictions et ne cause jamais de tort, restant
toujours le même et identique à soi. Quant à nous hommes, si
nous restons bons et ressemblants à Dieu, nous nous tenons
unis à Lui, mais si nous devenons mauvais en cessant de Lui
ressembler, nous nous séparons de Lui. En vivant dans la
sainteté, nous restons attachés à Dieu, mais en devenant
méchants nous en faisons notre ennemi. Ce n'est pas qu'Il se
fâche contre nous de façon arbitraire ; ce sont nos propres
péchés qui empêchent Dieu de briller en nous et qui nous
exposent aux démons qui nous torturent. Si nous obtenons la
rémission de nos péchés par la prière et par des actes de
compassion, cela ne signifie pas que nous avons conquis Dieu
et l'avons fait changer, mais que par nos actions et par notre
conversion vers la Divinité, nous nous sommes guéris de notre
méchanceté et que nous jouissons à nouveau de la bonté de
Dieu. Ainsi, dire que Dieu se détourne des méchants revient à
dire que le soleil se cache des aveugles(22)».
Vous
saisissez dès lors comment Dieu a été diffamé par la théologie
occidentale. Augustin, Anselme, Thomas d'Aquin et tous leurs
disciples, sur lesquels est fondée la théologie papiste ou
protestante, ont contribué à cette calomnie «théologique». Ils
n'ont certes pas dit clairement et expressément que Dieu est
un être mauvais et passionné. Ils Le considéraient plutôt
comme prisonnier d'une force supérieure, d'une Nécessité
sombre et implacable ressemblant à celle qui gouvernait les
dieux païens. Cette Nécessité oblige Dieu à rendre le mal pour
le mal et ne Lui permet pas de pardonner et d'oublier le tort
fait à Sa volonté à moins qu'une satisfaction infinie Lui soit
offerte. Nous abordons ici la grande question de
l'influence du paganisme hellène sur le
christianisme.
La mentalité païenne fut à l'origine de
toutes les hérésies. Elle était très forte en Orient,
carrefour de tous les courants philosophiques et religieux.
Nous lisons toutefois dans le Nouveau Testament que «là où le
péché avait abondé, la grâce surabonda» ; là où les hérésies
prospérèrent, l'orthodoxie prospéra aussi et sortit toujours
victorieuse des persécutions des puissants de ce monde. En
Occident, au contraire, la mentalité païenne grecque pénétra
subrepticement, sans prendre l'aspect d'une hérésie. Elle
s'infiltra dans la multitude des textes latins dictés par
Augustin, évêque d'Hippone. Saint Jean Cassien qui vivait
alors en Occident comprit les dangers des doctrines
augustiniennes et les combattit. Malheureusement, les autres
Pères de l'Eglise ne purent étudier les oeuvres d'Augustin,
écrites en latin et très volumineuses. Elles ne furent donc
pas condamnées comme celles d'Origène le furent en Orient, ce
qui leur permit d'exercer ultérieurement une forte influence
sur la pensée et la théologie occidentales. L'Occident oublia
peu à peu le grec, et les écrits d'Augustin devinrent les
seuls textes patristiques accessibles. L'Occident reçut donc
comme chrétiennes des doctrines fortement teintées de
paganisme. L'évolution de Rome vers le césaro-papisme empêcha
toute réaction salutaire, et l'Occident s'engloutit dans la
pensée humaniste païenne qui continue d'y régner.
Nous
nous retrouvons donc avec un Orient de langue grecque
demeurant essentiellement le nouvel Israël, ayant conservé la
pensée et la sainte tradition des Israélites, et un Occident
ayant oublié le grec et rompu les liens avec l'Empire
d'Orient, mais héritier de la pensée et de la mentalité
helléniques païennes avec lesquelles il a forgé un
christianisme frelaté. En réalité, l'opposition entre
l'orthodoxie et le christianisme occidental n'est rien d'autre
que la continuation de l'opposition entre Israël et
Hellas. Il ne faut jamais oublier que les Pères de l'Eglise
se considéraient comme les véritables fils spirituels
d'Abraham, que l'Eglise se concevait comme le nouvel Israël et
que les peuples orthodoxes, grec, russe, bulgare, serbe,
roumain et autres avaient conscience d'être, tel Nathanaël, de
vrais Israélites, le peuple de Dieu. Alors que telle était la
conscience de la chrétienté orientale, l'Occident devenait de
plus en plus le fils de la civilisation gréco-romaine païenne
et humaniste."
Notes
21) «Et qu'est-ce qu'un
cœur miséricordieux ? C'est un cœur qui brûle pour toute la
création, pour les hommes et pour les oiseaux et pour les
animaux et pour les démons, et pour toute créature. De leur
souvenir et de leur contemplation ses yeux fondent en larmes.
A cause de la grandeur et de la force de cette compassion, qui
lui étreint le cœur, et à cause de sa grande patience son cœur
se fait tout petit et il ne peut supporter ni d'entendre ni de
voir le moindre dommage ou le moindre chagrin survenir dans la
création. Pour cette raison, à toute heure, il prie avec
larmes, aussi bien pour les animaux, et pour les ennemis de la
vérité, et pour ceux qui lui font du mal, afin que Dieu les
garde et les prenne tous également en pitié, il prie même pour
la race des reptiles, à cause de sa grande miséricorde qui
bouillonne dans son cœur d'une façon démesurée, à la
ressemblance de Dieu», Isaac le Syrien, Homélies,
81.
22) Philocalie, chapitre 150. «Ce n'est pas Dieu
qui hait, c'est nous, car Dieu n'éprouve jamais de haine», dit
saint Jean Chrysostome | |
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VexillumRegis Passionné

Inscrit le: 24 Sep 2005 Messages:
178
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Marcus Intermittent
Inscrit le: 06 Sep
2006 Messages: 75
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Sujet: Satisfaction et Purgatoire Jeu 7 Sep - 10:45 |
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Cher Vexillum Regis,
j'avais déjà lu le texte de Louis Jugnet qui résume de façon
assez honnête certaines divergences dogmatiques entre les deux
Eglises. Mais cela reste un catalogue plus qu'un argumentaire.
Ainsi, son hostilité violente à la théorie palamite des
énergies se traduit par des remarques d'opportunité ou
d'autorité mais ne prend pas en compte l'énorme travail
d'exégèse scripturaire et patristique de Saint Grégoire
Palamas pour élaborer sa théologie. De même pour le
filioque qui, dit-il, s'imposerait aux consciences
catholiques, soit ! Mais au nom de quoi ? De l'inerrance de
l'Eglise romaine et de son pasteur ? D'accord mais c'est un
argument d'autorité et non un raisonnement théologique.
D'ailleurs le pape de Rome, Jean-Paul II, au moment des
"accords de Balamant" avait quasiment ravalé le filioque à un
avatar liturgique du Credo, propre à l'Eglise de Rome... Ouf,
quel changement de ton, au demeurant fort sympathique
lorsqu'on a lu Saint Jean l'Evangéliste "... l'Esprit qui
procède du Père..." et le texte grec du Credo de Nicée...
Pourquoi donc les pères de ce Concile auraient-ils été
incomplets dans leur définition ? Une inattention du
Saint-Esprit, justement sur un sujet Le concernant pourtant
directement ? En outre, lauteur montre son attachement
viscéral à la logique scholastique lorsqu'il s'en prend à
l'apophatisme en dénonçant le "minimum de dogmes" qu'il
explique par l"anarchie" ecclésiastique qui régnerait en
Orient. Décidément, les latins n'ont qu'une obsession, que
l'on retrouve, je le dis en toute amitié, chez certains sur ce
forum : le plus de dogmes possibles ! Comme si on louait Dieu
par la surenchère du dogme et non par la beauté et la grandeur
de la liturgie immuable. D'ailleurs, il est symptomatique que
certains se préoccupent tant de faire proclamer de nouveaux
dogmes mariaux ou concernant St Joseph comme si cela ajoutait
au culte légitime qu'on leur rend ! Quelle curiosité aussi
de voir l'auteur trouver que les orthodoxes accentuent trop
les mystères glorieux ! Le Christ est-il en Gloire aujourd'hui
? OUI ! La chair et le sang que nous consommons au banquet
eucharistique sont la Chair et le Sang transfigurés d'un
Christ victorieux. Il ne s'agit pas de nier la Croix mais de
la voir comme un Passage. La Croix nous délivre parce qu'il y
a la Résurrection après. | |
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Arnaud Dumouch Indéssoudable

Inscrit le: 19 Mai 2005 Messages:
13338 Localisation: Belgique
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Sujet: Satisfaction et Purgatoire Jeu 7 Sep - 12:21 |
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Citation: |
Vous saisissez dès lors comment Dieu a
été diffamé par la théologie occidentale. Augustin,
Anselme, Thomas d'Aquin et tous leurs disciples, sur
lesquels est fondée la théologie papiste ou protestante,
ont contribué à cette calomnie «théologique». Ils n'ont
certes pas dit clairement et expressément que Dieu est
un être mauvais et passionné. Ils Le considéraient
plutôt comme prisonnier d'une force supérieure, d'une
Nécessité sombre et implacable ressemblant à celle qui
gouvernait les dieux païens. Cette Nécessité oblige Dieu
à rendre le mal pour le mal et ne Lui permet pas de
pardonner et d'oublier le tort fait à Sa volonté à moins
qu'une satisfaction infinie Lui soit offerte. Nous
abordons ici la grande question de l'influence du
paganisme hellène sur le
christianisme. |
Cher Marcus,
le théologien grec
Alexandre Kalomiros était en écrivant cela dans la longue
tradition de ce schisme mutuel (rupture de la charité et de
l'écoute) en Occident et Orient qui provoquait l'effet suivant
dans les deux camps: on prenait le pire de l'autre (ou encore
l'interprétation la pire) et on disait que c'était la pensée
de l'autre.
C'est un phénomène qu'on voit assez
fréquement dans les couples qui divorces:
Avant, ils
disent partout que l'autre est le meilleurs
conjoint.
Après le divorce et la rupture, les qualités
qu'on voyait chez l'autre sont devenus des
défauts.
L'interprétation que donne le théologien grec
Alexandre Kalomiros existe dans l'Eglise et a existé. Je
disais à Hélène l'autre jour avoir été confronté un jour à un
thomiste de ce genre. Une telle rencontre est
traumatisante.
Mais il va de soi que cette
interprétation de saint Thomas (dont la souplesse de pensée,
la nuance, est connue) est celle qui fut pratiquée par
beaucoup à l'époque des guerres avec les Luthériens. Elle est
périmmée. _________________ Arnaud | |
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Marcus Intermittent
Inscrit le: 06 Sep
2006 Messages: 75
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Sujet: Satisfaction et Purgatoire Lun 11 Sep - 5:41 |
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Finalement, le problème est
de savoir si on doit prendre les références scripturaires qui
parlent de "dettes" en évoquant la remise des péchés pour des
métaphores ou non ? Le fait est qu'il y a des passages
comme celui du fils prodigue qui ne visent aucune sorte de
dette due par le pécheur puisque le fils ne doit même pas
restituer sa part d'héritage ! La plupart des Pères grecs
ont toujours considéré que, si l'Ecriture vise une dette,
c'est une dette d'amour et non une dette juridique. La
théologie de la satisfaction systématisée par Anselme est donc
une "création" postérieure à 1054 et unilatérale. | |
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Satisfaction et Purgatoire |
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