Cher Gerber d'Aurillac,

Il semblerait que, avant le retour du Christ, les nations disparaissent por laisser place, un temps, au rêgne mondial de l'Antéchrist. C'est ce que semble annoncer saint Paul: "2 Thess 2: "Avant la Venue du Messie doit se révéler l'être impie, celui qui s'élève au dessus de tout etc."

Cher Ami,
Il convient d'abord de revenir sur le concept de prophétie. La prophétie est une annonce faite de la part de Dieu, elle peut être une révélation quant à sa volonté, illustrer un aspect de son mystère, annoncer un évènement bon ou mauvais.

Nous savons, depuis maintenant 20 ans, que des informaticiens ont découvert un code d'accès à la Bible qui permet de trouver toute une série de prophéties réalisées avec des détails extraordinaires tel: le nom d'Hitler et celui du pape Jean-Paul II, ainsi que l'annonce de toutes ses encycliques.

Peut-on croire que l'annonce faite à Abraham des camps de la mort affirme que Dieu a voulu ce massacre ? L'amour peut-il vouloir le mal pour la seule satisfaction du mal? Non !

Que Dieu face une prophétie, ne signifie pas qu'il y apporte sa volonté. Il a annoncé la lutte fratricide dans la maison de David, il ne l'a certainement pas approuvée, même s'il l'a laissé faire. Dieu respecte la liberté qu'il a offerte à l'homme avec le dont de la vie et de l'intelligence. Libre à l'homme d'en faire l'usage qu'il voudra.

Dans le cas d'Israël, l'annonce de sa "restauration" ne signifie pas que Dieu le veuille, même s'il est entrain de s'en servir pour amener le jugement des nations. Dieu est certes, le maître de l'histoire, mais l'homme reste jusqu'à sa totale mise en danger du principe de génération ou de sa mémoria dei libre de son choix dans ses actes, ce qui n'a rien de rassurant. Mais nous savons par notre foi et notre espérance que nous catho nous n'avons pas à rechercher ce qui est rassurant, surtout pas nous intellectuels !... Ne tombons pas dans un travers qui peut nous être fatal et nous engager sur des voies idéologiques et des raidissements qui portent atteinte à la plus élémentaire des charités.

Dieu, me dites-vous, peut permettre des injustices politiques et individuelles pour une justice supérieure ordonnée pour la vie éternelle, j'en suis d'accord, mais quand cette injustice entraîne une désespérance qui peut aller jusqu'au blasphème, jusqu'au rejet de Dieu, pour le commun des mortels cela est et demeure inacceptable, inexcusable. Désespérer de la vie, de l'amour, de tout sourire n'est pas permis par Dieu et ne peut entrer dans son plant de salut.
Je vous assure mon très cher ami, qu' Israël contemporain n'a aucune légitimité politique ni juridique et, cela les palestiniens le savent, c'est aussi ce que dit l'Eglise et ce qui explique l'extraordinaire difficulté pour reconnaître cet état, reconnaissance toute ressente.

S'il est vrai que cet état est de plein pieds dans la ligne droite du jugement des nations, si son histoire est fabuleuse et qu'il reste le peuple élu, il n'en demeure pas moins que sa création est un non-sens de justice et que vous le vouliez ou non, une gaffe de première en politique. Sa création moderne est le fait concurrent de la lâcheté et de l'orgueil des nations. Etrangement, je dis que Castro, si condamnable qu'il soit par ailleurs, a fait preuve d'un grand courage politique, de beaucoup de bon sens, en ne reconnaissant pas cet état.

Dans plusieurs passages de Maria Valtorta, on constate que déjà à l'époque de Jésus certains mystiques savaient que la fin de l'état juif était nécessaire théologiquement et que, tout espérance dans un retour d'un pouvoir façon David était perçu comme une errance de l'esprit.

Je ne reviendrai pas sur ce sujet pour le moment, je veux d'abord terminer mon article qui s'annonce plutôt un mémoire sur ce sujet. Nous aurons alors tout loisir d'en disputer le fond.

Avec toute mon amitié et mon affection spirituelle.
 

Vous posez ici la vraie question, celle qui rend si mystérieuse l'action de Dieu sur les hommes.

La question est: "Dieu peut-il VOULOIR un mal pour en faire sortir un bien?

Vous répondez non. Dieu ne peut que PERMETTRE car Dieu est pur de tout mal.

Pourtant, tout l'ancien Testament, l'Apocalypse de saint Jean montre sans cesse l'inverse. Dans les évangiles, Jésus lui-même semble dire l'inverse à Pilate: "Tu n'aurais aucun pouvoir sur moi s'il ne t'avais été donné d'en haut".

Saint Thomas d'Aquin donne la solution à tout cela de manière précise (voir Somme Théol. ....).

"Dieu ne peut en aucun cas vouloir le mal absolu, à savoir la damnation éternelle des pécheurs.

Mais Dieu peut VOULOIR directement un mal provisoire à titre de peine, en vue de l'amendement du pécheur ou de la manifestation de l'obstination du réprouvé".

Vous comprenez concrètement pourquoi j'hésite à aborder les thèmes de pure politique. Le regard de sagesse est très difficile.

Vous parlez par exemple des nazis. Dieu a-t-il voulu l'extermination des enfants juifs par les allemands?  Les Juifs semblent le croire puisqu'ils récitent actuellement dans les synagogues le passage de Moïse du Deutéronome 28, 49 ss: "C'est à cause de notre péché que Dieu nous a livré à cette nation au regard dur qui, comme l'aigle, a fondu sur nous, transformant notre vie en misère et faisant désirer la mort à la vie."

Quand Jésus annonce tous les malheurs à venir, il dit: "Quand vous verrez cela, réjouissez vous et relevez la tête car votre rédemption est proche." Vous comprenez que cela ne peut pas être une attitude humaine mais théologale, liée à la vie après la mort.

Quelle peut être, très concrètement, la volonté de Dieu présente dans le destin du peuple d'Israël:

J'en vois plusieurs. D'abord, ce peuple a été placé par Dieu dans toutes les nations, comme une minorité. Saint Paul dit explicitement que "Dieu a VOULU l'endurcissement d'un certain nombre de Juifs". Il en donne plusieurs raisons. La plus profonde est décrite par les prophètes de l'Ancien Testament: "Israël est une PIERRE d'ACHOPPEMENT devant l'orgueil des nations." Dès qu'une nation est prise par les tentations de l'orgueil politique, elle se met à haïr sa minorité juive. Il y a là une loi presque universelle.

Mais il y a beaucoup d'autres raisons, très profondes, que saint Paul appelle "abîme de la sagesse de Dieu". Dieu a un autre projet sur Israël: ce peuple revenu dans son pays doit avoir un rôle important et mystérieux vers la fin du monde, avant le retour du Christ. Saint Paul le dit explicitement en Romain 10 " parlant même d'un rapport de ce peuple restauré dans sa terre avec le Messie.

Le prophète Jérémie annonce aussi du retour d'Israël dans sa terre et la restauration du Temple de Jérusalem avec l'ARCHE d'ALLIANCE. 2 Maccabées 2, 4 "Il y avait dans cet écrit qu'averti par un oracle, le prophète se fit accompagner par la tente et l'arche, lorsqu'il se rendit à la montagne où Moïse, étant monté, contempla l'héritage de Dieu. Arrivé là, Jérémie trouva une habitation en forme de grotte et il y introduisit la tente, l'arche, l'autel des parfums, puis il en obstrua l'entrée. Quelques-uns de ses compagnons, étant venus ensuite pour marquer le chemin par des signes, ne purent le retrouver. Ce qu'apprenant, Jérémie leur fit des reproches: "Ce lieu sera inconnu, dit-il, jusqu'à ce que Dieu ait opéré le rassemblement de son peuple et lui ait fait miséricorde. Alors le Seigneur manifestera de nouveau ces objets, la gloire du Seigneur apparaîtra ainsi que la Nuée, comme elle se montra au temps de Moïse et quand Salomon pria pour que le saint lieu fût glorieusement consacré."

Bref, restez ouvert. Ne concluez pas trop vite à partir de la considération sur des injustices l'absence de la main de Dieu. Dieu se joue de la politique. Il ne se joue pas du salut du plus grand nombre, juif ou non juifs, par le moyen de l'apprentissage de l'humilité et de l'amour. Or rien n'apprend mieux l'humilité aux hommes que la ruine des espoir politiques. C'est valable aussi pour l'Eglise... 

Arnaud