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TABLE      SUIVANT

DEUXIÈME SECTION: LE DESTIN GÉNÉRAL DE L’HUMANITÉ

LA FIN DU MONDE

   PREMIERE PARTIE[1]

 QUESTION 26: Le retour du Christ

Article 1: Le Christ doit-il revenir dans sa gloire à la fin du monde?

Article 2: Prépare-t-il pour sa venue un spectacle qui manifestera glorieusement à tous l’amour de Dieu?

Article 3: Pourquoi Dieu permettra-t-il ce mal avant la venue du Christ?

Article 4: Le Christ reviendra-t-il comme un voleur alors que le monde sera en paix?

Article 5: La date du retour du Christ est-elle connue?

QUESTION 27: Les signes précurseurs de la fin du monde

Article 1: Y aura-t-il des signes précurseurs de l’avènement du souverain Juge?

Article 2: Ces signes seront-ils donnés à tous les hommes ou seulement aux croyants?

Article 3: Quels sont ces signes?

Article 4: Peut-on discerner un ordre chronologique dans l’apparition de ces signes?

QUESTION 28: Les signes matériels qui annonceront la fin du monde

Article l: Y aura-t-il des signes dans le soleil, la lune et les étoiles?

Article 2: Y aura-t-il des signes sur la terre, tels que des tremblements de terre et des catastrophes naturelles?

Article 3: Y aura-t-il des guerres et de fausses paix?

Article 4: Y aura-t-il des faux prophètes?

Article 5: Y aura-t-il une grande apostasie?

Article 6: Le monde sombrera-t-il dans le péché?

QUESTION 29: Les signes de la fin du monde dans les autres religions

Article 1: Les diverses religions sont-elles bonnes?

Article 2: Les diverses religions viennent-elles de Dieu?

Article 3: A la fin du monde, y aura-t-il d’autres religions que celle du Christ?

Article 4: Y aura-t-il des signes dans les diverses religions?

Article 5: La religion islamique vient-elle de Dieu?

Article 6: Y aura-t-il des signes concernant l’islam?

Article 7: Fallait-il que le judaïsme subsiste après la venue au Christ?

Article 8: A la fin du monde, y aura-t-il des signes concernant le judaïsme?

Article 9: Peut-on savoir de quelle manière Israël se convertira au Christ?

QUESTION 30: Les signes du retour du Christ concernant l’Église (voir suivant)

 

QUESTION 26 : Le retour du Christ[1] 

A propos du retour du Christ tel qu’il se produira à la fin du monde pour la dernière génération de l’humanité, nous nous poserons cinq questions : 

Article 1: Le Christ doit-il revenir dans sa gloire à la fin du monde?

Article 2: Prépare-t-il pour sa venue un spectacle qui manifestera glorieusement à tous l’amour de Dieu?

Article 3: Pourquoi Dieu permettra-t-il ce mal avant la venue du Christ?

Article 4: Le Christ reviendra-t-il comme un voleur alors que le monde sera en paix?

Article 5: La date du retour du Christ est-elle connue?

 

Article 1 : Le Christ doit-il revenir dans sa gloire à la fin du monde ?

Objection 1 : Cela semble inutile. La manifestation de la croix glorieuse[4] semble suffire puisqu’elle provoquera la terreur des hommes pervertis et la conversion de ceux qui sont bien disposés.

Objection 2 : La gloire du Christ est une vision insoutenable pour l’homme. C’est ce que montre l’Apocalypse quand elle dit que Jean tomba comme mort à la vision du fils de l’homme[5]. Il est donc improbable que le Christ apparaisse dans sa gloire.

Objection 3 : D’après les anges qui parlèrent aux disciples au jour de l’Ascension du Seigneur[6] : « Celui qui vous a été enlevé, ce même Jésus, viendra comme cela de la même manière dont vous l’avez vu monte au Ciel ». Or il n’est pas dit que le Christ est monté au Ciel avec son corps transfiguré. Donc il semble que, à la fin du monde, le Christ reviendra en descendant du Ciel au-dessus de Jérusalem, dans son aspect habituel et non selon son aspect glorieux.

Objection 4 : La parousie est moins le fait du retour du Christ vers nous, que notre découverte de ce qu’il est en vérité. Le retour du Christ en gloire n’est donc pas une apparition sensible mais plutôt une découverte par l’intelligence de son mystère.

Objection 5 : Le Christ revient pour chaque individu à l’heure de sa mort. C’est ainsi que Jésus peut annoncer son retour à la génération qui l’a connu, alors qu’il n’est pas revenu pour tous en même temps mais pour tous après la mort de chacun. C’est donc ainsi qu’il faut entendre le retour du Christ et non comme un événement historique datable.

 

Cependant : Le Credo de la foi catholique enseigne que Jésus reviendra « dans la gloire pour juger les vivants et les morts ».[7]

 

Conclusion : Le retour du Christ dans la gloire à la fin du monde est contenu dans la foi catholique comme un élément essentiel. En effet, le fait que la rédemption opérée par le Seigneur sur la croix a efficacement détruit le péché originel et ses conséquences n’est pas évident car la résurrection du Seigneur par laquelle « il a vaincu la mort » n’a pas été constatée par tous les hommes mais seulement par quelques témoins. Dieu a retardé cette manifestation pour qu’à travers ce délai, plusieurs générations de croyants puissent sanctifier leur âme en vivant dans l’obscurité de la foi la certitude intérieure de ce salut déjà réalisé. Cependant, il est nécessaire qu’au temps voulu, la rédemption s’applique efficacement à chaque homme. Par sa venue, le Christ manifestera donc puissamment sa victoire sur le péché.

Et ce retour glorieux se réalise au sens littéral de trois manières, qui toutes forment un seul mystère.

1-     La mort des individus[8].

2-     La fin des sociétés humaine (la fin d’un monde).

3-     La fin du monde, (les évènements de la dernière génération qui vivra sur terre).

On trouve une preuve de ces sens multiples dans un texte de l’évangile de Matthieu 24, 37-42. Il s’agit d’un passage où Jésus parle de son retour dans la gloire, mystère habituellement réservé à la fin du monde. Or il y décrit aussi dans le même passage, sans qu’il y ait rupture du texte, la mort individuelle d’un homme, puis d’une femme : « Comme les jours de Noé, ainsi sera l'avènement du Fils de l'homme. En ces jours qui précédèrent le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et mari, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche, et les gens ne se doutèrent de rien jusqu'à l'arrivée du déluge, qui les emporta tous. Tel sera aussi l'avènement du Fils de l'homme. Alors deux hommes seront aux champs: l'un est pris, l'autre laissé; deux femmes en train de moudre: l'une est prise, l'autre laissée. »

 

Il faut donc veiller à ne jamais interpréter les textes eschatologiques comme s’ils annonçaient exclusivement la fin des fins. C’est ce sens qui fascine le plus les théologiens débutants, sans doute à cause de sa dimension à la fois politique et théologique. Or il existe deux autres sens concrets et éducatifs: « Prépare-toi à la venue de ton Juge. Ta mort est proche. » « Ne mets pas trop ton espoir dans ton système politique. Elle passe, la figure de ton monde. »

Le retour du Christ dans la gloire, qui s’accomplit pour chaque homme individuellement au moment de la mort, doit de la même manière sanctifier chaque génération, lorsque son dernier membre meurt. Enfin, elle se produira d’un seul coup pour la dernière génération humaine à la fin du monde. C’est pourquoi tout ce que nous avons dit précédemment[9] sur la mort de l’homme et sur la vision du Seigneur accompagné des saints, des anges, des proches et du démon accusateur est valable pour ce qui concerne la venue glorieuse dont nous parlons maintenant. En conséquence, on peut dire que la fin du monde verra se réaliser pour la dernière génération de l’humanité ce qui s’accomplit déjà aujourd’hui pour chaque homme individuellement à sa mort.

Solution 1 : L’apparition de la croix glorieuse, c’est-à-dire du signe du Fils de l’homme selon Matthieu, doit d’abord être comprise dans son sens spirituel, qui n’exclut pas d’ailleurs une certaine réalisation littérale à la fin du monde. Elle signifie la souffrance que chaque homme subit malgré lui durant la vie terrestre. Il en ignore le sens jusqu’à l’heure de sa mort. La croix est alors pour lui sans gloire. C’est le Christ qui explique le sens de la souffrance dans sa Parousie. Cette souffrance prend alors son sens glorieux. Il en est de même à la fin du monde. La venue du Christ n’aura pas seulement pour finalité le repentir de l’homme, ce que peut initier la croix, c’est-à-dire de la souffrance en tant qu’elle produit dans le cœur de l’humilité. Elle aura surtout pour but de provoquer sa conversion au Bien éternel, ou au contraire son rejet éternel de ce bien. Ainsi, lors de la venue en gloire du fils de l’homme, chacun sera conduit à choisir dès cette terre et dans sa chair d’une manière définitive entre le péché ou l’amour de charité.

Solution 2 : Comme nous l’avons montré à propos de la révélation qui accompagne la mort de chaque homme, le Christ qui veut que tout homme soit sauvé adapte la vision qu’il donne de son corps glorieux à la sensibilité de chaque homme. Chacun reçoit cette vision accompagnée d’une parole intérieure qui manifeste suffisamment l’amour et la justice de Dieu pour que toute ignorance disparaisse de l’intelligence. De même, les hommes qui vivront le retour du Christ tomberont dans une sorte d’extase de leur sens de telle manière qu’ils se sentiront libérés du poids de leur corps. Toute faiblesse aura donc disparu, leur permettant un choix entièrement libre concernant leur destin éternel.

Solution 3 : Le Seigneur répond lui-même à cette objection[10] : « si donc on vous dit : « le voici au désert », n’y allez pas ; « le voici dans les retraites », n’en croyez rien. Comme l’éclair en effet, part du levant et brille jusqu’au couchant, ainsi en sera t-il à l’avènement du fils de l’homme ». Il est donc évident que le Christ n’apparaîtra pas selon son aspect terrestre mais avec son corps transfiguré et glorieux. Or, à cause de ses propriétés liées à la puissance de Dieu, le corps glorieux du Christ peut apparaître en plusieurs endroits à la fois. Ainsi chaque homme individuellement le verra, comme si le Christ revenait pour lui seul. Et cette apparition sera accompagnée d’une telle grâce de lumière que chacun saura avec certitude qu’il s’agit du Dieu fait homme. En conséquence, on doit affirmer que si un homme arrivait à descendre du Ciel aux yeux de tous comme s’il volait, de la même manière que le fit, dit-on, Siméon le magicien[11], ce ne peut être le Christ mais seulement un faux prophète. Car les imitations de ce retour ne sont rien en comparaison de la vision du Verbe fait chair devant qui tout genou fléchira.

Solution 4 : Cette interprétation des Écritures est vraie à condition que son niveau de sens portant sur le contenu de révélation intellectuel de toute venue du Christ ne soit pas enseigné par opposition au sens, littéral celui-là, et qui annonce avec certitude l’événement futur et historique du retour glorieux, visible, sensible, du Christ à la fin du monde. Il vaut mieux d’ailleurs, pour éviter de réduire le retour en gloire à la venue quotidienne du Christ par la grâce, illustrer la grâce par les textes nombreux qui en parlent au sens littéral : « Si deux hommes sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux ». De même, ce retour final pour tous à la fois doit être distingué de celui dont nous avons parlé à l’heure de la mort, selon l’Église[12] : « L’Église, conformément à l’Écriture, attend la manifestation glorieuse de Notre Seigneur Jésus-christ et différée par rapport à la situation qui est celle des hommes immédiatement après leur mort ».[13]

Solution 5 : Dans son discours eschatologique, Jésus mêle volontairement quatre réalités : la destruction du temple de Jérusalem, la mort individuelle, la fin de sa génération et son retour visible et « politique » à la fin du monde. C’est que ces quatre réalités forment un même mystère, la première étant le signe des trois autres, au plan de l’individu, d’une génération et du monde entier. Il ne doit jamais y avoir d’opposition entre ces diverses interprétations mais contemplation commune de ce qui n’est que l’application de la kénose (la passion) du Christ à toutes les réalités de cette terre.

 

 

Article 2 : Prépare-t-il pour sa venue un spectacle qui manifestera glorieusement à tous l’amour de Dieu ?

Objection l : Pour prouver d’une manière définitive et grandiose l’amour de Dieu, il semble que le meilleur scénario possible consiste à multiplier à l’envie les miracles dans le temps qui précède le retour du Christ : rien ne peut, semble-t-il, conduire davantage les hommes à reconnaître la puissance suprême de Dieu et donc à se tourner vers lui qu’un impressionnant spectacle céleste. C’est d’ailleurs ce qu’annonce l’Écriture sainte[14] : « Aussitôt après la tribulation, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du Ciel et les puissances des cieux seront ébranlées. Et alors apparaîtra dans le Ciel le signe du fils de l’homme ; et alors toutes les races de la terre se frapperont la poitrine ; et l’on verra le Fils de l’homme venant sur les nuées avec puissance et grande gloire ».

Objection 2 : En saint Matthieu[15], nous lisons : « L’Évangile sera proclamé dans le monde entier en témoignage à la face des nations, puis viendra la fin ». Il semble donc que le Christ fera précéder son retour par une victoire universelle et mondiale de l’Évangile : L’Église catholique qui en garde le message en plénitude sera donc établie à la tête des nations. La Royauté sociale du Christ étant partout reconnue, son retour sera le couronnement de cette victoire mondiale. [16]

Objection 3 : Le meilleur scénario préparatoire du retour du Christ semble être le suivant : Lorsque le monde aura atteint un haut niveau de paix et de justice sociale, bannissant toute guerre et toute pauvreté par l’attention au prochain, alors l’humanité sera prête à accueillir le Christ à son retour : « À ceci on reconnaîtra que vous êtes mes disciples, dit Jésus, si vous vous aimez les uns les autres ».[17]

Objection 4 : Au contraire, si l’on suit la lettre des Écritures saintes, il semble que Dieu préparera le retour du Christ de la manière suivante : il laissera les hommes vivre dans leur péché et ceux-ci, loin de produire la concorde, seront une source de multiplication des guerres et des malheurs. Matthieu rapporte ainsi les paroles du Christ[18] : « Il y aura une grande tribulation telle qu’il n’y en a pas eu depuis le commencement du monde ». Ces catastrophes matérielles, en humiliant l’orgueil insensé des hommes, les disposera à la conversion lors du retour du Christ et de la manifestation de son pardon offert. [19]

Objection 5 : Comme l’annonce l’apocalypse 2, le Christ préparera sa venue en suscitant des apôtres brûlants de charité, semblables à ceux des premiers temps de l’Église. Il leur donnera de grands charismes comme ceux de faire des miracles capables de stupéfier le cœur des hommes et de les disposer à recevoir l’Évangile. Ainsi, en quelques années, la bonne nouvelle sera reçue par tous. Le Christ reviendra alors très vite pour ne pas laisser cette sainteté universelle se corrompre.[20]

 

Cependant : Le Catéchisme de l’Église Catholique[21] rappelle l’enseignement constant des Écritures à ce sujet[22] dans un paragraphe intitulé L’Épreuve ultime de l’Église: « Avant l’avènement du Christ, l’Église doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants. La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre dévoilera le « mystère d’iniquité » sous la forme d’une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de l’apostasie de la vérité. L’imposture religieuse suprême est celle de l’Antéchrist, c’est-à-dire celle d’un pseudo-messianisme où l’homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair. Cette imposture Antéchristique se dessine déjà dans le monde chaque fois que l’on prétend accomplir dans l’histoire l’espérance messianique qui ne peut s’achever qu’au-delà d’elle à travers le jugement eschatologique même sous sa forme mitigée, l’Église a rejeté cette falsification du Royaume à venir sous le nom de millénarisme, surtout sous la forme politique d’un messianisme sécularisé, « intrinsèquement perverse ».

L’Église n’entrera dans la gloire du Royaume qu’à travers cette ultime Pâque où elle suivra son Seigneur dans sa mort et sa Résurrection. Le Royaume ne s’accomplira donc pas par un triomphe historique de l’Église selon un progrès ascendant mais, par une victoire de Dieu sur le déchaînement ultime du mal qui fera descendre du Ciel son Epouse. Le triomphe de Dieu sur la révolte du mal prendra la forme du Jugement dernier après l’ultime ébranlement cosmique de ce monde qui passe ».

 

Conclusion : Nous l’avons montré au long de la première question, Dieu a créé les êtres spirituels en vue de communiquer à ceux qui l’aiment la vision de son essence. Ceci ne peut se réaliser qu’à travers des épousailles spirituelles, selon le choix mutuel d’une charité qui, plus elle est fervente, permet d’entrer avec plus de profondeur dans la contemplation béatifique. Or la charité naît avec puissance dans les cœurs lorsqu’ils sont bien disposés, selon cette parole des anges[23] : « Paix sur la terre aux hommes de volonté droite ». Et la plus proche préparation dispositive à la charité est l’humilité, comme l’humus est une disposition à la vie pour une plante. Toute l’ampleur du gouvernement de Dieu sur les hommes doit se comprendre à cette lumière : Il rend humble les orgueilleux à travers les diverses épreuves de cette vie terrestre. Il est difficile de rester orgueilleux face aux humiliations de la souffrance et de la mort. Il rend assoiffés d’un salut futur les humbles à travers ces mêmes épreuves car celui qui tel Job souffre injustement durant sa vie voit son désir d’une réponse salvifique s’approfondir. Enfin, par cette même croix, il permet à ceux qui l’aiment déjà d’approfondir leur charité à travers l’offrande de leur vie. Ainsi disposés, il est certain que la majorité des hommes accueillent à l’heure de leur mort la Venue de Jésus et la vision de son Évangile car il faut un orgueil et un égoïsme puissants pour résister à une telle Théophanie.

Ce qui est vrai pour les hommes individuels n’est pas différent pour chaque génération puis pour la dernière génération. En effet, la vie éternelle n’est pas seulement l’union d’individus avec la Trinité mais aussi l’union d’une communauté de saints, d’une « Église » avec la Trinité. C’est pourquoi, de même que Dieu dispose les individus au salut, il dispose les communautés et les générations humaines à ce même salut. Il le fera jusqu’à la dernière génération, à la différence cependant que ce qui se voyait à travers l’histoire individuelle et l’histoire de chaque génération prendra de plus en plus une dimension universelle jusqu’à devenir à la fin un spectacle mondial.

Ainsi, vers la fin du monde, l’Esprit de Dieu qui conduisait Jésus à travers sa vie terrestre conduira l’humanité, à travers les forces de ses propres lois, sur le chemin de la Rédemption. Dans l’enfantement qui précèdera le retour du Christ, il y aura dans l’humanité, comme jamais au cours de l’histoire, un spectacle comparable à celui de la croix de Jésus. Extérieurement, l’orgueil de l’Homme semblera vainqueur, à l’image de ces gens qui ricanaient en disant au Christ [24]: « Toi qui détruis le Sanctuaire et en trois jours le rebâtis, sauve-toi toi-même, si tu es fils de Dieu, et descends de la croix! » C’est ce que rappelle saint Paul en parlant dans sa deuxième épître aux Thessaloniciens de la réussite quasi-universelle d’un Antéchrist qui ne sera même pas nécessairement violent puisqu’il établira « une fausse paix selon le monde » [25]. En même temps, l’humanité connaîtra au plan intérieur une détresse et une angoisse comme jamais, à l’image de ce qui est rapporté à la croix [26]: « A la vue du séisme et de ce qui se passait, ils furent saisis d'une grande frayeur et dirent: "Vraiment celui-ci était fils de Dieu!" ». L’union entre une victoire extérieure puissante de l’orgueil et le mal-être intérieur des peuples sera une nouvelle forme de l’universelle éducation de Dieu. Dans ce drame, Dieu donnera à son Église chrétienne et à tout ce qui porte le nom de Dieu[27] (à savoir les religions et, parmi elles, de manière particulière, le judaïsme et l’islam, comme nous le montrerons) un rôle analogue à celui du Christ lorsqu’il nous sauva. Il mènera les religions et particulièrement son alliance sainte[28], étape par étape jusqu’à la passion.

En résumé, pour la fin du monde, Dieu annonce en préparation du retour du Christ une humanité confrontée à un nouveau Golgotha. Il sera cette fois de nature politique et mondial. Il est annoncé pour son peuple saint un scénario de souffrance extérieure et d’humilité intérieure. Pour les autres, la disposition au salut se fera à travers l’expérience d’une victoire extérieure accompagnée d’une vraie famine intérieure. Il est clair que ce succès extérieur et provisoire de ce qui s’oppose au Christ sera permis par Dieu et entrera au centre même de son projet grandiose. S’il avait voulu autre chose, il lui aurait suffit d’agir, lui qui « peut faire naître à partir des pierres des fils à Abraham »[29]. Tout cela ressemblera à s’y méprendre à la croix de Jésus. Pour nous prouver son amour, il est mort pour nous alors que nous ne l’aimions pas encore. À la fin du monde, il nous prouvera son amour en revenant glorieux et disposé à nous pardonner alors que la majorité des hommes ne l’aimera plus. Il y aura certes un petit reste de croyants selon saint Matthieu 24, 22 : « si ces jours-là (ceux de l’Antéchrist) n’avaient été abrégés, nul n’aurait eu la vie (la foi) sauve ». Mais la majorité des hommes auront, d’après les Écritures, suivi la voie de l’oubli de Dieu.

 

Solution 1 : Le sens de ces textes est 1° spirituel car « la venue du Royaume de Dieu ne se laisse pas voir de l’extérieur » [30] ; 2° littéral et même matériel car Dieu réalisera à la lettre tout ce qui est écrit.

1° Il est vrai qu’un tel spectacle, pris au sens littéral, supprimerait l’athéisme mais qu’en serait-il de la charité, la seule réalité importante avec l’humilité pour la vie éternelle ? Jésus, dans l’évangile de saint Jean[31], nous montre les effets ambigus des miracles sur les hommes. Il multiplie à l’intention d’une foule des pains ; les gens croient et applaudissent puis décident de couronner roi d’Israël pour qu’il chasse les Romains. Jésus est obligé d’aller se cacher dans la montagne. C’est pourquoi on doit affirmer que le sens premier et certain de ces textes des évangiles comme de tous les textes apocalyptiques est spirituel, le soleil obscure signifiant l’absence de Dieu et de toute sagesse du sens ultime de la vie, la lune symbolisant la disparition de ce qui reflète la lumière de Dieu pour les hommes sur la terre (l’humanité de Jésus, Marie et les saints, l’Église et les religions qui portent le nom de Dieu et de la vie éternelle). De même, le signe du Fils de l’homme n’est pas à prendre en premier lieu comme une croix matérielle dans le Ciel mais comme un temps de crucifixion et de sépulcre de l’Église.

2° Un deuxième sens matériel n’est cependant pas à exclure, au contraire, car Dieu ne négligera rien de ce qui a été écrit.  Il donnera ses signes même aux hommes charnels. Lorsque tous les évènements spirituels auront été accomplis, il est certain que Dieu mettra fin au monde et que le Christ reviendra à travers un spectacle cosmique comparable en grand à celui du Golgotha [32]: « Et voilà que le voile du Sanctuaire se déchira en deux, du haut en bas; la terre trembla, les rochers se fendirent, les tombeaux s'ouvrirent et de nombreux corps de saints trépassés ressuscitèrent: ils sortirent des tombeaux après sa résurrection, entrèrent dans la Ville sainte et se firent voir à bien des gens ».

Solution 2 : Le fait que l’Évangile sera proclamé devant toutes les nations ne signifie pas qu’il sera reçu. C’est ce que nous montre toute l’histoire de l’Église, même dans ses périodes de succès. L’idée d’une Royauté sociale du Christ sur le monde par l’intermédiaire de l’Église ne pose qu’un seul problème mais de taille : S’est-il trouvé une seule période de l’histoire où l’on ait vu une religion à la fois puissante politiquement et humble dans son cœur ? Dieu a permis que toutes les périodes de gloire humaine de l’Église se terminent tragiquement. Cette solution ne semble donc pas être la meilleure, au moins en ce qui concerne l’humilité.

Solution 3 : Cette idée de concorde mondiale n’est pas sans poser d’autres problèmes du côté de la charité cette fois : l’homme manifeste à travers toute son histoire une immense capacité à s’installer douillettement sur la terre dès que vient la prospérité matérielle. Il en vient à oublier Dieu et la vie éternelle, se trouvant bien dans une routine quotidienne. L’histoire de la tour de Babel[33] est significative d’une humanité devenue préoccupée de ses seuls conforts et réussites. On peut souvent reprocher au catholicisme social d’être tourné vers les hommes au point d’en oublier le cœur à cœur de la vie avec Dieu, jugé comme une perte de temps pour l’action. L’Ecriture sainte donne la paix politique comme une marque de l’homme sans Dieu si elle est fondée sur une concorde des égoïsmes fondés sur la recherche des plaisirs et non sur la charité.

Solution 4 : Il n’est pas du tout sûr que, vers la fin du monde et dans les années qui précèderont le retour du Christ, il y ait encore des guerres et de grands malheurs matériels. En effet, le Seigneur présente sa venue comme suit : « lorsqu’on dira paix et sécurité »[34]. Le règne de l’Antéchrist sera, comme nous le verrons, une réussite mondiale grâce aux bienfaits matériels qu’il accomplira. Vers la fin du monde, il est probable que la guerre et les tremblements de terre seront avant tout dans les cœurs, c’est-à-dire à travers les angoisses et les désespoirs d’hommes vivants loin de Dieu qui seul donne un sens à la vie.

Solution 5 : Dieu ne manquera pas d’utiliser tous les moyens cités ici. Cependant, vers la fin, la prédication des apôtres évoluera de la même manière que celle du Christ durant sa vie apostolique. De glorieuse et puissante en signes jusqu’à sa triomphale entrée à Jérusalem, elle deviendra, face aux luttes, plus brève mais intense, voire silencieuse et réservée à l’amour intense de quelques uns, aux rires des autres, comme le furent les sept paroles du Christ crucifié.

 

Article 3 : Pourquoi Dieu permettra-t-il ce mal avant la venue du Christ ?

Objection 1 : Les prophéties concernant l’apostasie généralisée de l’humanité, le règne de l’Antéchrist, le martyre de l’Église et la disparition de ce qui porte le nom de Dieu sur la Terre semblent contradictoires avec la Sagesse et l’Amour de Dieu. Comment parler autrement si l’on considère l’histoire du monde, du peuple hébreu et de l’Église : Dieu n’a jamais laissé à l’iniquité une telle victoire de peur que beaucoup, se complaisant dans leur péché, ne se séparent de lui totalement et à jamais.

Objection 2 : Un tel enseignement ne peut que conduire au désespoir, à quoi bon évangéliser s’il est prévu à l’avance que les efforts n’aboutiront à rien ? À quoi bon ordonner des prêtres si l’on sait que l’Église sera détruite ?

Objection 3 : Le fait que quelques contemplatifs pourront vivre de l’intérieur les mystères de la fin de l’Église est de bien peu de consolation si le reste du peuple se perd pour l’éternité.

 

Cependant : « Dieu peut, s’il le veut, faire de ces pierres des enfants à Abraham »[35]. Par la puissance de ses miracles, il pourrait convaincre de l’Évangile tout homme dont la volonté n’est cas totalement pervertie par le blasphème contre le Saint Esprit. S’il ne le fait pas, c’est qu’il aura ses raisons. Or Dieu ne fait rien ou ne permet rien sur la terre qu’en raison de son amour débordant qui veut sauver tous les hommes. C’est donc son amour qui permettra ces mystères douloureux de la fin du monde.[36]

 

Conclusion : Pour Dieu, la vie terrestre consiste en un purgatoire bien adapté au salut du plus grand nombre des hommes. Toutes les créatures passagères qu’on y rencontre, personnes et biens matériels, bonheurs et malheurs, péchés et bonnes actions, vie et mort, y sont utilisées par Dieu en vue de la croissance de l’humilité qui dispose à la naissance de la charité. A son terme, cette vie atteint d’autant plus son but que, confronté à l’apparition glorieuse du Messie, l’homme se tourne vers lui avec force. Or parmi tous les hommes, il en est d’après Jésus deux catégories qui se tournent avec intensité vers le salut lorsqu’il leur est présenté : 1° Les pécheurs comme Marie Madeleine[37] parce qu’« ils ont montré beaucoup d'amour, leurs nombreux péchés leur ayant été remis. Mais celui à qui on remet peu montre peu d'amour ». 2° Les saints comme la Vierge Marie parce qu’ils suivent le Christ dans son humilité et amour jusqu’à sa passion.

Ce qui est vrai pour les individus est vrai au plan des communautés politiques. Toute génération humaine peut être divisée en plusieurs sphères d’influence auxquelles les personnes sont plus ou moins soumises au long de leur existence : 1° Une partie mondaine, souvent dominante, faite des sages et des intelligents de l’époque. Sa sagesse est celle du monde à savoir celle d’une gestion intelligente des plaisirs, richesses et honneurs. 2° Une partie sainte et toujours persécutée puisqu’elle vit essentiellement de la Sagesse d’en haut qui, puisqu’elle porte sur l’abaissement de soi et la vie de l’esprit, n’est jamais le fait du grand nombre. 3° La masse des hommes qui, tout en suivant l’idée dominante du temps, est tantôt sensible à sa partie mondaine, tantôt à sa partie spirituelle selon qu’elle est plus ou moins proche du malheur. Souvent, cette masse rejette Dieu quand tout va bien et revient vers lui quand le malheur approche car elle ne l’aime qu’en vue de biens qu’elle en attend. Cette distinction est valable pour toutes les époques, même celles où la religion domine car la victoire extérieure de l’Église comme sa défaite ne signifient que peu de chose quant à l’état intérieur des âmes. Lorsque ces générations humaines sont confrontées, à travers la mort successive des individus, à la Parousie du Christ, elles vivent en toute vérité des paroles prophétiques de Jésus. 1° La partie dominante et mondaine se trouve confrontée, face à la lumière glorieuse du Christ, à sa vraie nature [38]: « Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui bâtissez les sépulcres des prophètes et décorez les tombeaux des justes, tout en disant: Si nous avions vécu du temps de nos pères, nous ne nous serions pas joints à eux pour verser le sang des prophètes. Ainsi, vous en témoignez contre vous-mêmes, vous êtes les fils de ceux qui ont assassiné les prophètes! Eh bien! Vous, comblez la mesure de vos pères! Serpents, engeance de vipères! Comment pourrez-vous échapper à la condamnation de la géhenne? » 2° Les saints, toujours peu nombreux, entrent rapidement dans la Vision béatifique. 3° Quant à la majorité du peuple, elle se reconnaît dans cette autre parole prophétique : « Celui qui aura rougi de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l'homme aussi rougira de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges ». La vérité de ce jugement est d’autant plus tranchante qu’elle vient de la norme du Christ qui est celle de l’amour et du pardon proposés. En conséquence, l’apparition glorieuse du Christ provoque dans le grand nombre des pécheurs un grand repentir, donc un grand amour à la mesure de l’immensité du pardon proposé. Elle provoque aussi chez les vrais pervers un rejet définitif du pardon et une damnation éternelle. Mais, au plan de la génération entière, la Parousie du Christ provoque une véritable entrée dans l’humilité tant elle vit avec larmes, elle qui se croyait sage, l’expérience de sa folie, selon saint Paul [39]: « Je détruirai la sagesse des sages, et l'intelligence des intelligents je la rejetterai. Où est-il, le sage? Où est-il, l'homme cultivé? Où est-il, le raisonneur de ce siècle? Dieu n'a-t-il pas frappé de folie la sagesse du monde? ».

A la fin du monde, cette division de l’humanité en trois sphères d’influence sera réalisée de manière ultime, mondiale et explicitement en rejet du mystère du salut. Dieu saura utiliser la victoire de l’Antéchrist et la souffrance de ses saints de telle manière qu’il en sorte des fruits de salut pour la majorité du « troupeau sans berger »[40]. En effet, à cette époque, Dieu s’étant pourtant efforcé de ramener l’humanité à lui, multipliant la venue d’apôtres, le don de miracles et de signes avertisseurs, permettra que l’iniquité s’installe, jusqu’à laisser l’Antéchrist vaincre extérieurement les religions qui portent extérieurement le nom de Dieu. 1° la partie mondaine et dominante sera représentée par la puissance et l’idéologie d’un Antéchrist inouï dont le combat mondial portera sur une nouvelle conception du salut éternel fondé sur la liberté et d’amour de soi, par opposition à l’humilité et à l’amour. L’Église, les saints et toutes les religions auront vécu une telle tribulation que leur parole paraîtra éteinte. De fait, jamais la sainteté cachée n’aura été aussi grande, sauf à la croix en Marie. 3° La masse des hommes, confrontée à ce monde de l’Antéchrist vivra à la fois d’un bien-être matériel unique et d’une détresse spirituelle totale.

Cette permission ne sera pas vaine car Dieu saura, au moment choisi, en tirer un bien supérieur qui tournera à la gloire pour la plupart et à la confusion pour les artisans de ce mal. En effet, lors de son ultime révélation, de même qu’à la croix il avait prouvé[41] « qu’il nous aime, en mourant pour nous alors que nous étions pécheurs », de même lors de sa Parousie, il prouvera qu’il nous aime en revenant alors que la majorité de l’humanité ne l’attendra plus. En définitive, les circonstances tragiques de la fin du monde démuliplieront la manifestation de l’amour de Dieu. Ce jour-là, « il dépouillera les Principautés et les Puissances et les donnera en spectacle à la face du monde, en les traînant dans son cortège triomphal ».[42] Ce sera la dernière manifestation de ce qui a été commencé à la croix.

Il réalisera cela au moment connu de lui seul, lorsque la prière des saints des derniers temps sera devenue si pressente par sa charité qu’il ne pourra plus que l’exaucer sans retard. C’est donc le martyre de l’Église, vécu avec une charité intense par le reste de ses membres, qui provoquera le retour du Christ.

 

Solution 1 : Au contraire, la Bible nous apprend que bien des hommes moururent alors qu’ils étaient encore profondément plongés dans leur iniquité : Ainsi, le déluge détruisit l’humanité pervertie ; Sodome et Gomorrhe furent ravagées par le feu en un jour ; Le peuple hébreu conduit par Moïse mourut tout entier au désert sans entrer dans la terre promise. De même, Dieu attendit avant de laisser les armées de Josué envahir la Palestine « que la mesure de leurs iniquités soit comble ».[43] Quelle est la raison de ces actes de Dieu ? Faut-il affirmer que ces pécheurs furent tous damnés ? Bien au contraire, par cette mort, Dieu les sauvait en masse de la mort éternelle. Car la mort violente, en les frappant, leur manifestait la misère de leur condition et la vanité de leur péché. Frappés, ils criaient de toute leur âme vers un Sauveur. Ainsi, de l’humiliation naissait en eux l’humilité. L’apparition de l’ange de Dieu qui les accueillait dans l’autre monde en leur révélant la miséricorde infinie les amenait à la conversion avec d’autant plus de force qu’ils avaient reçu davantage en pardon. Quant aux obstinés, aux orgueilleux inconvertissables, ils se séparaient définitivement de Dieu librement. En tout cela, l’amour de Dieu resplendit puissamment puisqu’il n’aura rien négligé pour éviter à l’homme la mort éternelle.

A la fin du monde, Dieu n’agira pas différemment hormis le fait qu’il délivrera la dernière génération de la souffrance de la mort, La gravité de la douleur spirituelle chez les hommes en sera augmentée tant l’apparition de la douceur de Dieu manifestée en Jésus sera bouleversante. Chacun, voyant la gravité de son péché et la grandeur de la miséricorde se frappera la poitrine.

Solution 2 : Il faut distinguer l’espoir humain de l’espérance qui est une vertu théologale. L’espoir est finalisé par un bien de cette terre ; l’espérance ne désire que les biens éternels et elle les attend avec certitude du seul secours divin. Ainsi, prises au plan de l’espoir, ces révélations sur la fin du monde sont totalement désespérantes. Celui qui attend un royaume de Dieu sur la terre, une Église triomphante ne peut qu’être scandalisé, de la même manière que les Juifs à qui Jésus annonçait la ruine du temple de Jérusalem. Cela parait même blasphématoire puisque ce temple, étant voulu par Dieu, semble nécessairement indestructible. Trop d’apôtres, vivant d’espoir humain et déçus par le peu de résultat de leur moisson, se sont découragés : c’est oublier que Dieu lui-même dirige toute chose en vue du salut du monde, selon Luc 3, 8.

L’espérance théologale attend quant à elle le Royaume de Dieu tel que Dieu le veut et quand Dieu le veut. Elle sait que la glorification de l’Église se fera dans l’autre monde et que Dieu, selon des voies mystérieuses mais pleinement efficaces, conduira le plus grand nombre possible à la Vie, de telle façon que ne seront damnés que ceux qui, résistant à tous ses moyens, l’auront voulu. Fondé sur une telle certitude, l’effort apostolique, loin de se taire, doit reprendre avec une totale liberté de cœur. L’apôtre, tel un serviteur quelconque, continue son effort sans se soucier d’autre chose que Dieu seul, sûr de la victoire finale de l’amour.

Solution 3 : « Elle est certes large la voie qui mène à la perdition et beaucoup s’y engagent », selon les paroles du Seigneur lui-même[44]. Cependant il ne faut pas conclure que tous ceux qui y sont engagés

se perdent en définitive : Lorsqu’un peuple est adonné au péché, il ne faut pas croire que tous le sont avec pleine conscience, volonté et liberté. De même, lorsqu’une nation se dit chrétienne, cela ne signifie pas que chacun de ses membres aime Dieu pour le seul motif qu’il est Dieu. Bien d’autres motivations moins spirituelles animent beaucoup : conformisme, peur de la mort, peur de l’enfer. Aristote manifeste cette vérité ainsi : « la plupart demeurent dans le sensible » ; Jésus regardait avec miséricorde les foules égarées de son temps, « comme un troupeau sans berger » [45] ; Mais de toute cette ivraie que Dieu laisse pousser, il sait au moment de la récolte retirer le bon grain. Chaque génération a pu en faire l’expérience au moment de la mort ; il en sera de même à la dernière génération. Cependant, la sainteté de ceux qui auront vécu de l’intérieur ces mystères sera la plus grande qu’ait connu l’humanité, la plus proche de celle de Marie tant la foi nécessaire pour rester fidèle devra être confiante.

 

Article 4 : Le Christ reviendra-t-il comme un voleur alors que le monde sera en paix ?

Objection 1 : Nous avons montré que le sépulcre subi par l’Église constituera un signe absolument certain de la proximité de la venue du Christ. Donc le Christ ne viendra pas comme un voleur.

Objection 2 : Le monde avant le retour du Christ ne pourra être en paix puisqu’il sera dominé par la tyrannie matérielle et idéologique de l’Antéchrist.

Objection 3 : Que le Christ revienne comme un voleur, cela parait incompatible avec sa dignité et inconciliable avec la gloire qu’il manifestera.

 

Cependant : Saint Paul dit[46] : « quand les hommes se diront paix et sécurité, c’est alors que tout d’un coup fondra sur eux la perdition, comme les douleurs de la femme enceinte et ils ne pourront y échapper ».

 

Conclusion : Comme nous l’avons dit, la venue du Christ à la fin du monde est en tout semblable à celle qui accompagne la mort de chaque homme. C’est pourquoi, dans les prophéties du Seigneur, ces deux venues sont regardées comme une seule et même chose. Dieu qui est au dessus du temps, voit en un seul retard le retour du Christ qui s’accomplit pour chacun au moment de la fin de sa vie terrestre. C’est pourquoi en parlant de la fin du monde, le Seigneur dit[47] : « Alors deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre sera laissé ; Deux femmes seront en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée. Veillez donc car vous ne savez ni le jour ni l’heure ou va venir notre maître ». Or ces textes semblent s’appliquer en premier lieu à la mort individuelle de chacun.

A la fin du monde, le retour du Christ sera précédé de nombreuses alertes venant de catastrophes naturelles, de paroles prophétiques proclamées par des témoins et d’autres signes suffisamment clairs pour ceux qui seront attentifs. Il en sera donc de même pour le monde que pour un homme dont la mort prochaine est annoncée par des malaises successifs et par les diagnostics de médecins. Cependant, l’humanité aveuglée par ses intérêts matériels et par le bonheur illusoire établi par le règne de l’Antéchrist ne prendra pas garde à ces signes. Elle sera donc surprise par la venue du Messie de la même manière qu’un homme insouciant l’est par la mort. C’est ce qui ressort des nombreuses prophéties concernant au sens littéral cette fin du monde[48] : « Comme les jours de Noé, ainsi sera l’avènement du fils de l’homme. En ces jours précédant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche, et les gens ne se doutèrent de rien jusqu’à l’arrivée du déluge qui les emporta tous ».

 

Solution 1 : Très peu d’hommes seront capables de vivre d’une manière contemplative et prophétique le sépulcre où sera plongé l’Église à la fin du monde, la plupart considérant ce fait comme la preuve définitive du caractère purement humain de la religion chrétienne, de même qu’à la croix les hommes crurent avoir la preuve de la présomption de Jésus Christ par le fait qu’il ne pouvait se sauver lui-même. Mais pour les hommes qui vivront de l’esprit de foi de la Vierge Marie, qui attendait avec certitude la résurrection du Christ, comme il l’avait annoncé, il n’y aura pas de surprise. Ils feront partie de ceux qui auront veillé. Selon cette parole du Seigneur « là où sera le cadavre, là seront les aigles »[49], c’est à dire les contemplatifs.

Solution 2 : Il s’agira d’une fausse paix, de cette paix que donne le monde et qui est fondée sur l’équilibre des lois du commerce. C’est pourquoi le retour du Christ qui marquera le caractère illusoire des richesses matérielles sera l’objet de lamentation chez les hommes adonnés à la matière, selon l’Apocalypse[50] : « Ils pleurent et se désolent sur elle, les trafiquants de la terre ; les cargaisons de leurs navires, nul désormais ne les achète! »

Solution 3 : Le Christ ne reviendra pas comme un voleur en ce sens qu’il s’introduira dans le monde par la ruse mais en ce sens qu’il viendra au moment où le monde ne l’attendra plus.

 

Article 5 : La date du retour du Christ est-elle inconnue ?[51]

Objection 1 : Cela ne parait pas. De même que les Pères saints attendaient le premier avènement du Christ, ainsi nous attendons le second. Or ces Pères connurent la date du premier avènement ; ainsi que nous le voyons grâce au nombre de semaines annoncé par Daniel. C’est à cause de cela que le Christ reproche aux Juifs de n’avoir pas reconnu le temps de sa venue « Hypocrites, vous voulez sonder le Ciel et la terre ; comment n’avez-vous pas recherché le temps de l’avè­nement du Messie ? » Il semble donc que le temps du second avènement par lequel Dieu viendra juger nous sera aussi indiqué.

Objection 2 : À travers les signes, nous parvenons à la connaissance de ce qu’ils signifient. L’Écriture nous propose de nombreux signes de l’approche du jugement futur. Nous pouvons donc par­venir à la connaissance de sa date.

Objection 3 : Saint Paul dit « C’est pour nous que viendra la fin des siècles ». Et saint Jean « Mes petits enfants, c’est la dernière heure ». Puisqu’un long espace de temps s’est écoulé depuis lors, il semble que nous pouvons maintenant savoir que le dernier jugement est proche.

Objection 4 : Le temps du jugement ne doit être caché que pour que chacun s’y prépare avec sollicitude, puisqu’il en ignore la date fixe. Mais cette sollicitude demeurerait même si on connaissait cette date, parce que pour chaque homme la date de sa mort personnelle est incertaine, « date, comme dit saint Augustin, à laquelle chacun vit son dernier jour, qui est en fait pour lui le dernier jour de ce monde ». Il n’est donc pas nécessaire que la date du jugement soit cachée.

 

Cependant : Il est dit en saint Marc « Ce jour où cette heure nul ne le sait, ni les anges dans le Ciel, ni le Fils, sauf le Père ». Le Christ ne le sait pas en ce sens qu’il ne nous le fait pas savoir.

En outre, saint Paul dit aux Thessaloniciens : « Le jour du Seigneur viendra comme le voleur vient la nuit ». Il semble donc que, comme la venue du voleur la nuit est tout à fait incertaine, ainsi le jour du jugement dernier soit tout à fait incertain.[52]

 

Conclusion : Dieu est cause des choses par sa science. Il communique aux créatures soit la puissance de produire d’autres choses dont elles sont causes, soit la connaissance des autres choses. Dans ces deux sortes de communi­cations, il se réserve certains pouvoirs. En effet, il accomplit certaines choses sans aucune coopération de créatures, et il connaît aussi certaines choses qu’il ne communique à aucune pure créature. Parmi celles-ci, il n’y en a pas qui doive être plus secrète que celles qui dépendent du seul pouvoir divin, sans aucune coopération de créature. Telle est la fin du monde, avec le jour du jugement. Le monde en effet finira sans l’action d’aucune cause créée, de même qu’il a été commencé par l’action immédiate de Dieu. Il convient donc que la connaissance de la fin du monde soit réservée à Dieu seul. C’est cette raison que le Seigneur lui-même semble apporter quand il dit « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a placés en son pouvoir » comme pour signifier qu’ils sont réservés à son seul pouvoir.

 

Solution 1 : En son premier avènement, le Christ vint caché, selon ce mot d’Isaïe : « Tu es vraiment un Dieu caché, Dieu sauveur d’Israël ». Pour qu’il puisse être reconnu par les croyants, il fallait prédéterminer une époque fixe. Mais dans le second avènement, il viendra manifestement. Le Psalmiste assure « Dieu viendra manifestement ». Il n’y a donc point de possibilité d’erreur au sujet de cet avè­nement. Le cas est donc différent.

Solution 2 : Parmi les signes que Jésus annonce, certains sont universels et concernent chaque génération comme les tremblements de terre, les guerres, les persécutions, les faux prophètes. Ils sont donc tout à fait inutiles pour discerner la fin des fins mais seulement la fin de telle génération donnée. Saint Augustin dit « Les signes précurseurs indiqués dans l’Évangile n’ont pas tous trait à la seconde venue qui aura lieu à la fin du monde. Certains nombreux, ont trait à la venue quotidienne du Christ dans l’Église, qu’il visite spirituellement en habitant en nous par la foi et l’amour. Les signes qui sont dans les Evangiles, concernant la dernière venue, ne suffisent pas pour permettre de reconnaître d’une manière précise le temps du jugement. Les malheurs qui sont prédits comme annonçant le proche avènement du Christ ont existé dès l’époque de l’Église primitive, tantôt plus, tantôt moins. C’est pourquoi les jours des apôtres furent déjà appelés les derniers jours, comme nous le voyons dans les Actes, là où saint Pierre expose, en l’appliquant à son temps, le mot de Joël « Il y aura dans les derniers temps ».

D’autres sont plus précis et moins généraux comme certains détails sur le dernier Antéchrist (mondial), sur le destin d’Israël (destruction du Temple, dispersion, retour en Palestine, destin de Jérusalem, conversion des Juifs au Messie), sur l’Église et sa passion finale. Saint Augustin en parle : « Certains signes se rapportent à l’époque de la destruction de Jérusalem, qui a déjà eu lieu. » Depuis lors, beaucoup de temps s’est écoulé, et d’autres signes se sont réalisés. En ce qui concerne le calcul de la date de la fin du monde, deux choses doivent être affirmées : 1° Tant que tous les signes annoncés ne sont pas réalisés, on peut être sûr que la fin des fins n’est pas proche selon ce que dit saint Paul à des chrétiens qui ne se mariaient plus[53]: « Nous vous le demandons, frères, à propos de la Venue de notre Seigneur Jésus Christ, ne vous laissez pas trop vite mettre hors de sens ni alarmer par des manifestations qui vous feraient penser que le jour du Seigneur est déjà là. Auparavant doit venir l'apostasie et etc.». 2° Même quand ces signes seront tous réalisés, il sera impossible de conclure de manière certaine car aucune révélation explicite, confirmée par le Magistère, ne donne une indication sur la durée de son règne. On peut conjecturé que ce règne sera court. Mais l’expérience montre que le « bientôt » de Dieu, s’il dure au maximum 120 ans quand il s’agit d’un individu, peut durer un nombre indéterminé de mois, d’années, de centaines ou de milliers d’années quand il s’agit d’un évènement mondial, comme dit saint Augustin.

Solution 3 : On ne peut pas tirer une période déter­minée de temps à partir d’expressions comme « Le dernier jour est venu » ou d’autres sem­blables, qu’on lit dans l’Écriture. Elles n’ont point pour but de signifier une période brève, mais d’indiquer la dernière phase du monde, qui sera comme un âge nouveau. On ne précise pas la durée de cet espace de temps, de même que la vieillesse, dernier âge de l’homme, n’est pas une période nettement marquée, puisque parfois elle dure autant que tous les âges précédents, et même plus, comme dit saint Augustin. C’est pourquoi, saint Paul écarte cette idée fausse que quelques-uns ont tirée de ses paroles, croyant que « le jour du Seigneur était déjà tout proche ».

Solution 4 : Même en reconnaissant l’incertitude de la date de notre mort, l’incertitude de celle du jugement nous incite doublement à la vigilance : d’abord parce que nous ne savons pas s’il tardera jusqu’au delà de la fin de notre vie d’où une deuxième raison d’être vigilants. Ensuite parce que l’homme n’a pas seulement le souci de sa personne, mais aussi de sa famille, de sa cité, de son pays et de toute l’Église, qui durent au-delà de la limite d’une vie humaine. Or il faut disposer chacune de ces collectivités de sorte que le jour du Seigneur ne la trouve pas mal préparée.

 

QUESTION 27 : Les signes précurseurs de la fin du monde

 

La fin du monde sera immédiatement précédée du retour du Christ dans sa gloire. Et cette venue sera elle-même, semble-t-il, annoncée par des signes.

A cet égard quatre questions se posent :

Article 1: Y aura-t-il des signes précurseurs de l’avènement du souverain Juge?

Article 2: Ces signes seront-ils donnés à tous les hommes ou seulement aux croyants?

Article 3: Quels sont ces signes?

Article 4: Peut-on discerner un ordre chronologique dans l’apparition de ces signes?

 

Article 1 : Y aura-t-il des signes précurseurs de l’avènement du souverain Juge ?[54] [55]

Objection 1 : La réponse négative semble imposée par cette parole de saint Paul : « quand les hommes diront paix et sécurité! C’est alors qu’une ruine soudaine fondra sur eux ».[56] En effet cette paix et cette sécurité n’existeraient pas, si des signes avant coureurs venaient semer l’inqiétude.

Objection 2 : Des signes sont nécessaires quand une chose doit être rendue manifeste. Mais l’avènement du Seigneur doit être caché « le jour du Seigneur vient ainsi qu’un voleur dans la nuit ».[57]

Objection 3 : Le premier avènement du Seigneur fut connu à l’avance par les prophètes, et cependant il ne fut précédé d’aucun signe. À plus forte raison, ainsi en sera-t-il du second que personne ne connaît.

 

Cependant : Il est dit en saint Luc[58] : « Il y aura des signes dans le soleil, dans la lune et les étoiles ». D’autre part, le Seigneur dit à propos de sa venue[59] : « Du figuier apprenez cette parabole. Dès que sa ramure devient flexible et que ses feuilles poussent, vous comprenez que l’été est proche. Ainsi, lorsque vous verrez tout cela, comprenez que le fils de l’homme est aux portes ». Donc il y aura des signes précédant la fin du monde.

 

Conclusion : Quand le Christ viendra juger tous les hommes, il apparaîtra dans sa gloire, comme il convient à la dignité de sa fonction. Mais celle-ci doit être manifestée par certains indices capables d’inspirer humilité, repentir et même charité. En effet, avant sa venue, Dieu s’efforcera de convertir à lui les hommes de telle façon que le plus possible soient disposés à ce que sa venue provoque un bon effet, à savoir l’entrée dans la béatitude. L’avènement du Sauveur sera donc précédé de signes multiples destinés à avertir. L’Écriture nous annonce avec force un certain nombre d’événements qui se produiront avant la fin. Cependant, on doit reconnaître qu’on ne peut savoir avec précision de quelle manière ils se produiront quand ils sont annoncés et ce pour deux raisons : 1° Comme le remarque saint Augustin, beaucoup de ces signes se rapportent non seulement au jugement dernier, mais encore à la destruction de Jérusalem qui a été opérée par l’empire Romain, et à cet avènement continuel par lequel le Christ visite et éprouve son Église. Comme le dit saint Augustin, les combats, les épouvantes etc. mentionnés dans l’évangile se rencontrent tout au long de l’humanité. De même, bien des Antéchrists sont déjà venus et ont répandu le malheur sur la terre. 2° D’autre part, il est difficile de savoir quand les signes rapportés par le livre de l’apocalypse et les autres prophéties sont à prendre au sens propre ou au sens symbolique.

Ces deux ambiguités ne sont pas toujours enlevées par le Magistère de manière aussi précise que pour la condamnation du millénarisme[60]. Cette imprécision est voulue par le Seigneur afin que nous soyons chaque jour vigilants.

De tout ceci, on doit retenir la nécessité d’une grande prudence dans l’interprétation des signes de l’avènement du Sauveur. Un principe doit être retenu. Plus on s’approche du concret, plus l’erreur est possible. Plus on reste dans des généralités, abordant par exemple les questions du projet de Dieu, de la croix qu’il maintient dans l’histoire pour sauver l’humanité, plus on est infaillible…

 

Solution 1 : Saint Augustin[61] dit que, à la fin des temps, les méchants persécuteront les bons ; ceux-ci craindront donc, tandis que ceux là seront tranquilles. Ce sont donc les méchants qui diront « paix et sûreté » parce qu’ils négligeront les signes annonciateurs du jugement. Tandis que « les bons sècheront de frayeur etc. ». comme en parle saint Luc. On peut dire encore que ces signes avant coureurs sont compris dans le temps et le jour du jugement. Avant leur apparition, les impies se croiront en paix et sécurité, le monde étant plongé dans une tranquillité extérieure rassurante.

Solution 2 : Le jour du Seigneur viendra « comme un voleur » parce que la date précise en est inconnue, les signes précurseurs étant insuffisants à le manifester. Quant aux signes indubitables qui précèderont immédiatement le jugement, on peut dire qu’ils font partie de ce jour même.

Solution 3 : Quoique les prophètes connaissent d’avance le premier avènement du Christ, cet avènement eut lieu en secret. Il ne devait donc pas être annoncé par des signes grandioses, à la différence du second, dont la date reste mystérieuse, mais où le Christ viendra dans sa gloire. Il sera donc immédiatement précédé par des signes terrifiants. Mais bien avant ce jour, il y aura d’autres signes plus mystérieux que seuls quelques-uns sauront discerner[62].

 

Article 2 : Ces signes seront-ils donnés à tous les hommes ou seulement aux croyants ?

Objection 1 : Il semble que seuls les croyants recevront de tels signes En effet, seuls les croyants pourront en découvrir la signification prophétique. Il est inutile que les autres les reçoivent selon cette parole du Seigneur « même si un mort ressuscitait, ils ne croiraient pas » [63]

Objection 2 : Si tous les hommes reçoivent des signes suffisamment explicites pour le retour du Christ, celui-ci ne surprendra personne par sa venue ce qui semble contradictoire avec l’Écriture.

Objection 3 : Il semble que seuls les païens recevront des signes de la fin du monde. Les croyants n’en ont en effet pas besoin puisque, par l’espérance et la charité, ils sont constamment dans l’attente du retour du Christ.

 

Cependant : Il y aura des grands signes dans le soleil, dans la lune et les étoiles, selon saint Luc[64]. Or de tels signes pourront être vus par tous. Donc ils seront donnés non seulement aux croyants mais aussi aux païens.

 

Conclusion : La finalité des signes donnés avant la fin est de frapper la connaissance des hommes de telle façon qu’amenés à réfléchir, ils changent leur cœur avant qu’il ne soit trop tard. Or il est certain que Dieu désire proposer le salut à tous les hommes sans exception, de telle manière que ne soit damné que celui qui obstinément sera resté dans le péché. Nous avons suffisamment montré cela précédemment. Nous pouvons en déduire qu’il donnera ses signes non seulement aux croyants mais aussi aux païens, non seulement pour les individus mais aussi aux nations, avant comme après la première venue du Christ. Dans ce but, il convient que Dieu adapte ses signes à la capacité de chacun. Le propre de la connaissance humaine est de partir du sensible pour remonter à l’intelligible. Dieu s’adapte à la manière humaine de connaître. Nous le voyons dans les Écritures Saintes où Dieu révèle son mystère à travers des mots humains, et davantage encore dans l’Incarnation du Verbe. De même, les signes annonçant la fin seront fondamentalement sensibles, au point que tout homme pourra les voir dans leur matérialité.

Cependant, le signe ne consiste pas seulement dans un évènement matériel. Par définition, il symbolise et révèle une réalité d’ordre intelligible. Or il est évident que tous les hommes n’ont pas la même la capacité à comprendre les choses spirituelles : tous n’ont pas une égale perspicacité intellectuelle ni même une égale illumination du Saint Esprit. Les hommes charnels comprennent de façon charnelle ; les hommes spirituels savent remonter, à partir des signes sensibles à leur signification spirituelle. Il en est ainsi pour les signes donnés par Dieu concernant la fin, quelque soit le sens où l’on entend ce mot :

1° Il peut s’agir, même dans la pensée de Jésus[65] de la fin de chaque homme à l’heure de sa mort. Les signes qui précèdent et annoncent notre propre mort sont nombreux : Mort d’un proche, atteinte de la maladie, vieillesse. Les hommes excessivement adonnés aux choses de ce monde réagiront en s’efforçant de ne pas y penser ou encore par la peur ; les hommes de bonne volonté s’interrogeront ; ceux qui espèrent en Dieu penseront à la proximité de leur rencontre avec le Christ et se « redresseront, plein de joie car leur délivrance est proche ».[66]

2° Il peut s’agir de la proximité de la fin de chaque génération humaine, selon cette parole de Jésus[67] : « En vérité, je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout ne soit arrivé ». Ainsi les guerres, les tremblements de terre, les famines, tout ce qui rappelle à chaque époque la précarité de tout sont des signes de la fin. De la même manière, chacun les interprète selon le degré d’intelligence et de foi qui est le sien ; mais nul ne peut y rester totalement indifférent.

3° Il en sera de même à la fin du monde telle que nous la regardons dans ce traité. Dieu donnera des signes multiples qui pourront être vus par tous car ils se réaliseront dans les réalités visibles de cette époque : certains seront visibles dans le monde physique (dans les astres par exemple), d’autres dans les réalités sociales (apostasie, gouvernement de l’Antéchrist). Mais peu d’hommes comprendront dans toute son intensité la signification spirituelle de ces signes. Il en ressortira cependant du bien pour tous : les mauvais, saisis d’inquiétude, se rappelleront la temporalité de leur vie selon la parole employée le mercredi des Cendres : « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière ». S’ils ne sont pas totalement obstinés dans leur péché, à l’inverse de ces gens que décrit l’Apocalypse[68], ils seront quelque peu disposés au salut, leur orgueil se trouvant humilié par la peur. De même, les hommes de bonne volonté, ceux qui ne connaissent pas le Christ, seront amenés à l’exemple de Job à s’interroger sur le sens de leur vie. Ils progresseront en humilité. Lors du retour du Christ ils s’écrieront[69] : « Je ne te connaissais que de loin, mais maintenant mes yeux ont vu ». Quant aux saints, ils ne cesseront de grandir dans la charité, à cause de leur espérance sans cesse plus sûre de la proximité de la fin.

Solution l : Même les païens peuvent être amenés par des signes à penser au retour du Christ. Mais, chez eux, cette pensée ne peut être explicite puisqu’ils n’ont pas entendu parler de ce retour. Elle est suggérée de loin, par la pensée de la mort. Chaque homme est averti qu’il mourra, soit en observant la mort des autres, soit en subissant les signes avant-coureurs de sa propre mort, comme la maladie ou la vieillesse. Et cela est valable universellement à chaque époque. Mais à la fin du monde, les signes extérieurs de la vanité de ce monde se multiplieront, tels les épidémies, les tremblements de terre et les guerres. Par ces moyens, Dieu s’efforcera de convertir tous les cœurs avant qu’il ne soit trop tard.

Solution 2 : Le propre du signe n’est pas de démontrer la vérité d’une chose mais de la suggérer de telle façon que l’intelligence soit conduite à s’interroger. Il ne peut en être autrement quand il s’agit des choses de Dieu sans quoi la foi disparaîtrait pour faire place à la science. C’est pourquoi les plus grands signes et miracles n’obligent à la conversion que ceux dont la volonté est disposée favorablement en vue du bien. Quant aux autres ils s’aveuglent eux-mêmes par leur volonté de ne pas changer leur vie.

Solution 3 : Il convient que même les croyants reçoivent des signes du retour du Christ. En effet, par la grâce qu’ils ont reçue, ils sont collaborateurs de l’œuvre divine. Il convient donc qu’ils associent leurs prières et leurs sacrifices au grand mystère de l’enfantement que connaîtra le monde lors de sa fin.

 

Article 3 : Quels sont ces signes ?[70]

Objection 1 : Il semble qu’on ne doive pas distinguer des signes valables pour toutes les époques d’un côté et des signes valables une seule fois de l’autre. En effet, tous les signes qui précèderont le retour du Christ seront nécessairement valables pour toutes les générations, puisque le propre du signe est de manifester sous un sens symbolique plusieurs niveaux de réalisation.

Objection 2 : Certains signes annonciateurs sont déjà réalisés, comme par exemple la destruction du Temple de Jérusalem. Ils ne doivent donc pas être comptés parmi les signes de la fin du monde.

Objection 3 : Certains signes qui apparaissent au sens propre comme matériels semblent devoir plutôt être interprétés dans un sens spirituel. Ainsi, on sait qu’il est impossible que de vraies étoiles tombent sur la terre. Il doit donc plutôt s’agir d’un symbole.

Objection 4 : L’Antéchrist, quand il viendra, apparaîtra comme un homme bien réel et prendra le pouvoir sur un grand empire. Mais beaucoup d’Antéchrists ont déjà fait cela comme Hitler. On ne doit donc pas le classer parmi les signes de la fin des fins mais plutôt parmi les signes concernant toutes les générations.

 

Conclusion : L’Écriture décrit une multitude de signes qu’elle présente comme annonciateurs du retour du Christ. En y regardant de plus près, on s’aperçoit qu’il est difficile de les classer de manière satisfaisante. En effet, Dieu a voulu que leur sens soit multiple, littéral ou métaphorique. On en a un exemple dans l’Ancien Testament [71]: « Voici que la vierge est enceinte. Elle donne naissance à un fils. » Les théologiens juifs ne se trompèrent pas en annonçant, au sens premier et littéral, la grossesse future de la mère du Messie. Mais ils ne se trompaient pas non plus en parlant de la grossesse symbolique d’Israël, de l’humanité, de l’Univers selon saint Paul : « La création toute entière attend la révélation des fils de Dieu ».

Malgré cela, et sans se départir d’une certaine prudence, il est possible de classer en deux catégories les signes donnés par Jésus :

1° Les prophéties valables pour plusieurs générations. Le propre de ce type de prophéties est qu’elles décrivent les épreuves vécues par toutes les générations de tous les temps. Elles parlent non seulement de la fin du monde, mais de la fin de chaque génération, de chaque humain individuel, de la fin des cités, des entreprises humaines etc. Inutile donc de vouloir appliquer les passages qui la composent à tel ou tel événement historiquement daté à l’exclusion des autres.

- Leurs sens multiples sont parfois donnés sous le langage d’analogies métaphoriques. Exemple: « Une bête apparut. Elle avait sept têtes et dix cornes »[72]. La bête, signifie aussi bien l’Empereur romain Néron, qu’Hitler, que l’idéologie marxiste, que nos propres péchés capitaux etc. A travers l’Ecriture, l’utilisation de tels symboles est si fréquente qu’il est difficile d’en faire la liste.

- D’autres sont écrites sous le langage d’analogies propres. Exemple: « Il y aura des guerres et des bruits de guerres ». Les guerres furent réelles au sens militaire du terme. Mais ces textes ont plusieurs autres sens comme la guerre entre individus, contre soi-même etc.

La liste de ces prophéties est longue. Il s’agit essentiellement de l’annonce générale de fléaux comme les tremblements de terre[73], de guerres[74], de fausses paix[75], de famines[76], de maladies[77], de persécutions, de meurtres d’innocents, de faux prophètes[78], d’hérésies, d’Antéchrists, de passions mauvaises, de vices, de matérialisme[79], de mort et de signes cosmiques : « Le soleil s’obscurcira, la lune deviendra comme du sang, les étoiles tomberont du Ciel »[80].

2° Les prophéties valables pour une seule époque[81].  Pourtant, parmi tout ce qui est annoncé, on doit maintenir que certains signes ont un sens premièrement littéral et historique. Ils ne se réaliseront qu’une fois, en vue du scénario qui aboutira à la fin des fins (ce qui n’exclut pas leur interprétation métaphorique). Exemple: « De ce temple, il ne restera pas pierre sur pierre. »[82] Le Temple de Jérusalem fut physiquement détruit en 70 après Jésus-Christ comme Jésus l’avait annoncé. C’est le premier sens. Pourtant, ce sens historique n’exclut pas l’autre, Jésus lui-même en informe ses disciples. « Le vrai temple était son corps qui devait mourir et, trois jours plus tard, ressusciter »[83]. Toutes les prophéties de Jésus concernant le peuple juif sont de cette catégorie.

La liste de ces prophéties peut être réalisée comme suit [84]:

1° La fin du monde sera provoquée par le retour glorieux du Christ. Il  viendra accompagné des saints et des anges.

2° Avant sa venue, il y aura une apostasie générale[85] dans l’humanité. Dieu sera rejeté des cœurs.

3° Puis viendra un Antéchrist qui établira son règne mondial contre la sagesse de Dieu. Il instaurera la paix et la sécurité, imposant une religion de l’homme et se proclamant lui-même Dieu.

4° Il mettra fin aux religions qui portent le nom de Dieu. Une dernière prédication leur sera accordée, sous la forme mystérieuse de deux témoins. La vierge Marie qui aura un rôle particulier[86].

5° L’Église suivra le Messie dans son anéantissement. Pierre subira le martyre tandis que Jean, l’Église priante, subsistera jusqu’au retour du Messie. Ce martyre sera un acte de sainteté et le signe de Jonas sera de nouveau donné à l’humanité[87].

6° Le peuple juif perdra son Temple, sera dispersé, massacré. Puis il reviendra dans sa terre, reprendra possession de Jérusalem et reconnaîtra le Christ comme Messie.

 

Solution 1 : Tous les signes ont effectivement un sens allégorique valable pour chaque génération. Mais certains d’entre eux, selon la lettre, annoncent un évènement précis qui ne peut se réaliser qu’une fois comme la destruction du Temple de Jérusalem que Jésus annonça pour l’époque de sa génération. Ceci n’empêche pas une signification plus profonde, allégorique celle-là qui n’est comprise que par des hommes spirituels.

Solution 2 : Si la destruction du Temple de Jérusalem est déjà réalisée dans sa matérialité, elle n’en reste pas moins, en soi, un signe puissant de la fin du monde. En effet, elle introduit une série de sept prophéties concernant le peuple juif qui doivent se réaliser à la lettre. Ceci n’empêche pas un autre niveau de sens, allégorique celui-là, comme une autre destruction qui aura lieu à la fin des temps, à savoir celle du nouveau temple qui est l’Église, comme la mort individuel de chaque corps humain, vrai temple de Dieu.

Solution 3 : La chute des étoiles sur la terre a d’abord un sens spirituel puisqu’elle annonce la perversion de ceux qui sont les étoiles pour le monde puisqu’ils l’éclairent de leur intelligence. Ainsi, à la fin des temps, il semble que beaucoup d’intellectuels et de théologiens ne seront plus pour les autres source de vérité mais les entraîneront dans l’erreur. Il n’en reste pas moins que, pour les gens plus simples, de réelles chutes d’étoiles filantes pourront se produire avant l’avènement du Christ, ce qui sera pour eux un signe adapté.

Solution 4 : Il y aura un dernier Antéchrist qui réalisera en plénitude le mystère d’iniquité déjà amorcé par les autres. Il sera réellement un homme mais son mystère ne sera compris que par ceux qu’éclairera l’Esprit Saint puisqu’il s’opposera, en trouvant son inspiration auprès du Démon, au mystère de la charité du Christ. En un sens, sa lutte sera contre Dieu plutôt que contre l’homme. Il sera donc un signe spirituel.

 

Article 4 : Peut-on discerner un ordre chronologique dans l’apparition de ces signes ?

Objection 1 : Il semble difficile sinon impossible de discerner un ordre dans les signes qui précèderont la fin du monde. En effet, la grande destruction subie par Jérusalem au temps du général Romain Titus qui brûla le Temple et construisit à sa place un temple aux idoles a eu lieu au tout début de l’Église. Or elle est présentée dans le discours eschatologique comme un signe qui précèdera de peu la fin.

Objection 2 : De tout temps, il y a eu des martyrs et il y en aura toujours. Il semble donc inadapté de mettre le martyr comme signe du début des douleurs de l’enfantement.

Objection 3 : Le livre de l’apocalypse donne un ordre très différent concernant le déroulement de l’histoire du monde, jusqu’à la venue glorieuse du Christ et le jugement des nations. Il est presque impossible de faire concorder cet ordre avec celui du discours eschatologique donc…

Objection 4 : S’il existe un ordre chronologique dans l’apparition des signes annoncés, on devrait déjà le discerner à travers le cours de l’histoire, depuis 2000 ans que dure l’Église.

 

Cependant : Le Seigneur compare la fin du monde à un enfantement[88]. Or, dans un enfantement, on peut discerner un ordre chronologique dans les signes qui l’annonce : d’abord les douleurs des premières contractions, puis la douleur maximale qui précède la naissance, et la naissance elle-même. Il doit en être de même pour l’humanité.

 

Conclusion : Dans son discours eschatologique[89], le Seigneur propose un ordre génétique par rapport aux signes de la fin du monde. Ces signes s’amplifient avec la proximité de la fin. Et ceci est convenable pour plusieurs raisons.

-- À cause de la haine du démon qui, sentant son temps compté, multipliera ses attaques contre l’humanité, sa perversion allant jusqu’à espérer la séparer complètement de Dieu par l’action de son serviteur, l’Antéchrist.

-- À cause de la sagesse de Dieu qui gouverne l’homme de telle manière qu’il soit disposé au mieux à l’obtention de la béatitude éternelle. Il convient donc qu’il multiplie les signes de sa venue à mesure que le temps disponible pour se convertir diminue.

-- À cause de la condition de l’homme qui ne peut remonter à l’intelligible qu’en s’appuyant sur le sensible. Il a donc besoin de recevoir des signes plus explicites à mesure que la conscience de sa fin prochaine demande à être amplifiée. Il en est ainsi dans l’ordre habituel de la vie humaine : l’enfant qui a la vie devant lui ne pense pas à la mort car rien n’est là pour la lui rappeler. Mais le vieillard dont le temps est compté reçoit dans sa chair des stigmates qui la lui rappelle à chaque moment.

Dans le discours eschatologique, on peut discerner quatre temps.

1° Le Seigneur parle d’abord du commencement des douleurs caractérisé par la venue de nombreux faux prophètes qui produiront des hérésies ; par des guerres et des rumeurs de guerre, de famines et des tremblements de terre. En cette époque. Il y aura beaucoup de persécutions contre l’Église et de nombreux martyrs[90], ce qui n’empêchera pas l’évangile d’être proclamé par toute la terre.[91]

2° Dans un second temps, le Seigneur annonce un chemin qui conduira l’humanité vers l’apostasie. Il dit que la charité se refroidira chez le grand nombre,

3° Dans un troisième temps, viendront les signes de la fin[92]. Le Seigneur dit que « l’abomination de la désolation sera dans le lieu saint ». Ceci semble se rapporter à une grande tribulation que devra subir l’Église puisqu’elle est le Temple de Dieu, à la manière dont le Temple de Jérusalem devint le Temple des idoles au temps du roi Antiochus[93]. Le temps de la fin sera donc celui de l’Antéchrist et de la lutte ultime contre les saints.

4° En dernier lieu viendra la fin elle-même[94]. Ce sera le temps du dernier Antéchrist. Il y aura des signes dans le soleil qui s’obscurcira, dans la lune qui ne donnera plus sa lumière, dans les étoiles et les puissances des cieux. Puis apparaîtra le signe du fils de l’homme qui provoquera la terreur des méchants et sera suivi immédiatement par la glorieuse apparition du Messie, sur les nuées du Ciel. « Quant à l’Antéchrist, le Seigneur le fera disparaître par le souffle de sa Venue ».[95] Alors la fin du monde sera consommée et le jugement général de l’humanité aura lieu[96].

 

Solution 1 : La destruction du Temple de Jérusalem n’est elle-même que la préfiguration de la destruction du vrai Temple de Dieu qui est l’Église et qui sera tentée à la fin du monde par l’Antéchrist. Cette lutte du démon contre les saints de Dieu, si elle est commencée depuis la naissance de l’Église, prendra une proportion inimaginable en ces jours là, selon le Seigneur, « si ces jours n’avaient pas été abrégés, nul n’aurait eu la vie sauve »[97].

Solution 2 : Les signes liés à la première phase ne disparaîtront pas dans les suivantes mais au contraire s’amplifieront, de la même manière que dans l’enfantement où les premières contractions ne disparaissent pas tant que la naissance n’est pas complètement accomplie. Il en sera de même pour les tremblements de terre, les épidémies, les famines.

Solution 3 : Quant au livre de l’apocalypse, il ne donne pas en premier lieu aux hommes un regard chronologique sur l’histoire du monde. Son but est de révéler les intentions et les modes d’action de Dieu par rapport à la conduite qu’il exerce sur l’humanité[98]. Il manifeste que Dieu est cause de tout ce qui arrive ici-bas : « Du trône partent des éclairs, des voix et des tonnerres » [99], que le Christ peut seul rendre le monde intelligible à l’homme : « L’agneau ouvrira les sept sceaux » [100] ; que l’univers entier jusque dans la souffrance qu’il cause à l’homme est utilisé par Dieu : « les sept trompettes » [101] ; que le démon lui même est utile, sans qu’il le veuille, au bien de l’homme selon son âme « le Dragon et la bête » [102] ; Et qu’en définitive tout se terminera par « le triomphe de l’agneau »,  de la charité et la réprobation de l’orgueil[103]. S’il existe des prophéties applicables à l’histoire dans ce livre, elles ne sont utilisables qu’en dernier recours, dans la lumière du discours eschatologique de Jésus.

Solution 4 : L’histoire de l’humanité est sainte, dirigée de l’intérieur par Dieu. Son but unique et simple est, rappelons-le, de rendre chaque âme humble pour qu’elle puisse aimer et entrer dans la salle des noces avec l’époux. Il dirige chaque personne individuellement par le travail de son ange gardien. Mais il dirige aussi l’humanité dans son ensemble à travers l’histoire des groupes humains. Pour cela, il dispose d’une communauté d’anges appelés « Princes » qui connaissent parfaitement ce qu’il faut faire pour diminuer l’orgueil des peuples. Cette histoire se déroule en sept temps, « sept étapes » que l’Ecriture appelle « sept jours ».

Après la chute d’Adam et Ève et avant la venue du Christ, l’humanité a connu trois premiers temps:

1° Le temps où Dieu se taisait, d’Adam à Abraham.

2° Le temps où, à partir d’Abraham, il promit à quelques-uns un sauveur (d’Abraham à Jésus).

3° Celui enfin où il se fit chair et annonça l’Évangile à ses disciples (de l’annonciation à la pentecôte). Chacune de ces périodes était bonne et disposait les cœurs au salut. Mais, Jésus le reconnaît, parmi les hommes qui vécurent les deux premières et ceux qui aujourd’hui ignorent toujours le Christ, ils furent des milliers à désirer voir un seul de ses jours et ne le virent pas.

Jésus annonce à quatre nouveaux temps, quatre étapes de l’histoire durant lesquelles il préparera les nations à la Vision de Dieu. On peut les discerner à la lecture de son discours eschatologique[104] et des multiples prophéties dispersées ici et là dans les lettres des apôtres. Ils peuvent être en partie datés, tout autant que ceux qui précédèrent son incarnation.

4° Le premier de ces temps est celui de l’extension de l’évangile dans le monde. C’est une période accompagnée de luttes et de souffrances nombreuses. Il se caractérise par l’extension de la chrétienté à travers le monde et par des luttes que le Seigneur appelle « des guerres et des rumeurs de guerre »[105]. Ce temps commence avec le jour de la Pentecôte et dure jusqu’à aujourd’hui.

5° Le second est celui du rejet de l’évangile par le monde. Ce temps trouve ces racines dans des idées de la fin du Moyen Age et du siècle des Lumières. Mais il commence au plan politique avec les soubresauts antichrétiens de la Révolution française. Il continue à s’étendre jusqu’à aujourd’hui.

6° Le troisième est le temps de sa disparition quasi complète du monde. Jésus conduit son Église de la même façon qu’il le fit pour sa vie apostolique de trois années. D’abord écouté, il fut ensuite rejeté puis mis à mort. Il s’agit du temps du règne mondial d’un Antéchrist, de la disparition politique de tout ce qui porte le nom de Dieu[106]. En ce début de millénaire, ce temps n’est pas encore commencé: L’Antéchrist n’est pas là même si divers courants antichrétiens oeuvrent.

7° Enfin, à la fin de ce troisième temps, alors que l’Antéchrist sera au sommet de son règne et aura établi sur le monde une paix extérieure, le Messie reviendra, faisant disparaître cette fausse paix « par le souffle de sa venue »[107]. Ainsi, la fin des temps, c’est-à-dire la fin du temps de l’Antéchrist, coïncidera avec la fin du monde : les morts ressusciteront et le monde nouveau sera formé par Dieu.

Ces quatre temps ainsi que le règne de l’Antéchrist ne sont pas des évènements symboliques. Chaque prophétie de Jésus a un sens symbolique[108], c’est certain, mais aussi un sens historique : « le Ciel et la terre passeront mais mes paroles ne passeront pas ».[109]

 

QUESTION 28 : Les signes matériels de la fin du monde[110]

 

A propos des signes matériels de la fin de la fin du monde, nous devons nous demander :

Article l: Y aura-t-il des signes dans le soleil, la lune et les étoiles?

Article 2: Y aura-t-il des signes sur la terre, tels que des tremblements de terre et des catastrophes naturelles?

Article 3: Y aura-t-il des guerres et de fausses paix?

Article 4: Y aura-t-il des faux prophètes?

Article 5: Y aura-t-il une grande apostasie?

Article 6: Le monde sombrera-t-il dans le péché?

 

Article l : Y aura-t-il des signes dans le soleil, la lune et les étoiles ?

Objection 1 : Il semble qu’on ne puisse l’admettre sans quoi la science des astrologues pourrait prévoir le retour du Christ ce qui est contradictoire avec l’Écriture qui affirme que le Christ viendra comme un voleur.

Objection 2 : Il est impossible que le soleil perde de son éclat sans quoi la vie serait immédiatement détruite sur la terre par le froid.

Objection 3 : Selon Ap. 6, 12, la lune deviendra rouge comme du sang. Cela ne semble pas un signe convenable, ni au sens propre ni au sens spirituel.

Objection 4 : Selon l’apocalypse, un tiers du soleil s’obscurcira, un tiers de la lune s’éteindra et un tiers des étoiles tomberont sur la terre. Le chiffre paraît hors de proportion.[111]

Objection 5 : D’après Isaïe[112] : « Ce jour là, le Seigneur interviendra : là haut contre l’armée d’en haut et sur terre contre les rois de la terre. Ils seront entassés, captifs, dans la fosse. La lune sera humiliée, le soleil sera confondu. Oui, le Seigneur, le tout-puissant, est roi ». Or ce texte semble suggérer un sens symbolique aux signes du Ciel qui précèderont le retour du Christ.

 

Cependant : L’Écriture affirme que « Le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus son éclat, les étoiles tomberont du Ciel et les puissances des Cieux seront ébranlées ».[113]

 

Conclusion : Dans l’Écriture Sainte, Dieu utilise les réalités sensibles de telle façon qu’il ne s’arrête pas à leur matérialité mais leur assigne un sens spirituel qu’il est nécessaire de découvrir. Ainsi, par exemple, quand il demande aux Hébreux de manger un agneau et de mettre le sang sur les piliers de la maison pour se protéger la mort, il le leur fait faire réellement mais il veut surtout annoncer et préfigurer la véritable rédemption qui doit être accomplie par son Fils, l’Agneau de Dieu, à la croix. Il en est de même pour les signes qui précèderont la fin du monde. Ils ont d’abord une signification spirituelle qui doit être perçue par l’inspiration du Saint Esprit. Ainsi, le soleil symbolise la lumière éternelle de Dieu, que nul ne peut regarder en face, la lune symbolise l’humanité Sainte de Jésus et la Vierge Marie qui reflètent pour nous l’image de Dieu au point de nous le rendre connaissable ; les étoiles du Ciel symbolisent les apôtres et les docteurs car il appartient à leur Ministère d’indiquer aux hommes la route qui mène vers la vérité. Ainsi, que le soleil s’obscurcisse, que la lune cesse de briller, que les étoiles tombent du Ciel, cela signifie en premier lieu, que, vers la fin des temps, les hommes seront à ce point plongés dans le péché, que leur intelligence ne percevra plus rien du Mystère divin. Les apôtres eux-mêmes, au lieu d’élever l’Homme vers le Ciel, le conduiront à la terre, incapables de se souvenir qu’ils sont la lumière du monde.

Cette signification spirituelle ne signifie pourtant pas qu’il faille exclure une réalisation matérielle de ces prophéties. Les symboles de Dieu ont ceci en propre que, très souvent, ils se réalisent à la lettre. Un paléontologue faisait remarquer que la parole de l’Ecriture adressée à Satan « Tu ramperas sur ton ventre tous les jours de ta vie »[114], et dont la signification est évidement purement spirituelle puisqu’elle s’adresse à un ange dépourvu de corps, s’était aussi réalisée de manière matérielle, comme dans une image préfiguratrice puisque, sans qu’on n’en trouve aucune raison, seuls les reptiles rampants avaient survécu à l’extinction du crétacé, éliminant les dinosaures que la Bible considère comme l’image de Lucifer (le dragon). De même, il est possible que la signification symbolique des étoiles qui tombent sur la terre soit accompagnée à la fin du monde par la réalisation matérielle de ces signes de telle manière que chacun comprenne la gravité de sa perversion spirituelle. Peut-être la pollution produite par l’activité démesurée de l’homme obscurcira-t-elle à ce point l’atmosphère qu’elle diminuera la lumière du soleil et de la lune. Quant aux étoiles qui tomberont du Ciel, rien n’empêche, par exemple, qu’elles soient produites par une quantité impressionnante de météores qui s’abattront sur la terre, l’ordre de l’univers ayant été atteint par le péché de l’homme jusque dans le cosmos.

 

Solution 1 : De tels phénomènes liés aux astres et qui précèderont le retour du Christ ne seront pas prévisibles. Il est donc impossible de prévoir à l’avance la date du retour du Christ. Ce retour échappant aux lois de ce monde, il ne sera pas provoqué par l’ordre des astres, de la même façon que la première venue de Jésus qui dut être rendue visible aux astrologues par la création d’une nouvelle étoile qui se déplaçait dans le Ciel et indiquait l’endroit où se tenait l’enfant Jésus.

Solution 2 : Ce n’est pas le soleil lui-même qui perdra son éclat mais c’est l’homme qui par les effets de son péché ou de son imprudence, empêchera sa lumière de passer. Et cela convient même au sens spirituel que devra signifier cette catastrophe extérieure car Dieu ne cesse de briller pour l’âme des hommes mais c’est à cause de leur méchanceté qu’ils ne reçoivent plus sa lumière.

Solution 3 : Pris au sens spirituel, le fait que la lune deviendra rouge comme le sang signifie que les méchants, à la fin du monde seront incapables à cause de leur péché, de contempler les mystères de Jésus et de Marie comme des lumières qui éclairent leur nuit, mais plutôt comme quelque chose de nuisible qu’ils rejetteront. Rappelons que la lune symbolise l’humanité de Jésus et la présence de tous les saints comme Marie, car ils reflètent et tamisent la Lumière de Dieu comme la lune le fait pour le soleil. Les bons, au contraire, vivront ces temps de la fin en s’unissant par leurs souffrances au sang de Jésus versé pour eux sur la croix. Nous en avons l’image dès maintenant, de manière cependant individuelle, alors qu’à cette époque, il s’agira d’un phénomène mondial. Pour ceux qui aiment leur liberté et le plaisir de jouir de leur vie plus que l’amour d’autrui, le message évangélique devient insupportable. Pour ne pas avouer son propre égoïsme, on le qualifie lui-même d’insupportable car liberticide.

Solution 4 : Pris au sens spirituel, le chiffre d’un tiers signifie que l’épreuve des derniers temps sera mesurée selon l’ordre de la sagesse de Dieu « à cause des élus, qui auront la vie sauve ».[115]

Solution 5 : Si l’on suit le texte d’Isaïe, le symbolisme présent dans le soleil et la lune ne concerne pas Dieu et le Christ mais plutôt l’orgueil de l’homme qui s’exalte comme le soleil et à ses oeuvres qui reflètent cet orgueil comme leur manifestation. Et cela n’est pas étonnant car les symboles de l’Écriture peuvent toujours être pris selon un double sens. Ainsi, l’eau signifie à la fois la vie comme on le voit dans le baptême et la mort dans le déluge. Mais ce sens symbolique ne s’oppose pas au fait que le soleil et la lune perdront réellement leur éclat à la fin du monde.

 

Article 2 : Y aura-t-il des signes sur la terre, tels que des tremblements de terre et des catastrophes naturelles ?

Objection 1 : De tels phénomènes naturels ont toujours existés et existeront toujours. Ils ne doivent donc pas être considérés comme des signes de la fin du monde.

Objection 2 : De tels malheurs, s’ils ont lieu, frapperont indifféremment les méchants et les bons ce qui paraît inconvenant à la sagesse de Dieu.

Objection 3 : Certaines catastrophes naturelles concernent parfois un seul individu, comme par exemple la maladie et la mort de chacun. Elles ne doivent donc pas être regardées comme un signe de la fin du monde en général.

Objection 4 : La famine n’est pas toujours une catastrophe d’origine naturelle. Elle peut parfois avoir son origine dans l’incapacité des hommes à gérer les terres et à distribuer équitablement les productions. Elle ne doit donc pas être regardée comme un signe de la fin du monde, mais plutôt comme un effet du péché de l’homme.

 

Cependant : Le Seigneur affirme en saint Matthieu[116] : « Il y aura par endroit des famines et des tremblements de terre. Et tout cela ne fera que commencer les douleurs de l’enfantement ».

 

Conclusion : La fin du monde sera précédée par des catastrophes naturelles. Les hommes subiront diverses peines dont l’origine sera dans le désordre de la nature ou de la société. Et cela est nécessaire pour mieux les disposer à la rencontre qui aura lieu avec le Christ lors de son retour glorieux. Or, certaines conditions sont présupposées pour cette fin dans la volonté, à savoir la pénitence qui fait rejeter le mal et adhérer au bien, l’humilité qui dispose l’âme à l’action de Dieu et la charité qui lui fait désirer Dieu. Les peines temporelles seront donc infligées par Dieu à l’homme de telle manière que son âme soit ainsi disposée « afin que le plus possible soient sauvés ». Elles seront utiles aux méchants, dont l’intention est finalisée par les biens de ce monde. Par les peines naturelles, ils découvriront la vanité de ce qui est passager selon la parole du Seigneur[117] : (Le riche qui n’emporte rien dans la tombe). « Insensé, cette nuit même on va te redemander ton âme. Et ce que tu as amassé, qui l’aura ? ». Ils seront ainsi disposés à la conversion vers le bien éternel qui demeure.

Elles seront utiles aux hommes de bonne volonté qui en les subissant, grandiront dans l’humilité selon cette parole de Job[118] : « Tu es tout puissant, Seigneur. Maintenant mes yeux t’ont vu, aussi je m’afflige sur la poussière et sur la cendre ».

Enfin elles seront utiles aux saints dont elles purifieront la charité selon saint Pierre[119] : « Il vous faut être quelque temps affligés par diverses épreuves, afin que, bien éprouvée, votre foi, plus précieuse que l’or périssable, devienne un sujet de louange, lors de la révélation de Jésus Christ ».

Quant à ceux qui ne sont pas inscrits sur le livre de vie, la perversité de leur cœur sera dévoilée par le feu de la souffrance selon l’apocalypse[120] : « Ils blasphémèrent Dieu, à cause de cette grêle désastreuse ». En résumé, les catastrophes naturelles des derniers temps seront l’introduction au jugement dernier, quand les anges sépareront les mauvais des bons. [121]

Dans de très belles pages, où il a résumé pour le grand public ses travaux de géologue, Pierre Termier présente l’univers comme un magnifique ensemble de ruines géologiques. Ce qu’il y a de plus stable ici-bas, ce qui nous semble presque éternel est rongé par le temps. Les chaînes de montagnes les plus orgueilleuses, celles qui survivent aux civilisations sont lentement minées par l’érosion ; ici, une pierre se détache, là, une paroi s’effrite. Ces blessures multiples finissent par ravager la face de la terre. Le temps destructeur finit par avoir raison des entreprises les plus audacieuses. « Praeterit figura hujus mundi »[122]. La souffrance et la mort prennent du même coup un visage nouveau. Elles ne cessent pas d’être pour nous un châtiment, mais elles deviennent aussi un instrument de rédemption, un moyen de divinisation. L’univers tout entier est ainsi tendu vers la glorification des fils de Dieu, attendant lui aussi d’être arraché à sa misère congénitale. « La création, dit saint Paul, gémit dans l’attente de sa rédemption »[123].

La mort indéfiniment répétée de millions d’êtres vivants dont Aristote disait qu’ils se sacrifient à la perpétuité de l’espèce, prennent pour le chrétien une valeur de symbole et de préfiguration. Elles sont comme l’aurore tragique de la souffrance humaine, une image de la peine des hommes du martyre des saints, et finalement elles culminent dans la passion et dans la mort du Fils de Dieu. L’univers apparaît ainsi, non comme un universel massacre, mais comme un sacrifice immense, une liturgie cosmique dont le sens nous est révélé par la mort d’un Dieu ».[124]

 

Solution 1 : Les malheurs dont nous parlons s’appliquent aux trois niveaux de l’eschatologie. 1° Ils frappent effectivement les individus tous les temps et lieux. Depuis le péché originel, tout homme est frappé dans sa chair par des peines naturelles telles la maladie, la vieillesse, la fatigue, la mort. Mais ces peines imposées par Dieu au corps de l’homme sont finalisées par le bien de son âme selon le Seigneur[125] : « Mieux vaut entrer manchot dans le Royaume des Cieux que d’être précipité avec tout son corps dans la géhenne ». 2° Ils frappent aussi les communautés humaines, toutes sans exception, même le peuple de Dieu. 3° A la fin du monde, de même que pour la plupart des individus de tels phénomènes se multiplient dans le temps qui précède la mort, de même ils se feront plus nombreux.

Ils sont donc pour tous les temps signes de la proximité de la fin du monde puisqu’ils sont là pour la préparer.

Solution 2 : Par la souffrance, les bons sont conduits à devenir meilleurs et les méchants pires puisque chacun fortifie sa détermination dans la souffrance. Mais la majorité des hommes, ni tout à fait bons ou mauvais, apprend simplement l’humilité. Ce qui est vrai pour les individus l’est aussi pour les communautés comme nous l’avons dit. Voici quelques exemples historiques du tremblement de terre qui frappe l’orgueil des générations : Exemple 1 : A Babel[126], l’humanité unie disait: « Allons! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux! Faisons-nous un nom et devenons comme un dieu!" Alors Dieu confondit le langage des hommes pour qu'ils ne s'entendent plus les uns les autres. Il les dispersa de là sur toute la face de la terre et ils cessèrent de bâtir la ville ».

Dieu ne renverse pas les systèmes politiques à chaque génération. Il ne le fait qu’à chaque fois que les limites de l’orgueil mettent le salut en danger. Exemple 2 [127]: « Salomon devenu vieux s’enorgueillit tant qu’il prit 700 épouses de rang princier et 300 concubines. Salomon adora d’autres dieux que Dieu. Yahvé s'irrita contre lui parce, dans sa gloire, son coeur s'était détourné du Dieu qui lui était apparu deux fois. Alors Yahvé dit à Salomon: "Parce que tu t'es comporté ainsi et que tu n'as pas observé mon alliance, je vais sûrement t'arracher le royaume et le donner à l'un de tes serviteurs. Yahvé suscita un adversaire à Salomon: l'Edomite Hadad, de la race royale d'Edom ».

Cette façon d’agir de Dieu n’est nullement périmée avec la venue du Messie. Lorsque Dieu rencontre l’orgueil, il continue de le frapper. Exemple 3 : Au VIIème siècle, en Afrique du Nord et en Asie, le christianisme était devenu la religion d’Etat. On discutait religion comme on discute politique et la puissance des clercs était telle qu’il arrivait souvent qu’on assassine pour une thèse thé logique. Alors Dieu divisa la puissance de la sainte Église, sans pourtant lui arracher tout. A Mohamed, il donna en quarante ans la moitié du royaume chrétien d’Orient, puis l’islam s’étant lui-même exalté d’orgueil, Dieu fit cesser son extension. Dès le début du christianisme, saint Jean Chrysostome affirmait: «Donnez-moi deux attelages pour une course de chars. Que les chevaux du premier s’appellent Vérité (christianisme) et Orgueil, ceux du second s’appellent Hérésie et Humilité. Et bien vous verrez le second attelage remporter la victoire, non à cause de l’erreur mais à cause de la force du cheval Humilité. » Concrètement, il importe moins pour Dieu qu’un homme soit chrétien si, parallèlement, il se conduit comme un égoïste ou avec la morgue d’un pharisien. C’est, semble-t-il, l’explication de la bénédiction de l’islam par Dieu.

La même sagesse prévalut en Occident avec la Réforme protestante face à la puissance de la catholicité romaine. Plus récemment, on peut citer l’orgueil de la génération de la grande guerre (1914) qui apprit l’humilité dans le sang des tranchées, puis dans la révolte de ses petits-enfants de mai 68. Il n’en sera pas autrement pour l’orgueil de mai 68. Certaine d’avoir trouvé plus que ses pères la vérité, à travers la liberté et la luxure, cette génération sera disposée au salut en comprenant, avant de passer, son échec.

Solution 3 : La maladie d’un individu est pour lui d’une manière personnelle, signe de la proximité de sa propre fin qui est d’une certaine manière la fin du monde ; mais elle l’est aussi pour tous puisque qu’elle rappelle à l’humanité qu’elle est elle-même passagère.[128]

Solution 4 : La famine peut être spirituelle chez ceux qui oublient Dieu ou matérielle chez ceux qui sont dans la misère. En tant qu’elle trouve son origine dans le péché de l’homme, elle est signe du désordre qui règne dans le monde ; En elle-même, elle manifeste à l’homme la fragilité de sa vie terrestre et annonce sa fin prochaine et la venue du jugement dernier.

 

Article 3 : Y aura-t-il des guerres et de fausses paix ?

Objection 1 : Il semble qu’on ne doit pas compter les guerres parmi les signes de la fin du monde mais plutôt parmi ceux qui manifestent la dureté du cœur de l’homme dont elles sont l’effet.

Objection 2 : La paix civile est un fruit de la concorde des volontés. Elle est donc un bien tant par sa cause que par ses effets puisqu’elle permet à chacun de vivre harmonieusement. Il n’est donc pas juste de parler de fausse paix.

Objection 3 : Une fausse paix ne doit pas être considérée comme le signe du retour du Christ. Comme on l’a vu, les signes seront donnés à l’homme principalement pour qu’il s’amende avant qu’il ne soit trop tard. Or la paix du monde fait oublier aux hommes l’existence de Dieu, puisqu’ils peuvent vivre heureux sur la terre en se passant de son aide.

 

Cependant : Le Seigneur dit en saint Matthieu[129] : « Vous aurez aussi à entendre parler de guerres et de rumeurs de guerres : voyez, ne vous alarmez pas, il faut que cela arrive, mais ce n’est pas encore la fin »[130]

Et ailleurs[131] : « Lorsque l’on dira paix et sécurité, c’est alors que fondra sur eux tout d’un coup la perdition, comme les douleurs de la femme enceinte, et ils ne pourront y échapper ». Donc. .

 

Conclusion : Le mot guerre peut prendre deux significations, selon qu’elle est extérieure ou invisible. 1° Si l’on parle des guerres extérieures, on peut dire ceci. Il y a toujours eu des guerres et il y en aura toujours puisqu’elles trouvent leur origine dans la convoitise du cœur de l’homme par rapport aux biens de ce monde[132]. Dans l’histoire de l’humanité, il y eut un seul moment d’accalmie provisoire, lors de la naissance du Christ ; grâce à une paix imposée par la force des armes. Mais cette paix ne fut qu’apparente et fondée sur la puissance de l’Empire romain. Si l’on en croit les prophéties, la guerre ira en empirant jusqu’à la fin du monde, au point de devenir mondiale, selon l’Apocalypse[133] : « Des esprits démoniaques, des faiseurs de prodiges iront rassembler les rois du monde entier pour la guerre ». Il y aura, vers la fin du monde, une dernière guerre plus terrible que les autres. Elle sera terrible par son ampleur puisqu’il semble qu’elle doive opposer le monde séparé en deux camps[134]. Elle le sera aussi par ses motifs puisque celui qui la déclenchera ne visera pas seulement à imposer au monde une suprématie politique, mais aussi une suprématie idéologique. Ce sera donc la guerre de l’Antéchrist, comme nous le verrons plus loin.[135]

Il semble que cette dernière lutte orchestrée par le démon et dirigée par l’Antéchrist, réussira provisoirement, au point de faire régner sur le monde un ordre nouveau où Dieu sera absent[136] : « Par ses manœuvres, tous, petits et grands se feront marquer sur la main droite et sur le front, et nul ne pourra rien acheter ni vendre s’il n’est marqué au nom de la Bête ou au chiffre de son nom ». Il y aura donc une fausse paix, fondée sur l’ordre des intérêts communs et non sur l’ordre de la charité. Alors le Christ reviendra dans sa gloire, surpre­nant les hommes qui l’auront oublié.

2) C’est pourquoi, il faut parler vers la fin du monde d’une absence de guerre extérieure et d’une fausse paix qui sera en fait une autre guerre. L’Antéchrist, pour imposer son monde parfait d’où Dieu sera absent, fera une guerre « politique » efficace à ce qui porte le nom de Dieu. Il devra pour cela commencer par étouffer l’instinct de Dieu qui subsiste dans tous les cœurs. Dans un monde en apparence paisible, il règnera donc la pire des guerres puisqu’elle sera déclarée contre Dieu et l’âme humaine.

Solution 1 : La guerre extérieure manifeste par soi la proximité de la fin du monde, non seulement à chaque individu qui est amené à penser à sa propre mort[137] mais aussi pour les nations dont le destin dépend du sort des armes. Mais la dernière de toutes les guerres, celle qui sera conduite par l’Antéchrist sera signe de la fin du monde jusque dans le péché qui en sera la cause puisqu’il désirera faire disparaître de la terre entière les religions qui adorent Dieu, pour les remplacer par le culte de la puissance de l’homme, de la matière et du démon[138] : « On lui donna de mener campagne contre les Saints et de les vaincre. On lui donna pouvoir sur toute race, peuple ou nation. Et ils l’adoreront, tous les habitants de la terre ». Il n’est cependant absolument pas évident, à cause des paroles mêmes de Jésus, qu’il faille interpréter cette dernière guerre comme une guerre extérieure et armée. En cela, les témoins de Jéhovah et les protestants fondamentalistes oublient que les paroles de Dieu, même si elles prennent la plupart du temps un sens matériel, sont d’abord des paroles qui concernent la lutte de la damnation et du salut.[139]

Solution 2 : La paix civile n’est pas toujours la paix selon Dieu. Au plan politique, elle peut être une vraie paix comme on le vit à Babel où les hommes s’entendaient, tout en constituant un danger au plan du salut éternel. C’est le cas lorsque les hommes, se trouvant grâce à la paix invulnérables, se mettent à se croire quelque chose. Dans ce cas, une certaine concorde des volontés peut exister et conduire à une paix civile, sans pour autant mener à la vraie paix qui est fondée sur la charité. Il en sera ainsi, grâce à des accords mondiaux, vers la fin du monde. Mais une telle paix est fausse aux yeux de Dieu si elle conduit une génération à sa perte.

Solution 3 : La fausse paix peut conduire l’homme à oublier provisoirement l’existence de Dieu, puisque, grâce à la prospérité matérielle qu’elle amène, elle lui permet de se passer du secours de la Providence en ce qui concerne son être charnel. Cependant, selon qu’il est un être spirituel, l’abondance des biens de ce monde ne peut le rassasier. Il peut donc être amené par le vide spirituel qu’il ressent en lui, à chercher Dieu. Cependant, une telle recherche de Dieu dans la prospérité étant exceptionnelle, à cause de la nature sensible de l’homme, la paix extérieure n’est jamais de longue durée. Il en sera de même pour la dernière paix, celle qui précèdera immédiatement la venue glorieuse du Christ. Elle sera brisée par l’apparition de signes célestes puis du signe du Fils de l’homme, qui provoqueront l’effroi chez beaucoup et les amèneront à se convertir de leurs péchés ou, au contraire, à s’obstiner dans leur orgueil.

 

Article 4 : Y aura-t-il des faux prophètes ?

Objection 1 : Selon saint Jean[140] : « Beaucoup de faux prophètes sont venus dans le monde. À ceci reconnaissez l’Esprit de Dieu : Tout esprit qui confesse Jésus Christ venu dans la chair est de Dieu et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n’est pas de Dieu, c’est là l’esprit de l’Antéchrist ». Il y a toujours eu des faux prophètes. On ne doit donc pas les considérer comme un signe de la fin du monde.

Objection 2 : Il semble que seul l’Antéchrist sera signe de la fin du monde à cause de la passion qu’il fera subir à l’Église de Dieu. On ne doit pas en dire autant des autres faux prophètes.

Cependant : Le Seigneur dit[141] : « Il surgira des faux Christ et des faux prophètes qui produiront de grands signes et des prodiges, au point d’abuser, s’il était possible même les élus ».

 

Conclusion : De même que les souffrances sont là pour éprouver la qualité de la charité, de même les faux prophètes sont nécessaires pour vérifier la qualité de la foi. Par les enseignements qu’ils donnent, ils obligent l’Église à préciser le contenu du message dont le dépôt a été confié par le Seigneur ; Par la séduction qu’ils opèrent sur les esprits, ils manifestent la fidélité de ceux qui sont prêts à tout plutôt que d’adhérer à un autre évangile que celui du Seigneur, selon saint Paul[142] : « Si un ange venu du Ciel vous annonçait un évangile différent de celui que nous avons prêché, qu’il soit anathème ».

Cependant, vers la fin du monde, on doit admettre en suivant les prophéties, que les hérésies se multiplieront. Cela sera possible à cause de l’action cachée du démon qui aura auparavant refroidi la charité chez le grand nombre, selon saint Matthieu[143], laissant dans l’âme des hommes un vide spirituel que pourront remplir diverses sectes. Quant aux prodiges qui accompagneront la prédication des faux prophètes, ils auront leur origine dans la technique humaine ou encore dans la puissance des démons et non dans l’action de Dieu. Il sera donc possible, à ceux qui auront la foi, d’en déjouer la séduction.

 

Solution 1 : Il peut exister deux manières de ne pas confesser Jésus venu dans la chair :

1) Par simple ignorance, parce qu’on n’en a pas reçu la prédication ou qu’on ne l’a pas comprise et alors on n’est pas faux prophète.

2) Par un refus de la volonté, à cause du contenu du message qui s’oppose à l’amour désordonné de soi. Alors il s’agit bien de l’esprit de l’Antéchrist, c’est à dire de celui qui s’oppose au Christ et à la charité. Un tel faux prophète est signe de la fin du monde car il manifeste l’imminence du combat final opéré par le Christ lorsqu’il séparera le méchant des bons.

Solution 2 : L’Antéchrist réunira par sa doctrine l’essence de toutes les hérésies. En ce sens, il sera le plus grand des faux prophètes. Comme les autres faux prophètes, il sera signe de la fin du monde puisqu’il manifestera à ceux qui croient, la présence cachée mais agissante du démon qui, sentant son temps compté, s’efforce de détourner les hommes du salut par tous les moyens.

 

Article 5 : Y aura-t-il une grande apostasie ?

Objection 1 : L’apostasie peut atteindre divers degrés de gravité : On peut se retirer de Dieu en perdant la charité mais en gardant la foi ; on peut se retirer de lui en perdant à la fois la charité et la foi ce qui semble être la pire des apostasies puisqu’il ne reste rien de l’union à Dieu. Il ne peut donc y avoir d’apostasie plus grande que celle là.

Objection 2 : Il semble qu’une apostasie générale à la fin du monde est peu probable, Le Seigneur annonce en effet qu’au même moment l’évangile sera prêché à toutes les nations.

Objection 3 : L’apostasie consiste, alors qu’on a adhéré à Dieu, à le rejeter. Elle ne semble donc pas être un signe du retour du Christ qui devrait revenir au contraire au moment où tous les hommes seront prêts à le recevoir.

 

Cependant : L’apôtre écrit dans l’épître à Timothée[144] : « L’Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, certains renieront la foi pour s’attacher à des esprits trompeurs et à des doctrines diaboliques, séduits par des menteurs hypocrites marqués au fer rouge dans leur conscience ».

 

Conclusion : La charité est le lien qui maintient solidement l’édifice de la vie chrétienne. Or, elle est une vertu théologale dont l’exercice s’entretient par la ferveur de la prière qui unit à Dieu et de l’attention aux frères qui unit au prochain. Lorsque la charité est forte dans le peuple, la foi est inébranlable. Mais lorsque la charité s’attiédit, c’est l’Église tout entière qui devient vulnérable.

Or, d’après le Seigneur, la charité se refroidira chez le grand nombre vers la fin du monde. La perte du sens de Dieu et du prochain aimé comme enfant de Dieu amènera donc la perte du sens de la foi et les faux prophètes en profiteront pour introduire leurs doctrines nouvelles. Cependant, dans la première Epître à Timothée, l’apôtre parle de doctrines diaboliques. On peut donc penser qu’il ne s’agira pas seulement de nouvelles hérésies concernant la foi mais aussi des doctrines de l’Antéchrist qui s’opposeront directement à la vie de la grâce puisqu’elles proposeront à l’homme comme unique finalité le culte de soi-même. L’histoire de l’Église nous montre que cela s’est réellement passé ainsi, jusqu’à la disparition de certaines chrétientés. Le premier travail du démon pour détruire une chrétienté consiste à remplacer la prééminence des deux commandements de la charité par autre chose : Le zèle de la vérité, la vertu, l’obéissance, le social, la mystique etc. tout sauf ces deux commandements qui en font un.

Solution 1 : L’apostasie qui consiste à rejeter de son esprit toute union à Dieu, à la fois par la charité et la foi, est la pire qui puisse exister. Cependant, une telle apostasie ne vient jamais seule. Elle est motivée par un amour des biens de la terre qui mène d’abord à la négligence par rapport aux devoirs de la prière, puis à la perte du goût de Dieu et de ses commandements. Elle ne vient pas non plus d’un coup. Dans les chrétientés, la dégradation commence toujours par un zèle de Dieu faussé de la manière suivante : la charité des deux commandements, insensiblement, n’est plus la fin première de la vie. On la remplace par quelque chose qui lui ressemble. On oppose par exemple, les deux commandements, en donnant plus de place à l’un et en négligeant l’autre. On assiste en général, au balancement d’hésitation entre la recherche de l’ordre et celle de la liberté. Dans les deux cas, ce n’est plus l’Évangile qui est servi, mais sa caricature à travers des valeurs évangéliques certes, mais dont la vie venait de la charité théologale. Alors la voie est ouverte à d’autres décadences bien plus graves et, surtout, au rejet opposé par les générations suivantes, des excès faits dans un sens. Au terme de cette évolution qui peut prendre plusieurs siècles, lorsque la conversion aux biens de la Terre est parfaite, l’apostasie trouve son achèvement dans le mépris volontaire de Dieu.

Solution 2 : L’histoire de l’Église montre que lorsque l’Évangile devient religion officielle d’un État, la qualité de la charité du mal à ne pas en être affectée. La raison en est que la plupart des hommes vivent dans le sensible. En conséquence, le sel de l’évangile s’affadit. L’apostasie des élites peut conduire rapidement à l’apostasie des masses, surtout, si le visage de la religion apparaît déformé à cause de la tiédeur de ceux qui la pratiquent. Dans cette situation, la prédication des apôtres porte peu de fruits, les gens étant comme immunisés à la nouveauté du message. Nous en avons l’exemple dans l’Évangile[145] : « En ce lieu, Jésus ne pouvait faire aucun miracle ».

Solution 3 : Il convient que le Christ revienne à un moment où l’humanité l’aura en grande partie oublié. De cette façon, la grandeur de la miséricorde de Dieu sera manifestée avec puissance puisqu’il réalise ses promesses alors que l’homme ne le mérite pas. Dieu est fidèle à son Alliance car il aime l’homme, selon saint Paul : « La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ, alors que nous étions encore pécheurs, est mort pour nous ». De même, alors que l’homme sera retombé dans son péché, il reviendra et se révèlera à lui.

 

Article 6 : Le monde sombrera-t-il dans le péché ?

Objection 1 : Il ne semble pas que l’humanité à la fin du monde sombrera dans le péché. Au contraire, il est dit que l’Évangile sera prêché à toutes les nations.

Objection 2 : Que l’homme puisse oublier sa foi jusqu’à apostasier est une chose mais qu’il aille jusqu’à diriger son intention vers le péché est pire et paraît improbable pour un peuple que le levain chrétien a longuement mûri.

Objection 3 : L’Église mûrit l’humanité au point de l’amener à une morale de vie qui est surnaturelle. Si donc le monde doit sombre dans le péché, cela ne viendra pas des nations chrétiennes mais d’ailleurs.

Cependant : Saint Paul affirme dans la seconde épître à Timothée[146] : « Les hommes seront égoïstes, cupides, vantards, orgueilleux, diffamateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, sacrilèges, sans cœur, sans pitié, médisants, intempérants, intraitables, ennemis du bien, délateurs, effrontés, aveuglés par l’orgueil, plus amis de la volupté que de Dieu, ayant les apparences de la piété mais reniant ce qui en est la face ».[147]

 

Conclusion : Si l’on en croit les prophéties, la fin du monde sera précédée par des moments difficiles. L’humanité, entraînée par l’esprit de l’Antéchrist, sombrera dans le péché. Or, auparavant, l’histoire nous enseigne que l’humanité a connu un état de perfection spirituelle[148]. Aucune communauté humaine passe d’un état où la charité est le tien social à l’état inverse, cela ne peut se faire que progressivement. Selon Origène[149] : « Celui qui atteint un état de perfection de la charité ne va pas abandonner et tomber subitement ; mais il est nécessaire qu’il descende peu à peu et graduellement ». On peut distinguer quatre étapes, dont trois sont déjà réalisées :

1° Ce qui est atteint en premier lieu dans une telle dégradation, c’est le lien qui donne cohésion au tout, c’est-à-dire la charité. C’est ce que veut dire le Seigneur quand il annonce que la charité du grand nombre se refroidira.

Cela peut venir d’un excès de soucis pour les plaisirs et les activités du monde qui amènent la communauté à négliger la prière et la pratique des sacrements. C’est ce que la Bible rapporte du peuple d’Israël qui, lorsqu’il était dans la prospérité, était amené insensiblement à négliger le Temple. Et la somme de ces négligences qui sont des péchés véniels en arrive à atteindre la ferveur de l’espérance car l’homme espère moins posséder ce qu’il aime moins Ainsi, celui qui est tout à fait heureux oublie l’au-delà puisque la béatitude du Ciel ne lui paraît pas désirable comparée à celle qu’il a déjà. En troisième lieu, c’est la foi qui se trouve fragilisée puisque celui qui néglige de fréquenter Dieu par la prière perd la confiance absolue en celui qu’il aime moins. Ainsi, le doute peut s’introduire et par le doute, la voix des faux prophètes peut progressivement achever l’œuvre de destruction ainsi commencée.

Mais cela peu venir aussi de l’orgueil et de la soif du pouvoir. On met son zèle mauvais pour Dieu, mais on ne sert en fait que soi-même. La religion devient le prétexte pour s’imposer aux nations ou au prochain. Dans ce cas, loin de produire des fruits de paix. L’image de la charité devient celle d’un amour pervers et la méfiance des peuples à l’égard de la religion devient naturelle[150].

2° C`est ainsi que, parvenus à cette étape, l’humanité se trouve préparée à subir des attaques plus directes de la part de l’Esprit de l’antéchrist. De même que, chez un individu, la somme des péchés véniels dispose au péché mortel, de même, pour une société humaine, le démon s’efforce de totalement couper ses liens qui la maintiennent unie aux restes de la morale et de la foi enseignée par Dieu. C’est ainsi que le démon qui inspire les faux prophètes, s’efforçant, en premier lieu de rendre insupportables les jougs de Dieu : la charité est présentée sous l’image de ses caricatures comme un lien insupportable pour la vie humaine ou sous sa vraie image comme anti-humaine puisqu’elle exige de chacun qu’il soit disposé à donner sa vie pour son prochain ; de même, la foi est rejetée puisqu’elle est présentée comme s’imposant de l’extérieur à l’intelligence sans qu’elle soit capable par elle-même d’en démontrer le contenu. Quant à l’espérance, elle est présentée comme un moyen habile de faire oublier à l’homme sa misère d’ici-bas par la présentation d’un hypothétique mirage de l’au-delà. Quand les paroles des faux prophètes sont écoutées et acceptées par les élites, le grand nombre suit et c’est l’apostasie généralisée.

3° Dans cet état, l’humanité est immédiatement disposée pour entendre la prédication de divers antichristianismes, c’est-à-dire de nouveaux évangiles qui puissent remplacer l’ancien. Plusieurs recettes du bonheur peuvent être proposée au plan politique, selon l’état des sociétés. Que ce soit l’argent (capitalisme, marxisme), la gloire (nationalismes, nazisme), le plaisir (hédonisme de la consommation ou du sexe), le mondialisme qui soient exaltés, le point commun à tous ces Évangiles est que l’amour de soi est présenté comme le bien qui conduit au salut de l’homme[151]. Il s’agit du message opposé à celui du Christ qui disait[152] « qui aura perdu sa vie à cause de moi la trouvera ». Car en définitive l’œuvre du démon dans sa destruction de l’humanité consiste créer un monde où l’amour de soi est exalté jusqu’au mépris de Dieu. C’est ce que veut dire l’Apôtre quand il affirme que les hommes seront égoïstes. Leurs tentatives finissent par aboutir à une meilleure compréhension de ce qu’il convient de faire pour réussir. Un tel monde est montré par l’Écriture d’une manière préfigurative avec la tour de Babel[153], qui est la construction de l’homme qui se fait Dieu. Cependant, un tel monde fondé sur l’équilibre des individualismes ne peut connaître qu’une fausse paix. En effet, chacun cherchant son bien propre, s’oppose à la propre recherche individualiste des autres. Comme nous l’avons montré, les biens de la terre sont principalement les plaisirs, les richesses et les honneurs. C’est ce que veut signifier l’apôtre à propos de la fin du monde lorsqu’il dit que les hommes seront amis de la volupté, cupides, vantards et orgueilleux. Tous les autres péchés décrits par l’apôtre ne sont que les conséquences de ces péchés principaux car celui qui recherche un bien d’une manière égoïste est conduit insensiblement à utiliser des moyens mauvais comme la diffamation la rébellion à l’autorité des parents, l’ingratitude, le sacrilège, la dureté du cœur, le mensonge, etc.

4° Enfin, les générations passant, si l’on en suit l’Apôtre, une dernière étape peut venir, ultime celle-là, révélant de manière explicite dans l’humanité devenue incapable de résister le Mystère de l’iniquité, c’est-à-dire la présence et le motif de la révolte de Satan lors de la fondation du monde. Saint Paul semble affirmer que Dieu permettra, à la fin du monde, la prédication d’un nouvel Evangile, celui de Satan, à travers un ultime Antéchrist [154]: « Avant la Venue du Christ doit venir l'apostasie et se révéler l'Homme impie, l'Etre perdu, l'Adversaire, celui qui s'élève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusqu'à s'asseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu, se produisant lui-même comme Dieu. Et vous savez ce qui le retient maintenant, de façon qu'il ne se révèle qu'à son moment. Alors l'Impie se révélera, et le Seigneur le fera disparaître par le souffle de sa bouche, l'anéantira par la manifestation de sa Venue ».

 

Solution 1 : Que l’Évangile doive être prêchée à toutes les nations ne veut pas dire qu’il sera accepté. De même, s’il est accepté cela ne signifie pas qu’il sera universellement gardé. C’est ce qu’enseigne le Seigneur par la parabole du semeur[155] : « La semence qui est tombée dans les épines, ce sont ceux qui ont entendu, mais en cours de route les soucis, la richesse et les plaisirs de la vie les étouffent et ils n’arrivent pas à maturité ». Mais cette parole peut signifier que, pour en manifester la vérité, Dieu permettra vers la fin du monde que tout homme ait physiquement entendu prêcher l’Évangile, grâce au travail d’un ou plusieurs apôtres médiatique.

Solution 2 : Il est vrai que la foi et la morale chrétienne mûrissent l’humanité à cause de leur perfection. Mais elles ne peuvent être vécues que si la charité les vivifie de l’intérieur. Quand la charité disparaît, et avec elle la grâce efficace de Dieu, l’homme ne peut plus vivre des exigences du Christ. C’est ce qu’on voit lorsque les États chrétiens sont conduits par une nécessité populaire à adopter des lois qui sont moins évangéliques mais plus adaptées à la faiblesse humaine, comme la possibilité de divorcer, de se remarier et d’autres choses du même genre. Cependant, l’individualisme progressant, les États peuvent être conduits à sombrer dans une morale qui n’est plus simplement humaine, mais proprement païenne : ainsi voit-on parfois des nations légaliser à nouveau des pratiques depuis longtemps disparues, poussée par la nécessité populaire (élimination, par exemple, des individus gênants comme les enfants non désirés, les handicapés, les improductifs). Mais une telle évolution se fait progressivement. Il faut en effet une lente préparation des esprits pour passer d’une morale chrétienne fondée sur la charité à une morale humaine réglée par les exigences de l’amitié ou de la justice et enfin tomber dans les excès de l’individualisme païen. Ainsi, concernant les enfants, la pratique de l’avortement précède celle de « l’exposition » car il faut une plus grande insensibilité pour être capable de supprimer un être qui est déjà né.

Solution 3 : La maturation apportée par l’Évangile n’est jamais achevée tant que l’homme est sur la terre. Elle toujours à lutter contre quelque reste du péché. Et c’est cette maturité elle-même qui conduit l’homme à pécher plus gravement lorsqu’il détourne son cœur des exigences de la charité. Il le fait en effet avec plus d’intelligence et de maîtrise de soi. C’est pourquoi saint Jean écrit à propos des Antéchrists[156] : « Ils sont sortis de chez nous ». On doit conclure de tout cela que la perversion qui conduira le monde au péché viendra en premier lieu des nations chrétiennes.[157]

 

QUESTION 29 : Les signes de la fin du monde dans les autres religions

 

Il nous faut maintenant voir en détail les signes de la fin des fins, c’est-à-dire ceux annoncent non seulement la fin de chaque génération mais la fin de la dernière génération. Ils concernent d’abord les diverses religions et en particulier le judaïsme ; ils concernent aussi l’Église catholique et les Églises chrétiennes séparées ; ils concernent enfin la Vierge Marie, l’Antéchrist et le signe du fils de l’homme.

A propos des différentes religions, nous verrons neuf questions :

Article 1: Les diverses religions sont-elles bonnes?

Article 2: Les diverses religions viennent-elles de Dieu?

Article 3: A la fin du monde, y aura-t-il d’autres religions que celle du Christ?

Article 4: Y aura-t-il des signes dans les diverses religions?

Article 5: La religion islamique vient-elle de Dieu?

Article 6: Y aura-t-il des signes concernant l’islam?

Article 7: Fallait-il que le judaïsme subsiste après la venue au Christ?

Article 8: A la fin du monde, y aura-t-il des signes concernant le judaïsme?

Article 9: Peut-on savoir de quelle manière Israël se convertira au Christ?

 

Article 1 : Les diverses religions sont-elles bonnes ?

Article 1: Les diverses religions sont-elles bonnes?

 

Objection 1:

Cela ne semble pas d’après la sagesse[1], "les idolâtres vont jusqu’à adorer les bêtes les plus odieuses". C’est pourquoi ils sont qualifiés d’insensés. Or il ne peut y avoir aucun bien dans une religion qui adore du bois, de la pierre ou même des démons.

Objection 2:

Le Seigneur dit que celui qui ne croira pas sera condamné[2]. Or celui qui ne croit pas au Christ peut appartenir à une autre religion. Il ne sera donc pas sauvé. Donc une religion qui ne mène pas au salut ne peut être bonne.

Objection 3:

Les religions comme l’Hindouisme ne peuvent être bonnes puisqu’elles adorent de multiples dieux et non le Dieu unique. D’autre part, elles enseignent de multiples hérésies comme la réincarnation et la loi du Karma qui plongent les hommes dans un fatalisme et empêchent les efforts contre la misère.

Objection 4:

Les religions qui prétendent remonter à Dieu par le seul effort de l’homme ne peuvent être bonnes puisqu’il appartient à Dieu de se révéler à qui il veut, par le don de sa grâce et de sa gloire. Elles conduisent l’homme à la présomption puisqu’il croit pouvoir atteindre par lui-même ce qui est hors de sa portée.

Objection 5:

Etablir une hiérarchie des religions paraît bien présomptueux et loin du jugement de Jésus lui-même qui, face aux Docteurs arrogants montrait une femme païenne en disant [3]: "En vérité, je vous le dis, chez personne je n'ai trouvé une telle foi en Israël".

Objection 6:

L’athéisme est parfois comme une forme de religion. Des gens croient, comme mus par une foi, que Dieu ne peut exister puisqu’il est caché et que la mort triomphe en fin de compte. Or ces gens sont conduits soit à vivre au jour le jour dans un bonheur immédiat, soit à être rongés d’angoisses sur leur sort final. Donc cette forme de religion là est mauvaise.

Objection 7:

Le dernier Antéchrist établira sur terre le culte lucide de Lucifer, comme Dieu de la liberté et de la fierté solitaire. C’est la religion de l’enfer. Quel bien peut-il y avoir en elle puisqu’elle conduit en enfer.

 

Cependant:

Le Seigneur dit en saint Jean[4]: "J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas dans cet enclos". Il sous-entend donc qu’il existe d’autres enclos où ses brebis sont gardées en attendent sa venue. Donc les autres religions ont quelque chose de bon.

 

Conclusion:

D’après le concile Vatican II[5], il existe une bonté réelle dans les autres religions puisque les hommes "en attendent la réponse aux énigmes cachées de la condition humaine, qui, hier comme aujourd’hui troublent leur cœur".

On peut établir d’une certaine manière une hiérarchie entre les religions en fonction de ce qu’elles enseignent du mystère de Dieu, et de la proximité qu’elles permettent avec Dieu. Ce sont ces deux critères, en effet, qui rendent, en soi, une religion supérieure à une autre. Il convient de remarquer que ce critère ne signifie pas que les membres de cette religion supérieure en soi sont plus grands aux yeux de Dieu parce qu’ils appartiennent à cette religion. Dieu juge le cœur des hommes et un païen humble est plus grand à ses yeux qu’un chrétien pervers.

Le degré le plus bas des religions se trouve dans les sectes, c’est-à-dire dans ces religions dont le chef se fait Dieu, allant jusqu’à confisquer le libre arbitre de ses fidèles. Toutes les religions, et même les sectes, ont en commun le sens de l’existence de quelque chose qui dépasse l’homme et peut le sauver de la mort. En ce sens, toutes ont un fondement qui est bon puisqu’il répond à la soif naturelle de l’homme vers l’éternité.

Ce sens du sacré qui demeure à travers toutes les religions peut être perverti et conduire à l’adoration de réalités qui ne sont pas Dieu comme on le voit dans l’idolâtrie ou dans le culte des esprits. Les anciennes religions liées à la sorcellerie et les sectes rendent l’homme esclave. Mais elles gardent au plan du salut deux vestiges du bien: En maintenant l’homme en esclavage, elles le disposent à se tourner avec joie vers la liberté de l’Esprit quand elle sera révélée. D’autre part, elles lui apprennent à se garder de l’orgueil face à la puissance de forces qui les dépassent. C’est ainsi que Dieu permet l’existence provisoire de certaines sectes idolâtres.

Bien au-dessus de ces idolâtries, on peut classer les panthéismes. Le sens religieux de l’homme peut le conduire à une recherche plus affinée, exprimée à travers un langage plus élaboré. Certaines religions, sans comprendre l’existence d’un Dieu personnel, n’en ont pas moins deviné la grandeur du transcendant. Ainsi, "dans l’Hindouisme, les hommes scrutent le "mystère" et l’expriment par la fécondité inépuisable des mythes et par les efforts pénétrants de la philosophie; ils cherchent la libération des angoisses de notre condition, soit par les formes de la vie ascétique, soit par la méditation profane, soit par le refuge en Dieu avec confiance et amour. Dans le Bouddhisme, selon ses formes variées, l’insuffisance radicale de ce monde changeant est reconnue et on enseigne une voie par laquelle les hommes, avec un cœur dévot et confiant, pourront acquérir l’état de libération parfaite ou encore atteindre l’illumination suprême par leurs propres efforts ou par un secours venu d’en haut".[6] Ces religions sont grandes et protégées par Dieu car elles disposent leurs fidèles au salut en leur apprenant une humilité et une droiture volontaire.

Elles ont le défaut de ne pas connaître l’existence du Créateur et son salut. C’est pourquoi, leur est supérieure la religion naturelle qui trouve son origine dans la découverte personnelle, à partir de l’ordre étonnant de l’univers, de l’existence d’un Créateur. Ainsi les philosophes Platon, Aristote, et même Albert Einstein furent-ils conduit à contempler l’Être Premier dans sa simplicité, sa perfection et sa bonté.

Au-dessus, on trouve des religions qui, ne s’appuyant pas sur la seule raison, dépassent certaines obscurités inaccessibles. Elles cherchent et proposent quelque explication aux mystères comme la souffrance et le silence de Dieu. Toutes ne sont pas révélées, beaucoup sont un mixe d’inspirations divine et d’inventions imaginaires. La religion de l’Égypte antique, par exemple, au moins dans sa conception sacerdotale et avant sa décadence en superstition, allait jusqu’à comprendre l’existence d’une rétribution après la mort pour les actes commis (paradis et enfer), d’un jugement dernier à la mesure de la droiture du cœur (Maât). Parmi ses dieux multiples, l’imitation d’Osiris et d’Isis à travers leur amour, la passion et la résurrection d’Osiris, n’était pas sans rappeler certains aspects du mystère du Christ et de la Vierge. Elle n’est pas la seule.

Au-dessus, enfin, on trouve les trois religions issues d’Abraham, l’homme qui eut la première Révélation sur le mystère de Dieu. Elles sont essentiellement le judaïsme qui adore Dieu comme celui qui est, le Dieu transcendant et unique qui s’engage à conduire l’humanité vers un salut éternel, grâce à la promesse d’un Messie; l’islam qui adore le Dieu unique et miséricordieux qui a parlé en dictant son message à un prophète. Le Dieu d’Abraham est adoré comme le créateur et aimé comme le miséricordieux. Mais aucune de ces deux religions n’ose parler de la possibilité de devenir l’ami de Dieu. Elles arrêtent leur amour, par respect pour la transcendance, à la vénération que peut avoir le serviteur devant son maître.

C’est pourquoi, au sommet de toutes les religions de cette terre, le catholicisme et l’orthodoxie, et probablement la Réforme telle que la pensa Luther[7] confessent la possibilité d’un amour réciproque, celui d’une créature libre et active qui peut répondre d’égalité à l’amitié du Créateur, dans une intimité due à la communion de la grâce.

On doit donc s’efforcer de reconnaître ce qui est vrai et saint dans les religions, même si les manières d’agir et de vivre, les règles et les doctrines diffèrent beaucoup de ce que l’Église enseigne et propose. Cependant, malgré ces rayons de la vérité qui sont présents dons les religions, l’Église est tenue d’annoncer sens cesse le Christ qui est "le chemin, la vérité et la vie".[8]mmmm

 

Solution 1:

Les idolâtres font de statues de pierre ou de bois, fabriquées par leurs soins, leurs dieux. Les adorateurs du démon subissent la tyrannie des esprits mauvais qui les maintiennent sous l’esclavage des superstitions. Ces religions sont donc mauvaises puisqu’elles soumettent l’homme à quelque chose qui lui est inférieur. On doit donc s’efforcer d’en libérer leurs adeptes par un enseignement qui manifeste la vanité de ces dieux et par la prédication de la religion du vrai Dieu. Cependant en tant qu’il demeure par elles une certaine sensibilité à cette force cachée qui est présente au cours des choses et aux événements de la vie humaine, il existe dans le paganisme une certaine bonté qui est un vestige du Verbe éternel illuminant tous les hommes.

Solution 2:

Les religions ne peuvent en elles-mêmes apporter le salut aux hommes puisque seul Dieu fait homme peut introduire dans la vie éternelle. Cependant, par la bonté qui est en elles, elles peuvent disposer favorablement le cœur de l’homme à recevoir la prédication de l’Évangile du Christ, soit par la parole des apôtres missionnaires, soit par Jésus lui-même au moment de la mort. C’est de la même façon que le judaïsme, sans introduire dans le salut, disposait les hommes à le recevoir. Quant aux hommes dont parle l’objection, ce sont ceux qui méprisent la parole de Jésus alors même qu’ils savent qu’elle vient de Dieu, ce qui est le péché contre le Saint Esprit dont nous avons parlé.

Solution 3:

À travers les multiples dieux des polythéismes peut demeurer quelque chose de l’essence de l’unique Dieu et de ses attributs principaux. De même les erreurs théologiques présentes dans l’hindouisme disposent malgré tout au développement d’un sens de l’humilité (kénose) de la condition humaine pécheresse, ce qui est essentiel comme disposition au salut éternel.

Solution 4:

Le désir qui fait chercher Dieu vient lui-même de Dieu. Ainsi l’effort du philosophe qui établit l’existence d’un Être Premier et celui de l’ascète qui essaie de s’unir à lui, est bon. La présomption est autre chose: Elle consiste à mépriser toute aide surajoutée par Dieu, même quand elle est proposée durant la vie ou à l’heure de la mort. Au contraire, Dieu aime la bonne volonté des volontaristes. Il la taille en la laissant s’user dans la faiblesse des résultats, jusqu’au jour où, quand il se révèle, il sait être accueilli avec soulagement par le chercheur.

Solution 5:

Une religion peut être regardée de deux manières: en soi et à travers ses membres. En soi, une religion est d’autant plus grande qu’elle s’approche du vrai Dieu, de son humilité (kénose) et de son amour. Selon ses membres, une religion sera d’autant plus grande aux yeux de Dieu que ses membres seront humbles et assoiffés d’amour. Face à la Parousie du Messie, c’est cet ordre là qui plait à Dieu. Dans sa vie apostolique, Jésus ne cessait de distinguer ces deux niveaux puisqu’il disait à la Samaritaine [9]: "Le salut vient des Juifs", montrant la supériorité du judaïsme, tout en disant à ses disciples [10]: "Méfiez-vous du levain des pharisiens", manifestant l’infériorité personnelle de beaucoup des docteurs du judaïsme de cette époque.

Solution 6:

L’athéisme est en lui-même un mal puisqu’il prive totalement l’homme de la connaissance de la cause et du Principe qui pourrait donner sens à sa vie. Cependant et par accident, il n’est permis voire voulu par Dieu que parce qu’il peut produire un bien plus grand : en coupant l’homme de ses racines et de sa fin, il produit un feu, qui comme dans un purgatoire de silence, creuse le désir inconscient d’un salut. Saint Augustin exprime l’effet de cet amour de Dieu non encore conscient de lui-même dans ses Confessions : « Avant de te connaître, je t’ai aimé. » Cet amour vient de l’essence de l’âme humaine qui est, par nature, faite pour recevoir la grâce sanctifiante puis la gloire. Lorsque le Seigneur paraît, le manque spirituel trouve donc son explication lucide et ceux qui sont de bonne volonté aiment Celui qu’ils attendaient sans le deviner.

Solution 7:

On peut raisonner de la même manière pour la religion du dernier Antéchrist. Elle est mauvaise dans la proposition du faux Dieu qu’elle donne. Mais elle ne pourra apparaître qu’à cause d’une racine bonne dans l’âme humaine -la soif pour un salut-. Elle sera permise par Dieu car elle produira accidentellement un effet positif : ne comblant pas l’esprit humain qui est fait, par sa nature et l’orientation de la syndérèse, pour le vrai Dieu, elle n’en manifestera que davantage la grandeur de l’apparition glorieuse du Messie.


 

[1] Sagesse 15, 18.

[2] Marc 16, 16.

[3] Matthieu 8, 10.

[4] Jean 10, 16.

[5] Concile Vatican II, Décret sur les diverses religions.

[6] Ibidem.

[7] La Réforme, en ne croyant pas à cette dignité de la nature humaine, va moins loin. Pour elle, la confiance en Dieu suffit. La foi seule sauve, et non la charité et sa coopération active de réciprocité. Pour elle, l’homme détruit par le péché originel est bien incapable d’une telle audace. Cependant, une fois la grâce reçue, le Protestantisme croit possible la charité ce qui, en définitive relativise beaucoup ce qui sépare les chrétiens entre eux.

[8] Jean 14, 6.

[9] Jean 4, 22.

[10] Matthieu 16, 6.

 

Article 2 : Les diverses religions viennent-elles de Dieu ?

Objection 1 : Cela ne semble pas. La sagesse montre en effet comment naît le paganisme[168]. « Voici un bûcheron : il prend un bois tordu et tout en nœuds. Il le prend et le sculpte avec l’application des heures de loisir, il lui donne figure humaine. Puis il lui fait une habitation convenable, le place dans un mur et l’assure avec du fer pour qu’il ne tombe pas. Puis, s’il veut prier pour ses biens, son mariage, ses enfants, il ne rougit pas d’adresser la parole à cet objet sans vie ». Donc l’idolâtrie vient des hommes.

Objection 2 : Après le péché originel, l’homme a été livré au pouvoir du démon. C’est pourquoi certains se sont mis à adorer des idoles qui leur répondaient par l’action cachée des démons. Il semble donc que les diverses religions viennent du démon.

Objection 3 : D’après le philosophe Feuerbach le désir naturel présent au fond du cœur de l’homme le pousse à inventer l’existence d’un Dieu infini et immortel sur lequel il projette ses idéaux inconscients. Or ce Dieu n’est autre que le Dieu des chrétiens. En effet, que désire plus l’homme que l’idéal d’un paradis de Lumière et d’amour avec sa famille ? Donc on ne doit pas dire que la religion du Christ vient de Dieu.

Objection 4 : L’Écriture Sainte rapporte que bien des révélations furent données par les bons anges aux nations païennes. Ainsi le pharaon reçut-il l’annonce de la grande sécheresse qu’allait subir pendant sept ans son pays[169]. De même on rapporte que la Pythie de Delphes reçut de nombreux oracles sur la venue prochaine au Christ. Donc les diverses religions viennent des bons anges.

Objection 5 : Le Seigneur dit à propos des brebis qui ne sont pas dans l’enclos de l’Église[170] et qui sont donc dans d’autres religions : « Celles-là aussi il faut que je les mène et elles écouteront ma voix, et il y aura un seul troupeau un seul pasteur ». Le Seigneur ne veut donc pas qu’il y ait d’autres religions que la sienne. Donc les autres religions ne viennent pas de Dieu.

 

Cependant : Dieu est cause première des désirs de l’homme. Or l’homme est par nature un être religieux. Donc les religions ont leur origine première en Dieu.

 

Conclusion : Pour discerner l’origine des multiples religions du monde, il faut considérer deux choses :

1. Ce qu’elles ont de commun, et qui est une recherche de ce qui est au-dessus de l’homme.

2. Ce qui les différencie et qui est la forme particulière de chacune d’elles.

Si l’on regarde ce qu’elles ont de commun, alors on doit dire que toutes les religions ont leur origine première en Dieu. En effet, c’est Dieu qui a créé l’homme et est cause première du désir naturel de son âme qui le pousse à le rechercher. Et ce désir naturel de Dieu qui est fondé dans un habitus entitatif de l’âme, fait que l’homme est par nature un animal religieux. Il ne trouve de repos quant à son esprit que lorsque son intelligence connaît la Vérité éternelle et lorsque sa volonté adhère au Bien absolu.

Si l’on regarde maintenant les diverses manières par lesquelles l’homme s’efforce de satisfaire son appétit religieux, alors on doit parler autrement. Si l’on en croit les Écritures, l’homme et la femme reçurent au jour de leur création, la révélation du Dieu unique dont ils connurent d’une manière contemplative les attributs principaux. Cependant, après le péché originel, le sens de la présence de Dieu disparut peu à peu, étouffé par les soucis du monde et par les péchés actuels. L’humanité éprouva donc les tiraillements du désir spirituel. L’intelligence des hommes ne trouva plus de réponses aux questions fondamentales : - Qu’est ce que l’homme ? - Quel est le sens et le but de sa vie ? - Qu’est ce que le bien, qu’est ce que le péché ? - Quels sont l’origine et le but de la souffrance ? - Quelle est la voie pour parvenir au vrai bonheur ? - Qu’est ce que la mort et ce qui la suit ? L’intelligence de l’homme n’étant plus éclairée, l’existence humaine fut soumise à l’angoisse qu’est la peur d’un mal possible et futur dont on ne connaît pas la nature et qui s’incarne en premier lieu dans la peur de la mort. C’est pourquoi, étant à la recherche d’un certain repos, et pour se rassurer, l’homme se donna à lui-même divers dieux immédiatement adaptés à sa sensibilité. C’est ce qui est signifié dans le livre de l’exode[171] : « Aaron fit fondre l’or dans un moule et en fit une statue de veau. Alors ils dirent : Voici ton Dieu, Israël, celui qui t’a fait sortir du pays d’Égypte ».

Dans un second temps, parce qu’il s’affinait et se cultivait, l’homme ne put plus se contenter de réponses aussi grossières. Cherchant une réponse plus satisfaisante aux questions de l’existence, il fit des puissances de la nature -comme les astres du Ciel et les esprits angéliques- ses dieux, à cause de l’efficacité qu’ils manifestaient sur sa vie.

Dans un troisième temps, et pour expliquer l’origine de l’existence de ces divers dieux qu’il s’était donné, l’homme construisit des explications en se servant de son imagination ou encore des enseignements des esprits. C’est ainsi qu’apparurent le foisonnement des mythologies, où les dieux sont présentés et adorés comme des hommes supérieurs. Il y eu même quelques hommes pour inventer l’existence d’un Dieu unique, incarné dans par le soleil. Il s’agit du pharaon Akhenaton.

De ce qui précède, on doit conclure que les religions qui adorent des idoles, des puissances de la nature ou des dieux mythiques, ont leur origine dans l’homme, à cause de son désir religieux naturel ou encore dans les démons qui s’appuient sur ce désir pour se faire adorer eux-mêmes comme Dieu.

D’autres hommes cependant, s’efforcèrent de chercher s’il existait réellement un absolu capable de donner sens à la vie humaine, sans se laisser emporter par les aveuglements de la passion. Par le raisonnement, ils remontèrent progressivement à l’existence d’un Dieu unique, Créateur du Ciel et de la terre et source de l’immortalité de l’âme. C’est ainsi qu’apparurent les religions philosophiques. De telles religions ont leur origine à la fois dans l’homme dont l’intelligence a la capacité naturelle de découvrir l’existence de Dieu selon les paroles du Concile Vatican I, et de Dieu qui éclaire de sa lumière toute recherche sincère.

Enfin, il existe certaines religions dont l’origine est en Dieu seul, en tant qu’il prend l’initiative de se révéler à l’homme. Telle est la religion d’Abraham qui se soumit à la parole d’un Dieu encore inconnu ; Telle aussi la religion juive fondée sur la parole communiquée à Moïse et la religion chrétienne révélée par Dieu en tant qu’il s’est fait homme.

 

Solution 1 : Comme on l’a dit, l’idolâtrie a son origine dans le désir de l’homme qui fuit le mal de la peur. Elle est une perversion d’un désir religieux naturel qui vient de Dieu.

Solution 2 : Il est vrai que le démon profita de la faiblesse de l’homme pour lui révéler diverses religions dont il se faisait lui-même Dieu, espérant ainsi conduire plus efficacement le plus grand nombre à la perte. C’est ce que montre l’Écriture quand elle décrit les cultes dépravés offerts par les Syriens aux dieux Baal ou Astarté. Cependant, on doit admettre que cette faiblesse trouvait son origine première dans l’absence de Dieu qui laissait vide le cœur de l’homme.

Solution 3 : L’homme n’étant pas cause de lui-même, il est impossible que le désir naturel qui le pousse vers le Dieu unique et transcendant vienne de lui. Il vient donc de celui qui est cause de sa nature et de l’existence de l’humanité tout entière, c’est-à-dire Dieu. Quant à l’argument de Feuerbach, on peut le retourner de cette manière : comme l’existence d’un appétit naturel n’est jamais vain, on peut dire que le désir naturel de Dieu est signe de l’existence de Dieu.

Solution 4 : Parmi les mythes innombrables des religions antiques, certains ont des fondements historiques. C’est ainsi que presque toutes les traditions parlent du terrible déluge subi par l’humanité dans le passé ; D’autres annoncent ou préfigurent les mystères divins. Ceux-là peuvent être considérés comme en partie inspirés par les anges du Seigneur. Cependant, il est difficile de les séparer des ajouts de l’imagination humaine.

Solution 5 : Les autres religions, y compris le judaïsme, ne sont que des dispositions qui doivent conduire les hommes à recevoir ce qu’elles espèrent, c’est-à-dire le Salut de Dieu.

La religion du Christ, bien qu’elle soit la seule à permettre dès cette terre un cœur à cœur avec Dieu (ce qui est déjà le salut) disparaîtra aussi sous sa forme passagère. Cela se produira en deux étapes : 1- d’abord, à l’heure de la mort, parce que Dieu se montrera dans son humanité glorieuse. A cette heure-là, il n’y aura plus qu’une seule religion, celle du christ glorieux, parce que chaque homme recevra ou rejettera son apparition dans les Nuées du Ciel ; 2- Enfin, lorsque Dieu se montrera sans voile sous la forme de sa divinité. Alors il y aura un seul troupeau, un seul pasteur.

 

Article 3 : À la fin du monde, y aura-t-il d’autres religions que celle du Christ ?

Objection 1 : Il semble que toutes les religions auront disparues pour laisser place à l’unique religion du Christ, selon Jean[172] : « Il y aura un seul troupeau un seul pasteur ».

Objection 2 : Selon l’Apocalypse[173] « On donna à la Bête le pouvoir de mener campagne contre les saints et de les vaincre ; on lui donna pouvoir sur toute race, peuple, langue ou nation ». Il semble donc, que vers la fin des temps, le démon et l’Antéchrist s’attaqueront à tout ce qu’il y a de saint dans les religions du monde et réussira. Donc il ne subsistera pas de religion en dehors de celle du Christ qui résistera selon le Seigneur « les portes de l’enfer ne l’emporteront contre elle »[174].

Objection 3 : Lorsque le Christ viendra dans sa gloire, l’Évangile aura été prêché à toutes les nations, selon ce qui est écrit[175]. Il n’y aura donc pas d’autres religions que celle du Christ.

 

Cependant : Le Seigneur a dit à ses apôtres[176] : « En vérité, je vous le dis, vous n’achèverez pas le tour des villes d’Israël avant que le Fils de l’Homme ne vienne ». Il semble donc qu’il restera encore des hommes qui pratiqueront d’autres religions.

 

Conclusion : Lorsque le Christ reviendra, il semble qu’il subsistera encore d’autres religions que celle qu’il révéla aux hommes. Et on peut en donner plusieurs arguments, bien qu’il soit impossible de conclure d’une manière définitive en ces matières qui relèvent essentiellement de l’ordination de Dieu.

1° De même que le levain de l’évangile ne finit jamais de transformer le cœur d’un homme, mais garde toujours quelque chose à convertir en nous, de même il ne peut jamais exister une communauté humaine pleinement gagnée au Christ. C’est ce que montre le livre de l’apocalypse, dans la lettre aux sept églises[177] : Le Seigneur trouve à chacune un reproche ou une recommandation. Et il est nécessaire qu’il en soit ainsi car l’amour de la charité ne doit jamais s’arrêter dans sa lutte contre les restes du péché sans quoi il court le risque de s’attiédir. De même, il est convenable que le zèle apostolique des chrétiens soit sans cesse excité par l’existence des païens car l’Église, quand elle oublie les exigences missionnaires données par le Seigneur, s’affadit dans son élan vers le Royaume des cieux. Il demeurera donc toujours des religions différentes de celle du Christ.

2° Comme nous l’avons montré, il y aura vers la fin du monde un attiédissement de la charité chez le grand nombre, suivi d’une grande apostasie et d’un retour des péchés des nations antiques. Or l’expérience montre que lorsque l’homme oublie le Dieu unique, il cherche à combler son désir religieux naturel en se façonnant d’autres dieux. Ainsi le peuple Hébreu retournait-il sans cesse « à ses prostitutions avec les idoles » selon Ezéchiel[178]. On peut donc penser que, vers la fin du monde, les hommes ne se contenteront pas du monde individualiste et matérialiste mais que l’Antéchrist leur proposera une nouvelle religion apte à combler leur soif de survie après la mort, selon l’Apocalypse[179] : « Les hommes ne renoncèrent même pas aux oeuvres de leurs mains : ils ne cessèrent d’adorer les démons. Ces idoles d’or et d’argent, de bronze et de bois ». Il se pourrait, si l’on suit saint Paul, que l’Antéchrist propose la vie éternelle à travers la religion de Lucifer, l’ange qui exaltait la dignité t la liberté plutôt que l’amour et l’humilité.

 

Solution 1 : À la fin du monde, lorsque le Christ reviendra dans sa gloire, il illuminera les hommes de la révélation de son salut et tous les élus seront réunis dans la cité Sainte, que la gloire de Dieu illuminera et où tous les peuples marcheront à sa lumière. Ainsi, il n’y aura plus qu’un seul troupeau et un seul pasteur. Mais, auparavant, il convient qu’il demeure diverses religions comme on l’a montré.

Solution 2 : La puissance de l’Antéchrist et de ses armées peut vaincre les religions selon leurs institutions extérieures. Mais il ne peut arracher totalement du cœur le désir intérieur infusé par Dieu et qui pousse à adorer en secret ce qu’on ne peut adorer ouvertement. Et si l’on objecte qu’il peut arriver par ses séductions à utiliser ce désir naturel en faisant que l’homme adore les biens de ce monde ou encore les démons, on doit répondre qu’un tel culte, à cause de son caractère insatisfaisant, ne peut séduire tout le monde, selon Ezéchiel[180] : « Ainsi parle le Seigneur Yahvé : bien que j’envoie mes quatre fléaux terribles, épée, famine, bêtes féroces et peste, vers Jérusalem pour en retrancher bêtes et gens, voici qu’il s’y trouve un petit reste de survivants ».

Solution 3 : Selon le Seigneur, [181] « Les apôtres seront haïs de toutes les nations à cause de son nom et beaucoup succomberont ». Il semble donc que, si l’évangile doit être prêché partout, il ne sera pas accepté partout.

 

Article 4 : Y aura-t-il des signes dans les diverses religions ?

Objection 1 : Cela semble improbable : ceux qui ignorent complètement l’existence du Christ ne peuvent en aucune façon recevoir des signes de son retour. Il ne convient donc pas qu’il y ait des signes dans les religions païennes.

Objection 2 : Le signe principal de la venue du Christ sera apporté par les apôtres de l’Église qui prêcheront dans toutes les nations. Il semble donc qu’il est inutile qu’il y ait des signes à l’intérieur même des diverses traditions religieuses du monde.

 

Cependant : Ninive la païenne fut avertie de se convertir à la voix du prophète Jonas. Il semble qu’il en sera de même pour toutes les races de la terre à la fin du monde.

 

Conclusion : Comme on l’a dit, il convient que tous les hommes soient avertis d’une manière ou d’une autre de leur fin prochaine et de la nécessité qui leur incombe de se convertir. Ainsi Dieu adapte-t-il ses signes à la façon de penser de chacun. Aussi donna-t-il aux mages de Chaldée qui étaient habitués à scruter les étoiles, un signe astral par la création d’une nouvelle étoile qui se déplaçait pour les conduire vers le Messie.

De même à la fin des temps, les adeptes des diverses religions seront avertis par la réalisation de certaines prophéties contenues dans leurs traditions. Ces prophéties et ces signes leur auront été préalablement donnés par l’intermédiaire du ministère des anges dont le rôle est de veiller sur toutes les nations de la terre.

Il existe des exemples modernes de ce genre de prophéties. Ils se multiplieront au temps de la fin. Les Incas du XVIème siècle reçurent semble-t-il jadis une prophétie à la fois proche de la réalité et trompeuse[182] : « Des dieux portant la barbe, montés sur de grands cerfs viendront de l’Orient et apporteront le salut ». Lorsqu’une armée de 200 espagnols apparut, il semble qu’ils crurent un temps être face à la réalisation de ce texte. Les Indiens d’Amérique du sud sont heureux d’avoir reçu le christianisme. Ils ont été délivrés à la fois des sacrifices humains et du culte des démons. Mais le dieu de Pissarro était l’or. Caché dans ce sillage de sang, le Christ se donna aux indiens. La prophétie se réalisa spirituellement à la lettre mais, politiqueent, elle aboutit à la ruine d’une nation, donc à son humiliation en vue de son salut.

 

Solution 1 : Ce qui est commun à toutes les religions, c’est selon l’épître aux Hébreux[183] « que Dieu existe et qu’il se fait rémunérateur de ceux qui le cherchent ». Et cela peut être considéré comme une foi implicite, dans ce sens que, lorsque la révélation leur sera donnée par le Christ, ils y adhéreront explicitement. Il peut donc y avoir dans les religions païennes des signes donnés par Dieu ou les anges, de la fin du monde et du jugement. [184]

Solution 2 : La prédication des apôtres constituera un grand signe pour les nations du monde entier. Cependant, elle ne sera pas suffisante pour ceux qui ne recevront pas leurs paroles comme une parole de Dieu. Il convient donc qu’ils soient avertis par des moyens adaptés à leur sensibilité.

 

Article 5 : L’islam vient-il de Dieu ?

QUESTION AU FORUM

Objection 1 : Cela n’est pas possible. L’islam enseigne en effet des hérésies concernant en particulier le mystère de Jésus-Christ dont 1e divinité est niée explicitement. Or Dieu qui ne trompe personne, ne peut avoir dicté dans le Coran quelque chose de faux.

Objection 2 : L’islam s’est implanté dans des nations qui avaient été originellement gagnées au Christ, supprimant les Églises patriarcales en convertissant ses fidèles. Dieu ne peut avoir béni un tel désastre pour son Évangile.

Objection 3 : D’après saint Jean[185], « le voilà l’Antéchrist : il nie le Père et le Fils. Quiconque nie le Fils ne possède pas non plus le Père ». Or l’islam nie que Dieu ait un Fils donc il vient de l’Antéchrist.

Objection 4 : L’islam prêche la guerre sainte qui lui permet d’implanter ses croyances par la force. Or Dieu ne convertit personne par la force. C’est plutôt la méthode du démon selon l’Apocalypse[186] : « Nul ne pourra rien acheter ni vendre s’il n’est marqué du nom de la Bête ».

Objection 5 : L’histoire de l’Église montre qu’il y a toujours eu des rivalités et des luttes entre les chrétiens et les musulmans. Ainsi les papes durent-ils lever de nombreuses croisades. Ce qui n’aurait pas eu lieu si l’islam venait de Dieu.

Objection 6 : Les musulmans refusent le mystère de la charité qui fait de l’homme un ami et même un époux de Dieu. Or, celui qui n’aime pas Dieu ne peut entrer dans la gloire. Donc l’islam est une religion mauvaise.

 

Cependant : Le docteur de la loi Gamaliel, qui était un sage, disait aux membres du Sanhédrin à propos de l’Église qui venait de naître[187]: « Ne vous occupez sas de ces gens là, laissez-les. Car si leur propos ou leur œuvre vient des hommes, il se détruira de lui-même. Mais si vraiment il vient de Dieu, vous n’arriverez pas à le détruire. Ne risquez pas de vous trouver en guerre contre Dieu ». Attention donc, dans ce débat théologique, aux passions politiques. Ce dont nous parlons ici, c'est du salut éternel. 

Conclusion :

Conclusion : À propos de l’origine de l’islam, on serait, en tant que chrétien, tenté de répondre de manière simple et définitive: "non". Comment Dieu pourrait-il enseigner quelque chose de faux? Dieu pourrait-il livrer des pans entiers de la chrétienté à une telle chute de civilisation? Cependant, nous allons le voir, une réponse plus nuancée semble s'imposer. Comme dit saint Paul (Romains 11, 33) : "Dieu est un abîme de richesse et nul n'a saisi la profondeur de ses voies." Car son seul but n'est pas la victoire, ici-bas, mais le salut très concret, dans l'éternité, du plus grand nombre de ses enfants bien-aimés, quelque soit le troupeau provisoire où il vit ici-bas.

 Pour répondre à la question de l’origine de l’islam, il est très difficile d’être absolument concluant car l’Écriture sainte et le Magistère de l’Église ne donnent pas d’enseignements définitifs sur ce point. Cependant, depuis le concile Vatican II, l’Église a reconnu la riche valeur de la foi et de la morale musulmane. Donc écoute humble et ouverture.

Il faut donc s’efforcer de voir s’il existe des prophéties bibliques à propos de cette religion et si l’islam se reconnaît dans ces prophéties. Or il est remarquable de constater que la référence première des musulmans est le patriarche Abraham, et ils désirent se soumettre à Dieu comme lui-même s’est soumis. Ils se disent Fils d’Abraham en Ismaël. C’est donc du côté des promesses faites à Abraham qu’il faut chercher.

L’Écriture Sainte nous rapporte qu’Abraham a eu deux fils et c’est par ces deux fils que fut réalisée la promesse faite par Dieu de multiplier à l’extrême sa descendance, au point de la rendre nombreuse comme les étoiles du Ciel[188]. Le premier fut appelé Ismaël et fut conçu sans que Dieu en prenne l’initiative, mais par la volonté d’Abraham et de Sara qui pensaient ainsi faire sa volonté. Il fut donné à Abraham par l’intermédiaire d’une servante égyptienne nommée Agar. Le second fils, appelé Isaac, fut annoncé par Dieu lors de son apparition au chêne de Mambré sous la forme de trois personnes. Il fut conçu par la femme libre d’Abraham, c’est-à-dire par Sara. Et Dieu dit à propos d’Isaac et d’Ismaël[189] : « C’est par Isaac qu’une descendance perpétuera ton nom mais du fils de la servante je ferai aussi une grande nation car il est de ta race ». Il y a là une allégorie qui concerne les deux religions issues du Judaïsme, à savoir l’islam et le christianisme. En effet, le christianisme fut créé immédiatement par Dieu et reçut la révélation au Mystère de la Trinité symbolisé au chêne de Mambré par les trois personnes qui étaient un seul Dieu. Les chrétiens sont appelés enfants de Dieu puisqu’ils sont issus d’Abraham à travers son épouse sans passer par la servante. Quant à l’islam, si on en croit cette prophétie il vient de l’initiative des hommes mais Dieu le bénit et le rendit extrêmement fécond à cause de la foi dont faisaient preuve les musulmans, suivant en cela l’exemple de leur Père Abraham. Les musulmans se nomment les esclaves de Dieu, ce qui est symbolisé par leur mère qui est l’esclave égyptienne Agar. Donc, d’après cette prophétie biblique, l’islam, même s’il vient d’une initiative humaine, est béni par Dieu.

 

Solution 1 : Il est vrai que l’islam enseigne des choses parfois insuffisantes et souvent fausses sur le mystère du Christ, de la Trinité et de la charité. En ce sens, on peut dire que cette religion n’a pu être directement dictée par Dieu, quoiqu’en dise Mohamed. Cependant, les musulmans vénèrent Jésus comme prophète et ils pensent qu’il est le Messie annoncé par Dieu. Ils honorent sa mère virginale, Marie, et parfois même l’invoquent avec piété. De plus, ils attendent le retour du Christ et le jour du jugement où Dieu rétribuera tous les hommes ressuscités. Ils sont donc disposés à accueillir favorablement la plénitude de la révélation chrétienne, lorsqu’elle leur apparaîtra à fin du monde.

Et le fait que l’islam n’a pas son origine première en Dieu ne signifie pas qu’il n’a pu être béni par la suite. Au contraire, comme le montre l’histoire d’Ismaël, il est convenable de penser que cette religion a été bénie à cause d’Abraham, c’est-à-dire à cause de sa foi très pure dans le Dieu un, vivant et subsistant, miséricordieux et tout puissent, créateur du Ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes.

Solution 2 : Dieu peut parfois bénir ce qui apparaît à un regard superficiel comme un désastre, à cause d’un bien plus profond qu’il en fait sortir et qui a rapport avec le salut éternel des hommes. Or, comme le rapporte l’histoire, l’Église chrétienne, au moment de la naissance de l’Islam, dans sa partie située en Orient, s’enlisait dans des discussions théologiques sans fin qui avaient abouti à l’apparition de multiples hérésies et schismes. De plus, étant la religion officielle de l’Empire Romain, elle attiédissait le feu de la charité par un souci trop grand des choses de la politique. L’islam eut donc peu de peine à amener à elle les foules, à cause de la ferveur de sa jeunesse. Le monde fut donc divisé en deux religions qui, ni elles voulaient subsister, devaient sans cesse réformer leurs mœurs et convertir leurs regards vers Dieu. C’est de cette façon là que la division peut être parfois voulue par Dieu, comme on le voit pour la nation d’Israël après la mort de Salomon. Quant à la genèse de l’Islam elle est la réalisation de la prophétie faite par Dieu à propos d’Ismaël[190] : « Il s’établira à la face de tous ses frères ».

Solution 3 : L’islam nie que Dieu ait un fils, non par haine de Dieu mais à cause de leur zèle de Dieu : la raison en est qu’ils n’ont pas compris l’essence du dogme de la Trinité. Selon eux, les chrétiens croient en trois Dieux, ce qui s’oppose à la foi au Dieu unique révélée en Abraham.

Cependant, on doit admettre avec saint Jean que puisqu’ils n’ont pas compris le mystère du Fils de Dieu fait homme, ils ne connaissent pas non plus le Père dont il est l’image. Ils adorent donc un Dieu qu’ils ne connaissent pas, de la même manière que les Juifs selon la parole de Jésus.

Solution 4 : Selon le Coran, la guerre Sainte est d’abord une guerre militaire[191]. Mais comme les musulmans n’ont pas de Magistère unifié, il semble difficile d’être totalement définitif sur son interprétation et ses conditions.  Le Djihad au sens strict du mot tend à proscrire toute autre adoration que celle de Dieu, l’unique, à se dresser contre la violence et le mal, à sauvegarder la vie, les biens et l’équité, à généraliser le bien et à répandre la vertu. Dieu dit : « Combattez-les afin que plus aucun croyant ne soit tenté d’abjurer et que le culte tout entier soit rendu à Dieu.[192]»

Mais cette guerre ne se pratique pas n’importe comment. Le djihad est soumis à des règles venant de Dieu. 1- En conséquence, en premier lieu, aucune guerre sainte n’est légitime si elle n’est pas commandée par l’autorité du calife légitime.

2- Ensuite, le combat ne se fait pas n’importe comment. Il ne ressemble en rien aux guerres barbares et sans limites qui caractérisent la colère humaine. Il est précédé par un avertissement chevaleresque : 1- Avant l’engagement, il faut convier l’ennemi à la conversion l’islam. Cette première étape se fait par la discussion, l’exposition de la foi musulmane. 2- S’il refuse, on lui propose une seconde solution : il lui est possible de se soumettre aux codes des lois civiles Musulmanes et de payer un tribut, sans qu’il ait besoin de devenir musulman. 3- S’il le refuse encore, on recourt alors aux armes. On lui impose par la force les lois civiles et morales justes, tout en le laissant libre de garder sa propre conviction religieuse.

3- Enfin, et c’est le plus important, le but du djihad n’est pas de convertir de force à la religion. La foi ne s’impose jamais. Elle est affaire de conscience et de don de Dieu. Il ne s’agit pas d’abord de s’enrichir ou de capturer des esclaves. Il s’agit de tout autre chose. Deux buts sont visés : 1- Proposer la vérité de la révélation de Mohamed. 2- Répandre et imposer la droiture et la justice morales et civiles dans des nations soumises à la perversion, à l’injustice, au meurtre.

Historiquement, s’est très souvent ainsi que l’islam s’est répandu à travers le monde. Ils réalisent aussi les prophéties données par Dieu sur Ismaël[193] : « Il portera un arc », c’est-à-dire qu’elle sera une religion des armes ». Il sera comme un âne sauvage et indomptable, sa main contre tous, la main de tous contre lui », c’est-à-dire qu’elle aura partout tendance, dès qu’elle est en position de force, à s’imposer et à réduire les autres religions en soumission.

celle que l’homme doit mener contre le péché qui est en lui. En second lieu, elle peut être

Solution 5 : Certaines croisades furent rendues nécessaires à cause du massacre des chrétiens d’Orient perpétré par des extrémistes islamiques et surtout par ce perpétuel danger militaire qu’à constituer l’islam face au christianisme. Sans défense armée, il est certain que la civilisation chrétienne aurait disparu tout entière. Cependant, comme dans toute guerre, il y eut de nombreux excès du côté des nations chrétiennes elles-mêmes. C’est ce qu’exprime le concile Vatican II[194] : « Si au cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimitiés se sont manifestées entre chrétiens et musulmans, le concile les exhorte tous à oublier le passé et à s’efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle ».

Solution 6 : Ce n’est pas par haine de Dieu que les musulmans refusent le mystère de la charité. C’est à cause de leur sens de la grandeur et de la transcendance de Dieu et il leur semble blasphématoire de la part de l’homme qu’il prétende parler à Dieu comme à quelqu’un qui lui est égal. Selon eux, l’homme doit toujours approcher Dieu en l’adorant ce qu’exprime leur façon de prier prosternés sur le sol. [195]

Cependant, les musulmans ne se contentent pas de se dire esclaves de Dieu mais ils mettent en lui leur confiance, ce qui constitue déjà pour eux une disposition à l’entrée dans la gloire. Selon Notre Seigneur[196] : « En vérité, je vous le dis, quiconque n’accueille pas le Royaume de Dieu en petit enfant n’y entrera pas ».

 

Article 6 : Y aura-t-il des signes concernant l’islam ?

Objection 1 : On ne voit pas quels signes pourraient être donnés puisqu’il n’existe rien dans la révélation chrétienne à ce sujet.

Objection 2 : Les musulmans sont par rapport aux chrétiens comme les frères d’un même père, puisque les deux religions trouvent leur origine commune dans le judaïsme. Il semble donc que les signes qui seront donnés aux chrétiens seront donnés aussi aux adeptes de l’islam.

Objection 3 : Pour savoir comment sera attaqué l’islam, le plus simple consiste à regarder ses propres prophéties. Dieu ne peut manquer d’avoir donné aux musulmans quelque révélation sur leur avenir, à cause d’Abraham leur modèle et père.

 

Cependant : Les musulmans, qui sont fils d’Abraham attendent comme les chrétiens le retour du Messie qui est Jésus Christ. De même que cette espérance ne sera pas déçue, de même elle sera précédée de signes qui leur seront adaptés.

 

Conclusion : L’Écriture sainte des juifs et des Chrétiens ne donne rien de significatif à propos des signes qui seront visibles dans l’islam. On peut savoir cependant que cette religion subira au cours de son histoire les attaques du démon. Vers la fin du monde, l’Antéchrist la détruira puisqu’il s’attaquera avec succès, dit l’Écriture[197], « à tout ce qui porte le nom de Dieu ».

Quant à savoir comment il s’y prendra, on peut dire la chose suivante. Le démon s’en prend toujours aux êtres et aux communautés par ce qui constitue leur faiblesse. Par exemple, le christianisme étant une religion d’amour et de liberté, il trouve dans sa force première sa première faiblesse. Il s’efforce de caricaturer ce qui est le plus noble en ces deux valeurs. Il s’attaque à l’amour. Sa plus grande réussite consiste à faire appeler « amour » par les fidèles, ce qui n’est en fait que « l’amour de soi ». Le jansénisme disait qu’aimer son prochain consistait à être vertueux ; le progressisme dit qu’aimer son prochain consiste d’abord et exclusivement dans son bien être matériel et psychologique. De même, il pousse les chrétiens à abuser de la liberté qui leur est laissée jusqu’à la revendiquer en elle-même, par opposition aux exigences de l’amour qui se sacrifie pour le prochain.

On peut faire le même type de raisonnement pour l’islam. D’après le livre de la Genèse, Ismaël qui symbolise l’islam est caractérisé de la manière suivante : « Il vit dans les déserts. Il est tireur d’arc. Il est un homme indomptable. Sa main est contre tous et la main de tous contre lui ».[198] L’observation de l’islam confirme ces prophéties. Né dans les déserts d’Arabie d’un peuple sémitique primitif, l’islam s’est structuré de manière militaire. Dès qu’il s’est senti suffisamment fort pour le faire, il s’est imposé par la guerre face aux nations qu’il a conquises. Les musulmans sont intransigeants sur leur foi. L’apostat est mis à mort. Pour résumer, l’islam se structure autour de deux valeurs : la foi intransigeante et le service efficace de Dieu.

C’est grâce à ces propriétés que l’islam s’est imposé. C’est sur ses propriétés qu’il sera attaqué vers la fin du monde par le démon et son homme, l’Antéchrist.

1° La première tentation de l’islam lui viendra de l’orgueil (dû à sa puissance) et du pouvoir. Cette religion diffère du christianisme par le fait que des éléments politiques sont intimement et indissociablement mêlés à l’aspect religieux. Née dans les tribus arabes du désert, son histoire est emprunte des restes de sa mentalité sémitique, à des traditions antiques de la guerre liées aux razzias, à l’esclavage telles qu’on les voit décrites dans la Bible. De plus, à cause de ses conquêtes militaires, de son intransigeance, toute l’histoire de l’islam est tâchée par des fautes contre la liberté humaine et la paix. Certains crimes contre l’humanité ont été commis, particulièrement en Inde où cette religion s’est fait un devoir d’exterminer les idolâtres en même temps que les idoles. Vers la fin du monde, elle aura à subir directement les attaques de l’esprit de l’Antéchrist particulièrement sur ce qui constitue ses fautes[199]. Ainsi, parce que des musulmans parmi les plus zélés confondent religion et politique de conquête, ils saliront de manière définitive et beaucoup plus forte encore que ne l’ont fait les zélateurs chrétiens l’image de la religion. Ce reproche, qui fit la force de l’islam, sera sa perte au temps de l’Antéchrist.

"11 septembre", Cristian de Leon http://www.oricom.ca/cristalino/

Il lui sera reproché ses crimes. Ces attaques lui viendront aussi bien de l’extérieur que de l’intérieur, par ses propres fidèles. Ayant pris l’épée, il est probable que selon la parole de Jésus[200], l’islam périra par l’épée. Exaspérant le monde par ses attaques et son intransigeance, il finira par être attaqué et écrasé par des forces militaires supérieures.

2° L’islam étant une religion du service de Dieu, il sera aussi attaqué par ses fidèles et par l’esprit de l’Antéchrist sur le point de son manque de sens de la liberté par ses fidèles, lorsque le désir de vivre dans l’instant les plaisirs de la vie terrestre sera plus fort. L’islam connaîtra un refroidissement du zèle pour le service de Dieu. Cette dégradation ne peut venir que d’un autre zèle qui la dominera et qui sera, comme toujours, lié aux trois convoitises de l’homme : l’orgueil, le pouvoir et les plaisirs.

Fondé sur ces deux attaques fondamentales, les autres prendront davantage de force. Il y aura des attaques directes contre la foi et la morale musulmanes. La croyance dans le fait que le Coran est dicté directement par Dieu sera la première à subir les assauts puisqu’elle fonde toute cette religion ; Puis les exigences morales du Coran et politiques de la loi seront jugées insupportables et archaïques. Enfin, viendra la lutte finale qui précédera le retour du Christ et qui sera menée par les armées de l’Antéchrist lui-même.

 

Solution 1 : Le Seigneur nous demande d’être attentifs aux signes des temps afin que notre espérance portant sur le retour du Christ ne diminue pas. C’est pourquoi, l’Église par le Concile Vatican II, invite les chrétiens à être attentifs aux traditions musulmanes et à en scruter la richesse. Les signes de la fin du monde que les musulmans attendent doivent donc être objet d’un intérêt particulier. Ils sont au nombre de dix :

1- Le soleil se levant à l’Ouest[201]. "Le jour où Nous plierons le ciel comme on plie le rouleau des livres." Cette prophétie signifie probablement que, lors de ces événements, la puissance mondiale appartiendra, à tous les plans, à l’Occident.

2- Un phénomène sismique en Occident, un autre en Orient, un troisième en Arabie[202]. La terre sera secouée par un grand séisme, le ciel se fendra, les planètes se disperseront, les mers seront projetées, les sépulcres bouleversés, les montagnes voleront comme des flocons de laine cardée.

3- L’apparition de la fumée qui restera 40 jours sur terre[203]. Le Coran en parle (sourate 44, La Fumée) et raconte comment elle va s’étendre sur Terre. Selon certains exégèses dont Abi Massoud, ce serait un temps terrible de faim, de misère semblable à ce qui est arrivé à la tribu de Quoraïch au temps de Mohamed.

4- La venue du Mahdi, le dernier grand imam (Docteur et chef politique) de l’islam. Le temps de la fin commencera par la venue d’un grand imam dont la mission consistera à préparer le peuple musulman à l’épreuve. Au sens étymologique, le Mahdi signifie « celui qui est bien guidé ». Le prophète Mohamed s'est servi de ce mot dans son sens littéral quand il dit : "je vous recommande ma tradition et la tradition de mes califes orthodoxes et bien guidés après moi."

5- La venue de Dajjal, l’Antéchrist : C’est l’étape suivante, terrible. Un Hadith, rapporté par de nombreux traditionalistes, nous informe que, avant la grande bataille de Gog et Magog et le retour de Jésus, viendra le Dajjal, l’Antéchrist. Le Prophète s’en préservait par un signe quand il en parlait. Il disait : «Il se comparera à Dieu. Dans son mensonge, il prétendra être Dieu ». Selon Mohamed, le Dajjal sera d’origine juive. Il sera borgne. Il sera à l’image de Abd Al Ozza Ibnou Ouatane, un grand ennemi de l’islam.

6- La sortie de la Bête qui écrira "croyant" entre les yeux des croyants et "infidèle" entre les yeux des infidèles[204]. C’est une bête de taille gigantesque, ayant une ressemblance avec beaucoup d’animaux, douée de parole, qui surgira de la terre et s’adressera aux gens pour les blâmer d’être mécréants. Pour les Musulmans, elle est décrite non comme une bête réelle mais comme l’image d’une monstrueuse idéologie, d’une tyrannie politique, celle de l’Antéchrist.

7- La grande guerre contre l’islam, Gog et Magog. Il s’agit de la grande guerre de la fin du monde, prophétisée par Ezéchiel. Anas-ben-Mâlik rapporte que le Prophète a dit : "l'Antéchrist viendra et ira dans le voisinage de Médine. La ville éprouvera trois secousses et, après cela, les infidèles et les hypocrites iront trouver l'Antéchrist." Hadith 92, 26 (Point 2). Il viendra de la région du Khorassan, en Asie, et 70000 juifs armés le suivront. Les diables que le Prophète Soulaïman a enchaînés dans les mers le suivront. Il attirera beaucoup de monde à lui car il donnera à boire et à manger. Les musulmans seront tentés de le suivre et d’apostasier leur foi. Mais, selon le Prophète, les Musulmans fidèles mangeront (seront nourri) par le dikrh, le Rappel d’Allah, la prière récitée cinq fois par jour. (Soubhannallah ! Hamdoulillah ! Allahouakbar !).

Le monde entier, accompagné des démons, se liguera contre le peuple musulman, mené par l’Antéchrist. Le passage coranique parlant de la guerre se réfère à un épisode biblique, lié à une prophétie d’Ezéchiel[205]. L’Apocalypse 20, 7-9 en fait le symbole de la guerre finale : « Les mille ans écoulés, Satan, relâché de sa prison, s'en ira séduire les nations des quatre coins de la terre, Gog et Magog, et les rassembler pour la guerre, aussi nombreux que le sable de la mer ; ils montèrent sur toute l'étendue du pays, puis ils investirent le camp des saints, la Cité bien-aimée. Mais un feu descendit du ciel et les dévora. Selon certains théologiens musulmans, dont Acha’Raoui, ce malheur viendra du fait de la provocation d’une communauté de musulmans malfaisants.

8- Un feu naissant à Aden (au Yémen), qui chassera les habitants puis la destruction de la Kaaba par les Abyssins. Il s’agit de la destruction physique de tous les lieux saints de l’islam, prophétie étonnante et pourtant explicitement enseignée par Mohamed. Cette destruction finale de l’islam visible par les armes du Dajjal fait explicitement partie de la foi eschatologique des Musulmans.

9- L’apostasie : Après ces événements graves, le Coran sera enlevé des lèvres et des cœurs, l’incroyance deviendra générale. Bismilahi Rahmani Rahimi l’explique : « Retenez chères sœurs et frères, que quatre femmes qui fréquentaient le Messager d’Allah nous rapportent qu’il a dit : "Malheur aux arabes[206] !" Les compagnons questionnèrent alors : "Dieu nous détruira-t-il, alors que parmi nous il y aura des bienfaisants ?" - Oui, c’est parce qu’en vous se multiplieront les péchés (fornication et autres)"». Une dernière prophétie, tirée des Hadith, est importante à citer. Elle semble donner la clef des autres : “L’islam a commencé étranger et finira étranger.” Le sens en paraît évident : il s’agit de l’annonce explicite d’une diminution de puissance, d’un cheminement de la religion islamique vers la pauvreté, la petitesse et la faiblesse. Cette prophétie ressemble fort à celle qui s’applique au christianisme.

10- La descente de Issa (Jésus, fils de Marie). Un Hadith de Muslim rapporte que malgré ces épreuves, il subsistera toujours, jusqu’à la fin du monde un petit reste de croyants. Ils seront de fidèles Musulmans comme au temps béni de Médine. « Il y aura toujours une partie de ma communauté qui combattra ouvertement dans la voie de la vérité jusqu’à la fin des temps. Issa le fils Maryama (Jésus) descendra et le Commandeur de ses croyants lui dira : vient diriger notre prière et Issa répondra : non continue à diriger la prière car vous êtes de la communauté de Mohamed chacun peut présider la prière de l’autre ».

Ces prophéties annoncent visiblement une fin douloureuse de l’islam, puis une victoire définitive sur les forces du mal, grâce à la sainteté des cœurs et par le retour du Christ. Mais il convient de remarquer qu’une partie des docteurs musulmans, comme les wahhabites d’Arabie, en lisent le dénouement d’une façon toute autre : Selon eux, il n’y a rien de mystique dans les annonces de Mohamed. Pour eux, alors que tout semblera perdu, Dieu donnera la victoire totale à la Communauté Sainte. Allah va livrer ses ennemis à l’islam, dans un dernier combat. Les Juifs et leurs allés impies seront exterminés de la surface de la terre. On mettra sept mois à enterrer leurs cadavres[207]. Allah remportera cette grande victoire par toutes sortes de fléaux : la guerre, la peste, la grêle etc. La Palestine redeviendra la terre bénie de l’islam. Le monde deviendra un seul Califat, soumis à la sainte loi d’Allah. Ceux qui refuseront de se convertir disparaîtront. Alors Jésus reviendra et balayera le reste des Chrétiens. Le monde entier sera, sous son commandement, musulman. L’Antéchrist, qui est né en Occident, sera vaincu et la gloire d’Allah sera exaltée pour toujours.

Les islamistes Wahhabites appuient leur vision apocalyptique sur un texte du prophète Ezéchiel qui est considéré comme un prophète d’Allah. Il parle de ce combat de Gog et Magog contre le peuple saint. Il est étonnant de constater cette ironie de l’histoire qui peut-être, se reproduira. C’est exactement le même texte qui nourrissait l’endurance incroyable des zélotes Juifs, en 70 ap. JC, les poussant à combattre jusqu’à la mort, alors que tout semblait perdu. Résultat : La guerre des Juifs contre les Romains, fit un million cent mille morts, un tiers des Juifs de l’époque, et aboutit à la ruine du Temple, à la dispersion du peuple et à un judaïsme devenu humble, modeste et bénit de Dieu. Il est possible que la partie intransigeante et fanatique de l’islam provoque vers la fin du monde, à partir des mêmes causes, les mêmes effets.

Solution 2 : Les musulmans ne sont pas aussi bien préparés par leur foi à comprendre les signes liés à l’anéantissement en vue de l’humilité. Les chrétiens eux-mêmes, malgré le mystère de la souffrance et de la mort du Christ, ont beaucoup de mal à comprendre que cela sera appliqué à eux-mêmes et à l’Église. Pour les musulmans, le mystère de la mort qui conduit à la résurrection est très étranger. Leur psychologie est plutôt orientée vers la gloire militaire, du moins depuis la révélation à Médine des versets de la guerre. Vers la fin du monde, il leur faut donc des signes très forts où l’expérience du malheur les laissera dans l’incompréhension totale des volontés de Dieu. Cela peut venir de la Vierge Marie qui est pour eux une des femmes saintes qu’ils vénèrent beaucoup. Peut-être aura-t-elle la mission de les préparer à cela. Cela peut venir aussi de leur patriarche principal, à savoir d’Ismaël le fils d’Abraham. En effet, un point prophétique important doit être ici souligner. Il s’agit d’une ‘erreur’ apparente du Coran dont la signification est sans doute très profonde. Les Juifs riaient souvent de Mohamed en lui disant : « Tu te trompes. Le livre de la Genèse est net sur ce point. Ce n’est pas Ismaël qui faillit être immolé par Abraham à Yahvé. C’est Isaac. » Alors le Prophète se mettait en colère. Il disait[208] qu’Abraham avait des fils, dont le plus connus était Ismaël, "l’égorgé", le fils aîné d’Abraham, qu’il eut de Agar l’égyptienne copte. Mohamed précise : « Qui dit que l’égorgé était Isaac, doit avoir reçu cette prétention des fils d’Israël, qui ont altéré et faussé la Torah et l’Evangile, et intentionnellement changé les informations qu’ils possédaient. Car Abraham avait reçu l’ordre d’égorger son fils aîné. »

Dieu dit : « Nous annonçâmes à Abraham qu’il aurait un fils d’une grande douceur de caractère. Lorsque son fils fut en âge de se diriger, Abraham lui dit : "O mon fils, j’ai rêvé que je t’immolais en sacrifice. Qu’en penses-­tu " "O mon père, lui dit son fils, exécute ce qui t’est or­donné. Je serai courageux s’il plaît à Dieu[209] ». Il accepta l’ordre donné à son père et lui promit de se rési­gner. Le couteau du père allait s’abattre mais Dieu retint son bras. Alors Ismaël fut sauvé. La descendance d’Abraham ne périt pas. Les musulmans fêtent depuis ce jour le salut d’Ismaël dans la grande fête du Sacrifice. Dieu dit : « Mentionne Ismaël dans le Livre. Il respectait la foi jurée. Ce fut un Prophète. Il recommandait la prière et la charité aux siens. Il était l’élu de son Seigneur[210]».

En quoi cette erreur coranique peut-elle avoir une quelconque importance ? C’est que dans cette histoire, rien n’est laissé au hasard. Nous avons affaire à des allégories peut-être inspirées par Dieu. Chaque détail est important car il signifie quelque chose de l’avenir. Les Chrétiens pensent avec les Juifs que c’est Isaac qui faillit être sacrifié[211] par Abraham. Au dernier moment, Dieu refusa qu’Abraham aille jusqu’au bout de son geste. L’enfant fut sauvé et remplacé par un bélier[212]. Ils y voient une allégorie portant sur leur eschatologie[213]. La conséquence est que les Chrétiens croient que, vers la fin du monde, leur destin ressemblera à celui d’Isaac. Ils subiront de la part d’un Antéchrist un abaissement et un martyre. L’islam a reçu la même prophétie sous les traits d’Ismaël, son archétype biblique. Ce fait semble indiquer que le destin de cette religion est identique. Il semble qu’un musulman sincère peut donc trouver dans sa propre révélation une compréhension de ce mystère. Quant à la souffrance elle-même, qui les frappera avant le retour du Christ, elle leur fera comprendre que l’humilité et l’amour étaient plus grands que l’islamisation du monde entier.

 

Article 7 : Fallait-il que le judaïsme subsiste après la venue au Christ ?[214]

Objection 1 : La religion juive n’avait de sens que parce qu’elle préparait et annonçait la venue du Messie. Elle aurait donc du disparaître après sa venue, les prophéties n’ayant plus de raison d’être.

Objection 2 : De même que le rideau du temple se déchira en deux de bout en bout à l’heure de la mort du Christ, de même que le temple fut détruit quelques années plus tard signifiant ainsi la fin de l’ancienne alliance, de même le judaïsme dispersé à travers le monde aurait dû disparaître et s’assimiler aux autres religions.

Objection 3 : Que les Juifs se soient obstinés jusqu’à maintenant à ne pas croire en Jésus, cela vient de leur certitude d’être le peuple élu et cette certitude semble être liée à un grand orgueil selon l’Exode[215] : « Ce peuple à la nuque raide ». Mais cela ne peut venir d’une volonté de Dieu.

Objection 4 : Dieu a promis de donner à Israël un Messie. Si donc Dieu est responsable de l’endurcissement du cœur d’Israël, c’est que sa parole a failli sur ce point, ce qui est inacceptable.

Objection 5 : Israël en rejetant le Messie, a trahi son alliance avec Dieu. Il a donc été rejeté et maudit, d’où les persécutions et massacres subis de la part des chrétiens comme des musulmans.

 

Cependant : Saint Paul écrit dans l’épître aux Romains[216] : « Dieu fait miséricorde à qui il veut et il endurcit qui il veut ». Il veut signifier par là que l’aveuglement intellectuel d’Israël qui refuse la foi au Christ est voulu par Dieu, à cause d’un plus grand bien qui doit en sortir. Il dit aussi en parlant d’Israël qu’il est un[217]: « abîme de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu! Que ses décrets sont insondables et ses voies incompréhensibles! » C’est donc qu’en Israël, sous la forme politique d’un peuple, se trouve symbolisé la totalité du mystère du gouvernement de Dieu sur les hommes.

 

Conclusion : D’après l’enseignement de saint Paul aux Romains, le fait que le Peuple d’Israël n’ait pas reçu le Messie qui lui avait été envoyé, malgré les nombreuses prophéties qu’il avait reçues à ce sujet, tient à deux choses :

1° à la responsabilité des chefs du peuple qui dirigeaient ses destinées à cette époque. Et la raison en est, selon lui, qu’ils avaient un zèle mal éclairé pour Dieu. Car ils désiraient servir Dieu selon la manière qui leur paraissait juste, selon leur compréhension de la Loi, c’est-à-dire à travers la soumission aux préceptes matériels, comme l’observation du sabbat et d’autres choses du même genre. Mais ils refusèrent de servir Dieu selon la manière voulue par Jésus, c’est-à-dire à travers la justice du cœur[218] donnée par la foi, l’espérance et la charité. Et ils préférèrent tuer le Messie malgré les signes évidents de son identité, plutôt que de réformer leur cœur. Selon, Jésus, un autre motif plus caché motiva leur action : l’amour du pouvoir.

Cependant, après la résurrection du Seigneur, une partie du peuple reconnut Jésus pour le Messie et c’est eux qui devinrent le nouvel Israël de Dieu qui prêcha l’Évangile par le monde entier, car les apôtres, fondement et colonnes de l’Église furent tous Juifs. Ainsi furent réalisées dès cette époque les prophéties qui annonçaient qu’un Messie douloureux serait donné à Israël et règnerait sur les nations du monde entier.

2° Cela relève aussi et surtout, selon saint Paul, d’une volonté mystérieuse de Dieu, selon l’Écriture sainte[219] : « Dieu leur a donné un esprit de torpeur : ils n’ont pas d’yeux pour voir, pas d’oreilles pour entendre jusqu’à ce jour ». Or Dieu ne peut vouloir directement et par soi un mal de peine tel que celui-ci. Il est donc évident qu’il n’a pas voulu l’endurcissement de ce peuple par vengeance à cause de la mort du Messie mais à cause d’un bien plus grand qui devait en sortir par la suite. Et on ne peut en donner que quelques-uns uns des motifs cachés :

1. Un motif pratique : Par son endurcissement, le peuple juif a permis que l’Évangile soit prêché à toutes les nations, selon saint Paul[220] : « Leur faux pas a fait la richesse du monde ». En effet, les Juifs ayant refusé l’enseignement des apôtres, ceux-ci furent conduits dès le début à adresser leur prédication aux nations païennes. C’est ce qui est rapporté par les actes des apôtres. Et il est probable que si les Juifs dans leur ensemble s’étaient convertis au Seigneur, ils auraient été tentés de garder pour eux cette nouvelle alliance à cause de leur sens trop aigu de leur préséance. De même, il semble que vers la fin du monde, l’apostasie des nations permettra le retour de l’alliance chrétienne en Israël.

2. Un motif de témoignage : il convenait qu’une partie du peuple d’Israël reste endurci dans l’Ancienne Alliance afin de demeurer aux yeux du monde un témoignage vivant de la lente maturation à la venue du Christ qui avait été commencée en Abraham et continuée à travers Moïse et les prophètes de ce peuple. Et ils témoignèrent de cette Ancienne Alliance sur la terre entière après leur dispersion opérée par les Romains. Ils furent pour les chrétiens et les musulmans les témoins vivants de l’Ancienne Alliance.

3. Une mission allégorique : Israël devait demeurer pour les nations un signe important du mode d’action de Dieu sur tous les hommes et toutes les nations. Par toute son histoire faite d’exil, de dispersion et d’errance, cette nation constituait une image du sort de chaque homme sur terre, qui erre loin de sa patrie jusqu’à l’entrée dans la vie éternelle. Sans cesse attaquée par Satan, jusqu’à l’extrémité, son âme est en danger perpétuel. Tel est en particulier le signe d’Auschwitz. [221]

4. Une mission de révélateur : Ce petit peuple, peu nombreux et dispersé dans le monde entier fut placé par Dieu devant les nations comme un révélateur de l’orgueil. Il en fit une pierre d’achoppement pour les arrogants. En effet, à chaque fois qu’une nation, une religion, un groupe humain fut saisi par la certitude d’être la meilleure, elle persécuta infailliblement les Juifs. Sans doute l’orgueil ne supporte-il pas celui qui, peu nombreux et faible dans son sein, est différent. Infailliblement aussi, le peuple en question fut frappé par la suite par le destin et ramené à plus d’humilité.

4. Une mission eschatologique : Enfin et surtout, Israël est un signe grandiose gardé jusqu’à la fin pour annoncer le retour du Christ et la fin du monde. C’est ce que veut signifier l’apôtre quand il dit que « La conversion d’Israël sera une résurrection d’entre les morts ».[222] On peut même dire que le peuple d’Israël sera l’un des signes les plus importants à la fin du monde, lorsque la proximité du retour du Christ sera annoncée. En effet, les signes concernant Israël sont explicitement annoncés dans l’Écriture et se réaliseront de manière visible dans l’histoire[223], et non seulement de manière spirituelle pour les contemplatifs. Israël reste le peuple élu pour annoncer la terre promise.

 

Solution 1 : Les prophéties contenues dans le Testament juif n’ont plus de raison d’être en tant qu’elles annoncent la venue prochaine du Messie puisqu’elles sont réalisées. Il convient cependant qu’elles demeurent vécues par un peuple qui sert aux autres de mémorial de l’état ancien de l’humanité. Cependant, certaines prophéties de l’Ancien Testament demeurent partiellement inaccomplies comme celles qui annoncent la venue du Messie glorieux qui manifestera sa lumière à toutes les nations, selon Isaïe[224]. « Alors la gloire de Yahvé se révélera et toute chair, d’un coup, la verra, car la bouche de Yahvé a parlé ».

Solution 2 : Le judaïsme devait être dispersé à la face des nations, jusqu’à la fin des temps, pour témoigner de la promesse de Dieu faite à Abraham et dont toutes les nations bénéficiaient grâce à Jésus Christ d’un côté et à l’islam de l’autre. Mais cette dispersion cessera vers la fin au monde pour que ce peuple témoigne du retour prochain du Messie, comme nous le verrons.

Solution 3 : Il est vrai que le peuple d’Israël est un peuple entêté. Pourtant, cette force qui le caractérise n’aurait pas suffi pour résister à plusieurs siècles d’exode parmi d’autres nations qui, sans cesse, l’a persécutés à cause de sa religion jusqu’à le massacrer. C’est ce qu’on peut déduire du fait que certaines tribus d’Israël disparurent complètement, en quelques siècles, en s’assimilant au peuple babylonien chez qui ils s’étaient exilés avant la venue du Christ. Seules les tribus de Judas, de Benjamin et de Lévi subsistent encore aujourd’hui. Cela ne peut s’expliquer sans un secours de Dieu.

Solution 4 : Saint Paul écrit aux Romains[225] : « La parole de Dieu n’a point failli. Car tous les descendants d’Israël ne sont pas Israël ». Les véritables fils d’Abraham sont ceux qui ont la foi comme lui et non ceux qui descendent de lui selon la chair. C’est pourquoi on peut dire que le nouvel Israël de Dieu est l’Église.

Solution 5 : La révélation chrétienne tout entière n’a qu’un but ultime : montrer que Dieu, lui, ne trahi jamais une Alliance conclue. Affirmer qu’Israël aurait été rejeté par Dieu des suites de la passion du Christ est donc la plus parfaite contradiction qu’on puisse imaginer avec le contenu de la foi chrétienne. De même, les persécutions et massacres subis sont loin d’être un signe de malédiction de la part de celui qui a dit [226]: « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai, car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes ». Il est donc essentiel de chercher ailleurs le sens des malheurs d’Israël.

 

Article 8 : À la fin du monde, y aura-t-il des signes concernant le judaïsme ?[227]

Objection 1 : Il semble qu’il n’y aura pas de signes concernant le Judaïsme à la fin des temps. En effet, en tuant le Christ, les chefs de cette religion se sont séparés de Dieu. Ils sont rejetés pour toujours de l’Alliance, selon cette parole de Jésus[228] : « Ils t’écraseront sur le sol, toi et tes enfants au milieu de toi. Ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as pas reconnu le temps où tu fus visité ».

Objection 2 : Le peuple d’Israël servit, avant la venue du Christ, de signe pour les nations du monde entier auxquelles devait être révélé le Messie douloureux et crucifié. Il convient que ce soit l’Église qui soit, après sa venue, le nouvel Israël qui serve de signe pour le retour glorieux du Christ.

Objection 3 : La destruction du Temple de Jérusalem ne peut être considérée comme un signe du retour du Christ puisqu’elle a eu lieu il y a bien longtemps, sans que rien ne se soit passé.

Objection 4 : De même, la dispersion est plus signe de la punition du péché d’Israël que de la proximité de la venue du Christ. C’est ce au affirme le Deutéronome[229] : « Puisque tu n’auras pas obéi à la voix de Yahvé ton Dieu, vous serez arrachés à la terre où tu vas entrer pour en prendre possession. Yahvé te dispersera dans toutes peuples, d’un bout du monde à l’autre ».

Objection 5 : De même, les persécutions doivent être considérées comme des peines justifiées par le grave péché commis contre Jésus selon le souhait imprudent du peuple[230] : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ». C’est, ce qu’annonce Moïse dans le Deutéronome[231] : « Puisque tu n’auras pas servi Yahvé ton Dieu, il suscitera contre toi une nation lointaine, des extrémités de la terre, comme l’aigle qui prend son essor. Elle mangera le fruit de ton bétail, jusqu’à te détruire ».

Objection 6 : Le retour au peuple juif dans sa terre ne peut être considéré comme un signe donné par Dieu. En effet, il ne fut pas produit en 1948 par la foi mais par la nécessité d’en finir avec les persécutions et il fut conduit par des hommes qui ne croyaient pas en Dieu. Il fut d’ailleurs porté par des idéologies politiques discutables comme le marxisme et le sionisme.

 

Cependant : L’Apocalypse écrit[232] : « Un signe grandiose apparut au Ciel : une Femme! Le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête. Elle est enceinte et crie dons les douleurs et le travail de l’enfantement ». Or Israël est semblable d une femme puisqu’elle est l’épouse de Dieu qui est comme le soleil et qui l’entoure. Et les douze étoiles sont les douze fils de Jacob qui l’ont fondé. Donc il y aura des signes concernant le judaïsme à la fin du monde. [233]

 

Conclusion : À cause de la mission unique qui fait du peuple d’Israël le peuple élu, celui qui annonce et prépare la venue du Messie, on doit admettre qu’il sera pour le monde entier un signe important de la venue du Christ à la fin du monde. Ce qui est particulier dans ce peuple, c’est que Dieu à fait des évènements profanes de son histoire politique une parabole du salut, quelles que soient ses fidélités ou infidélités. Et le Seigneur, dans les évangiles ou dans l’épître de saint Paul aux Romains, donne sept prophéties concernent l’avenir de ce peuple et le retour du Christ :

Le Seigneur, dans les Évangiles et dans l’épître de saint Paul aux Romains, donne sept prophéties concernant l’avenir de ce peuple et le retour du Christ:

1- Il annonce que le Temple de Jérusalem* sera détruit[1]: "En vérité, je vous le dis, il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit jetée". Et le Temple sera remplacé par un temple consacré aux idoles: "Vous verrez l’Abomination de la désolation installée dans le Temple saint."

2- En second lieu, le Seigneur annonce que le peuple juif sera déporté parmi toutes les nations[2]: "Il y aura une grande détresse sur la terre et colère contre ce peuple. Ils tomberont sous le tranchant du glaive et ils seront emmenés captifs dans toutes les nations."

3- En troisième lieu, il y aura des malheurs et des massacres perpétrés contre ce peuple[3]: "Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi. Pleurez plutôt sur vous et sur vos enfants! Car voici venir des jours où l’on dira: Heureuses les femmes stériles, les entrailles qui n’ont pas enfanté, et les seins qui n’ont pas nourri! Alors, on se mettra à dire aux montagnes: Tombez sur nous! Et aux collines, couvrez-nous."

4- En quatrième lieu, ce peuple reviendra dans la terre d’Israël et prendra de nouveau possession de la ville sainte[4]: "Jérusalem sera foulée par les païens jusqu’à ce que soit accompli le temps des nations". Le retour du peuple d’Israël dans sa terre marquera donc la fin du temps accordé aux païens pour inaugurer un temps de grâce accordé à Israël[5].

5- En cinquième lieu, l’arche d’alliance sera retrouvée [6]: « Il y avait dans cet écrit qu'averti par un oracle, le prophète se fit accompagner par la tente et l'arche, lorsqu'il se rendit à la montagne où Moïse, étant monté, contempla l'héritage de Dieu. Arrivé là, Jérémie trouva une habitation en forme de grotte et il y introduisit la tente, l'arche, l'autel des parfums, puis il en obstrua l'entrée. Quelques-uns de ses compagnons, étant venus ensuite pour marquer le chemin par des signes, ne purent le retrouver. Ce qu'apprenant, Jérémie leur fit des reproches: "Ce lieu sera inconnu, dit-il, jusqu'à ce que Dieu ait opéré le rassemblement de son peuple et lui ait fait miséricorde. »

6- En sixième lieu, le Temple de Jérusalem rebâti [7]: « Alors le Seigneur manifestera de nouveau ces objets, la gloire du Seigneur apparaîtra ainsi que la Nuée, comme elle se montra au temps de Moïse et quand Salomon pria pour que le saint lieu fût glorieusement consacré. »

7- Enfin Jésus annonce[8]: "Vous ne me verrez plus jusqu’à ce qu’arrive le jour où vous direz: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur". Saint Paul confirme la réalité de ce dernier signe qui accompagnera immédiatement le retour du Christ dans sa gloire: Israël se convertira et reconnaîtra Jésus comme étant le Messie[9]. "Leur mise à l’écart de l’Alliance fut une réconciliation pour le monde. Que sera leur admission sinon une résurrection d’entre ses morts". Ces deux textes semblent lier intimement le retour du Christ et la conversion d’Israël. Cela signifie-t-il que le jour où ils accepteront le Messie, celui-ci se montrera à eux de nouveau ou l’inverse? Toute la question, au plan du signe des temps, est ici.

Le Seigneur, dans les Évangiles et dans l’épître de saint Paul aux Romains, donne sept prophéties concernant l’avenir de ce peuple et le retour du Christ:

1- Il annonce que le Temple de Jérusalem* sera détruit[10]: "En vérité, je vous le dis, il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit jetée". Et le Temple sera remplacé par un temple consacré aux idoles: "Vous verrez l’Abomination de la désolation installée dans le Temple saint."

2- En second lieu, le Seigneur annonce que le peuple juif sera déporté parmi toutes les nations[11]: "Il y aura une grande détresse sur la terre et colère contre ce peuple. Ils tomberont sous le tranchant du glaive et ils seront emmenés captifs dans toutes les nations."

3- En troisième lieu, il y aura des malheurs et des massacres perpétrés contre ce peuple[12]: "Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi. Pleurez plutôt sur vous et sur vos enfants! Car voici venir des jours où l’on dira: Heureuses les femmes stériles, les entrailles qui n’ont pas enfanté, et les seins qui n’ont pas nourri! Alors, on se mettra à dire aux montagnes: Tombez sur nous! Et aux collines, couvrez-nous."

4- En quatrième lieu, ce peuple reviendra dans la terre d’Israël et prendra de nouveau possession de la ville sainte[13]: "Jérusalem sera foulée par les païens jusqu’à ce que soit accompli le temps des nations". Le retour du peuple d’Israël dans sa terre marquera donc la fin du temps accordé aux païens pour inaugurer un temps de grâce accordé à Israël[14].

5- En cinquième lieu, l’arche d’alliance sera retrouvée [15]: « Il y avait dans cet écrit qu'averti par un oracle, le prophète se fit accompagner par la tente et l'arche, lorsqu'il se rendit à la montagne où Moïse, étant monté, contempla l'héritage de Dieu. Arrivé là, Jérémie trouva une habitation en forme de grotte et il y introduisit la tente, l'arche, l'autel des parfums, puis il en obstrua l'entrée. Quelques-uns de ses compagnons, étant venus ensuite pour marquer le chemin par des signes, ne purent le retrouver. Ce qu'apprenant, Jérémie leur fit des reproches: "Ce lieu sera inconnu, dit-il, jusqu'à ce que Dieu ait opéré le rassemblement de son peuple et lui ait fait miséricorde. »

6- En sixième lieu, le Temple de Jérusalem rebâti [16]: « Alors le Seigneur manifestera de nouveau ces objets, la gloire du Seigneur apparaîtra ainsi que la Nuée, comme elle se montra au temps de Moïse et quand Salomon pria pour que le saint lieu fût glorieusement consacré. »

7- Enfin Jésus annonce[17]: "Vous ne me verrez plus jusqu’à ce qu’arrive le jour où vous direz: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur". Saint Paul confirme la réalité de ce dernier signe qui accompagnera immédiatement le retour du Christ dans sa gloire: Israël se convertira et reconnaîtra Jésus comme étant le Messie[18]. "Leur mise à l’écart de l’Alliance fut une réconciliation pour le monde. Que sera leur admission sinon une résurrection d’entre ses morts". Ces deux textes semblent lier intimement le retour du Christ et la conversion d’Israël. Cela signifie-t-il que le jour où ils accepteront le Messie, celui-ci se montrera à eux de nouveau ou l’inverse? Toute la question, au plan du signe des temps, est ici.

 


 


[1] Matthieu 24, 15.

[2] Luc 21, 24.

[3] Luc 23, 28.

[4] Luc 21, 24.

[5] Romains 11, 25.

[6] 2 Maccabées 2, 4-7.

[7] 2 Maccabées 2, 8.

[8] Luc 13, 35.

[9] Romains 11, 15.

[10] Matthieu 24, 15.

[11] Luc 21, 24.

[12] Luc 23, 28.

[13] Luc 21, 24.

[14] Romains 11, 25.

[15] 2 Maccabées 2, 4-7.

[16] 2 Maccabées 2, 8.

[17] Luc 13, 35.

[18] Romains 11, 15.

Ces sept prophéties seront d’une façon grandiose signe du retour du retour du Christ car elles ne se réaliseront pas seulement d’une manière perpétuelle comme on l’a dit pour les guerres et les tremblements de terre. Elles se réaliseront d’une manière matérielle, à une date fixée par Dieu, de la même manière que les premières qui sont déjà réalisées. 1° Ainsi, vit-on en 70 après Jésus Christ, le général romain Titus raser complètement le Temple de Jérusalem. 2° Puis au IIème siècle, à la suite d’une dernière révolte juive, le reste de la population d’Israël fut déportée ; L’empereur fonde une nouvelle ville à la place des ruines de Jérusalem : « Hélia Capitolina ». Sur le lieu du temple, un temple dédié à Jupiter est construit. Pour les Juifs, « l’abomination de la désolation » dont parle le prophète Daniel 9, 27, est dans le lieu saint. 3° Les malheurs et les persécutions ne cessèrent de s’abattre sur les communautés juives dispersées jusqu’à la persécution la plus récente et les massacres de millions de juifs à Auschwitz[242]. 4° Enfin en 1948, la création du nouvel Etat d’Israël en Palestine marque une nouvelle étape, non encore pleinement réalisée puisque Jérusalem n’est pas entièrement redevenue une ville juive. Les prophéties se réalisant ici matériellement, on peut savoir avec certitude que lorsque Jérusalem deviendra la capitale du seul Etat juif, c’est que, de manière concomitante, le temps des nations sera terminé pour laisser place à une autre période, mondialiste.

Ces prophéties politiques, adaptées à la vision de tous les hommes, y compris des hommes charnels, n’ont rien de superficiel. C’est toute l’économie du salut qui est signifiée ici, avec la même force qu’elle l’était dans l’histoire sainte de l’Ancien Testament.

 

Solution 1 : Il est faux et gravement hérétique à cause des conséquences qu’une telle affirmation a historiquement eu, d’affirmer que le peuple d’Israël est maudit, car Dieu ne fait pas payer aux enfants la faute de leur père. Saint Paul affirme en effet[243] : « Dieu aurait-il rejeté son peuple ? Certes non ». Et selon lui, le gouvernement de Dieu sur Israël est l’un des « abîmes de richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ».[244] Il veut signifier qu’il s’agit d’un mystère que l’homme ne peut qu’approcher et dont l’explication finale sera donnée en plénitude après la venue du Christ, lors jugement général de l’humanité[245].

Solution 2 : Dieu ne se repent pas de ses choix. Israël reste donc, même après la première venue du Christ, signe des temps pour les nations. De même qu’actuellement l’Église révèle au monde le Messie douloureux mort pour le salut de tous, de même Israël, coopère avec l’Église pour révéler au monde l’espérance d’un Messie glorieux qui viendra régner sur le monde et sauver son peuple des holocaustes successifs qu’il a subis. En dans cette espérance, le judaïsme rejoint le christianisme et l’islam, avec des nuances cependant : Pour l’islam, le Messie Jésus n’est qu’un homme saint, pour les chrétiens, il est le Verbe fait homme, pour les Juifs, son identité est ignorée.

Solution 3 : La destruction du Temple d’Israël marque l’entrée dans un nouveau temps qui est celui de la nouvelle Alliance, où Dieu ne sera plus adoré sur une montagne, mais au fond des cœurs, en esprit et en vérité. Et ce temps est le dernier qui sera accordé à l’humanité car il n’y aura pas d’autre alliance avant celle de la vision béatifique.

Cependant, prise en un sens symbolique, cette destruction préfigure celle que devra subir le nouveau temple qui est l’Église dans un holocauste final qui précèdera la glorification du monde.

Solution 4 : La dispersion du peuple d’Israël ne doit pas être considérée comme une punition pour l’acte commis par ceux qui ont tué Jésus car ce péché leur a été imputé personnellement lors de leur jugement particulier. Cette dispersion est donnée aux nations comme un signe prophétique qui manifeste les conséquences auxquelles aboutit tout péché. C’est donc un signe apocalyptique de la dispersion que connaîtront les pécheurs à la fin du monde lorsqu’ils passeront en jugement. En subissant une telle épreuve, le peuple d’Israël réalise pour Dieu son rôle de peuple de prophètes donnés à toute la terre.

Le Christ n’a pas été tué par les seuls Juifs ou par quelques soldats romains. Il l’a été par chacun de nous, dans la mesure où il est mort pour le péché de nous tous. Aussi il serait vain d’affirmer que les persécutions que subissent les Juifs sont des punitions du meurtre de Jésus. Il faut plutôt affirmer qu’Israël est donné aux nations comme un témoignage prophétique des conséquences terribles auxquelles aboutissent les péchés puisqu’ils tuent la vie de l’âme, d’une manière analogue à la barbarie des persécuteurs lorsqu’ils massacrent un peuple innocent. Le peuple d’Israël persécuté est donc signe de la fin du monde où se manifestera la haine implacable du démon contre les enfants de Dieu. [246]
Solution 6 : Le peuple juif n’est pas signe des temps par sa volonté propre mais par la volonté de Dieu qui fait de son histoire une histoire sainte dont le sens symbolique témoigne des mystères présents dans toute l’humanité et dans l’âme de chacun. C’est pourquoi, le retour dans la terre d’Israël doit être considéré comme un signe des temps en soi, même si les circonstances politiques sont humaines.

Il en est de même pour les sept prophéties rappelées dans la conclusion. Leur signification spirituelle apparaît avec évidence à celui qui est habitué à lire de l’intérieur le reste de l’Histoire Sainte rapporté par la Bible : On y voit symboliquement manifestées une multitude de choses spirituelles. Toute l’histoire du Salut y est inscrite à travers des allégories proches de celles du livre de l’exode. Comme aux temps anciens, ce peuple est et demeure un signe grandiose établi par Dieu à la face des nations. [247]

 

Article 9 : Peut-on savoir de quelle manière Israël se convertira au Christ ?[248]

Objection 1 : Il semble difficile d’affirmer que l’histoire de Joseph, rapportée par la genèse 37, est une allégorie annonçant la manière dont le Christ se révélera aux Juifs à la fin au monde. En effet l’Écriture rapporte que Joseph mit ses frères à l’épreuve avant de leur manifester son identité. Il fit accuser le plus jeune frère Benjamin d’un vol qu’il n’avait pas commis. On ne voit pas à quoi peut correspondre une telle épreuve si elle doit être appliquée su peuple Juif à la fin du monde.

Objection 2 : L’histoire d’Israël montre que les conversions qui eurent lieu furent provoquées par la vision de miracles incontestables tels ceux opérés par saint Vincent Ferrier ou par des apparitions comme celle que reçu le Père Ratisbonne. Il semble donc qu’il en sera de même à la fin du monde.

Objection 3 : Lorsque le Christ apparaîtra dans le Ciel, entouré de lumière et de gloire, les Juifs reconnaîtront le Messie douloureux. En effet, ils le refusent à cause de sa douleur et ne veulent espérer qu’un Messie glorieux. Ils seront donc convaincus par un miracle de ce genre et non par autre chose. C’est d’ailleurs de cette manière que les Juifs reconnaissent le Messie à l’heure de leur mort depuis la résurrection du Christ.

Objection 4 : Il semble qu’on doive plutôt admettre que le peuple d’Israël, à force de lire les prophéties explicites de la Bible, parlant du serviteur douloureux seront convaincus de la réalité de la mission messianique de Jésus crucifié.

 

Cependant : Au sens littéral, l’Écriture ne dit rien sur la manière dont Israël sera réintégré dans l’Alliance divine. On ne peut rien affirmer de définitivement concluant en ce domaine mais il est possible, de plusieurs manières, connaissant la manière divine d’agir, d’inférer les grandes lignes de cette histoire.

 

Conclusion : À propos de la manière dont Israël découvrira le Christ, il n’y a rien de pleinement certain si ce n’est ceci : la conversion d’Israël en tant que peuple aura lieu. Elle sera un signe de la résurrection des morts. Elle sera opérée par Dieu, à l’heure de sa sagesse, puisqu’il est seul capable d’ouvrir le cœur par sa grâce[249].

Quant au mode de ce changement, rien n’est pleinement certain car on ne peut fonder une théologie que sur des textes de l’Écriture ou du Magistère qui parlent d’une manière littérale de ces choses.

Lorsqu’on se trouve devant une telle question, il faut chercher s’il n’existe pas une allégorie biblique où Dieu manifeste comment il se réconcilie un ancien ami[250]. Or il en existe deux au moins dont le récit peut éclairer ce mystère[251]. Le premier est une parabole de Jésus racontant l’histoire d'un homme qui avait deux fils[252]. Le deuxième concerne ce chapitre puisqu’il raconte la manière dont Dieu peut préparer, longtemps à l’avance une réconciliation. Il s’agit de l'histoire de Joseph[253] et chacune des péripéties de cette histoire semble constituer une annonce du Christ face à ses frères Juifs. Il était le fils préféré de son père Jacob car il était le seul enfant de l’épouse qu’il aimait, Rachel. Pour le lui prouver, il lui avait fait faire une tunique bariolée, signe extérieur de sa préférence. Or ses dix frères se mirent à le jalouser. Ils ne cessaient de l'importuner, se moquant des rêves prémonitoires qu’il faisait et leur racontait. Un jour, son père l’envoya porter de la nourriture aux champs pour ses frères qui y gardaient les troupeaux. Ceux-ci le virent venir de loin et décidèrent de le tuer. Ils se saisirent de lui, le jetèrent dans un puits et, avisant une caravane de marchands qui passait, le vendirent pour la somme de 20 pièces d'argent. Ils égorgèrent un agneau, mirent le sang sur sa tunique, et la montrèrent au père en disant : « certainement, un fauve l'aura dévoré ”. Jacob fut inconsolable­. Il reporta son affection sur un second fils de Rachel, né pendant sa vieillesse. Benjamin naquit et sa mère mourut en le mettant au monde. Joseph fut vendu comme esclave en Égypte. Le roi du pays remarqua ses talents. Il l’éleva et en fit le premier de ses serviteurs. Il lui confia la responsabilité de nourrir le pays tout entier.

Cette histoire, pourtant réelle, est aussi une allégorie. Joseph vendu par ses frères puis établi comme maître du pain de toute la terre d'Égypte n’est autre que la figure de Jésus qui, après sa mort douloureuse, put donner le pain du Ciel à toutes les nations païennes. Rachel sa mère, préférée de Jacob et morte en mettant au monde le petit Benjamin symbolise et annonce Marie, la mère de Jésus, morte dans son cœur de mère au pied de la croix en mettant au monde l'Église. Il suffit de lire le texte pour s'apercevoir des correspondances étonnantes.

En gardant la même méthode et en remplaçant le personnage de Joseph par Jésus, celui de Pharaon par Dieu, de l’Égypte par les nations chrétiennes, de Rachel par Marie, de Benjamin par l’Église, des dix frères pécheurs par le peuple juif, on assiste comme dans une prophétie à la suite des temps. En effet, le récit raconte ensuite comment Joseph, devenu maître du pays d'Égypte, se réconcilia avec ses dix frères criminels. “ Puis il advint une grande famine sur toute la terre. L'Égypte (les peuples), gardée par l'intelligence de Joseph, ne manquait de rien. Jacob et ses fils (Israël) n’eurent bientôt plus rien et, apprenant que l'Égypte vivait dans l'abondance, ils décidèrent de s’y rendre et d'acheter à prix d'or du pain. Mais Jacob ne voulut pas que son fils Benjamin accompagne les dix autres frères, redoutant quelque chose pour sa vie. Arrivés en Égypte, ils furent reçus par Joseph qui les reconnut. Mais eux ne le reconnurent pas car il était vêtu en Égyptien. Alors, volontairement, Joseph leur parla mal et dit les soup­çonner d'être des espions venus observer la faiblesse du pays. Eux nièrent et se proclamèrent onze frères fils d'un même père et poussés par la famine vers l'Égypte pour y acheter du pain. Joseph fit semblant de ne pas les croire. Il garda Siméon en otage exigeant d'eux qu’ils reviennent avec leur plus jeune frère Benjamin pour prouver leur bonne foi. Ils partirent donc, inquiets et mortifiés, se demandant si Dieu ne leur faisait pas ainsi payer leurs crimes envers Joseph. Arrivés devant Jacob, il leur raconta les exigences du maître de l'Égypte mais lui ne voulut pas laisser partir Benjamin, effrayé pour sa vie. La famine se fit plus dure sur le pays. Il fallut, sous peine de mort, retourner en Égypte. Alors Jacob (que Dieu appelle aussi Israël) laissa partir son fils Benjamin avec eux. Les fils d’Israël arrivèrent donc devant Joseph qui les reçut bien, fit libérer Siméon et les invita à sa table. Ils ne le reconnurent toujours pas. Alors qu'ils s’apprêtaient à partir, Joseph dit à son intendant : « Tu cacheras la coupe en argent, celle dont je me sers pour lire l’avenir, dans le sac du plus jeune ». Les fils d’Israël étaient partis depuis peu, lorsque Joseph dit à son intendant : « Rattrape-les, reproche-leur le vol ». L'intendant le fit. Mais eux nièrent en disant : « fouille nos sacs. Celui chez qui on trouvera la coupe, mourra et nous, nous serons tes esclaves. » « Soit, répondit l'intendant, celui chez qui on trouvera la coupe sera mon esclave et les autres seront libres de partir ». On fouilla les sacs et on trouva la coupe chez Benjamin. Alors les fils d’Israël déchirèrent leurs vêtements et revinrent vers la ville. Ils entrèrent dans la maison de Joseph et Judas, celui-là même qui avait pris la décision de le vendre aux marchands[254] lui dit en substance : « Benjamin est le seul fils qui reste à notre père depuis que Joseph a disparu. S'il ne revient pas, notre père mourra et je porterai la culpabilité de sa mort. Alors laissez partir l’enfant et prends-moi comme esclave à sa place ». Devant cette attitude de ses frères, Joseph ne put se contenir plus longtemps. Il fit sortir tous les Égyptiens présents et éclata en sanglots. Il leur dit : “ Je suis Joseph, mon père vit-il encore ? ” et ses frères ne purent lui répondre car ils étaient bouleversés de le voir. Alors Joseph dit à ses frères : « approchez-vous de moi. Ne soyez pas triste de m’avoir vendu ici en Égypte car c’est pour préserver vos vies que Dieu m’a envoyé devant vous ».

Tel est le résumé des épreuves que Joseph imposa à ses frères avant de se révéler à eux. Il voulut voir de ses yeux s'ils avaient changé, s'ils se comporteraient avec Benjamin comme ils s’étaient comportés avec lui. Or ils ne voulurent pas le livrer. Au contraire, Judas le plus coupable de tous se proposa pour être esclave à sa place.

Il s’agit aussi d'une allégorie nous racontant la manière dont Jésus procédera vers la fin du monde avec le peuple juif. Elle indique de quelle manière Jésus mettra à l’épreuve ses frères juifs. Benjamin semble symboliser l'Église, du moins ses restes à la fin du monde. Sera-t-elle protégée un temps par les chefs du peuple d’Israël ? Prendront-ils la décision d'empêcher sa destruction totale par les forces de l’Antéchrist ? Il semble en tout cas, si l’on suit cette allégorie prophétique, qu’ils ne se comporteront plus de la même manière qu’au temps de Jésus. Certains théologiens de jadis affirmèrent que le dernier pape reviendrait mourir à Jérusalem : « Il ne convient pas qu’un prophète meure en dehors de Jérusalem », disait Jésus[255]. Dieu se plaît en effet à réaliser de manière historique ce qu’il veut signifier au sens le plus spirituel. Alors, bouleversé par le changement des Juifs, Jésus se révélera à eux dans toute sa gloire de Roi de la Terre. Ainsi se réalisera la parole donnée au Sanhédrin par le Christ douloureux : « Vous verrez le Fils de l’homme siégeant à la droite de la puissance et venant avec les nuées du Ciel ».[256]

 

Solution 1 : D’après certains auteurs[257], Benjamin symbolise l’Église. En effet, de même que Rachel a eu deux fils, Joseph et Benjamin et qu’elle est morte en mettant au monde Benjamin, de même la Vierge Marie a deux fils, Jésus et l’Église. Elle mit au monde l’Église à la croix en mourant dans son cœur avec son fils aîné. Selon eux, l’allégorie de Joseph doit donc être interprétée comme il suit : Vers la fin du monde, Dieu permettra que l’Église soit persécutée de telle façon que son petit reste sera obligée de s’exiler vers Jérusalem. Sa survie sera donc dépendante du peuple juif qui acceptera de la protéger, effaçant du même coup l’acte par lequel ses ancêtres avaient éliminé le Christ qui venait les sauver. Alors la grâce de la conversion leur sera accordée par Dieu.[258]

Solution 2 : Il dépend de Dieu seul de convertir les cœurs. Il peut le faire en disposant l’âme à la réception de la grâce par les signes ou par des miracles ou encore par l’infusion sensible du Saint Esprit. Il peut aussi le faire par la seule prédication de ses apôtres, qu’il rend efficace avec les charismes. C’est ce que veut exprimer cette parole du Seigneur : « Dieu peut de ces pierres que voici, faire surgir des enfants à Abraham ». Seules les âmes définitivement perverties dans le péché peuvent résister à la manifestation du seigneur et à la conversion. Ainsi, s’il ne le fait pas, c’est qu’il ne le veut pas. C’est pourquoi on doit dire que Dieu se réserve la conversion d’Israël pour la fin du monde.

Solution 3 : Il est vrai que l’apparition glorieuse du Messie à la fin du monde réalisera la conversion de la totalité d’Israël, parce qu’elle prouvera à toutes les intelligences la vérité de sa mission. Cependant, on peut se demander si cette conversion se fera juste avant cette Parousie ou en même temps qu’elle. Les deux opinions sont soutenables car toutes deux auront un sens très profond. Je penche pour ma part pour la première opinion pour la raison suivante : c’est en ce monde, dans la nuit de l’errance et non dans la pleine lumière que la totalité des Écritures sera accomplie.

Solution 4 : L’expérience montre que la lecture des Écritures na suffit pas à convaincre les Juifs de la nature de Jésus Christ si elle n’est pas accompagnée de la grâce de Dieu qui seule peut ouvrir le sens caché des Écritures selon Luc[259]. De tout cela, on doit conclure que la conversion d’Israël est repoussée jusqu’à la fin du monde à cause de la volonté de Dieu qui veut inscrire son salut jusque dans l’aventure de l’histoire des nations.


 

NOTES

[1] Paul 6, Audience générale du 8 septembre 1974, DOCUMENTATION CATHOLIQUE. n° 1594. « Comment répondre à ceux qui disent que le christianisme concerne le présent et non l’avenir : «Nous savons donc comment répondre à ceux qui, dans l’interprétation qu’ils donnent des écrits du Nouveau Testament où il est question des événements eschatologiques, soutiennent que ceux-ci ont déjà été réalisés avec la venue du Messie et qu’il n’y aurait donc rien d’autre à attendre. Le christianisme, disent-ils, con­cerne le présent et non l’avenir. Pour nous, nous nous en tenons aux paroles du Seigneur qui nous assurent qu’avec sa venue dans le monde, déjà «le Royaume de Dieu est parmi nous (cf. Luc 17, 21) ; dans I’Église animée par l’Esprit Saint, nous possédons dès mainte­nant d’immenses richesses de vie nouvelle mais de plus, avec un souffle prophétique qui imprègne tout l’Evangile, le Christ nous avertit que sa venue historique, telle que nous la con­naissons par l’Evangile, n’est pas la dernière. La dernière, la venue eschatologique, à laquelle on donne un nom spécial la «parousie « (qui veut dire présence, avènement, apparition>, sera «le jour du Seigneur (cf. Isaïe 2, 12 ; 13, 6. etc)., où le Christ reviendra «pour juger les vivants et les morts «et pour inaugurer la théophanie finale, la vision béatifique de l’éternité. »

REMARQUE SUR L’HISTOIRE DES PEURS DE LA FIN DU MONDE :

Périodiquement d’ailleurs, la pensée de la fin du monde et du jugement dernier hantait les esprits. Dès l’âge patristique, le problème s’était déjà posé. Au IVe siècle, les invasions barbares, et très particulière­ment la prise de Rome, avaient effrayé les âmes. Saint Jérôme lui-même en était épouvanté, encore qu’il ait cédé à la tentation de faire de la littérature. Plus détaché et plus lucide, Augustin tirait de ces catastrophes des leçons de vie spirituelle. Pourquoi s’étonner, disait-il, que périssent des royaumes périssables ? Les malheurs de Rome, que les païens imputaient à la religion nouvelle, furent l’occasion d’un grand ouvrage qui allait fournir aux siècles à venir une théologie chrétienne de l’histoire. En 418, le saint évêque répondit à un évêque dalmate, Hésychius, qui, ayant scruté les l’Ecritures pour y trouver les signes pré­curseurs de la fin du monde, croyait percevoir que ceux-ci étaient actuellement manifestes. Augustin calma ses angoisses par une lettre qui est un véritable petit traité sur la question. Il serait intéressant de Voir dans quelle mesure cette mise en ordre a influencé la théologie scolastique. Au VIe siècle, saint Grégoire, comparant la Rome de son temps à un vieil aigle déplumé, voyait aussi l’humanité vieillie, proche de la mort, et soulignait les cataclysmes naturels de son époque. Au VIIIe siècle, dans l’Espagne envahie par l’Islam, Beatus compose son commentaire de l’Apocalypse. Les terreurs de l’an mille, qu’on a beaucoup exagérées, sont une expression de cette crise cyclique qui secoua les populations chrétiennes. Notre Dies irae, évocation du jour de la colère, fut composé en Italie vers le XIIe ou le XIIIe siècle. Au milieu du XIIe siècle, Joachim de Flore oriente la pensée apocalyptique dans une autre direction, annonçant un Evangile éternel qui sera comme un nouvel âge de l’Église, le règne de l’Esprit succédant alors à celui du Fils, qui avait pris lui-même la suite du règne du Père. Ces rêveries auront un écho dans le mouvement des spirituels condamnés en 1311 au Concile de Vienne et cet écho se prolongera long­temps, certains ordres nouveaux estimant qu’ils accomplissent les «prophéties » de l’abbé calabrais. Mais la crainte du jugement dernier, l’angoisse à la pensée de la fin des temps, a la vie encore plus dure. Au XIVe siècle, saint Bernardin de Sienne note que, dans son enfance, on estimait déjà que l’Antéchrist était né ; le saint dut combattre cette erreur chez un certain Manfred qui en tirait des conclusions absurdes, invitant les époux à se séparer pour vaquer à la prière.

Pendant ce temps, la théologie continue à s’intéresser à la fin du monde, mais celle-ci est devenue pour elle un objet de spéculation, non un problème vital. On s’efforce de mettre en ordre les indications de l’Écriture et de cataloguer les signes précurseurs de la fin du monde. La Glose ordinaire, dans laquelle puisaient les théologiens du XIIIe siècle, en distinguait quinze. Les théologiens de l’âge postérieur furent plus modérés, et leurs épigones les ramèneront à six l’Évangile enfin universellement prêché, la venue de l’Antéchrist, la grande apostasie prédite par l’Apocalypse, la conversion des juifs annoncée par saint Paul, le retour d’Hébreuxnoch et d’Elie, les deux «témoins «de l’Apocalypse, enfin des signes et des prodiges de caractères divers.

La Révolution française ne manqua pas d’impressionner cer­tains esprits. Détenu en prison sous le consulat et l’empire, le p. de Clorivière occupa ses loisirs à commenter l’Apocalypse. En sens inverse, tourné vers un avenir que, malgré les persé­cutions, il estimait radieux, le p. Ramière écrivit un livre sur «les Espérances de l’Église » ouvrage légèrement teinté de milléna­risme. La guerre mondiale de 1914, puis celle de 1939 furent un terrain favorable à l’éclosion ou au réveil de vieilles «pro­phéties. » Au XXe siècle, qui succédait au rationalisme philosophique et théologique de l’âge précédent, la question de la fin des temps entra dans une phase nouvelle. A la théologie scolastique, qui avait juxtaposé les textes bibliques, succéda une théologie biblique qui, appuyée sur une meilleure connaissance de la mentalité orientale, et sur la théorie des genres littéraires, se mit à étudier séparément, mais dans leur contexte immédiat et lointain, les affirmations des livres du Nouveau Testament. Les discours eschatologiques de Jésus, où il est difficile de démêler ce qui concerne la fin du monde, la ruine de Jérusalem et d’autres aspects de l’eschatologie individuelle et collective, furent étudiés par de nombreux chercheurs. Des travaux authentiquement catholiques révisèrent ce qu’on disait communément de l’Anté­christ, et finirent par conclure que cette personnification désigne moins un individu déterminé que tous ceux qui ont lutté au cours de l’histoire contre l’avènement du Fils de Dieu et la vie de son Église. Bellarmin et Suarez avaient donné comme de foi la venue finale d’Hénoch et Élie enlevés au Ciel avec leur corps de chair. Mais jamais l’Église ne s’était prononcée sur ce point particulier ; on aurait dû depuis longtemps comprendre que, selon Notre-Seigneur lui-même (Matthieu, 2, 14), Jean-Baptiste avait été cet Élie prédit par les Prophètes, mais saint Augustin et d’autres Pères avaient paralysé la recherche en affirmant que, bien qu’Élie ait pu revivre symboliquement dans le Précurseur, il n’était pas moins vrai qu’il reviendrait au dernier jour. Le contact de l’exégèse avec les sciences mul­tiples qui peuvent l’éclairer a obligé à réviser soigneusement les assertions courantes d’une théologie pour laquelle les pro­blèmes de la fin des temps n’étaient plus qu’un exercice d’école.

Mais en même temps, d’autres théologiens continuaient à s‘intéresser à ces problèmes pour eux-mêmes ils regardaient du côté des sciences de la nature. La révolution de Copernic avait eu ses répercussions sur la théologie des fins dernières. Elle eut encore d’autres effets le feu du jugement, dont la place était si grande dans l’Ancien Testament, la conflagration finale dont avait parlé l’Épître de Pierre, devinrent l’occasion d’une vision d’avenir. Les savants imaginaient que la terre fini­rait dans l’embrasement effroyable d’une rencontre avec quelque planète détournée de son orbite. Le concordisme qui avait marqué la seconde moitié du XIXe siècle trouva là sa pâture, et un théologien aussi grave que le cardinal Billot n’hésita pas à citer dans son traité de Novissimis, cependant assez bref, de larges tranches d’un pseudo-savant philosophe. Outre-Rhin, des théologiens sérieux l’imitaient en se référant à d’autres auteurs. Au XXe siècle, le p. Teilhard de Chardin, dans une synthèse grandiose, entrevoit la fin du monde et de l’histoire d’une tout autre façon. L’humanité grandie, vieillie et cependant restée jeune, sera mise un jour en face d’une option qui engagera son éternité. Avant qu’on puisse envisager une rencontre catastro­phique de la planète avec une planète rivale ou avant que la terre meure par suite du refroidissement inéluctable du soleil, elle sera comme engloutie spirituellement par un libre engagement de ses habitants mis en demeure de choisir entre le Ciel et l’enfer. Il est curieux de constater qu’on retrouve au XXe siècle, mais rejetée à la fin des temps, l’option que les scolastiques avaient mise au paradis terrestre.

[2] Ce traité sera vu selon une méthode théologique, c’est-à-dire à l’écoute de la foi de l’Église : Voir pour comprendre notre perspective les remarques de la Congrégation de la Doctrine de la foi, Lettre sur quelques questions concernant l’eschatologie. (1979)

[3] BIBLIOGRAP’HIE A CONSULTER : Hans-Urs von Balthasar, Communio, 10, 1, janvier-février 1985, p. 15-16.

Voir aussi : «La moisson et la vendange de l’Apocalypse » (14, 14-20), N. R. T, 1972/2.

COTTIER G : «Existe-t-il une chrétienté au-sens politique » , Communio 1986/3 ; p. 26.

Voir aussi dans la Somme de Théologie :

Avènement. Il y a deux sortes d’avènement du Christ : l’un a lieu dans son incarnation, l’autre se fera dans le jugement- IIIa q. 1. ad 1 et q. 56, 1 ad. 1 ; Le premier a eu pour but de manifester la vérité et de délivrer les hommes du péché et de l’attirer à Dieu. III a, article q. 40. 1. c. —Le second ne ressemblera pas au premier, parce qu il sera manifeste et terrible. IIIa q. 56. 1. ad 3.

Avenir. On connaît l’avenir de deux manières, en lui-même et dans ses causes. La première de ces deux sortes de connaissance ne convient qu’à Dieu. Ia. q. 14. 15. o. et q. 57. 5. o. et q. 64. 1. ad 3 et q. 86. 4 o ; et q. 83. 5. ad 3 et Ia IIae q. 111, 4. c. et 95. 1. o. et q. 178. 6. ad 1. et q. 171. 1. c. et q. 174 1. c. ad 1.

Dans la revue Communio :

PAROUSIE. A Numéros : — B. Articles : Claude Bruaire, «Il reviendra dans la gloire » (X, 1, p 4-5° ; Walter Kasper, «L’espérance du retour glorieux » (X, 1, p 17-33) ; Ysabel de Andia, «Les deux parousies du Transpercé » (X, 1, p 34-47). C. Passages : I, 6, p. 68-69, I, 7, p. 23-25 ; II, 6, p. 60-62 ; 3, 5, p. 22-23 ; 4, 3, p. 26-27 ; 4, 6, p. 10-11 ; 5, 2, p. 31 ; 8, 3, p. 15-16 ; 10, 1, p. 23, 25-2G. 28.

Sur la théologie de l’histoire :

Th. Haecker, Der Christ und die Geschicchte, Leipzig, 1935. — J. Pinsk, Hoffnung auf Herrlichkeit, Colmar, 1943 ; tr. franç, Spes Glorie. L’espérance de la gloire, Paris, 1952. — T. F. Glasson, The Second Advent, Londres, 1945. — G. Thils, Théologie des réalités terrestres, 2 vol, Paris, 1946 et 1949. — J. Danielou, Christianisme et histoire, dans études, t. 254, 1947, p. 166-184 — G. Fessard, Théologie et histoire, dans Dieu vivant 8, 1947, p, 37-65. —H. Frankenheim, Christliche Schau der Geschichte, dans Der katholische Gedanke, Munster, 1947, p. 62-73—M.-I. Montuchard, La médiation de l’Église et la médiation de l’histoire, dans Jeunesse de l’Église 7, 1947, p. 9-33. —E. C Rust, The Christian Understanding of History, Londres, 1947. —D. Dubarle, L’Église et le monde : harmonie ou divorce, 7, VS, t. 77, 1947, p. 547-571 ; t. 78, 1948, p. 311-335 ; Leçons da pessimisme, p 510-535 ; Optimisme et pessimisme, p 613-637. —R. Mubert, Discussions récentes autour de la Théologie de l’Histoire, dans Collectanea Mechliniensia, t. 33, 1948, p. 129-149. —L. Bouyer, Christianisme et eschatologie, dans La vies intellectuelle, t. 16, octobre 1948, p. 6-38 ; La théologie catholique de l’histoire, dans Dieu vivant 10, 1948, p. 91-115. —M. Schmaus, Das Eschatologische im Christentum, dans Aus der Théologie der Zeit (Mélanges G. Söhngen}, Ratisbonne, 1948, p. 56-84. —N. Berdiaeff, Le sens de l’histoire, Paris, 1949. —L. Malevez, La vision chrétienne de l’histoire, Nouvelle Revue Théologique, t. 71, 1949, p. 113-134, 944-264 ; Deux théologies catholiques de l’histoire, dans Bijdragen, t. 10, 1949, p. 295-940. —R. Niebuhr, Faith and History, Londres, 1949. —J. Pieper, Uber das Ende der Zeit, Munich, 1950 ; trad. fr, La fin des temps, Paris, 1953. — R. Garigou-Lagrange, L’éternelle vie et la profondeur de l’âme, Paris, 1950. —H. Urs von Balthasar, Théologie der Gesdichte, Einsiedeln, 1950 ; tr. fr, La théologie de l’histoire, Paris, 1955—J. Danielou, Essai sur le mystère de l’histoire, Paris, 1953. —G. Didier, Eschatologie et engagement chrétien, Nouvelle Revue Théologique, t 75, 1953, p. 3-14. —H. Hofmann, Die Théologie Reinhold Niebuhrs, Zurich, 1954. — H. Urs von Balthasar, Eschatologie, dans Fragen der Théologie heute, Einsiedeln, 1957, p. 403-421. —R. W. Gleason, The World to come, New-York, 1958—H. Ott, Eschatologie ; Versuch eines dogmatischen Grundrisses, Zollkon, 1958—F. Mussner, Was lehrt Jesus über das Ende der Welt ? Eine Auslegung von Markus 13, Frihourg-en-Brisgau, 1958— K. Rahner, Zur Théologie des Todes, Fribourg-en-Brisgau, 1958.

Sur le retour du Christ : «Le Christ dans l’avènement » , Revue de l’action populaire, mai 1953.

DIDIER G. « Eschatologie et engagement chrétien » , Nouvelle Revue Théologique, 1953, p. 3-14.

[4] Matthieu 24, 30.

[5] Apocalypse 1, 17.

[6] Actes 1, 9.

[7] L’islam aussi professe le retour du Christ à la fin du monde. C’est la même théologie, sauf que Jésus n’y est qu’un homme et prêche l’islam. Eux aussi voient ce retour non seulement à la fin du monde mais aussi sur le lit de mort de chacun. Voir : «La mort et le jugement dernier selon les enseignements de l’islam » , Rayhane éditions, Paris 1991, Fdal HAJA, p. 62ss.

«Les musulmans, du nord au sud de la terre, croient que Jésus, fils de Marie, est un messager et un serviteur de Dieu. Sa naissance et son Ascension sont des signes célestes, destinés aux serviteurs de Dieu. Parmi ces derniers il y a ceux qui se sont réaffirmés et qui ont reconnu la vérité, il y a aussi ceux qui se sont écartés et qui se sont perdus. Le Saint Coran, révélé à Muhammad, nous a enseigné que les Juifs n’ont pas tué l’Envoyé de Dieu, Jésus fils de Marie, même s’ils ont prétendu l’avoir fait, et que les chrétiens les ont crus. La vérité est qu’ils ne l’ont jamais tué. Dieu dit : «Pour avoir affirmé. » Nous avons tué Jésus, le Messie, fils de Marie, le messager de Dieu » Ils ne l’ont pas tué, ils ne l’ont pas crucifié, mais l’illusion les en a possédés. Ceux qui là-dessus controversent ne font qu’en douter, sans avoir en la matière d’autre science que de suivre la conjecture. Ils ne l’ont certainement pas tué. Mais Dieu l’a élevé vers lui. Et Dieu est tout puissant, sage » (4 :157-158). Dieu dit encore : «Lorsque Dieu dit : Jésus! Je vais t’achever et t’élever vers Moi, et te purifier de ceux qui ont mécrus, et mettre ceux qui t’ont suivi au-dessus de ceux qui t’ont renié, et cela jusqu’au Jour de la Résurrection. Après quoi vers Moi est votre retour et je trancherai entre vous l’objet de votre différent » (3 :55).

Jésus apparaîtra au moment où l’Antéchrist tourmentera les hommes. II est dit qu’il sera en Syrie. Il est écrit dans «al-Jarali as-Saghir » qu’il apparaîtra au Nord de Damas. Seul Dieu le sait. L’Imam Ibn Kahtir a souligné à propos de l’exégèse de la sourate an-Nisa (les femmes, verset 159) et des hadiths du prophète concernant l’apparition de Jésus : «Ce sont des dires fréquents de l’Envoyé de Dieu qui indiquent la façon et le lieu de son apparition, qui sera en Syrie, à Damas et plus précisément à la borne Nord, au moment de la prière de l’aube. Il tuera le cochon, brisera la croix... II n’acceptera que l’islam (comme religion), et alors les doutes des chrétiens se dissiperont. Ils embrasseront l’islam, suivant en cela Jésus »

Dieu dit : «Il n’est est pas un seul parmi les gens du Livre à ne pas croire à lui avant sa mort, et le Jour de la Résurrection Jésus sera témoin contre eux » (4 :159). II est dit dans ce verset que tout homme verra la vérité dévoilée sur son lit de mort, et pas un seul être humain ne mourra sans avoir reconnu auparavant le vrai du faux. C’est ainsi que les gens du Livre sauront toute la vérité sur Jésus. La foi n’a de valeur que si on l’accorde à l’inconnu, car une fois qu’on a vu les preuves de ses propres yeux, on n’a plus aucun mérite d’y croire. Alors la religion deviendra une, la religion d’Abraham, le musulman, le fervent. Jésus tuera l’Antéchrist sur ordre de Dieu. Dieu ressuscitera Ya’jouj et Ma’jouj qu’Il anéantira en réponse aux invocations de Jésus ainsi qu’à celles des Compagnons.

D’après Abu Hurayra (Que Dieu soit satisfait de lui), l’Envoyé de Dieu a dit : «Comment serez-vous, quand apparaîtra parmi vous le fils de Marie alors que votre imam (guide) est l’un des vôtres ? » (Rapporté par al-Bukhari et Muslim).

Jabir Ibn’Abdallah (Que Dieu soit satisfait de lui) a entendu l’Envoyé de Dieu dire : «Un groupe de ma communauté combattra ostensiblement pour la vérité jusqu’au Jour de la Résurrection » Il a ajouté : «Alors Jésus fils de Marie (Salut sur lui) apparaîtra et leur’amir lui dira : «Venez! Priez pour nous » Il répondra : «Non! Car vous êtes les princes les uns des autres, témoignage d’honneur accordé par Dieu à cette communauté » (Rapporté par Muslim).

Parmi ses caractéristiques mentionnées dans les sunan d’Abu Dawud, Abu Hurayra (Que Dieu soit satisfait de lui) a rapporté que l’Envoyé de dieu a dit : «II n’y a pas entre moi et lui de prophète (intermédiaire). Il apparaîtra (certainement). Quand vous le verrez, reconnaissez-le : (c’est) un homme de, taille moyenne, (d’une teinte) qui n’est ni rougeâtre, ni blanchâtre, (il portera) deux tissus jaunâtres. Des gouttes couleront de sa tête alors qu’elle n’a pas été mouillée. Il combattra pour l’islam, brisera la croix, proscrira la consommation du porc, abolira la jizia. A son époque Dieu annulera toutes les religions sauf l’islam. II anéantira l’Antéchrist. II restera sur terre quarante ans, il mourra, et les musulmans prieront pour lui » (Rapporté par Muslim, livre Al Iman).

Dans un autre hadith, il est dit quarante sans préciser si c’est quarante jours, mois ou années. Abu Hurayra (Que Dieu soit satisfait de lui) a rapporté que l’Envoyé de Dieu a dit : «Je jure par Celui qui détient mon âme entre Ses mains, qu’il (Jésus) est sur le point d’apparaître parmi vous, Jésus fils de Marie, le dirigeant juste qui brisera la croix, interdira la consommation du porc, mettra fin à la guerre. L’argent sera en abondance à tel point qu’on le refusera ; et, qu’une seule prosternation sera préférable à ce monde et à tout ce qu’il contient. »

[8] Voir Question 15, L’heure de la mort.

[9] Voir notre traité, la question 8 sur la mort.

[10] Matthieu 24, 26.

[11] Actes 8, 9.

[12] Concile Vatican II, Dei Verbum 1, 4.

[13] Sacrée Congrégation pour la Doctrine de la foi, Lettre sur quelques questions concernant l’eschatologie, 17 mai 1979.

[14] Matthieu 24, 29-30.

[15] Matthieu 24, 14.

[16] L. Beirnaert, Pour un christianisme de choc, «construire » , III° série, («Etudes, 1943).

[17] «Les doctrines évolutionnistes, christianisées, ne font-elles pas augurer que l’Orient et l’Occident, dont Kipling disait qu’ils ne se rencontreront jamais, sont en train de revenir à leurs lointaines origines pour se lancer en avant, dans une rivalité qui pourrait être sanglante, mais qui peut être aussi une profitable émulation ? Dans les dernières pages du Phénomène humain, par une de ces extrapolations qu’on ne saurait reprocher à un savant philosophe, le p. Teilhard voit les peuples en marche, tels des phylums qui se séparent et restent cependant unis et qui vivent une commune angoisse, envers d’une espérance commune qui, consciemment ou non, les dirige vers le fameux point Oméga, c’est-à-dire vers Dieu, et vers Jésus-Christ. » p. Teilhard de Chardin, Le phénomène humain, Œuvres, I, 1955, p. 232-235.

[18] Matthieu 24, 21.

[19] Cf. La lettre de Paul Rivet, fondateur du Musée de l’homme, publiée dans «Esprit », juin 1955.

[20] Daniel-Rops, «Un monde sans âme. » On peut lire aussi à cet égard les prophéties de saint Louis-Marie Grignon de Montfort sur les apôtres des derniers temps, Traité de la vraie dévotion à la Vierge Marie, Chap. 5 et 9.

[21] Cathécisme de l’Église Catholique, Mame, 1992, p. 149, 150.

[22] 2 Théssaloniciens 2 ; l ; Timothée 4, 1 ; 2Timothée 3, 1-5 ; Matthieu. 24, 12-15 ; Daniel 8, 22-26 ; Daniel 9, 26-27 ; 12, 5-13 ;...

[23] Luc 2, 14 Vulg. .

[24] Matthieu 27, 40.

[25] Voir 1 Théssaloniciens 5, 3.

[26] Matthieu 27, 54.

[27] Voir 2 Théssaloniciens 2, 2 ss.

[28] Genèse 17, 21. Isaac, figure du christianisme et Ismaël de l’islam.

[29] Luc 3, 3.

[30] Luc 17, 20.

[31] Jean 6, 15.

[32] Matthieu 27, 51.

[33] Genèse 11.

[34] 1 Théssaloniciens 5, 3.

[35] Luc 3, 8.

[36] «Et je vis, et voici qu’au milieu du trône et des quatre animaux et au milieu des vieillards se tenait un agneau comme égorgé. » Les trônes, les animaux, les vieillards, c’est l’Église : L’agneau comme égorgé, c’est l’Église avec sa tête, qui meurt pour le Christ afin de vivre avec lui. Saint Césaire d’Arles, Commentaire de l’apocalypse, Desclée de Brouwer p. 58.

[37] Luc 7, 47.

[38] Matthieu 23, 29.

[39] 1 Corinthiens 1, 19.

[40] Luc 12, 32.

[41] Romains 5, 8.

[42] Colossiens. 2, 15.

[43] Genèse 15, 16.

[44] Matthieu 7, 13.

[45] Marc 6, 34.

[46] 1 Théssaloniciens 5, 3.

[47] Matthieu 24, 40.

[48] Matthieu 24, 37.

[49] Matthieu 24, 28.

[50] Apocalypse 18, 11.

[51] Voir dans saint Thomas d’Aquin, Supplément.

Voir : LÉON-JOSEPH MOREAU, O. p. » Quand le Seigneur reviendra-t-il ? » Nova et Vetera, 1960, 2, p. 135.

A propos de la date de la fin du monde et de notre proximité par rapport à cet événement, les interprétations les plus diverses cir­culent depuis toujours. A notre époque, elles sont surtout l’apanage des sectes d’inspiration chrétienne. Voir à ce sujet :

J. du Plessis, La caravane humaine, 1942.

Idem, Les derniers temps, 1936.

Halévy, Essai sur l’accélération de l’histoire, 1948.

Un livre étrange, écrit en 1872, prédisait après de savants calculs sur les prophéties de tous les temps, en particulier celles de sainte Hildegarde, la fin du monde pour 1917.

J. du Plessis, Les derniers temps, ch. I.

Augustin, Epist, 199, 46 ; p. L, 33, 922-926.

J. du Plessis, Les derniers temps, p. 127.

Pie X, Supremi apostolatus (octobre 1903), «Actes » , t. I.

Henri Rondet Pélianisme et Christianisme, 1965, p. 46.

A.-D. Sertillanges, Le miracle de l’Église, 1934.

W. Fœrster, L’Europe et la question allemande, 1937, p. 116.

K. Barth, Lettre aux protestants de France, «Esprit «, avril 1940, p. 73-80.

p. Teilhard de Chardin, Le phénomène humain, Oeuvres, J, 1955, p. 232-235.

Cf. la lettre de Paul Rivet, fondateur du Musée de l’Homme, publiée dans «Esprit » , juin 1955.

BALTHASAR H. U, La dramatique divine 4, le dénouement, Namur 1993, Culture et vérité p. 37.

[52] La théologie musulmane s’accorde avec la théologie chrétienne pour reconnaître que la date de la fin du monde est inconnue mais sera annoncée par certains signes dont on ne peut faire autrement que remarquer la proximité de ceux indiqués dans les évangiles : (La mort et le jugement dernier dans la théologie musulmane, Rayhane éditions, Paris 1991, Fdal HAJA, p. 54-55) : «Ils t’interrogeront sur l’Heure (en disant) : Quand sonnera-t­elle ?Réponds-leur “Mon Seigneur sait cela! Lui seul en dévoilera le terme. (Sa connaissance) pèse aux habitants des cieux et de la terre. Elle vous surprendra â l’improviste”. Ils t’interroge­ront ô son sujet, comme si tu en étais informé! Réponds “Seul Dieu en a connaissance! » Mais la plupart des hommes ne savent pas » (7 :187).

L’Ange Gabriel a demandé à l’Envoyé de Dieu : «Informe-moi au sujet de l’Heure ». Le Prophète répondit « L’interrogé n’en sait pas plus que celui qui l’interroge. » (Extrait d’un long Hadith rapporté par al-Bukhari, Muslim et Abu Dawud).

L’Ange Gabriel qui est proche de Dieu et ne sait pas lui-même quand sera l’Heure. Il en est de même du Prophète Muhamhad qu’Il a honoré lors de son voyage nocturne (à Jérusalem et aux cieux). Dieu leur a conseillé de ne pas se focaliser sur sa réalisation et son terme, mais plutôt de s’intéresser à sa nature, à sa réalité et à la terrible sensation de terreur et de gravité qu’elle provoquera. Par sa surprise, elle sera insupportable aussi bien pour les êtres vivants que pour les cieux et la terre.

[53] 2 Théssaloniciens 2, 1.

[54] L’opinion du Cardinal Ratzinger concernant des signes du retour du Christ. : (La mort et l’au-delà, Communio-Fayard, 1994, p. 202) ; «La question du rap­port entre la venue du Christ et notre temps se reflète dans la question des signes de la fin du monde, qui, née des interrogations analogues de l’apocalyptique juive, ne cesse de ressurgir dans la chrétienté depuis l’époque des disciples de Jésus. Une première lecture du Nouveau Testament donne forcément l’impression que des posi­tions différentes s’y affrontent. D’un côté, on refuse caté­goriquement de poser la question des signes : la venue du Christ est tout à fait incompatible avec le temps de l’his­toire, avec les lois de sa durée, on ne peut donc jamais la calculer en fonction de l’histoire de quelques manières que ce soit. Toutes les fois qu’il se livre à un tel calcul, l’homme exerce la logique propre de l’histoire, et son opé­ration passe donc justement à côté du Christ qui n’est pas le produit de l’évolution ni un moment dialectique dans le processus de la raison, mais l’Autre, celui qui, de l’exté­rieur ouvre les portes du temps et de la mort ; en elle-même, sa parousie ne peut donc pas être datée. La seule réponse à la question des «signes «et à toute tentative pour décrire la venue du Christ ne peut donc consister qu’à refuser cette question et à lui substituer l’appel sui­vant : «Ce que je vous dis, je le dis à tous Veillez! » (Marc 13, 37). Le correspondant humain au rapport parti­culier du Ressuscité avec le temps du monde n’est ni la philosophie ni la théologie de l’histoire, mais «vigilance. »

A cette position semble pourtant s’opposer, de l’autre côté, un assez vaste courant de la tradition qui lui, parle des signes avant-coureurs de la venue du Christ. Dans cette position, Jean Daniélou voit la permanence de deux espérances différentes de l’Ancien Testament, qui, d’une part, regarde vers un Messie humain, et, de l’autre, connaît l’attente d’un bouleversement de l’histoire par l’intervention directe et personnelle de Dieu. Seul le mys­tère humano-divin du Christ Jésus, tel que l’a cerné le concile de Chalcédoine, permettrait de comprendre l’unité intrinsèque de ces deux courants et de justifier pleinement chacun d’eux. En Jésus-Christ, Dieu agit comme Dieu, divinement, sans intermédiaire, et, en lui, Dieu agit comme homme par la médiation de l’histoire. C’est pour­quoi le Christ serait en même temps Telos et Peras de l’histoire, comme dit Daniélou, usant de termes grecs dont il est bien difficile de rendre exactement en français ce qui les différencie réellement. Il veut dire que le Christ est aussi bien l’accomplissement (telos)de tout le réel accomplissement incompatible avec le cours temporel du monde et de l’histoire-que la fin chronologique (peras) de ce temps.

[55] Documentation concernant les signes :

MARROU H. I, 1. L’ambivalence du temps de l’histoire chez saint Augustin, Paris. Vrîn, 1950 ; 2. Théologie de l’histoire, Paris, Seuil, 1968 ; SCHLIER H, Le temps de l’Église. Casterman. 1961 ; SECKLER M, Le salut et l’histoire, Paris, Cerf ; 1967 ; DUPUY B. » Les fins de la destinée humaine. Bibliographie organisée, La Vie Spirituelle nov. 1962, 561-580 ; L. Cerfaux-J. Cambier, L’Apocalypse de saint Jean lue aux chrétiens, Paris, 1955. (Initiation par de bons exégètes) ; D. Mollat, Une lecture pour aujourd’hui l’Apocalypse, Le Cerf, Paris, 1984. (Notes laissées du plus haut intérêt pour pénétrer l’esprit johannique, par un des meilleurs connaisseurs) ; p. Prigent, Apocalypse et liturgie, Cahiers théologiques, Neuchâtel, 1965. Du même, Et le Ciel s’ouvrit. L’Apoca­lypse de saint Jean, coll. » Lire la Bible «, Le Cerf, 1980. (Commentaire suivi, par un professeur protestant). ; H.     Lietzmann, Histoire de I’Église ancienne, 1, 1936 ; L. de Grandmaison, Jésus-Christ, t. II, p. 280-311.-J. Lebreton, La vie et l’enseignement de Jésus-Christ N. saint, t. II, 1931, p. 199-210. —A. Feuillet, Le discours de Jésus sur la ruine du temple, «Rev. Bibl. » 1948, p. 381-502 ; 1949, p. 61-92—Idem, «La venue du règne de Dieu et du fils de l’homme » , «Recherches de Science religieuse » , 1948, p. 544-565.

[56] l Théssaloniciens 5, 3.

[57] 1 Théssaloniciens 5, 2.

[58] Luc 21, 27.

[59] Matthieu 24, 32.

[60] Comme si le Christ devait régner physiquement 1000 ans sur terre. L’Église a sans cesse rappelé que ces 1000 ans (Ap. 20, 2) étaient le symbole de sa présence cachée jusqu’au cœur des plus grands malheurs.

[61] Livre des prédictions d’Esychus, chap. 11.

[62] Pour comprendre avec précision la portée des textes de l’Apocalypse de saint Jean, on peut se reporter aux excellentes études du cardinal Balthasar, La dramatique divine, 3, Culture et vérité, Namur 1992, p. 19 ss). Pour les discours eschatologiques, Voir surtout La dramatique divine 4, p. 36 ss (Le dénouement).

[63] Luc 16, 31.

[64] Luc 21, 25.

[65] Voir par exemple Matthieu 24, 40 : «L’un sera pris, l’autre laissé. »

[66] Luc 21, 28.

[67] Luc 21, 32.

[68] Apocalypse 16, 11.

[69] Job 42, 5.

[70] A propos de ces signes et de leur nombre, il existe une importante bibliographie. Voir par exemple :

Saint Thomas, Suppl, q. 73, art. I

C. Pesch, Praelectiones théologiae dogmaticae, t. 9, p. 674-681.

J. Terrien, Histoire du p. de Clorivière, 1891, p. 387, 472-477. Le manuscrit fut revu par un barnabite, le futur cardinal Fontana —R. Bazin (Pierre de Clorivière contemporain de la Révolution, 1926) donne quelques extraits de ce texte assez considérable.

Ch. Parra, p. Galtier, été, Le Père Henri Ramière, 1934, p. 233-241.

D. Buzy, Antéchrist, D. B, Suppl, I, 1928, p. 305.

Bellarmin, Apologia, Opera, éd. Vivès, te 12, De 171-176.

A. Grail, «Jean le Baptiste et Elie » «Vie spirituelle «, juin 1949, p. 598-606.

Augustin, In Joan, 4, 5-6 ; p. L, 35, 1408.-Cf. De Civitate Dei, 20, 29 ; p. L, 41, 703-704.

C. de Kirwan, Comment peut finir l’univers, collection «Science et Religion «, 1901, t. 23.

L. Billot, De novissimis, p. 169-176, notes.

J. Pohle, Lehrbuch der Dogmatik, t. 3, 8ème éd, par Giehrens, p. 703-704.

[71] Isaïe 7, 14.

[72] Apocalypse 13, 1.

[73] Luc 21, 11.

[74] Luc 21, 9.

[75] 1 Théssaloniciens 5, 3.

[76] Apocalypse 6, 5.

[77] Apocalypse 16.

[78] Matthieu. 24, 24.

[79] 2 Timothée 3, 1.

[80] Matthieu. 24, 29 ; Act. 2, 20.

[81] De type « Témoin de Jéhovah », car leur sens fondamental est effectivement littéral.

[82] Matthieu 24, 2.

[83] Jean 2, 19.

[84] La théologie musulmane s’accorde avec la théologie chrétienne pour reconnaître qu’il y aura des signes précursseurs de la fin du monde. Mais leur liste en est différente : (La mort et le jugement dernier dans la théologie musulmane, Rayhane éditions, Paris 1991, Fdal HAJA, p. 54-55)

Hudayfa Ibn Asyada a rapporté : “Nous avons été surpris par la visite du Prophète alors qu’on était en pleine discussion sur (les signes) de l’Heure. Il nous a demandé : “De quoi discutez-vous ?” On lui a répondu : “On évoque l’Heure. » Il a dit : “Elle ne sera effective qu’une fois que vous aurez vu les dix signes. » Il a évoqué la fumée, l’imposteur, la bête, le lever du soleil du côté de l’occident, le Mahdi, la descente de Jésus fils de Marie, Gog et Magog et trois phénomènes sismiques : Le premier au Machrek (orient), le second au Maghreb et le dernier dans la péninsule arabique. En dernier lieu, un feu surgira du Yémen et chassera les gens vers le lieu de la résurrection” (Rapporté par Muslim, T 8, p. 198 et Ahmad T4, p7l6).

‘Ah Ibn Abi Talib (Que Dieu lui accorde Sa miséricorde) a rapporté que le Prophète a dit : “Quand quinze penchants se concrétiseront dans le comportement de ma communauté, le malheur l’atteindra. » On a demandé : “Lesquels, O Envoyé de Dieu ? » Il répondit : “Quand l’état vivra du butin, quand les objets confiés en dépôt seront confisqués et la zakat (aumône légale) imposée comme impôt. Quand l’homme obéira à sa femme et désobéira à sa mère, qu’il sera bon avec son ami et rejettera sou père. Quand les voix s’élèveront au sein des mosquées ; quand le plus vil des hommes deviendra leur chef. Quand on honorera l’homme pour sa méchanceté. Quand on boira de l’alcool, qu’on portera des habits de soie, qu’on fera des femmes des musiciennes et des chanteuses. Quand les derniers de cette communauté maudiront leurs ancêtres. Alors, qu’ils s’attendent à un vent rouge, un séisme et une défiguration” (Rapporté par at-tirmidhi).

Dieu dit : “Oui, sans aucun doute l’Heure approche, mais la plupart des hommes sont incrédules” (40 :59).

Le Compagnon du Prophète, Sahl lbn Sa’d as-Sa’idi a rapporté que l’Envoyé de Dieu a dit : “J’ai été envoyé moi et l’Heure comme ceci”, et il a joint l’index et le majeur (Rapporté par al-Bukhari).

Dieu a gardé l’Heure secrète pour que l’humanité, toute entière et en tout temps, cherche à en savoir un maximum sur sa nature, la craigne et se prépare avec acharnement à sa rencontre, ceci dans le cas des croyants. Quand aux incrédules, elle les surprendra sans qu’ils s’en rendent compte. Dieu dit : “L’Heure est proche, en vérité, et je tiens (son arrivée) absolument secrète, afin que chaque âme puisse être rétribuée selon ses oeuvres. Que celui qui ne croit pas (à son arrivée) et qui suit sa passion ne te détourne pas (de cette certitude), sinon ru périras » (20 :15-16).

“Que l’Heure viendra -nul doute à cet égard- et que Dieu ressuscitera ceux qui sont dans les tombes” (22 :7).

[85] 1 Timothée 4, 1.

[86] Apocalypse 12, 1.

[87] Matthieu 24, 30.

[88] Matthieu 24, 8.

[89] Matthieu 24, 25.

[90] L’histoire nous montre que ce temps est commencé depuis le jour de la Pentecôte. En effet, depuis 2000 ans, le Seigneur ne cesse d’enfanter chaque génération chrétienne à la Vie par la croix.

[91] On ne peut manquer de penser au monde contemporain, façonné par l’athéisme et la sécularisation depuis plus d’un siècle. C’est pourtant le siècle par excellence des missions.

[92] Matthieu. 24, 14.

[93] l Macchabées 1, 54.

[94] Matthieu 24, 29.

[95] 1 Théssaloniciens 2, 8.

[96] Matthieu. 25, 31.

[97] Matthieu 24, 22.

[98] Saint Césaire d’Arles, D. D. B. Paris, 1989, p. 15, commente : «Au sujet des révélations de l’Apocalypse de saint Jean, quelques-uns des anciens Pères ont pensé qu’elles se rapportaient en totalité ou au moins en très grande partie au jour du jugement et à l’avènement de I Antéchrist. En revanche, ceux qui ont attentivement analysé ce livre ont estimé que les révélations qui y sont contenues ont commencé à s’accomplir aussitôt après la passion de notre Seigneur et sauveur et doivent continuer à s’accomplir jusqu’au jour du jugement… »

[99] Apocalypse 4, 5.

[100] Apocalypse 5, 5.

[101] Apocalypse 8, 9.

[102] Apocalypse 12, 13.

[103] Apocalypse 21.

[104] Matthieu 24 et 25 et les parallèles en Marc et Luc.

[105] Matthieu 24, 4-11.

[106] 2 Théssaloniciens 2.

[107] 2 Théssaloniciens 2, 8.

[108] Voir à ce sujet les magistrales fresques historiques dans les œuvres de Balthasar. Ex : «L’amour seul est digne de foi » , Aubier p. 11ss.

[109] Matthieu 24, 34.

[110] E. B. Allo, L’Apocalypse, 1921, p. CCXXVII. —E. Mâle, L’art religieux en France au XIIe siècle, 1924, p. 4-p. Monceaux, histoire littéraire de l’Afrique chrétienne, t. 5, p. 200-201 (Beatus démarque Tyconius). E. Pognon, L’an mille, 1947 avec les remarques de G. D, «Rev. d’hist. ecclé. » , 1948) p. 320 ; H. Leclercq, Dies irae, «Dictionnaire d’archThéologie chrétienne » , t. 4, col. 819-822 ; R. Jordan, Joachtim de Flore, Dictionnaire de Théologie Catholique, t. 8, col. 1432-1435 ; p. Teilhard de Chardin, Vie et mort des planètes, «Etudes » , 1946, t. 249, p. 167-169 ; «Œuvres, t. V : L’avenir de l’homme, p. 153-156).—Le Phénomène humain, Oeuvres, t. I, p. 258-259 ; Le P Rousselot (L’intellectualisme de saint Thomas, 2° ed, p. 110) remarquait que les questions qui passionnaient les scolastiques sur le paradis et les origines humaines passionnent aussi les enfants chrétiens, notre époque est tournée non vers le commencement mais vers la fin des temps et se pose des questions auxquelles seules répond souvent l’imagination créatrice, rançon de l’intérêt trop pratique pour l’instant présent ; J. du Plessis, Les derniers temps, p 127.

[111] Apocalypse 8, 12.

[112] Isaïe 24, 20.

[113] Matthieu 24, 29.

[114] Genèse 3, 15.

[115] Matthieu 24, 22.

[116] Matthieu 24, 7.

[117] Luc 12, 20.

[118] Job 42, 5 et 6.

[119] 1 Pierre 1, 7.

[120] Apocalypse 16, 21.

[121] Le cardinal Ratzinger écrit (La mort et l’au-delà, Communio-Fayard, 1994, p. 206) «Un texte de l’Evangile de Luc, de ton très archaïsant, s’exprime de même : «Et comme il advint aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il aux jours du Fils de l’Homme. On mangeait, on buvait, on prenait femme ou mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; et vint le déluge qui les fit tous périr. Il en sera tout comme aux jours de Lot : on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait, on plantait, on bâtissait ; mais ce jour où Lot sortit de Sodome, Dieu fit pleuVoir du Ciel du feu et du souffre, et il les fit tous périr. De même en sera-t-il le jour où le Fils de l’Homme doit se révéler. » (Luc 17, 26-30 ; cf. Matthieu 24, 37-39). Ces signes, du moins dans la mesure où nous avons pu le constater jusqu’à présent, ne permettent pas de pronostiquer la date de la fin. Ils la mettent évidemment en relation avec l’histoire, mais de telle manière qu’ils obligent toute époque à la vigilance. Grâce à eux justement, c’est toujours le temps de la fin, le monde est toujours au contact du «Tout-Autre » qui y mettra fin un jour, et totalement, en tant que «temps chronologique. »

[122] «Elle passe lafigure de ce monde » , 1 Corinthiens 7, 31.

[123] Romains. 8, 22.

[124] Job 42, 5 et 6 ; Voir à ce sujet Pascal, Pensées, éd. Brunschwicg, Paris, n° 194.

[125] Matthieu 18, 8.

[126] Genèse 11, 4.

[127] 1 Rois 11, 6.

[128] Voir à ce sujet Psaume 49, 13-20. Psaume 73, 3-5 ; 15-24.

[129] Matthieu 24, 6.

[130] Grégoire le Grand (Homélie sur l’Evangile, p. PL. 76, p. 1078) a pu parler d’un monde vieillissant, «car, que s’élève peuple contre peuple, et que leur cala­mité s’étende sur le pays, cela nous le constatons dans notre époque plus que nous ne le lisons dans les livres. Vous savez aussi combien de fois nous avons ouï dire, que, dans d’autres parties du monde, des tremblements de terre ont dévasté d’innombrables cités. Sans cesse nous souf­frons de pestes. Et si nous ne constatons pas encore visi­blement des signes dans le soleil, la lune et les étoiles, nous pouvons du moins conjecturer qu’ils ne sont pas éloi­gnés, puisque déjà le climat subit des modifications sen­sibles «C’est pourquoi on peut dire inversement «Quand les hommes se disent «Paix et sécurité » , c’est alors que tout d’un coup fondra sur eux la perdition comme les douleurs sur la femme enceinte, et ils ne pour­ront y échapper. » (1 Théssaloniciens 5, 3°.

[131] 1 Théssaloniciens 5, 3.

[132] L’opinion du Cardinal Ratzinger : «D’abord, ce n’est pas quelque suprême maturation de l’histoire qui prépare le passage à la fin ; au contraire, c’est justement la déliquescence interne de l’histoire, son incapacité en face du divin, son opposition, qui, para­doxalement, renvoient à l’assentiment de Dieu. Deuxiè­mement, un coup d’œil même superficiel montre, dans la réalité de tous les siècles, que ces «signes «renvoient à la constante disposition de ce monde ; car ce monde a été continuellement déchiré par des guerres et des cata­strophes, et rien ne laisse espérer que quelque «effort de paix «pourrait modifier radicalement cette signature de tout ce qui est humain. »

RATZINGER J, La mort et l’au~delà, Communio-Fayard, 1994, p. 205.

[133] Apocalypse 16, 14.

[134] Daniel 11, 11 ; Puisque nous parlons de guerres extérieures, il est à espérer qu’il s’agit des guerres mondiales de la première moitié du XXème siècle.

[135] Question 32, l’Antéchrist.

[136] Apocalypse 13, 16 ;

[137] La religion enseignée aux fidèles, particulièrement entre 1800 et 1840 met l’accent sur un Dieu terrible aux méchants, le vengeur de tous les crimes. Livres de prière, cantiques, prédication, entretiennent dans une religion sévère qui détourne de la fréquentation des sacrements. Lors des missions-ou des campagnes d’évangélisation chez les protestants-le prédicateur veut attirer la foule à l’église ou au temple et utilise pour cela des moyens qui s’apparentent à la provocation. Il faut commencer par frapper de grands coups en annonçant des «vérités terribles » Sur les 25 à 30 sermons d’une mission de trois semaines, une moitié leur sont consacrés. Puis viennent les «vérités consolantes » et les «devoirs du chrétien. » Le Salut, le péché, la mort, l’existence de l’enfer, le petit nombre des élus, le jugement dernier, des prédicateurs, tels Jean-Marie Vianney, en font leurs armes de prédilection. Mais en cela, rien d’original. Si les consciences sont bousculées, c’est davantage par la conviction qui anime le missionnaire que par l’originalité des propos. C’est la tradition des siècles précédents qui est reprise. Celle de Vincent de Paul «Je n’avais partout qu une seule prédication que je tournais en mille manières c’était la crainte de Dieu » Du Dieu terrible au Dieu d’amour, Gérard CHOUVY, Communio, n° 11, 3, mai-juin 1986, p. 119.

[138] Apocalypse 13, 8.

[139] Les textes de l’Ecriture, pris dans leur sens littéral, ont signifié la réalité de toutes les époques jusqu’ici. Mais, vers la fin du monde, la guerre prendra un sens tout à fait particulier. A propos de l’histoire des terreurs dans les temps anciens :

p. Courcelle, Histoire littéraire des invasions germaniques, 1948, p. 42-49.

Saint Jérôme, Epist, 123, 15-17 (p. L, 38, 1057-1058) ; Lettres, trad. Labourt, t. 7, p. 91-94.

Augustin, Serm. 105, 9 (p. L, 38, 622) «Quid expavescis quia pereunt regna terrena »-Cf. Serm. 81, G. Bardy, Saint Augustin, 1940, p. 327-330.

La Cité de Dieu, trad. Combès, Œuvres de saint Augustin Bibl. august, t. 33e Introduction, p. 9-18 (G. Bardy).

Epist. 197-198 ; p. L, 33, 899-904.

Epist, 199 ; p. L, 33, 904-925.

Grégoire le Grand, In Ezech, II, 6, 22-23 ; p. L, 76, 1011. —Cf. p. Batiffol, saint Grégoire le Grand, 1928, collection «Les Saints » , p. 79.

Grégoire le Grand, Homél. in Evang, 1, 5 (p. L, 76, 1080-1081).-Cf. p. Batiffol, op. cit, p. 9-10, 56-57.

E. B. Allo, L’Apocalypse, 1921, p. CCXXVIIV-E. Mâle, L’art religieux en France au XIIe siècle, 1924, p 4. —p. Monceaux, Histoire littéraire de l’Afrique chrétienne, t. 5, p. 200-201 (Beatus démarque Tyconius).

E. Pognon, L’an mille, 1947 avec les remarques de G. D, «Rev. d’hist. ecclé. » , 1948, p. 320.

H. Leclercq, Dies irae, «Dictionnaire d’archThéologie chrétienne «, t. 4, col 819-822.

R. Jordan, Joachim de Flore, Dictionnaire de Théologie Catholique, t. 8, col. 1432-1435.

E. Jordan, ibid, col. 1450-1451.-F.-» LA FOI CATHOLIQUE » , allay, Olieu (Olivi), Dictionnaire de Théologie Catholique, t. 11, col. 987-988.

[140] 1 Jean 4, 1.

[141] Matthieu 24, 24.

[142] Galates 1, 8.

[143] Matthieu 24, 12.

[144] 1 Timothée 4, 1.

[145] Marc 6, 5.

[146] 2 Timothée 3, 1.

[147] L’islam parle de la même façon et annonce pour la fin du monde certains signes parmi lesquels on trouve « la perte des objets confiés en dépôt, la rivalité dans la direction des mosquées, la multiplication des constructions plus hautes les unes que les autres (signe d’orgueil), la fréquence de la fornication, la consommation de l’alcool, prendre des filles comme chanteuses et danseuses dans les réunions et les fêtes, le bâtard qui devient maître et gouverneur, accorder des responsabilités à ceux qui ne le méritent pas, la multiplication des nouveautés blâmables, le manque de pudeur des femmes qui découvrent les parties intimes de leur corps, le juge qui n’applique pas la justice, la rareté des savants qui dénoncent les nouveautés blâmables, la décadence morale et d’autres actes illicites encore. »

[148] Dans la chrétienté d’occident, il s’agit des XII et XIIIèmes siècles.

[149] 1 Périarchion, Chap. 3.

[150] Au nom de l’amour de Dieu, l’Église d’Espagne du XVI ème siècle est à cet égard significative. Durcie dans sa guerre contre l’islam, elle appliqua la force à son propre peuple et aux peuples conquis d’Amérique du Sud.

[151] L’histoire de l’Occident chrétien est là encore intéressante. Son apostasie en marche l’amena tour à tour des guerres sauvages au nom de la nation et du sacrifice à son idéal, aux meurtres de l’avortement et de l’euthanasie au nom du plaisir et de la liberté individuelle.

[152] Matthieu 10, 39.

[153] Genèse 11.

[154] 2 Théssaloniciens 2.

[155] Luc 8, 14.

[156] 1 Jean 2, 19.

[157] Ou même du judéo-christianisme. Qui peut aujourd’hui faire autre chose que le constater. Marx, Freud, Sartre, Nietzsche etc. pour les théoriciens, Hitler, Staline et même en un certain sens Mao pour les praticiens ont tous tiré leur enseignement d’un judéo-christianisme dénaturé.

[158] Sagesse 15, 18.

[159] Marc 16, 16.

[160] Matthieu 8, 10.

[161] Jean 10, 16.

[162] Concile Vatican II, Décret sur les diverses religions.

[163] Ibidem.

[164] La Réforme, en ne croyant pas à cette dignité de la nature humaine, va moins loin. Pour elle, la confiance en Dieu suffit. La foi seule sauve, et non la charité et sa coopération active de réciprocité. Pour elle, l’homme détruit par le péché originel est bien incapable d’une telle audace.

[165] Jean 14, 6.

[166] Jean 4, 22.

[167] Matthieu 16, 6.

[168] Sagesse 13, 11.

[169] Genèse 41.

[170] Jean 10, 16.

[171] Exode 32, 4.

[172] Jean 10, 16.

[173] Apocalypse 13, 7.

[174] Matthieu 16, 18.

[175] Luc 24, 46.

[176] Matthieu 10, 23.

[177] Apocalypse 2.

[178] Ezéchiel 16, 22.

[179] Apocalypse 9, 20.

[180] Ezéchiel 14, 21.

[181] Matthieu 24 9.

[182] « Trompeuse » ou plutôt ambiguë car lorsque Dieu parle de « gloire, de victoire, de salut », il entend souvent « vie éternelle, donc humilité et son chemin, crucifixion et humiliation ». Mais l’homme y voit ce qui lui plaît à savoir « succès mondain, gloire terrestre ».

[183] Hébreux 11, 6.

[184] Nous en avons quelques exemples fameux : La prophétie qui courait dans l’Amérique précolombienne annonçant la venue de dieux chevauchant des animaux fantastiques et qui apporteraient le salut. Elle livra aux conquistadores, à la foi mais aussi à la mort ces civilisation païenne.

[185] 1 Jean 2, 22.

[186] Apocalypse 13, 17.

[187] Actes 5, 38.

[188] Genèse 15, 5.

[189] Genèse 21, 11.

[190] Genèse 16, 12.

[191] Certains musulmans mystiques, peu nombreux affirment que le « grand jihad » est celle que l’homme doit mener contre le péché qui est en lui. La lettre des textes du Coran et des Hadiths dit l’inverse.

[192] Coran 8, Le Butin 39.

[193] Genèse 16, 12.

[194] L’Église et les religions non Chrétiennes.

[195] Voir à cet égard dans la revue Thomiste avril-juin 1957, l’excellent article de L. Gardet sur les fins dernières selon la théologie musulmane.

[196] Luc 18, 17.

[197] 2 Théssaloniciens 2, 4.

[198] Genèse 21, 20.

[199] Il en sera de même pour la chrétienté qui subira un martyre, comme nous le montrerons.

[200] Matthieu 26, 52.

[201] Sourate 21, Les Prophètes, verset 104.

[202] Coran 99, 1-2. Coran 82, 1-4 ; 81, 1-14 ; 56, 1-6 ; 101, 5.

[203] sourate 44, La Fumée ; Sourate 41, verset 11.

[204] cf. Apocalypse de saint Jean 7, 3-4.

[205] Ezéchiel 39, 9-11. Il s’agit de l’annonce d’une grande guerre qui verra la défaite des impies.

[206] Il s’agit des habitants musulmans de l’Arabie vers la fin du monde.

[207] Ezéchiel 39, 12 : « On les enterrera afin de purifier le pays pendant sept mois.»

[208] Extrait de l’ouvrage Les histoires des prophètes, par l’Imam Aboul-Fida Ismaël Ben Kathir, Editions Dar el Hker, Beyrouth, Liban, p.262.

[209] Coran, Sourate des rangs, versets 101-102.

[210] Coran, Sourate de Marie, versets 54-55.

[211] Genèse 22, 2 et ss.

[212] « Le vrai bélier sera Jésus Christ, Fils de Dieu car, quand Dieu veut qu’on lui sacrifie un enfant, c’est le sien qu’il donne. » Saint Vincent de Paul.

[213] La connaissance de la fin du christianisme.

[214] Voir à ce sujet :

SUR LA THÉOLOGIE D’ISRAEL, Georges Cottier O. p., Nova et Vetera, 1985/2.

DESTINÉES D’ISRAEL, Charles Journet, PUF, Egloff, Paris 1945.

QUAND ISRAEL AIME DIEU, Jean de Menasce, Paris, Plon, Le roseau d’or 1931.

LA DECHIRURE DE L’ABSENCE, F. Lovsky, Calmann-Lévy, 1971.

LES NATIONS D’ISRAEL ET L’ÉGLISE, J. M. Garrigues, Tychique n° 50.

LUMEN GENTIUM II, 9.

Le MYSTERE D’ISRAEL, J. Maritain, Paris, D. D. B, 1965.

La situation privilégiée des juifs d’après Romains 3, 9. N. R. T, Janvier 1983.

VIGILES A JERUSALEM, p. M. Dubois, Robert Morel, 1976.

BAUM Gr, 1. » Notes sur les relations d’Israël et de l’Église » , COLLECTIF 38.

-2. Les Juifs et l’Evangile, Paris, Cerf, 1965 (traduit de l’anglais).

GELIN A. 1. » Le monothéisme d’Israël » , Lumen Vitae 29 (1956), 585-602.

-2. » Le sacerdoce du Christ d’après l’épître aux Hébreux » COLLECTIF 24, 43-76.

-3. » Le sacerdoce de l’ancienne alliance » COLLECTIF 35, 27-60. .

[215] Exode 33, 5.

[216] Romains. 5, 18.

[217] Romains 11, 33.

[218] Romains. 10, 2.

[219] Isaïe 29, 10.

[220] Romains. 11, 12.

[221] Pour Pie XI, dans l’encyclique anti-nazie, «Mit brennender Sorge » du 14 mars 1937, AAS 29 (1937) 150-151, les livres sacrés de l’Ancien Testament sont entièrement Parole de Dieu et forment une partie substantielle de la Révélation confirmée par la Parole unique qu’est le Christ, cette Parole vétéro-testamentaire de Dieu, pourrait-on ajouter, est toujours adressée par Dieu à l’humanité entière Pie XII précise : «Pour les yeux qui ne se sont pas aveuglés par le préjugé ou par la passion, resplendit la lumière divine du plan sauveur qui triomphe finalement de toutes les fautes et de tous les péchés. »

Après Auschwitz, cette déclaration prend un sens nouveau : la pédagogie divine, manifestée notamment dans le Serviteur souffrant triomphe du crime collectif qui y a été accompli et de toutes les révoltes individuelles qu’il a occasionnées. Pie XI ajoute : «Sur ce fond souvent obscur ressort dans de plus frappantes perspectives la pédagogie de salut de l’Eternel, tour à tour, avertissant admonestant, frappant, relevant et béatifiant ses élus. »

C’est à cette pédagogie de salut que rendaient héroïquement hommage toutes les victimes d’Auschwitz en chantant, au seuil de la mort, le Shema Israël. Elles croyaient que les coups mortels des hommes étaient au service, malgré eux, de la volonté salvifique et béatifiante du Père tout-puissant et miséricordieux.

Pie XI était ainsi amené à dire : «seuls l’aveuglement et l’orgueil peuvent fermer les yeux devant les trésors d’enseignement salvateur de l’Ancien Testament »

On souhaiterait qu’à l’avenir, plus que dans le passé, la catéchèse chrétienne déverse ces trésors en proposant aux hommes l’intégrale Révélation post-exilique de l’unique Alliance éternelle, toujours ancienne et toujours nouvelle.

[222] Romains 11, 15.

[223] Voir l’article suivant.

[224] Isaïe 40, 5.

[225] Romains 9, 6.

[226] Matthieu 11, 28.

[227] Voir JEAN-PAUL II, Discours aux juifs des États-Unis à Miami DC, 1987, 938.

Pour plus d’informations, voir : «L’Église du Verbe incarné » , 3, Charles Journet, Paris, D. D. B, 1969, ch. 3, SECT. I, chap. III.

«Sur la conversion d’Israel » , Nova et Vetera, 1989/2, C. Journet, p. 146.

«Réflexions bibliques et chrétiennes sur la shoah » , Nova et Vetera, 1993 / 3, B. de Margerie.

“The Molocaust, Jewish Théological Responses, The Encyclopedia of Religion, NY, 1987, t. 6, 423.

«Sur les ruines du temple » , J. Bonsirven, Paris, 1928.

Jean-Paul II, allocution du 14 juin 1987 aux juifs de Pologne, DOCUMENTATION CATHOLIQUE. 84 (1987) 938.

«Le salut par les Juifs » , Léon Blois, Paris, 1892.

Pour plusieurs théologiens juifs de notre temps comme Fackenheim, Berkovits, Greenberg et M. Buber-L’État d’Israel est vu comme une preuve de la présence de Dieu à l’histoire comme la victoire de la lumière sur les ténèbres.

C. J. « L’État israélien et les destinées d’Israël, A propos du livre Le mystère d’Israël et autres essaies » de J. Maritain, p. 309, Nova et Vetera, 1966, 4.

CHARLES JOURNET. Le livre de Bloy sur le Salut par les Juifs, Nova et Vetera, 1958, p. 279.

[228] Luc 19, 24.

[229] Deutéronome 28, 63.

[230] Matthieu 27, 25.

[231] Deutéronome 28, 49.

[232] Apocalypse 12.

[233] Nous verrons que ce texte possède d’autres sens symboliques (l’Église, l’âme etc)..

[234] Matthieu 24, 2.

[235] Matthieu 24, 15.

[236] Luc 21, 24.

[237] Luc 23, 28.

[238] Luc 21, 24.

[239] Romains 11, 25.

[240] Romains 11, 15.

[241] Luc 16, 35.

[242] En effet, observait en 1989 le cardinal J.-M. Lustiger au cours d’un entretien télévisé avec E. Wiesel. » Le juif est le témoin d’un au-delà de l’homme : à travers le juif, Hitler a voulu tuer Dieu, ce Dieu qui, en choisissant Israël, manifestait son intention de sauver le monde : «Par toi (Abraham) se béniront tous les clans de la terre » Genèse 18, 18. 22, 18. 26, 4°.

[243] Romains 11, 1.

[244] Romains 11, 33.

[245] c. f. André Neher dans un livre au titre significatif : «L’exil de la Parole, du silence biblique au silence d’Auschwitz » Paris, 1970.

[246] JEAN-PAUL II : Lettre du 8 août 1987 à Mgr J. May, président de la conférence des évêques des États-Unis. Doc. Cath. 84, (1987) 890.

[247] Au delà de ces interprétations traditionnelles, il est possible de découvrir en Israël, de par la méditation constante de son histoire tourmentée à la lumière du Serviteur souffrant et sous l’influence du christianisme, une interprétation étonnamment mystique de l’histoire : Voici, au travers de quelques textes et témoignages, quelques aspects de cette spiritualité quasi-chrétienne : Voir Eliezer Berkovits comprend ainsi la portée permanente du sacrifice d’Isaac dans l’histoire du judaïsme, Nova et Vetera, 1973, 123-125.

[248] Quant à l’époque de cette conversion, les opinions divergent : Le cardinal Journet (Nova et Vetera, 1989/2, p. 149) et Lagrange pensent qu’elle interviendra avant la fin du monde, sera suivie par une prédication efficace des juifs libérés ainsi de leur messianisme temporel, provoquant une grande croissance de l’Église, qu’elle sera suivie par l’apostasie généralisée puis par le retour du Christ. Cela est soutenable. Mais une autre opinion est tout aussi vraisemblable. Elle présente l’inconvénient d’être moins visible au plan de l’histoire. L’apostasie généralisée est déjà en marche et la conversion d’Israël serait réservée pour le jour même du retour du Christ, dans la confrontation de son apparition. Mais, auparavant, ils auront mérité par une épreuve particulière cette manifestation finale.

[249] Voir la fin de l’épître aux Romains.

[250] Il ne convient pas de parler du peuple juif comme de «l'ennemi de Dieu. » Ce serait négliger l'Alliance. Mais, au plan du symbole néo-testamentaire, l'Israël séparé du Christ représente tout ce qui dans l'homme doit retrouver le chemin perdu de Dieu.

[251] Charles Journet, durant les années les plus sombres de la seconde guerre mondiale, a vécu intensément le drame du peuple juif. Destinées d’Israël, écrit à l’occasion du cinquantième anniversaire de la parution, en 1892, du Salut par les Juifs de Léon Bloy, est un livre bouleversant. y vibre la charité intense d’un cœur catholique qui, au nom de ce qu’il a de plus cher, sa foi, entend rendre hommage à Israël «au temps de ses outrages. » Protester de toute sa force était la raison première de l’ouvrage. Mais en l’écrivant, le théologien ressentait l’attrait grandissant d’une «séduction » , car les destinées d’Israël lui «apparaissaient étroitement et éternellement enlacées aux destinées de l’Église. » Une «indéniable parenté » et une «dure antinomie » caractérisaient ce lien. S’efforcer de scruter les signes des temps-et certains de ces signes manifestent le mystère d’iniquité-entre dans la tâche du théologien.

[252] Luc 11, 32.

[253] Genèse 37, 45.

[254] Genèse 37, 26.

[255] Luc 13, 33.

[256] Marc 14, 62.

[257] Marie Dominique Phillippe O. p., commentaire de la Genèse, Rimont, 1984.

[258] Marie-Thérèse HUGUET, Nova et Vetera, 1985/2 : «Comment oser écrire cela après vingt siècles d’égarements de tant de fils de l’Église à l’encontre des fils de la Maison d’Israël, alors que le peuple juif était confié à l’amour de l`Église, égarements tels qu’on a peine à les croire possibles, tant sur le plan de l’enseignement que sur le plan des actes (cf. F. Lovsky, Antisémitisme et mystère d’Israël, Albin Michel, 1955 ; L’antisémitisme chrétien, Cerf, 1970 ; Let déchirure de l’absence, Calmann-Lévy, 1971). La première démarche qui nous incombe est bien celle de l’humble confession de ces péchés qui atteignent Dieu lui-même dans son dessein de salut, confession inséparable de toute la réparation possible. Mais que depuis vingt siècles cette tâche de consolation ait été non perçue ou défigurée en prosélytisme, que loin de l’honorer nous l’ayons trahie en en prenant le contre-pied, cela ne change rien au fait que nous l’ayons reçue (et cela aggrave nos torts d’autant). Et l’appel du prophète Isaïe : «consolez mon peuple » ne devrait-il pas s’opérer également par la reconnaissance (au sens de reconnaissance d’identité et au sens de gratitude), la solidarité, le partage de l’espérance, l’humble témoignage, sans parler de la prière. Ce serait aimer la maison d’Israël en vérité. Ce serait l’aimer de la tendresse que le Père porte à celui qui, à l’image de l’Unique, est le «premier-né » de son amour (Si 36, 11).

[259] Luc 24, 31.

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